1
La Révolution française
François Furet et Denis Richet
Marabout Université
2
La France de Louis XVI
La société d’Ancien gime
Clergé :
- 150 000 hommes
Ne paie pas d’impôts, mais uniquement un "don gratuit"
Perçoit la dîme, normalement un 10e, dans les faits un 20e de la récolte
Possède 10% des terres du royaume importants revenus
1er ordre : Catholicisme religion d’Etat depuis le Concordat de 1516, intensité de la vie
religieuse, incroyance quasi inexistante. L’Eglise encadre la masse de la population
qui ne remet pas l’organisation sociale en cause, car elle la croit voulue par Dieu.
Interface : haut Clerriche, composé de nobles / bas Clergé (curés de campagne)
proche de la condition du Tiers, idées réformatrices ; Clergé moyen dans les villes.
Noblesse :
Plusieurs centaines de milliers de personnes
Conserve part justice, police dans le village, ainsi que des prérogatives honorifiques
(banc réservé à l’Eglise, monopole de la chasse, ports de l’épée).
Exempt de l’impôt royal : la taille.
Perçoit droits seigneuriaux : cens (argent), champart (nature), droits de mutation, ba-
nalités. La contrepartie féodale de la protection est oubliée.
Possède 25% des terres et perçoit donc aussi des revenus fonciers.
Contre-offensive aristocratique dès la mort de Louis XIV qui avait domestiqué la
noblesse, la réduisant à son service et aux courbettes de la Cour, ceci lui permettant
de jouir de la concentration de tous les pouvoirs : monopole dans les ministères, les
intendances, places d’officiers contestation de l’absolutisme.
Haute noblesse (quelques milliers) vit à Paris et Versailles : train de vie très coûteux
(revenus fonciers)
Petite noblesse de province : vie difficile attachée aux exemptions fiscales et aux
redevances féodales exploite les paysans sur ses terres tensions dans les cam-
pagnes.
De 1730 à 1780 : hausse de la valeur des productions (céréales, bois, vin) et hausse plus ra-
pide de la rente foncière (X2) aubaine pour les 2 ordres privilégiés. L’abondance de main
d’œuvre fait baisser le salaire réel ; les inégalités de revenus vont croissantes tension !
Tiers Etat :
98% de la population
Paie la taille, la dîme, les droits seigneuriaux.
Accroissement très important : population française de 20 à 26 millions au cours du
siècle. Natalité toujours élevée + baisse de la mortalité : moins de famines et de
guerres. La hausse des prix qui débute dans les années 30 rend les variations saison-
nières moins importantes.
36% de la population a moins de 20 ans ; 24% plus de 40 ans révolution possible.
Couche supérieure : la bourgeoisie
enrichie du PT (textile, bâtiment, métallurgie), de l’endettement de l’Etat, du négoce
(colonies, négriers => essor de Nantes et Bordeaux)
3
Fortunes considérables que les bourgeois croient devoir à leur mérite et non à
leur naissance.
Mouvement général d’ascension sociale, d’enrichissement dus à l’expansion
économique
revendications politiques (partage du pouvoir), la Bourgeoisie se sent et est
souvent humiliée par la Noblesse
La bourgeoisie peut entretenir des écrivains, des philosophes, qui l’étaient
avant par des nobles et pouvaient donc difficilement exprimer leurs idées no-
vatrices : raison, bonheur, tolérance, irrationalité de la religion, parasitisme des
seigneurs.
Les salariés de la bourgeoisie viennent de la surpopulation paysanne.
Il n’y a pas une organisation salariale, la Bourgeoisie n’a rien à craindre, le peuple des
villes s’insurge devant la hausse des prix, devant les taxations, non devant la faible
hausse des salaires.
Bourgeois et peuple ont donc un ennemi commun : le privilège.
A la campagne :
¾ de la population
Très faible productivité du L
Lors d’une mauvaise année, la situation devient très précaire vagabondage, chô-
mage, mendicité = plaintes croissantes à la fin du siècle.
Equilibre instable entre le nombre d' hommes et le volume des subsistances ; on vit au
jour le jour, l’angoisse et la précarité sont constantes.
Si une mauvaise année survient (gel, grêle, sécheresse, guerre avec ses pillages)
stockage, flambée des prix, mortalité chez les + misérables nombre d' hommes
compatible avec richesses produites.
Sentiment profond d’injustice : la taille n’est pas payée par tous. Le paysan proprié-
taires (1/2) a un grand nombre d’obligations envers son seigneur : cens, champart, doit
subir les chasses aristocratiques, doit utiliser le four, le moulin, le pressoir seigneurial
oppression économique et humaine.
La hausse des prix agricoles du 18e siècle n’a que profité aux ordres privilégiés
Qui vendent les productions de leurs terres. La production du simple paysan sert uni-
quement à nourrir la famille ; il n’y a pas de surplus à vendre.
La monarchie absolue
Bien qu’attaché à la tradition, à la monarchie absolue, Louis XVI, qui exerce son
pouvoir assez mollement, n’est pas dénué de sens politique. Il approuve par exemple Calonne
dans son projet de réforme fiscale, mais il cède à la noblesse et à sa très néfaste femme, Ma-
rie-Antoinette (surnommée "Madame Déficit"), farouchement opposés à toute idée de réforme
ou de suppression de privilège. Pourtant un impôt juste, applicable à tous, proportionnel aux
richesses, aurait pu sauver la situation financière de la France qui était désastreuse (plus de la
moitié du budget allait au règlement de la dette et l’Etat s’endettait encore) et fut aggravée par
l’intervention militaire française en Amérique du Nord. Ainsi, les forces de résistance furent
telles qu’elles empêchèrent de remédier à la crise financière.
La ville bourgeoise, jalouse, se dresse contre la Cour, symbole du privilège social,
cette cour qui mange 6% des revenus du Trésor. Ce ne sont pas les fastes qui choquent, mais
les ruineuses faveurs : pensions, dons etc…, il y avait scandale sur scandale. Louis XVI aurait
pu remédier à la situation, car la révolution n’est pas seulement née du mouvement social et
4
économique, mais aussi de l’anecdotique, du scandale. Le refus de réformer la Cour montrait
la solidarité royale avec les ordres privilégiés.
Au 18e, après le règne de Louis XIV, les nobles ont conquis les plus grandes charges
de Versailles et surtout les intendances, symboles de la toute puissance du monarque absolu et
de la faiblesse des grands nobles. Qui plus est, les parlements et surtout celui de Paris re-
deviennent les véhicules de l’opposition à l’absolutisme du Roi. Louis XVI est donc affaibli
et isolé.
Les nobles s’accrochant à leurs privilèges, devant la déroute financière du pays,
Louis XVI convoque en août 1788 les Etats Généraux ; les nobles croient qu’ils vont en être
les maîtres comme jadis.
Les 10 années qui précèdent la Révolution
Il y a eu sous tout le règne de Louis XVI, une longue dépression relative des prix des
céréales, mais le prix du vin, soutenu par une forte demande, croissait. Or en 1779/80, les prix
s’effondrent (surproduction). Seuls les simples paysans sont touchés, le commerce extérieur et
l’industrie (bâtiment) connaissent un essor ; l’économie se porte donc globalement bien.
Les dépressions dont nous parlions font tomber les revenus fonciers ; pour maintenir
leur train de vie et face aux autres prix qui augmentent, les seigneurs vont augmenter le poids
qu’ils exercent sur les paysans, cherchant de vieux droits dans les archives qui étaient tombés
en désuétude (les paysans brûleront lors de la révolution les archives) forte tension dans les
campagnes. Qui plus est, le second semestre 1788 connaît une effroyable récolte. Le prix des
céréales flambent (après la régulière dépression du siècle) pour être les + chers du siècle en
juin/juillet 1789. Il n’y a plus de stocks à la campagne les débouchés industriels baissent,
l’emploi se ferme.
Dans cette situation de crise, les nobles se réservent plus que jamais les grands em-
plois et charges d’Etat (officiers) colère croissante de la bourgeoisie dans les villes.
Si de toutes parts, il y a désir de réformes, de changements (parfois radicalement
opposés donc), uniquement une infime minorité pense à renverser le système. A la veille, de
la Révolution, la Nation française est monarchiste.
5
La révolte des ordres
Les notables et les parlements
Eté 1786, Calonne met au point une réforme fiscale : l’impôt serait perçu sur
toutes les terres et proportionnellement aux revenus. Il imagine des assemblées consultatives
(élues au suffrage censitaire) qui décideraient avec le roi de l’avenir du royaume. Le 22 fé-
vrier 1787, une assemblée de notables (choisis par le roi) et non les parlements qui au-
raient été défavorables aux propositions doit s’exprimer sur les propositions. Calonne leur
expose le gigantesque déficit ainsi que l’injustice et l’impopularité des privilèges. Les privi-
légiés et les réformateurs proches de Necker que Calonne désigne comme responsable
s’opposent à ces réformes, Calonne fait peur, Louis XVI le renvoie sous la pression de Ma-
rie-Antoinette.
Un des opposants, l’archevêque Loménie de Brienne le remplace le 1er mai. Par
manque d’argent, il doit revenir au programme de Calonne. L’assemblée se déclare sans
pouvoir pour le voter. L’aristocratie réclame la convocation des Etats Généraux. Le roi s’y
refuse et renvoie l’assemblée des notables. Les parlements prennent alors la relève en
s’opposant à Brienne. Le Parlement de Paris réclame la convocation des Etats Généraux qui
sont les seuls à pouvoir faire consentir de nouveaux impôts. Devant les blocages exercés par
celui-ci, le roi exile le Parlement de Paris à Troyes. La population parisienne et les parle-
ments de province soutiennent le Parlement de Paris ; le pouvoir le rappelle et renonce à ses
nouveaux impôts. Brienne lance une série d’emprunts que le roi impose le 19 novembre
sans le consentement du parlement. Celui-ci s’oppose le 4 janvier 1788 aux lettres de cachet
et se permet des remontrances au roi. Le roi veut enlever tout pouvoir au parlement avec
l’aide du Garde des Sceaux Lamoignon, la tension est extrême, Louis XVI met le parlement
"en vacances".
La révolte parlementaire a lieu dans tout le royaume ; l’anti-absolutisme (idées ré-
formatrices) est important. Les privilégiés (noblesse), via les parlements, entament une ré-
volution contre le pouvoir royal, parfois violente (Béarn, Bretagne, Dauphiné). L’assemblée
de Vizille du Dauphiné est dominée par le Tiers ; il veut participer à une assemblée natio-
nale, désir de révolution nationale (ambition bourgeoise) révoltes régionales.
Le roi finit par céder ; il convoque les Etats Généraux le 8 août 1788 pour le 1er
mai 1789, il rompt ainsi avec la tradition absolutiste. Le 24, Brienne est renvoyé et Necker
(genevois, roturier, protestant, banquier) rappelé. Il cède au courant, attend les EG.
La crise générale
1787 : pluies + inondations, puis sécheresse, puis grêle le 13 juillet 1788 (ouest) =
moisson de 1788 catastrophique sous-production industrielle + chômage mendicité,
vagabondage. De plus, augmentation des prix (pain : X2 à Paris, X3 en province).
Hiver 1788/89 : troubles en Bourgogne, Provence, Bretagne, Alsace : paysans et
ouvriers pillent et menacent seigneurs qui demandent leurs redevances. Anarchie.
L’accusation remonte jusqu’au roi. Le Tiers (paysans, ouvriers, bourgeois) s’unit contre les
privilèges seigneuriaux et l’état traditionnel ; pas d’opposition au sein pour le moment.
La crise politique et éco se nourrissent l’une l’autre.
1 / 36 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !