
Intervention de Crise. Cours de DES mai 2004. Dr A Mathur
seule concernée, seule responsable de ce qui lui arrive. Il est donc totalement anti-
crise de prendre un décision d’hospitalisation au cours du premier entretien (voir
avant). Finalement le modèle de crise est une des percées de la psychanalyse dans
l’institution. Vous verrez que pour faire un vrai travail de crise lege artis, il faut au
moins une supervision par un psychanalyste.
Rappel historique et raison d’être de l’intervention de crise
La crise est née avec la psychiatrie communautaire des années 60 dans les pays
anglo-saxons. Elle n’est pas à confondre avec les interventions en post-catastrophe,
type debriefing, mais elles trouvent une partie de leurs origines dans ces
interventions qui ont commencé pendant la 2ème Guerre Mondiale chez les
« névrosés de guerre ». Le premier auteur américain à publier sur ce le concept de
crise est Caplan qui avait articulé le concept de crise à une conception
interpersonnelle du trouble de l’adaptation. Il avait comme objectif la transformation
des dynamiques intersubjectives qui influent sur l’émergence clinique et sur la
chronicisation avec un souci de prévention. Sa théorie de l’intervention de crise
mettait en évidence les conflits interpersonnels.
Plusieurs phénomènes ont contribué à son développement et à sa mise en pratique .
D’abord, le développement de traitements psychotropes puissants et efficaces dans
une certaine mesure devaient permettre une meilleure insertion des malades dans la
société . L’espoir est né de pouvoir faire sortir des patients hospitalisés au long cours
en institution et de les resocialiser.
Ensuite, une crise institutionnelle, qui a été particulièrement forte aux Etats-Unis, a
mené à la fermeture de nombreux hôpitaux psychiatriques. Il y a eu au début
ouverture d’un nombre important de lieux de soins extra-hospitaliers . Malgré ceci on
n’a pas assisté à une diminution du nombre d’hospitalisations, car le phénomène de
la porte tournante est apparu : nombre de patients sortaient de l’hôpital pour y
revenir peu de temps après. Le point de vue de Caplan qui avait axé son travail sur
l’axe des conflits interpersonnels était négligé. Sans un travail spécifique au moment
de l’hospitalisation la situation perdurait. Il est devenu nécessaire de développer un
nouveau modèle d’intervention. Nous voyons maintenant cette politique de
fermeture des lits pratiquement dans toute l’Europe, et en France également.
Malheureusement, les dispositifs ambulatoires n’on pas suivi.
Par ailleurs, il y a eu une prise de conscience que l’hospitalisation est une véritable
rupture concrète des relations du patient et une aliénation familiale et sociale.
Réfléchissez un peu à l’impact de l’hospitalisation. Je ne remets pas du tout en
question la nécessité d’hospitaliser un grand nombre de patients. Mais que signifie
une hospitalisation psychiatrique : d’abord pour le patient cela veut dire qu’il ne peut
plus fonctionner de manière autonome. Ensuite pour la famille / entourage, cela
traduit bien le fait que c’ est le patient qui est en cause, qu’il est malade, qu’il est
dangereux… qu’on ne peut plus le laisser en liberté. Dans le cadre d’un couple
dysfonctionnant, dès que l’un est étiqueté de malade, il est difficile de faire une
thérapie de couple dans de bonnes conditions. Les partenaires ne se considèrent
pas comme égaux dans la relation. L’hospitalisation du fait de sa rupture concrète
des relations du patient et de son groupe sanctionne une certaine aliénation du