La première Terreur

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La Révolution française
François Furet et Denis Richet
Marabout Université
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La France de Louis XVI
La société d’Ancien Régime
Clergé :
 - 150 000 hommes
 Ne paie pas d’impôts, mais uniquement un "don gratuit"
 Perçoit la dîme, normalement un 10e, dans les faits un 20e de la récolte
 Possède 10% des terres du royaume importants revenus
 1er ordre : Catholicisme religion d’Etat depuis le Concordat de 1516, intensité de la vie
religieuse, incroyance quasi inexistante. L’Eglise encadre la masse de la population
qui ne remet pas l’organisation sociale en cause, car elle la croit voulue par Dieu.
 Interface : haut Clergé riche, composé de nobles / bas Clergé (curés de campagne)
proche de la condition du Tiers, idées réformatrices ; Clergé moyen dans les villes.
Noblesse :
 Plusieurs centaines de milliers de personnes
 Conserve part justice, police dans le village, ainsi que des prérogatives honorifiques
(banc réservé à l’Eglise, monopole de la chasse, ports de l’épée).
 Exempt de l’impôt royal : la taille.
 Perçoit droits seigneuriaux : cens (argent), champart (nature), droits de mutation, banalités. La contrepartie féodale de la protection est oubliée.
 Possède 25% des terres et perçoit donc aussi des revenus fonciers.
 Contre-offensive aristocratique dès la mort de Louis XIV – qui avait domestiqué la
noblesse, la réduisant à son service et aux courbettes de la Cour, ceci lui permettant
de jouir de la concentration de tous les pouvoirs – : monopole dans les ministères, les
intendances, places d’officiers contestation de l’absolutisme.
 Haute noblesse (quelques milliers) vit à Paris et Versailles : train de vie très coûteux
(revenus fonciers)
 Petite noblesse de province : vie difficile attachée aux exemptions fiscales et aux
redevances féodales  exploite les paysans sur ses terres tensions dans les campagnes.
De 1730 à 1780 : hausse de la valeur des productions (céréales, bois, vin) et hausse plus rapide de la rente foncière (X2) aubaine pour les 2 ordres privilégiés. L’abondance de main
d’œuvre fait baisser le salaire réel ; les inégalités de revenus vont croissantes tension !
Tiers Etat :
 98% de la population
 Paie la taille, la dîme, les droits seigneuriaux.
 Accroissement très important : population française de 20 à 26 millions au cours du
siècle. Natalité toujours élevée + baisse de la mortalité : moins de famines et de
guerres. La hausse des prix qui débute dans les années 30 rend les variations saisonnières moins importantes.
 36% de la population a moins de 20 ans ; 24% plus de 40 ans révolution possible.
Couche supérieure : la bourgeoisie
 enrichie du PT (textile, bâtiment, métallurgie), de l’endettement de l’Etat, du négoce
(colonies, négriers => essor de Nantes et Bordeaux)
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 Fortunes considérables que les bourgeois croient devoir à leur mérite et non à
leur naissance.
 Mouvement général d’ascension sociale, d’enrichissement dus à l’expansion
économique
 revendications politiques (partage du pouvoir), la Bourgeoisie se sent et est
souvent humiliée par la Noblesse
 La bourgeoisie peut entretenir des écrivains, des philosophes, qui l’étaient
avant par des nobles et pouvaient donc difficilement exprimer leurs idées novatrices : raison, bonheur, tolérance, irrationalité de la religion, parasitisme des
seigneurs.
 Les salariés de la bourgeoisie viennent de la surpopulation paysanne.
 Il n’y a pas une organisation salariale, la Bourgeoisie n’a rien à craindre, le peuple des
villes s’insurge devant la hausse des prix, devant les taxations, non devant la faible
hausse des salaires.
 Bourgeois et peuple ont donc un ennemi commun : le privilège.
A la campagne :
 ¾ de la population
 Très faible productivité du L
 Lors d’une mauvaise année, la situation devient très précaire vagabondage, chômage, mendicité = plaintes croissantes à la fin du siècle.
 Equilibre instable entre le nombre d' hommes et le volume des subsistances ; on vit au
jour le jour, l’angoisse et la précarité sont constantes.
 Si une mauvaise année survient (gel, grêle, sécheresse, guerre avec ses pillages)
stockage, flambée des prix, mortalité chez les + misérables nombre d' hommes
compatible avec richesses produites.
 Sentiment profond d’injustice : la taille n’est pas payée par tous. Le paysan propriétaires (1/2) a un grand nombre d’obligations envers son seigneur : cens, champart, doit
subir les chasses aristocratiques, doit utiliser le four, le moulin, le pressoir seigneurial
 oppression économique et humaine.
 La hausse des prix agricoles du 18e siècle n’a que profité aux ordres privilégiés
 Qui vendent les productions de leurs terres. La production du simple paysan sert uniquement à nourrir la famille ; il n’y a pas de surplus à vendre.
La monarchie absolue
Bien qu’attaché à la tradition, à la monarchie absolue, Louis XVI, qui exerce son
pouvoir assez mollement, n’est pas dénué de sens politique. Il approuve par exemple Calonne
dans son projet de réforme fiscale, mais il cède à la noblesse et à sa très néfaste femme, Marie-Antoinette (surnommée "Madame Déficit"), farouchement opposés à toute idée de réforme
ou de suppression de privilège. Pourtant un impôt juste, applicable à tous, proportionnel aux
richesses, aurait pu sauver la situation financière de la France qui était désastreuse (plus de la
moitié du budget allait au règlement de la dette et l’Etat s’endettait encore) et fut aggravée par
l’intervention militaire française en Amérique du Nord. Ainsi, les forces de résistance furent
telles qu’elles empêchèrent de remédier à la crise financière.
La ville bourgeoise, jalouse, se dresse contre la Cour, symbole du privilège social,
cette cour qui mange 6% des revenus du Trésor. Ce ne sont pas les fastes qui choquent, mais
les ruineuses faveurs : pensions, dons etc…, il y avait scandale sur scandale. Louis XVI aurait
pu remédier à la situation, car la révolution n’est pas seulement née du mouvement social et
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économique, mais aussi de l’anecdotique, du scandale. Le refus de réformer la Cour montrait
la solidarité royale avec les ordres privilégiés.
Au 18e, après le règne de Louis XIV, les nobles ont conquis les plus grandes charges
de Versailles et surtout les intendances, symboles de la toute puissance du monarque absolu et
de la faiblesse des grands nobles. Qui plus est, les parlements – et surtout celui de Paris – redeviennent les véhicules de l’opposition à l’absolutisme du Roi. Louis XVI est donc affaibli
et isolé.
Les nobles s’accrochant à leurs privilèges, devant la déroute financière du pays,
Louis XVI convoque en août 1788 les Etats Généraux ; les nobles croient qu’ils vont en être
les maîtres comme jadis.
Les 10 années qui précèdent la Révolution
Il y a eu sous tout le règne de Louis XVI, une longue dépression relative des prix des
céréales, mais le prix du vin, soutenu par une forte demande, croissait. Or en 1779/80, les prix
s’effondrent (surproduction). Seuls les simples paysans sont touchés, le commerce extérieur et
l’industrie (bâtiment) connaissent un essor ; l’économie se porte donc globalement bien.
Les dépressions dont nous parlions font tomber les revenus fonciers ; pour maintenir
leur train de vie et face aux autres prix qui augmentent, les seigneurs vont augmenter le poids
qu’ils exercent sur les paysans, cherchant de vieux droits dans les archives qui étaient tombés
en désuétude (les paysans brûleront lors de la révolution les archives) forte tension dans les
campagnes. Qui plus est, le second semestre 1788 connaît une effroyable récolte. Le prix des
céréales flambent (après la régulière dépression du siècle) pour être les + chers du siècle en
juin/juillet 1789. Il n’y a plus de stocks à la campagne les débouchés industriels baissent,
l’emploi se ferme.
Dans cette situation de crise, les nobles se réservent plus que jamais les grands emplois et charges d’Etat (officiers) colère croissante de la bourgeoisie dans les villes.
Si de toutes parts, il y a désir de réformes, de changements (parfois radicalement
opposés donc), uniquement une infime minorité pense à renverser le système. A la veille, de
la Révolution, la Nation française est monarchiste.
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La révolte des ordres
Les notables et les parlements
Eté 1786, Calonne met au point une réforme fiscale : l’impôt serait perçu sur
toutes les terres et proportionnellement aux revenus. Il imagine des assemblées consultatives
(élues au suffrage censitaire) qui décideraient avec le roi de l’avenir du royaume. Le 22 février 1787, une assemblée de notables (choisis par le roi) – et non les parlements qui auraient été défavorables aux propositions – doit s’exprimer sur les propositions. Calonne leur
expose le gigantesque déficit ainsi que l’injustice et l’impopularité des privilèges. Les privilégiés et les réformateurs proches de Necker – que Calonne désigne comme responsable –
s’opposent à ces réformes, Calonne fait peur, Louis XVI le renvoie sous la pression de Marie-Antoinette.
Un des opposants, l’archevêque Loménie de Brienne le remplace le 1er mai. Par
manque d’argent, il doit revenir au programme de Calonne. L’assemblée se déclare sans
pouvoir pour le voter. L’aristocratie réclame la convocation des Etats Généraux. Le roi s’y
refuse et renvoie l’assemblée des notables. Les parlements prennent alors la relève en
s’opposant à Brienne. Le Parlement de Paris réclame la convocation des Etats Généraux qui
sont les seuls à pouvoir faire consentir de nouveaux impôts. Devant les blocages exercés par
celui-ci, le roi exile le Parlement de Paris à Troyes. La population parisienne et les parlements de province soutiennent le Parlement de Paris ; le pouvoir le rappelle et renonce à ses
nouveaux impôts. Brienne lance une série d’emprunts que le roi impose le 19 novembre
sans le consentement du parlement. Celui-ci s’oppose le 4 janvier 1788 aux lettres de cachet
et se permet des remontrances au roi. Le roi veut enlever tout pouvoir au parlement avec
l’aide du Garde des Sceaux Lamoignon, la tension est extrême, Louis XVI met le parlement
"en vacances".
La révolte parlementaire a lieu dans tout le royaume ; l’anti-absolutisme (idées réformatrices) est important. Les privilégiés (noblesse), via les parlements, entament une révolution contre le pouvoir royal, parfois violente (Béarn, Bretagne, Dauphiné). L’assemblée
de Vizille du Dauphiné est dominée par le Tiers ; il veut participer à une assemblée nationale, désir de révolution nationale (ambition bourgeoise)  révoltes régionales.
Le roi finit par céder ; il convoque les Etats Généraux le 8 août 1788 pour le 1er
mai 1789, il rompt ainsi avec la tradition absolutiste. Le 24, Brienne est renvoyé et Necker
(genevois, roturier, protestant, banquier) rappelé. Il cède au courant, attend les EG.
La crise générale
1787 : pluies + inondations, puis sécheresse, puis grêle le 13 juillet 1788 (ouest) =
moisson de 1788 catastrophique sous-production industrielle + chômage mendicité,
vagabondage. De plus, augmentation des prix (pain : X2 à Paris, X3 en province).
Hiver 1788/89 : troubles en Bourgogne, Provence, Bretagne, Alsace : paysans et
ouvriers pillent et menacent seigneurs qui demandent leurs redevances. Anarchie.
L’accusation remonte jusqu’au roi. Le Tiers (paysans, ouvriers, bourgeois) s’unit contre les
privilèges seigneuriaux et l’état traditionnel ; pas d’opposition au sein pour le moment.
La crise politique et éco se nourrissent l’une l’autre.
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Les privilégiés exigent en 1788 que les EG soient convoqués et composés selon la
forme de 1614 (élections par ordre, votes comptabilisés par ordre, délibérations séparés,
même nombre de députés par ordre), le silence du roi les inquiète  Rupture des parlements avec le Tiers qui exige un doublement de ses représentants et un vote par tête ( par
ordre). Il dominerait alors, car il y aurait ralliement de nobles et du bas clergé. Il y a revendication égalitaire = fin société à ordre. Après la lutte contre l’absolutisme, voici la lutte
contre les privilèges.
Le parti national
Noyau formé par le Tiers, mais aussi ralliements de nobles et de membres du Clergé. Le bonheur collectif devient central. Personnalités : Brissot (pauvre), Barnave (bourgeois grenoblois), Mirabeau (noble provençal), Sieyès (chanoine à Chartres).
Evolution intellectuelle du siècle : début du siècle : critique davantage philosophique du système politico-religieux et de la religion. Au milieu du siècle, l’offensive se précise :
 De l’Esprit des lois (Montesquieu, 1748) : renforce John Locke ; séparation des pouvoirs, car le pouvoir doit avoir des limites.
 1er volume de l’Encyclopédie (1751).
 Du Contrat Social (Rousseau) : il doit y avoir une souveraineté du peuple
(=démocratie). L’individu doit, via un contrat, se soumettre à la volonté générale. Il
doit abandonner ses droits à la société, car en tant que membre du gouvernement de
tous, il ne ferait qu’obéir à lui-même.
VOIR CES ŒUVRES DANS LE MANUEL SUR LE 18E SIECLE
La polémique est violente, mais en 70, la bataille est gagnée dans le public cultivé ; à la fin du siècle, l’aristocratie de Versailles applaudit au triomphe de Figaro sur Almaviva.
On ne peut opposer le déisme de Voltaire au matérialisme d’Holbach, le libéralisme de
Montesquieu au démocratisme de Rousseau, car tout l’effort intellectuel du siècle converge
vers une critique de l’Eglise et du despotisme, vers la tolérance, la liberté, l’égalité, les
droits de l’homme. La voie du bonheur humain doit passer par la transformation de l’Ancien
Régime.
L’école physiocratique : Quesnay, un médecin du roi, a jeté dès les années 50 les
bases de la revendication libérale contre la tradition colbertiste. Les physiocrates sont les
1ers théoriciens du calcul éco global et de la croissance annuelle, et surtout les doctrinaires
de la liberté économique, du "laisser faire, laisser passer", bref du capitalisme libéral. Entre
les années 50 et 80, de Quesnay à Dupont de Nemours, les disciples ont étendu au domaine
politique les bienfaits de la Liberté.
La réflexion fut longue, Mirabeau déclarera : "Nous avons des avances d’idées".
Le parti national est l’opinion des villes et surtout des clubs, réouverts fin 1788 :
 Le Club de Valois : Duc d’Orléans (grand maître du Grand Orient de France depuis
1773), Condorcet, La Rochefoucauld, Sieyès, Montmorency.
 Société de l’abbé Morellet (discussions sur problèmes éco et finances) : Talleyrand,
Roederer.
 Société des Amis des Noirs (contre la traite) : Mirabeau, Lavoisier, La Fayette, Condorcet, Brissot.
 Société des Trente : (aristocratie libérale) : de La Fayette à Talleyrand.
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Le 27 décembre 1788, Necker – avec l’accord du roi – cède au parti national et accepte le doublement du tiers aux EG. Mais le roi refuse le vote par tête, ce qui revient à ne
rien faire, il mécontente donc privilégiés et tiers. La guerre civile éclate en Bretagne
En février 1789, pour Sieyès la noblesse "est assurément étrangère à la nation par
sa fainéantise.
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Les trois révolutions de l’Eté 1789
La révolution des avocats
Tous les Français de + de 25 ans purent voter pour leurs représentants aux EG =
1165 députés : - de 600 pour le tiers – que des bourgeois, surtout des hommes de loi – et de 300 pour les autres. L’abbé Sieyès est élu du tiers à Paris et le comte de Mirabeau, rejeté
par son ordre, à Aix-en-Provence.
Le 4 mai 1789, le cérémonial de procession des EG humilie le tiers, traité avec arrogance par les 2 autres ordres. Le 5 mai, la session est ouverte dans la salle des MenusPlaisirs. Necker y expose la situation financière du royaume ; il n’avoue que 56 millions de
déficit et propose un emprunt de 80 millions. Les députés se trouvent réduits à accepter un
expédient financier. Le roi n’ordonne ni la séparation des Chambres, ni la réunion des
ordres, si bien qu’il ne satisfait aucun des ordres ; les EG sont paralysés. Certains membres
du tiers veulent refuser le vote par ordre, mais la plupart ne veulent pas entrer dans
l’illégalité, ils ne se constituent pas en assemblée, se rebaptisent cependant "députés des
communes". Le Clergé propose conciliations entre 3 ordres, car tiraillé entre haut et bas
Clergé, le tiers demande la réunion des 2 chambres. L’arbitrage des ministres et les nlles
conférences à partir du 30 mai n’y font rien, les désaccords sont partout, surtout dans les
rangs de la noblesse. Cette tension soude les représentants du tiers, les meneurs sont Sieyès,
Mirabeau, Bailly, Target, Barnave, Mounier ou encore Le Chapelier.
Le 10 juin, sur proposition de Sieyès, le tiers décide de "sortir d’une trop longue
inaction" et invite les 2 autres ordres à se joindre à lui pour une vérification commune des
pouvoirs de "tous les représentants de la nation". L’appel est lancé le 12 au soir ; le 16, 19
députés ecclésiastiques, dont l’abbé Grégoire, siègent aux communes. Le 17, l’Assemblée se
baptise "Assemblée Nationale" ; un nouveau pouvoir indépendant du roi est créé. Le 18, ils
s’attribuent le vote de l’impôt. La majorité du Clergé se prononce pour la réunion, mais
seuls 80 nobles. Les autres se tournent vers Louis XVI qu’ils avaient combattu. Malgré ses
ministres, le roi prévoit une séance royale le 22 juin et fait fermer pour préparation la salle
des Menus-Plaisirs. Le 20, les députés de l’Assemblée Nationale trouvant porte close, se
rendent dans une salle toute proche, celle du jeu de paume, où ils prêtent serment, sauf un,
(rédigé par Target et lu par Bailly) "de ne jamais se séparer et se rassembler partout où les
circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie
sur des fondements solides". Le 22, l’AN siège dans l’église Saint-Louis et accueille 150
députés du clergé.
Le 19, en préparation de la séance royale, Necker préconise l’égalité fiscale,
l’admission de tous aux fonctions publiques, le vote par tête pour les futurs EG, non dans
l’immédiat et de ne pas casser ouvertement les décisions révolutionnaires du tiers. Le garde
des Sceaux Barentin s’oppose aux 3 derniers points. Le roi abandonne Necker qui refuse
d’assiste donc pas à la séance du 23, ce qui inquiète le tiers. Le roi déçoit le tiers ; il accepte
le consentement de l’impôt par les EG, la liberté individuelle et celle de la presse, la décentralisation administrative et souhaite que les privilégiés accepte l’égalité fiscale, mais se tait
sur l’admission de tous à tous les emplois et veut limiter le vote par tête à des problèmes limités, il maintient les hiérarchies traditionnelles, l’égalité des droits est refusée. Qui + est, le
roi est hautain et laisse planer la menace de dissoudre. L’ordre de se séparer et de délibérer à
part est formel. Lorsque sortent roi et nobles, le marquis de Dreux-Brézé lance au tiers :
"Messieurs, vous connaissez les intentions du roi". Ensuite, Bailly dira : "La nation assemblée ne peut recevoir d’ordres", Sieyès : "Vous êtes aujourd’hui ce que vous étiez hier", Mi8
rabeau : "Nous ne quitterons nos places que par la force des baïonnettes". L’Assemblée
maintient ses arrêtés et déclare l’inviolabilité de ses membres. Le 24 l’archevêque de
Vienne préside avec Bailly. Le 25, 47 nobles rejoignent l’AN (Clermont-Tonnerre, La Rochefoucauld, duc d’Orléans). Le 27, le roi invite noblesse et clergé à rejoindre le tiers.
La révolution des députés du tiers est victorieuse, le 7 juillet l’AN nomme un Comité de constitution.
Ces 2 souverainetés peuvent gouverner de concert ; la bourgeoisie est prête à accepter roi et nobles libéraux. Mais l’entourage du roi l’incite à la revanche. Le 26 juin 1789
et le 1er juillet, il expédie des ordres à des régiments (surtout allemands ou suisses). Le 8
juillet, Mirabeau dénonce la contre-révolution. Le 11, le roi congédie Necker et les ministres
libéraux. Les hommes forts sont Barentin, Breteuil et de Broglie. Cette provocation s’ajoute
au chômage, à la faim croissante et à la surpopulation due à l’exode rurale à Paris. Le 14, le
prix du pain est le plus cher du siècle. De +, les rentiers, marchands et financiers craignent
une banqueroute. Les événements ont ravivé le désir de revanche des pauvres et des humiliés. Paris n’a plus de gouvernants, les gardes français se rangent du côté des parisiens. Le
12, la capitale apprend le renvoi de Necker.
La révolution parisienne
Les craintes s’amplifient par ce renvoi, la ville se croit victime d’un complot aristocratique et encerclée par des soldats qui vont la massacrer. Necker et le duc d’Orléans sont
acclamés. La foule se heurte place Louis XIV à la cavalerie du Royal-Allemand, les gardesfrançaises viennent aider. Des troupes sont stationnées au Champ de Mars. Le 13, la foule
cherche des armes. Les électeurs des districts nomment un Comité permanent et une milice
bourgeoise est créée. La garde nationale est née.
Des armes sont cherchées aux Invalides et à la Bastille. Devant cette prison légendaire, symbole de l’ennemi, les courages sont galvanisés. La garde est restreinte, vers 1h la
foule atteint les cours jusqu’au pont-levis. Le gouverneur Launay fait tirer les soldats. Les
assiégeants perdent une centaine d’hommes, Launay est un traître. Le peuple est en fureur et
avec des gardes français, emmenés par Hulin et Elie, 2 canons sont postés devant la Bastille.
Launay offre la capitulation à 5h, mais le peuple désire se venger ; sitôt les ponts baissés,
des massacres atroces ont lieu. Launay est abattu. Sa tête, fixée sur une pique, est amenée
jusqu’au Palais Royal.
Le 15, le roi annonce à l’Assemblée le renvoi des troupes. Les députés jubilent, ils
veulent construire un régime avec le consentement royal. Le 16, Louis XVI rappelle Necker
et ses collègues. Bailly est nommé maire de Paris et La Fayette commandant de la Garde
Nationale. Le 17, le roi se rend dans la capitale et arbore la cocarde bleue et rouge (les couleurs de Paris), la foule l’acclame alors.
La Révolution a gagné. La Bourse salue la confiance retrouvée. Le comte d’Artois
(frère de Louis XVI, futur Charles X, frère du futur Louis XVIII), les princes de Condé et de
Conti (branches de Bourbons : 1ers princes de sang/branche cadette), le maréchal de Broglie, Barentin, Breteuil émigrent. Presque toutes les villes du royaume suivent l’exemple du
royaume. Elles vont redevenir ces "communes" à qui Louis XIV avait retiré tout droits souverains et avait envoyé un intendant. Le relais de l’autorité royale est pris par la bourgeoisie
des villes. Ces nouveaux pouvoirs prennent en charge police, justice, subsistances. Les
gardes nationales sont créées. La revendication libérale et décentralisatrice est vainqueur.
Dès août les villes créent des liens, des "fédérations de communes".
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La révolution des paysans
La crise des subsistances dresse les paysans contre le prélèvement seigneurial.
Mendiants et vagabonds peuplent les chemins des campagnes ; l’insécurité en juillet 1789
atteint un summum, les villages ont peur des brigands. Dans la 2 ème quinzaine de juillet, en
même temps que celle des villes, se soulève la révolution rurale. En Normandie, en Hainaut,
en Alsace, en Franche-Comté, dans la vallée de la Saône, les paysans armés attaquent les
châteaux et abbaye et brûlent les titres de leur servitude (dîme, champart). Pour le reste du
royaume, Georges Lefebvre parle de la "Grande Peur". La distance donne aux événements
parisiens une allure d’apocalypse, la panique est grande. L’imagination paysanne voit partout les mercenaires d’un complot aristocratique et de l’invasion étrangère.
Le 4 août au soir, Target propose que les différentes redevances soient toujours
payées jusqu’à ce qu’elle dise le contraire ; le pillage et autres émeutes des paysans donne
peur aux bourgeois pour le principe de propriété privée. Mais le duc d’Aiguillon et le vicomte de Noailles veulent préserver l’alliance tiers, aristocratie libérale et bas-clergé ; ils
excusent les paysans. Aiguillon propose : égalité fiscale, abolition des corvées et servitudes
personnelles, rachat des autres droits féodaux. A 3h du matin, Louis XVI est proclamé :
"restaurateur de la liberté française".
Mais lorsqu’il faut traduire cela en décrets, les débats sont vifs du 5 au 11 Août
1789, car certains droits seigneuriaux vont être rachetés, d’autres abolis sans contrepartie.
Mirabeau gagne contre Sieyès, la dîme est abolie sans contrepartie ; le Clergé est la grand
perdant. Le grand décret est voté le 11 août et commence par : "L’AN détruit entièrement le
régime féodal" : fin des privilèges personnels, admission de tous à tous les emplois, justice
gratuite et égale pour tous, abolition de toute servitude, suppression de la dîme. En préconisant le rachat de la plupart des redevances seigneuriales et celui des offices de judicatures,
l’assemblée bourgeoise substitue son propre droit civil à celui des seigneurs.
L’assemblée nationale et le roi : la crise de septembre-octobre
Débats à L’AN autour de la déclaration américaine de 1776. Malouet et Mirabeau
ont peur, car les Américains étaient prêts à la liberté, or les Français sortent d’un régime
féodal. Barnave propose le 4 août 1789 une charte libératrice : "le catéchisme national". Finalement, la proposition sous l’égide de l’archevêque de Bordeaux Champion de Cicé, après
transformations, est retenue le 12 août et le 26 août sera votée la déclaration des droits (17
articles). La droite a été battue ; les droits sont soulignés non les devoirs, ils sont "naturels et
imprescriptibles". L’égalité civile : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en
droits". Les droits : liberté, propriété, sûreté et résistance à l’oppression. Le pouvoir
n’appartient plus au roi, l’article 3 indique : "Nul corps, nul individu ne peut exercer
d’autorité qui n’en émane expressément". Conséquences : égalité civile et fiscale, liberté individuelle, admission de tous à tous les emplois, habeas corpus, non-rétroactivité des lois,
liberté d’opinion, de parole et de presse, séparations des pouvoirs, garantie de la propriété
privée.
La majorité de L’Assemblée considère ces textes votés comme émanés de son
pouvoir constituant, donc au-dessus de la sanction royale. Louis XVI veut rester l’arbitre et
fait savoir dès le 5 août qu’il ne donnera pas sa sanction à ces décrets. Dans la 2 ème quinzaine du mois d’août, 1ère scission chez les patriotes : les événements sont allés trop vite
pour certains nobles libéraux, prêtres et autres modérés du tiers. Ils souhaitent un veto royal
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et un sénat héréditaire sur le modèle de la Chambre des Lords anglaise = les Monarchiens :
Mounier, Malouet, Clermont-Tonnerre  patriotes : Du Port, Barnave, Alexandre de Lameth
= contre le morcellement de la souveraineté de l’assemblée. Barnave propose l’acceptation
du veto pour 2 législatures, si le Roi sanctionne le 4 août. Necker cautionne, L’Assemblée
vote ceci le veto suspensif le 11 septembre. Mais, le 10 septembre, l’Assemblée a rejeté la
2ème chambre par 849 voix contre 89 (100 abstentions), les Monarchiens sont écrasés.
Mais Louis XVI ne sanctionne pas les arrêtés du 4 au 11 août malgré les incitations de l’Assemblée. Le 21 septembre 1789, il ruse en acceptant de publier les décrets,
mais avec soumission à des lois interprétatives et en refusant de les promulguer, ce qui ne
les rendrait pas exécutoires  nouvelle crise avec l’Assemblée Constituante. La scission
assure au roi un appui à l’Assemblée. Il refuse la fin de la société aristocratique.
Le 18 septembre, à Paris, 300 membres sont chargés d’établir 1 constitution
municipale définitive (suffrage censitaire, bourgeois de grand talent : Lavoisier, Jussieu,
Brissot, Condorcet). Apparaissent de nouveaux patriotes ambitieux, comme Danton aux
Cordeliers. Ils traquent le moindre modérantisme parlementaire. Camille Desmoulins,
Loustalot, Gorsas appellent à la vigilance contre la Cour et la reine. Marat, qui fonde L’Ami
du peuple et défend les pauvres, accuse Necker, Bailly, La Fayette de complicité avec
l’aristocratie. De +, le prix du pain de baisse pas, on s’est mal occupé de la récolte, le
chômage grimpe, car les nobles se sont séparés de leurs domestiques et les artisans parisiens
du luxe n’ont + de demande. Les ouvriers réclament L et meilleurs salaires. On accuse un
complot de la Cour. Bailly et La Fayette ont la colère populaire en main grâce à 30 000
volontaires (Garde Nationale).
Le régiment de Flandres qu’a appelé Louis XVI arrive le 23 septembre ; Garde
Nationale et parisiens dénoncent 1 contre-révolution. Le renvoi du régiment et la sanction
royale aux décrets de l’Assemblée sont exigés. L’insurrection gronde. Le 4 octobre 1789, le
Palais Royal réclame une marche sur Versailles pour ramener le roi à Paris. Le 5 octobre, un
cortège se forme à l’Hôtel de Ville où dominent les femmes (pour émouvoir roi et reine) du
faubourg Saint-Antoine et des Halles, à leur tête l’huissier Maillard. Les gardes nationaux
veulent les suivre, La Fayette s’y adjoint à reculons entre 16 et 17h. Un 2 ème cortège de 15
000 gardes nationaux suit, puis une foule de Parisiens armés. Les femmes arrivent à 4h30 à
Versailles. Le roi reçoit une déléguation présidée par Mounier (président de l’Assemblée),
promet, entre autres, de ravitailler Paris. Il se soumet devant gardes nationaux et accepte les
décrets à 20h. A 23h arrive le 2ème cortège, La Fayette signifie au roi vouloir le ramener à
Paris. Les foules passent la nuit dans les rues de Versailles avec des chants révolutionnaires.
A 6h du matin, des manifestants envahissent la cour du château ; certains sont tués, mais ils
parviennent aux appartements royaux. Gardes nationaux et royaux fraternisent. Louis XVI,
contraint, déclare : "Mes amis, j’irai à Paris avec ma femme et mes enfants : c’est à l’amour
de mes bons et fidèles sujets que je confie ce que j’ai de + précieux". Le roi est à nouveau
populaire. A 11h, l’Assemblée décide de suivre le roi. Un long cortège part pour Paris, la
foule crie : "Nous ramenons le boulanger, la boulangère et le petit mitron". Le roi arrive aux
Tuileries, prisonnier dans sa capitale.
L’année heureuse
11
De Versailles aux Tuileries
Les vieilles habitudes symboliques se perpétuent aux Tuileries. Mais son administration dépend de + en + de l’Assemblée.
L’Assemblée au Manège
La Constitution laissait au roi le pouvoir exécutif et donc de nommer les ministres
(idem après 14 juillet : Necker aux finances, Saint-Priest à la Maison du Roi puis à
l’Intérieur, La Tour du Pin à la Guerre), sauf Necker, tous étaient des nobles libéraux. De
septembre à décembre, l’Assemblée força presque tous les ministres à la démission ; les
nouveaux, proches de La Fayette, n’obtinrent pas la confiance du Roi (de Lessart aux Finances puis à l’Intérieur).
Le 19 octobre 1789, l’Assemblée s’était aussi installée à Paris, emménageant le 9
novembre dans la salle du Manège (rue Saint-Honoré). Le L législatif, impossible lors des
séances plénières à cause du virulent public, se fit dans les comités, qui empiétèrent de + en
+ sur l’Exécutif.
Il n’y avait pas de partis, "droite" et "gauche" apparurent en fonction des députés
qui s’asseyaient à droite ou à gauche de leur président.
Droite :
 Les Aristocrates ou Noirs : contre les décrets du 4 août ; meneurs : vicomte de Mirabeau (frère de l’autre), abbé Maury (forte tradition), Cazalès (monarchie à l’Anglaise).
 Les Monarchiens ou Anglomanes : issus du courant révolutionnaire ; autour de Mounier et Malouet, Clermont-Tonnerre ; pour veto du roi ; contre la chambre unique ; depuis octobre 1789 dans l’opposition ; pour la direction de la noblesse sur un régime
conservateur et libéral ; courant influent.
Gauche :
 Le Parti Patriote : 2 La Rochefoucauld, 1 Montmorency, 1 Talleyrand-Périgord, La
Fayette, Beauharnais, les frères Lameth = nobles ; Tronchet, Merlin de Douai, Lanjuinais = bourgeois ; Mirabeau (meneur par éloquence, perdu par vénalité : en mai 1790
il passe au service de la Cour par attrait financier et est discrédité, en décembre 1790,
Robespierre l’écarta du Club des Jacobins) ; La Fayette ( chef de la Garde Nationale,
entouré de généraux, banquiers, journaliste, populaire début 1790, mais il refusa les
services de Mirabeau qui le discrédité auprès de roi et reine, qui + est il ne fut pas assez virulent contre la contre-révolution) ; finalement dominé en 1790 par un triumvirat
(noble d’épée Alexandre de Lameth, noble de robe Du Port, avocat Barnave).
Une puissance nouvelle : l’opinion
Dans Paris : foisonnement de salons, de sociétés, de clubs. En avril 1790, les noirs
fondèrent le "Salon français" (rue Royale), les Monarchiens le "Club Monarchique". La
"Société de 89" de Sieyès regroupa les proches de La Fayette. En décembre 1789 s’ouvre le
"Club des Jacobins" (rue Saint-Honoré) ; sa surveillance, son contrôle des autorités établies
en font le prolongement de l’Assemblée, il subordonna les sociétés de même type en province (450 en juin 1791) = bourgeoisie révolutionnaire.
12
Liberté de la presse 150 journaux en 1791 :
 Contre-révolutionnaire :
 Rivarol et l’abbé Sabatier de Castres fondèrent le Journal politique national
(but : idem Cazalès : s’appuyer sur le peuple pour isoler bourgeoisie)
 Abbé Royou fonda L’Ami du Roi
 Monarchiens : sans journal influent
 Mallet du Pan et le Mercure de France
 Presse démocratique :
 Le Patriote français de Brissot
 Les Révolutions de France et de Brabant de Camille Desmoulins
 Les Révolutions de Paris de Loustalot
 Le Courrier de Gorsas
 L’Ami du Peuple de Marat : méfiance à l’égard du Roi, de La Fayette, des notables, des autorités, ardemment démocratique = beaucoup d’ennemis, dut
prendre la fuite en octobre 1789 puis revînt.
Les Fédérations
Devant le vide créé par l’effondrement de l’Ancien Régime, municipalités et
gardes bourgeoises se fédérèrent : "être libres ensemble, et non plus subir séparément". Les
gouvernements révolutionnaires ne parvinrent pas à canaliser les fédérations, qui insistaient
sur le principe de Nation et l’indivisibilité des citoyens par des particularismes locaux ou
provinciaux. La Fête de la Fédération eut lieu à la date symbolique du 14 juillet 1790 sur le
Champs de Mars ; La Fayette y jura fidélité à la nation, à la loi et au roi. Il y eut un enthousiasme pour liberté et roi réunis (= monarchie limitée). Début d’une ère nouvelle ?
L’œuvre de la Constituante : la mise en place d’une nouvelle société
La nouvelle France est basée sur la liberté et l’égalité ("Les Français naissent et
demeurent libres et égaux en droit"). Les nobles vont payer cher cette égalité après les frustrations. Les titres de noblesse sont abolis le 19 juin 1790.
La liberté, c’est l’habeas corpus anglais, la sécurité des personnes ( l’arbitraire) ;
sur le plan judiciaire, dès octobre 1789, les agents du roi sont dessaisis, fin des procédures
d’inquisition, dès 1790, instauration procédure orale et publique et jury de 12 citoyens tirés
au sort qui décide de la culpabilité, les juges appliquent la loi du code pénal de septembre
1791, torture, pilori et marque au fer rouge sont abolis. Les moyens d’expression politiques,
journaux, livres, clubs, sont à partir de 1789 sans contrôle répressif.
Les autres religions sont acceptées. Fin 1789, les droits politiques sont reconnus
aux protestants. Les juifs du Midi reçoivent la pleine citoyenneté en janvier 1790, ceux
d’Alsace, créanciers et donc haïs, en septembre 1791.
Certes, c’est l’avènement d’une société bourgeoise, mais l’avenir est ouvert au L,
aux capacités, au mérite, aux talents.
Les bourgeois veulent se garder le pouvoir. Ainsi, si tous les Français ne sont pas
citoyens et tous les citoyens ne jouissent pas des mêmes droits. L’Assemblée définit des citoyens "actifs" qui ont le droits de vote, ils doivent être français, être domiciliés depuis un
an dans le canton, ne pas vivre en état de domesticité, payer une contribution directe = ou +
de 2 à 3 livres par an. Sont exclus du pas légal, les + misérables et les domestiques (1/3
13
hommes). Mais il reste 4 millions de citoyens "actifs", englobant paysans parcellaires, petits
fermiers, journaliers, artisans et compagnons. Mais les électeurs populaires ne sont admis
qu’aux élections primaires, qui élisent des électeurs du second degré qui choisissent les députés. Les électeurs doivent payer une contribution de 7 à 10 livres = somme relativement
faible. Débat sur les éligibles Comité Thouret : propriétaire foncier contribution d’un
marc d’argent (~ 50 livres). En été 1791, le cens des électeurs passe de 10 à 15/25 livres,
mais tous sont éligibles.
La vie publique est ouverte à une petite bourgeoisie.
Le 14 décembre sont instaurés les municipalités élues par les "actifs", tous les 2
ans un maire et un procureur de la commune (gestion). Au-dessus, les districts sont confiés à
un conseil général délibérant, élu tous les 4 ans par les corps municipaux. Tous les nouveaux corps élus de la nouvelle pyramide administrative dépende de l’exécutif (du roi), mais
doivent appliquer la loi, il n’y a + d’intendant.
1 juge de paix élu par canton, 1 tribunal de district de 5 juges élus. Police à la municipalité, justice correctionnelle au juge de paix, les crimes à un tribunal criminel de département (jury tiré au sort parmi "actifs"). L’accusation est confiée à un commissaire du roi et
à un accusateur public élu. Les assemblées électorales des départements élisent des juges au
tribunal de cassation. = exécutif faible + justice indépendante.
La Constituante n’ose toucher à l’armée aristocratique (édit de 1781), mais les offices militaires sont liquidées, désormais officiers par ancienneté ou concours. Elle lui juxtapose la GN de citoyens actifs et d’officiers élus = armée bourgeoise.
La souveraineté nationale, c’est d’abord l’Assemblée : initiative + vote des lois, refus d’un sénat conservateur (= GB). Louis XVI n’est + que "roi des Français, par la grâce de
Dieu et la loi constitutionnelle de l’Etat", il doit prêter serment de fidélité à la nation et à la
loi, son veto n’est que provisoire et difficile à utiliser, les fonctionnaires lui échappent, la
plupart sont élus. Bref, l’administration, les pouvoirs législatifs et judiciaires lui échappent
au profit d’une société bourgeoise.
Il s’agit de la constitution de 1791, la 1ère.
Dès les 50’s, la croissance éco et la promotion bourgeoise ont démantelé en partie
l’édifice colbertiste. L’Assemblée défend la théorie issue des physiocrates et régnante depuis Adam Smith en GB : le libéralisme, c’est l’apologie de la liberté individuelle (libre entreprise et concurrence) croissance éco et progrès général. Inégalité éco et égalité naturelle sont compatibles. Les petits propriétaires exploitants, fermiers, producteurs, manufacturiers, fabricants et marchands sont optimistes, ils n’imaginent pas l’oligarchie des riches
bourgeois. Privilèges, monopoles et règlements sont abolis (au printemps 1790, la compagnie des Indes est abolie) Règne de l’individualisme et des intérêts. Le 2 mars 1791, les
corps et communautés de métier sont supprimés et le 14 juin les associations professionnelles, patronales, ouvrières ; la loi Le Chapelier exclut le syndicalisme de la vie sociale.
Les prix sont libéralisés. Le laisse-passer est encore + important que le laissezfaire. Mais la Constituante ne va pas jusqu’au libre-échange.
Comment financer ? Certes, il y a vente des biens de l’Eglise, mais beaucoup
d’impôts ont été supprimés et l’Etat doit désormais assurer l’instruction et l’assistance publique (Eglise). Nouveau système fiscal : impôt foncier, contribution mobilière et patent
(profit industriel et commercial). Le recouvrement pose problème, beaucoup, se croyant désormais libres, ne paient +.
14
Le dérapage de la révolution
Les difficultés financières et religieuses
15
Il faut attendre 1793 pour que les 3 nouvelles contributions directes soient effectives
(tous les anciens impôts étant supprimés en 1791 et t. mal perçus dès 1789)). Les dettes de
l’Ancien Régime sont colossales (5 milliards), de + de nouvelles sont contractées (rachat
des dîmes inféodées, des offices supprimés, dettes du Clergé) à hauteur de 1 milliard.
Le 2 novembre 1789, les biens du Clergé sont mis à disposition de la nation (= 3
milliards  19 décembre 1789 est créée une caisse de l’extraordinaire pour trésorerie et
remboursement des dettes ; 400 millions sont aliénés. En attendant leur vente, on émettait
assignat à 5% public les boude. Le 29 septembre 1790, l’intérêt est supprimé et nouvelle
tranche d’1 milliard. Echange contre du numéraire possible baisse du change intérieur au
printemps 1791 paupérisation des revenus fixes (rentiers, salariés). Jusqu’à l’automne
1791, il n’y a pas de crise grave. Les nouveaux acquéreurs (bourgeois) s’attachaient ainsi à
l’ordre nouveau.
Un fossé apparut entre Eglise et Etat à cause de la tolérance religieuse laïcisation du royaume ? Le 13 février 1790, les vœux monastiques furent interdits. Le 12 juillet
1790 intervient la Constitution civile du clergé : curés et évêques sont élus par des ecclésiastiques et tous doivent prêter serment de fidélité à la Constitution. Le catholicisme reste religion d’Etat. La masse du Clergé était prête à accepter ( évêques), mais l’Eglise voulait approbation d’1 autorité spirituelle  Constituante. Pie VI s’y opposa. Un décret du 27 novembre 1790 de la Constituante donna 2 mois aux prêtres pour prêter serment. schisme :
1/3 des ecclésiastiques de l’Assemblée, 7 évêques dans le pays, ½ curés = oui. Les prêtres
réfractaires et ceux qui se confient à eux sont vus comme contre-révolutionnaires.
La contre-révolution
A Turin, depuis le 15 septembre 1789, le comte d’Artois dirigeait l’émigration politique et subversive (= vieille noblesse présentée), puis à Coblence : grosses dépenses de
faste. Tous n’avaient pas des intentions agressives. En 1791, noblesse de province fidèle au
roi autour du prince de Condé.
1790, Comité de Turin :
 faire évader le roi échecs
 soulever les provinces menace au Sud-ouest et à Lyon échecs
Les provinces, surtout de l’Est, craignaient toujours un complot aristocratique et
l’intervention d’armées étrangères.
Vers un parti "tory"
Au printemps 1791, le parti patriote se scinde toujours +. Des revendications anti
bourgeoises ou plutôt pour une participation de tous se multiplient : Marat, Robespierre,
Mme Roland. La majorité parlementaire suit les triumvirs, veut renforcer les pouvoirs du roi
et élever le niveau du cens. Le 17 mai 1791 Adrien Du Port déclare : "La Révolution est finie. Il faut la fixer et la préserver en combattant les excès. Il faut restreindre l’égalité, réduire la liberté et fixer l’opinion. Le Gouvernement doit être fort, solide, stable."
La fuite du roi
16
Louis XVI accepte la limitation de l’absolutisme, le principe d’une constitution,
mais refuse la suppression du privilège sauf dans le domaine fiscal : la liberté oui, l’égalité
non. Dès octobre 1789, il écrit au roi d’Espagne Charles IV son opposition à la Révolution.
Le 18 avril 1791, la foule empêche le roi de se rendre, comme chaque année, à Saint-Cloud.
Le 27 mai, il est convaincu que la fuite est la seule possibilité et espère ainsi faire réagir enfin les puissances étrangères. Le baron de Breteuil, le marquis de Bouillé, Alexis de Fersen
organisèrent. Il y eut des dénonciations, dans la presse démocratique notamment.
Le 20 juin 1791 vers 3h du matin, le colonel inexpérimenté duc de Choiseul, assurant la sécurité, partit et le 21 à 17h, le roi n’était pas au RDV à Pont de Somme Vesle, depuis 15h30, car il était parti à 2h30 au lieu de minuit et était si heureux qu’il se dégourdissait
souvent les jambes, il arrive à 18h30 et il n’y a + de hussards, car Choiseul leur a donné
quartier libre devant l’effervescence des paysans. A Sainte-Menehould, où les dragons
n’étaient pas prêts, le maître de Poste Drouet crut reconnaître le roi, peu sûr, il laissa repartir. Mais la présence des troupes éveilla des soupçons, on l’envoya à la poursuite. A SainteMenehould, à Clermont, la foule, pleine de crainte et soupçons, et les gardes nationaux désarment les troupes. A 23h, à Varennes, le cortège ne trouve pas de chevaux, Drouet devance, la route est barrée.
La colère et la peur
Le vide laissé favorise les partisans d’une solution de remplacement : dictature à la
romaine (Marat), régence du duc d’Orléans, république voulue par les publicistes Brissot et
Gorsas, par Condorcet, le département du Puy de Dôme et de l’Hérault. Les révolutionnaires
sont en colère contre le roi, veulent le juger et ont peur d’une réaction complotée par les
émigrés et l’étranger. Robespierre garde la tête froide, évacue la question du régime, appelle
à la vigilance contre la contre-révolution et au châtiment du roi.
Mais La Fayette, Bailly et Alexandre de Beauharnais (alors président de
l’Assemblée) font de la fuite un enlèvement "par les ennemis de la révolution". A 9h,
l’Assemblée s’attribue le pouvoir exécutif = dictatorial.
Le 25, le peuple entier attendait le retour du roi.
Le Champ-de-Mars
Le 25 juin 1791, l’Assemblée suspendit le roi et ordonna une enquête. Rapport de
la commission le 15 juillet : innocence du roi, coupables = Bouillé et gardes du corps. 293
députés de droite considérèrent le roi inviolable ( suspension) et réclamèrent l’intervention
de l’étranger. Le Club des Cordeliers, entre autres, exigea que l’on consultât le peuple à
propos de la culpabilité du roi, et que l’on châtie. Les Jacobins et Robespierre respectèrent
la décision de l’Assemblée. Le 17 juillet, 5000 personnes (artisans, ouvriers, compagnons)
se rassemblèrent sur le Champ-de-Mars  garde nationale avec drapeau rouge de loi martiale 15 victimes ; pour la 1ère fois, la milice révolutionnaire a tiré sur le peuple.
Jacobins et Feuillants
Le 16 juillet, les modérés quittèrent les Jacobins et s’installèrent au couvent des
Feuillants aussi rue Saint-Honoré, quasi-totalité députés, ¾ sociétaires = idem. La province
appelle à l’union. Répression de l’Assemblée : club des Cordeliers interdit, Desmoulins ne
peut publier, Royou est poursuivi. Barnave voulait se débarrasser de l’extrême droite et des
17
députés jacobins (Robespierre, Pétion, Buzot, Grégoire) échec. Le 14 septembre, le roi
prêta serment à l’assemblée. La Constituante proclama : "Le terme de la révolution est arrivé".
L’Assemblée législative
Se réunit le 1er octobre 1791, tous nouveaux car non rééligibilité : 136 s’inscrivent
aux Jacobins, 260 aux Feuillants, 300 ne choisissent pas (mauvaises méthodes ou compromission avec la Cour).
La Fayette se retire le 8 octobre, Robespierre le 14, Pétion est élu maire Paris =
assagi.
Révolution en France ou révolution en Europe ?
L’aristocratie européenne avait bien accueilli la révolution libérale luttant contre
l’absolutisme centralisateur. Mais les décrets du 4 août, l’arrivée des émigrés solidarité de
caste. Novembre 1790, Burke Réflexions sur la Révolution française = contrerévolutionnaire. Soutien de Kant, Fichte, Radichtchev. Les paysans des autres pays veulent
faire pareil : Savoie, Suisse, Belgique, Rhénanie, Naples. A Liège et aux Pays-Bas autrichiens éclatèrent 2 révolutions matées, certes, mais qui faisaient craindre contagion de la révolution. Gustave III de Suède et Catherine II de Russie s’opposent violemment à la France
révolutionnaire. La GB se réjouissait de l’affaiblissement de la France pour son commerce.
Joseph II puis Léopold, empereurs d'Autriche, (frères de Marie-Antoinette) ne se
préoccupaient que de la Pologne et de la Turquie. Mais Louis XVI et Marie-Antoinette demandant à Léopold de menacer la Révolution, il signe, le 25 août 1791, avec le roi de Prusse
la déclaration de Pillnitz où est indiqué que la situation du roi de France préoccupe tous les
souverains européens. Une guerre commune était presque impossible, car supposait entente
des puissances européennes, mais la France croit ses craintes justifiées.
Les faiblesses militaires de la Révolution
Armée française (début 1792) = manque d'armes, de commandements (nobles ; 2/3
des officiers désertèrent) et de moral (méfiance entre anciens et nouveaux officiers). Nouvelles libertés nombreuses mutineries en 1790. Peu de volontaires GN armée.
La guerre voulue par la Révolution
Le roi et la reine souhaitaient la guerre et la défaite. Barnave et Delessert (ministre
des Affaires Etrangères) faisaient tout pour la paix. Mais pour les Lameth et La Fayette, une
guerre courte permettrait d'asseoir la révolution. Jean-Pierre Brissot (élu de Paris) fut
l'homme de la guerre ; il veut une guerre révolutionnaire : détruire Coblence, aider tous les
révolutionnaires d'Europe. Robespierre, + puis -, craignant dictature militaire. Mais les adhésions pour la guerre sont toujours +. Le 10 mars 1792, Delessert est mis en accusation par
l'Assemblée, les ministres Feuillants démissionnent, Louis XVI appelle des démocrates amis
de Brissot, ceux qu'on appellera les Girondins (Dumouriez aux Affaires Etrangères, Clavière aux Finances). Le 20 avril, seuls 7 députés votent contre la déclaration de guerre "au
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roi de Hongrie et de Bohême". Les voix des futurs Montagnards se sont tuent ; Desmoulins,
Danton, Marat ont abandonné Robespierre.
Les revendications des sans-culottes
La guerre coïncide avec une grave crise éco (l'assignat se dévalue, paysans de veulent livrer grains contre monnaie de singe). A Paris, le 20 janvier 1792, les faubourgs forcent à la baisse du prix du sucre, le 14 février, les blanchisseuses des Gobelins pillent les
boutiques, …  mouvement populaire : méfiance rude à l'égard des riches, des bourgeois,
des accapareurs, ceux qui portent des culottes à as de soie. Le sans-culottisme s'exalte de +
en +.
La bourgeoisie, unie, attachée au libéralisme, s'oppose à toute taxation qui rappelle
ancien régime ou menace la propriété privée (de Barnave à Robespierre)  risque de rupture du tiers. Pétion, comme la majorité des bourgeois et députés, pense que l'unité du
peuple et de la bourgeoisie a fait la révolution et qu'elle est garante de leur maintien. Ils accordent quelques droits, mais pas de taxation. Marat et Robespierre vont + loin, ce dernier
publie une pétition pour la taxation. Robespierre est prêt à faire des concessions pour sauver
la révolution bourgeoise.
Les premières défaites dressent le peuple contre le roi
Dumouriez voulait une opération rapide pour que les Pays-Bas se soulèvent, mais
les généraux sont défensifs, reculent, n'attaquent pas, car rivés sur Paris. Les démocrates
crient à la trahison ; La Fayette a réellement comploté avec l'ennemi. Mais le peuple s'en
prend au ménage royal et au "comité autrichien" (Barnave et Co). Brissot n'arrivant à rien
avec l'armée (désertions d'officiers …), intimide la Cour : fait voter 3 décrets : le 27 mai
1792 sur les prêtres réfractaires, le 29 mai sur la dissolution de la garde personnelle du roi et
le 8 juin sur la constitution, à Paris, d'un camp de 20 000 fédérés Roi : veto pour 1 et 3 et
remplacement du ministère girondin par Feuillants.
Le peuple réagit ; le 20 juin une grande "journée" est organisée, meneurs obscurs
( Robespierre ou Girondins). Pétion, maire de Paris, veut faire comme La Fayette lors des
journées d'octobre, canaliser les masses pour faire pression. Les sans-culottes partis à 5h du
matin faubourg Saint-Marceau et Saint-Antoine  Assemblée, puis pénètrent dans château
et crièrent "A bas le veto", Louis XVI ne céda pas. A 8h, les Tuileries sont évacuées.
Cet échec redonne courage aux royalistes. La Fayette, le 28 juin, somme l'Assemblée de disperser les clubs (idée de Dupont de Nemours), Pétion fut suspendu danger
pour la poussée révolutionnaire ?
La patrie en danger
Le 2 juillet 1792, les fédérés convergent vers Paris en prétextant la célébration de
la prise de la Bastille. Girondins et Robespierre ensemble. Le 3 juillet, Vergniaud prononce
à l'Assemblée un acte d'accusation contre le roi. Le 6, on apprend l'entrée en guerre des
Prussiens. Le 11 juillet 1792, l'Assemblée proclame la patrie en danger : toute la GN est appelée sous les armes, des bataillons de volontaires sont levés, enrôlement de patriotes sur les
grandes estrades = mouvement patriotique et révolutionnaire contre l'ennemi intérieur et la
Prusse. Le 8 juillet, l'arrivée des fédérés de province durcit le ton envers le roi. La réputation
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de révolutionnaires extrêmes revient aux bataillons de Marseille qui arrivent le 30 juillet
avec le célèbre chant que le Strasbourgeois Rouget de L'Isle composa pour l'armée du Rhin.
Le 10 Août
Le 1er août, Paris apprend le manifeste du duc de Brunswick (commandant des
troupes ennemies) signé le 27 juillet insurrection. Le 17 juillet, les fédérés réclamaient la
suspension du roi et une convention élue au suffrage universel. Les citoyens passifs font irruptions dans les sections parisiennes, siègent en permanence et constituent à l'Hôtel de
Ville un Bureau central en liaison avec le Comité central des fédérés. Brissot veut se rapprocher de la Cour et désamorcer la mine par un changement ministériel. Robespierre, bien
que toujours autant soucieux de légalité, comprend l'irréversibilité du mouvement et ne veut
pas rompre avec le peuple ; le 29 juillet, il prononce un discours pour la déchéance du roi et
l'élection d'une convention nationale élue au suffrage universel, mais sera absent – comme
les autres meneurs – de la journée populaire.
Dans la nuit du 9 au 10 août, le tocsin sonne. Les commissaires députés par les
sections arrivent à l'Hôtel de Ville et chasse l'ancienne municipalité. Les foules convergent
vers le château, mais Louis XVI avait fuit, écoutant Roederer, avec famille dans la salle du
Manège. Fusillade entre Suisses fidèles et manifestants, écrasés. Devant le roi menacé au
Manège, l'Assemblée suspend le roi et le remplace par un Conseil exécutif provisoire en attendant l'élection au suffrage universel d'une convention nationale.
Le programme des Feuillants à fonder un ordre stable sur liberté et propriété bourgeoise et à n'accepter que l'égalité des chances et non de droits est définitivement rejetée. Barnave, Du Port, Lameth, Dupont de Nemours sont éliminés de la vie politique, La Fayette devra s'enfuire. L'échec des Feuillants tient à Louis XVI élevé dans la tradition de l'absolutisme
et dans la seule légalité de sa volonté, il est désormais captif. L'heure des bourgeois libéraux
est finie, place aux bourgeois démocrates, plus modestes et peu respectueux des élites
(nobles)  Feuillants, mais respectueux de la propriété. Pour les sans-culottes, le 10 août est
une victoire incomplète.
Le romantisme révolutionnaire
La République des talents : La Faction girondine
 chef au départ = Brissot
 Ducos : négociant bordelais, plus lucide, ne veut pas rompre avec Montagne
 Pierre Vergniaud : avocat, capitaine de la GN, membre des Jacobins de Bordeaux,
député à la Législative, soucieux de l'union des démocrates grand orateur, mais trop
grande indépendance intellectuelle  meneur parlementaire.
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 Guadet : famille simple de Saint-Emilion, avocat, président du tribunal criminel,
médiocre orateur
 Gensonné : avocat, "le canard de la Gironde", imposé par son sérieux
 Appellent une république, où le talent ferait sélection sociale
 Condorcet : conduite politique fluctuante, membre de la société de 89, ami de Sieyès
et La Fayette (les a rapprochés de Brissot + guerre), veut une république des Lumière, pas contre Robespierre  autres.
 Lors Convention : Isnard (manufacturier), Pétion (ancien ami Robespierre, hésitant
au 10 août)
 Grande influence du ménage Roland pour ennemis : Girondins = Rolandins
 Jean Marie Roland de La Platière : vieux, noble haut fonctionnaire (avant), épouse
tard une jeune fille, Jeanne-Manon, qui a un salon rue Guénégaud (très à gauche),
veut attirer Robespierre pour union démocrate, veut activer les Girondins, jalousie
pour Danton (éclipse les autres) qu'elle fait partager.
La Commune de Paris
Robespierre veut unir le nouveau pouvoir de fait et l'Assemblée Législative. Le
Comité insurrectionnel est complété par élections conseil général de la Commune : 228
membres (sans-culottes) ; porte-parole : Robespierre et Huguenin.
L'Assemblée, beaucoup désertée, est dominée par Gironde pouvoir exécutif à 6
ministres : Roland, Clavière, Sevran, Lebrun aux Affaires Etrangères, Monge à la Marine,
Danton à la Justice.
La première Terreur
Paris craint toujours le complot aristocratique, pourtant la contre-révolution échoue
partout (en Vendée, en Bretagne, dans le Sud-est) ; il faut penser aux humiliations sociales
accumulées pour saisir cette crainte. La peur débouche sur la répression.
Dès le 14 août, il faut prêter serment "à la liberté, à l'égalité" pour être fonctionnaires, jouir de ses droits civiques, ne pas être suspecté. Paris est quadrillé perquisitions, arrestations = journalistes, Feuillants, domesticité royale. Les Suisses des Tuileries ont déjà
été châtiés le 10 août. Les Montagnards veulent organiser légalement la répression pour éviter le massacre. La Commune entend Danton et veut créer par l'Assemblée un tribunal d'exception. Robespierre démissionne. Le tribunal du 17 août, trop clément, ne satisfait pas.
Le 26 août, un décret alourdit les peines des réfractaires : 8 jours pour quitter
royaume ou déporté en Guyane. A Paris, on refuse de délivrer passeports réfractaires =
otages. Le 11 août, l'Assemblée fait fermer tous les monastères, le 18 les ordres enseignants
et hospitaliers sont supprimés. La Commune interdit les processions publiques et fait retirer
les cloches. Les résistances populaires sont vives. Le 20 septembre 1792 est voté l'institution de l'état civil et l'autorisation du divorce = laïcisation de la société.
Les campagnes réclament le prix de leur soutien à la révolution et obtiennent : division en petits lots des biens nationaux = accessibles à + (14 août), suppression sans indemnités des droits seigneuriaux  4 août (26 août). Inflation et mauvaise récolte de 1791
revendications de réquisitions et taxations. Girondins et Montagnards sont contre, mais
loi du 9 septembre autorise réquisition du blé, mais pas de taxation.
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L'Invasion
L'armée prussienne, commandée par le duc de Brunswick, pénètre le 19 août 1792
en France, capitulation de Longwy le 23, de Verdun le 2 septembre : la route de la capitale
est ouverte! La Commune est jugée trop arbitraire, l'Assemblée vote sa suppression et des
élections, mais le danger force à l'union. Le 26 août, l'Assemblée vote la levée de 30 000
hommes dans Paris et environs. Danton incarne l'union révolutionnaire, il s'oppose à la
haine Robespierre et Commune  Girondins. Le 2 septembre, Danton donne une nouvelle
impulsion à la guerre "Pour vaincre, Messieurs, il nous faut de l'audace, encore de l'audace,
toujours de l'audace, et la France est sauvée", il est l'homme de la patrie en danger.
Les massacres de Septembre
2 h après, la Commune enrôle au Champs-de- Mars. Dans ce climat fiévreux
débute le massacre des prisonniers ; des "tribunaux populaires" jugent et l'on execute
jusqu'au 6 : 1100/1400 victimes = ½ (surtout de droits commun qui fabriquaient de faux
assignats, réfractaires), auteurs = boutiquiers, gardes nationaux, artisans, fédérés (= sansculottes). Robespierre justifie : "Vouliez-vous une Révolution sans révolution? A ce prix,
quel peuple pourrait jamais secouer le joug de la tyrannie?" ; la violence est nécessaire pour
l'ordre nouveau. Ministre de la Justice, Danton n'est pas intervenu, comme la Commune.
Les Montagnards vont diriger contre les Girondins la fureur populaire. Robespierre
accuse les Girondins d'avoir proposé la couronne au duc d'York et de Brunswick = pas sérieux, mais dangereux la Commune fait perquisitionner chez Brissot, arrêter Roland et
d'autres députés Girondins. Danton s'interpose avec succès. On comprend désormais la
haine des Girondins pour ceux qui ont utilisé la fureur populaire pour une manœuvre politicienne.
L'opinion condamne de + en + la violence, les massacres. Les Girondins se vengent, accusent les Montagnards d'avoir organiser les massacres pour préparer leur dictature.
Vergniaud fait casser la Commune le 19 septembre.
Valmy
Dumouriez, devenu général en chef de l'armée du Nord, fait voter le 29 août 1792
l'invasion de la Belgique pour empêcher l'avancée de Brunswick, mais le Conseil Exécutif et
la prise de Verdun changent les plans. Il doit se placer en Argonne, Kellermann doit le rejoindre avec l'armée du Centre. Brunswick paraît le 7 septembre, il oblige Dumouriez, le 14,
à se replier sur Sainte-Menehould. Le 19 arrive Kellermann. Le roi de Prusse, gagné par
l'impatience des émigrés français, ordonne le contact, les Prussiens vont engager la bataille
en tournant le dos à Paris. Le 20 septembre, au matin, l'avant-garde prussienne arrive à hauteur de Valmy et est accueillie par des tirs d'artillerie. Vers 13h, l'infanterie prussienne attaque. L'avance n'est pas empêchée. Kellermann crie "Vive la Nation!" et devant le "Ca ira",
l'armée prussienne hésite, Brunswick ordonne l'arrêt.
Les débuts de la Convention
22
Le 20 septembre, la Législative cède la place à la Convention (= pouvoir assumant
à titre exceptionnel l'établissement d'une nouvelle constitution et l'exercice provisoire de
tous les attributs de la souveraineté. Normalement au suffrage universel à 2 degrés. Des aristocrates aux Feuillants, les adversaires du 10 août, sont exclus ou s'excluent d'eux-mêmes
des élections. Les "passifs" n'ont guère voté. Les politiquement engagés ont surtout voté
conventionnels = bourgeois, 250/749 sont juristes, 400 administrations locales ou provinciales, 96 Constituante, 89 Législative = expérience.
Les clivages politiques ne sont guère importants. Les Girondins sont + connus
dans départements (200), mais à Paris : Robespierre, Danton et meneurs de la Commune
(100 Montagnards). Les Girondins semblent dominer, n'ont +, pour le moment, grâce à
Valmy, la guerre contre eux. Mais la majorité revient à la Plaine (meneur Barère) = révolution bourgeoise dans sa continuité (appelée "Marais" par détracteurs) : Cambon, Sieyès, +
proches des Girondins (défense propriété privée et liberté contre excès de la gauche). En affirmant son hégémonie, la Gironde va irriter, blesser (Sieyès).
Dans les 1ères séances, les factions s'entendent ; Danton défend l'union. Le 21 septembre 1792, la royauté est abolie et le 22 la république est proclamée = An I de la République. Roland et ses amis s'attaquent à la Commune, Marat, Danton, Robespierre pendant
tout octobre ; la Convention ne les suit pas pour gardes départementales pour protéger la
Convention et la réduction de l'importance de Paris. Ils obtiennent le renouvellement de la
Commune  Chambon un modéré = maire, mais conseil général = sans-culotte ou jacobin.
Danton est affaibli  Marat, Danton semi-échec pour Girondins. Tout de même : opinion
 excès terroristes ; le 29 novembre, le tribunal révolutionnaire du 17 août est supprimé.
Loi du 8 décembre supprime réquisitions.
Le procès du roi
Louis XVI est enfermé depuis le 10 août dans le donjon de l'enclos du Temple. La
Commune l'a de + en + isolé des siens. Le 20 novembre sont découvertes des lettres attestant des liaisons du roi avec la contre-révolution un jugement un inévitable.
Saint-Just et Robespierre, isolés de la Montagne, s'opposent au procès, pour eux, il
est criminel par le seul fait qu'il est roi, il doit donc être châtié  jugé. Les autres députés
veulent un procès régulier pour convaincre le peuple (Marat). Le 5 décembre 1792, la Convention décide qu'elle jugera le roi. Le 10, l'"acte annonciatif des crimes de Louis" est présenté, le 21, il paraît pour la 1ère fois ; ses défenseurs sont Tronchet et Malesherbes. De Sèze
(plaidoirie) explique que l'inviolabilité du roi est inscrite dans Constitution de 1791, il faut
donc le juger comme citoyen avec tous ses droits. Les Girondins ont tout fait pour retarder
le procès, la droite s'est tue.
Le 14 janvier 1793, les députés répondent à 3 questions : culpabilité, appel au
peuple, pénalité = oui (quasi-unanimité), non (423286). Pour la peine, les Girondins se
battent, Lanjuinais réclame les 2/3, Danton fait rejeter, certains votent pour la mort, mais réclament un sursis. Mort : oui (366355), sans les sursis, 1 voix de +. Le 19, le sursis est rejeté (383310). La décision fut politique  personnelle, il fallait empêcher contrerévolution, retour à monarchie et perte des acquis depuis 1789 et asseoir le nouveau régime.
La révolution bourgeoise s'assurait ainsi sa définitive victoire.
La mort du Très Chrétien
23
Le 20 janvier, Louis apprend la décision, il demande 3 jours de préparation à la
mort, l'autorisation de voir sa famille sans témoin et faire venir un prêtre assermenté (l'abbé
Edgeworth de Firmont) ; la convention accepte les 2 dernières. Louis XVI mange et dort
bien. Le 21, il est réveillé à 5h, à 8h30, Santerre, commandant en chef de la GN, vient le
chercher. Du Temple => place de la Révolution, 20 000 hommes ont pris place. A 10h, le
roi arrive, à 10h20, sa tête tombe "Vive la Nation", "Vive la République", "Vive la Liberté" "Vive l'Egalité". Corps au cimetière de la Madeleine.
Désespoir de royalistes, deuil porté à Orléans et Lyon, manif à Montbrison. Très
peu d'enthousiasme. La royauté sacrée est à jamais finie.
Les victoires de la République
Après Valmy, les Prussiens évacuent, car manque de ravitaillement et intérêt de la
Pologne où Catherine II manœuvre. Le 23 septembre 1792, des armées françaises pénètrent
en Savoie. Anselme occupe Nice le 29 septembre. Le 22 octobre, arrivé à Francfort, Custine
a déjà occupé Spire, Worms, Philippsbourg et Mayence. Le 6 novembre, Dumouriez attaque
la Belgique à Jemmapes. Les Autrichiens protègent Mons, grâce à l'énergie de Dumouriez et
Egalité fils (futur Louis-Philippe), ils battent en retraite le soir. Majorité de volontaires,
grand enthousiasme 1ère victoire révolutionnaire. La Belgique est conquise.
A la Convention, personne ne propose de négociations de peur d'être accusé de
contre-révolution (Danton, Girondins). Brissot veut des "républiques sœurs", la gauche des
annexions : Chaumette : "Le terrain qui sépare Paris de Pétersbourg et Moscou sera bientôt
francisé, municipalisé, jacobinisé". Tout dépend sur place de l'attitude des populations et des
généraux laissés sans consigne : Savoie + (langue, relations éco), la "Convention allobroge"
réclame rattachement à la France fin octobre ; en Belgique, les partis refusent, l'annexion sera imposée.
Le 19 novembre, la Convention décide "que la nation française accordera fraternité
et secours à tous les peuples qui voudront jouir de la liberté". Le 15 décembre, sont votés les
conditions : "abolition des privilèges, de la dîme, suppression des biens du clergé, introduction de l'assignat, guerre à outrance contre les peuples qui refuseront la liberté et l'égalité".
Le 21 novembre, la Savoie est réunie, Nice le 31 janvier, Danton propose pour
Belgique (annexion) = théorie des frontières naturelles de France = Rhin, Alpes, Pyrénées
expansionnisme passionnel de la France.
Pitt et la coalition
Politique annexionniste + exécution de Louis XVI coalitionFrance pendant
20 ans. Burke prêche la croisade contre-révolutionnaire  William Pitt (intérêt éco, craintes
politiques). En arrivant à Anvers (Hollande), la France viole de traité de Wesphalie et
menace Tamise. Les conventionnels se lient avec démocrates anglais, Grégoire se réjouit
d'une prochaine république en GB le 22 novembre 1792. En décembre, Pitt prépare armées,
fait voter "l'alien Bill" (surveillance des Français en GB par autorités). 26 décembre,
embargo sur cargaison de blé pour France. A la mort de Louis XVI, le chargé d'affaires
français est expulsé et la Cour porte le deuil. En France, beaucoup ne veulent pas d'une
guerre avec la GB par anglophilie et intérêt éco (Danton et Lebrun au Conseil exécutif,
Brissot et Vergniaud chez les Girondins), mais la Convention s'y laisse traîner, Robespierre
ne met pas de zèle dans son opposition. Il est toujours mal vu de s'opposer à la guerre, de +,
24
la GB n'est pas aimée. Le 1er février 1793, la Convention déclare la guerre au roi d'Angleterre et au stathouder de Hollande.
Le pape, le duc de Parme, le duc de Modène, le roi de Naples et les états allemands
annoncent leur rupture. En mars, la guerre est déclarée à l'Espagne, la Prusse, qui a signé
avec Russie sur Pologne, reprend front français. Sauf les états nordiques, la Suisse, la république vénitienne et le grand-duc de Toscane (un Habsbourg), toute l'Europe se coalise
contre la France.
Un printemps tragique
Au printemps 1793, les "frontières naturelles" sont perdues, il ne reste que la forteresse de Mayence (car Custine a mal mené l'armée du Rhin + trahison de Dumouriez qui
coûte la Belgique). Les populations sont contre les Français (massacre à Francfort, Belgique. Les soldats sont mal nourris et mal vêtus moral - ; beaucoup de volontaires ont
quitté l'armée après 1792, désertion 230 000 1er février 1793  400 000 1er décembre
1792, or il en faudrait 500 000. Il y a division en bataillon de volontaires avantagés et bataillons de ligne. Les Girondins sont incapables de diriger, de donner une direction politique à
la guerre, mais refusent gouvernement d'union nationale plaidé par Danton et la Plaine (Barère).
En Vendée : les campagnes contre les villes
Levée en masse du 23 février 1793 (défaite Hollande+Belgique) contingent par
département d'hommes célibataires ou veufs de 20 à 40 ans : d'abord volontaires et après
trouver moyen pour compléter. Sont exempts les fonctionnaires et l'administration
(=bourgeoisie révolutionnaire) troubles (Hazebrouck en Alsace, Puy-de-Dôme, Orléans,
Vendée) réprimés sauf en Vendée.
Partout ailleurs : paysans-bourgeoisseigneurs ; en Vendée où peu de contacts
ville/campagne : bourgeoispaysans-seigneurs, la vente des biens nationaux y a surtout
profité à la bourgeoisie. Du 3 au 9 mars = incidents réprimés  11 mars : dans rassemblements armés non spontanés dans + de 100 villages, organisés par l'ancienne clientèle de
la noblesse, déclassée (meneurs : voiturier Cathelineau, garde-chasse Stofflet, perruquier
Gaston). Ils se tournent vers nobles pour organisation militaires (d'Elbée). Prêtres réfractaires se montrent et mobilisent contre les Sans-Dieu des villes (abbé Bernier).
11 mars 1793 : dans le Marais, prise de Machecoul, massacre des municipaux, des
curés constitutionnels, des gardes nationaux = 500 victimes en – d'un mois fin mars, tout
le pays est contrôlé (ports aux patriotes).
Dans le bocage Clisson et Mortagne sont occupés dès 10 mars, puis Saint-Fulgent.
Les troupes républicaines du général Macé sont écrasées le 19 mars.
12, 13 et 14 mars : dans les Mauges, prise de Saint-Florent, Beaupréau, Vezins,
Chemillé, Cholet constitution de la "Grande armée catholique et Royale" dirigée par Cathelineau. Toutes les offensives républicaines échouent.
A Paris : les pauvres contre les riches
Danger extérieur + contre-révolution vendéenne + hausse des prix = agitation. Fin
janvier 1793, l'assignat est à 55% de sa valeur, à 43% début avril. De +, escomptant la
25
hausse, les paysans ne livrent pas, ce qui amplifie. Dans le Sud-est +200% depuis 1789. Les
salaires augmentent (- de main d'œuvre car soldats) – vite. Province : salaire journalier 20
sous, livre de pain de 6 à 8 sous revendications : réquisition, taxation, cours obligatoire de
l'assignat. 25 février matin, émeute dans le quartier des Halles, qui se répand, femmes pillent épiceries, répression par GN le 26 refus de la bourgeoisie (Montagnards Saint-Just
+Girondins Roland).
Les premiers pas vers la Terreur
De mars à mai 1793 : vote de mesure qui annoncent un gouvernement révolutionnaire + MontagnardsGirondins. Climat d'émeute permanent à Paris (malaise éco, défaite
en Belgique, mollesse du gouvernement) : châtiment des raîtres, des modérés, prélèvements
sur les riches. Sont incompatibles exercice régulier du pouvoir libéral bourgeois et les
nécessités exceptionnelles du salut public.
Les Montagnards, craignant un débordement bourgeois, évoluent vers la gauche et
intègrent une partie des revendications des sans-culottes. Danton est pour un "bloc des
gauches", Robespierre pour programme populaire : élimination des Girondins, tribunal
d'exception. Fin avril, ils envisagent des limitations temporaires au droit de propriété. La
Plaine se rapproche de la Montagne (insurrection vendéenne+menace invasion) vote
mesures révolutionnaires montagnardes.
Le 18 mars 1793, Barère :
 On ne gouverne pas de façon normale dans des temps d'exception il faut accepter
moyens révolutionnaires
 La bourgeoisie ne peut se séparer du peuple il faut satisfaire ses demandes
 La bourgeoisie doit continuer à diriger la Convention doit donc prendre les mesures révolutionnaires
Ces mesures sont votées entre le 10 mars et le 20 mai 1793 :
 11 mars : tribunal révolutionnaire pour juger les suspects
 21 mars : création des comités de surveillance
 28 mars : les émigrés sont bannis sous peine de mort, leurs biens confisqués
 11 avril : cours forcé de l'assignat
 20 avril : emprunt d'un milliard décrété sur les riches
La lutte pour le Pouvoir
Le problème de la Convention, c'est le pouvoir ==> Le 11 mars 1793, la Convention envoie des représentants en mission dans les départements, le 9 avril des représentants
aux armées pourvus de pouvoirs illimités, pour asseoir son autorité. Le 6 avril, le Comité de
défense générale est remplacé par le Comité de Salut public, délibérant en secret, chargé de
surveiller et d'accélérer l'action du Conseil exécutif, investi du pouvoir de faire exécuter
sans délai ses décisions. Les Girondins crient à la dictature, Marat rétorque "C'est par la violence que doit s'établir la liberté et le moment est venu d'organiser momentanément le despotisme de la liberté pour écraser le despotisme des rois".
Qui doit gouverner ? Robespierre veut que Montagnards qui n'ont jamais hésité
devant violence révolutionnaire  majorité. Danton, Barère, Cambon (P), Cambacérès (P)
prônent un Front républicain sans les extrêmes (robespierristes) = majorité à l'Assemblée
==> 9 membres CSL : 7 centristes Barère et 2 montagnards (Danton+Delacroix)
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1er avril, Danton attaqué par la Gironde car ami de Dumouriez ==>se range résolument derrière la Montagne ==>Guerre Girondins<=>Montagnards. 3 avril, Robespierre
demande l'accusation des complices de Dumouriez (=Brissot). Le 5, aux Jacobins, Marat invitent les sociétés de province à rappeler les députés ayant voulu sauver le tyran (revendication des sans-culottes) ==> les Girondins (Guadet) font voter sa mise en accusation. Le tribunal révolutionnaire l'acquitte+triomphe de la foule. Le 15 avril, 35 sections parisiennes
menacent 22 chefs girondins
==> Gironde tente de rallier les conservateurs, les propriétaires en leur faisant peur
(union avec peuple) ==>les modérés prennent contrôle de sections (Champs-Élysées) :
==>guerre civile
 Marseille : représentants en mission chassés, Jacobins guillotinés
 Lyon : 29 mai, modérés et aristocrates, après émeute sanglante, prennent pouvoir
==>Montagne et sans-culottes alliés<=>Girondins. 10 mai : Convention déménage
aux Tuileries. Girondins veulent faire venir forces armées de province sur Paris. Le 18 mai,
Guadet dénonce autorités de Paris et propose leur cassation ==>Convention enquête sur
Commune ==>Hébert et Varlet = prisonniers.
Le 31 mai
Comme toute journée révolutionnaire : meneurs obscurs. A l'évêché se réunissent
pendant les jours précédant des sections, puis des commissaires de sections (33/48) avec le
Comité des 6, 9 puis 11 à la tête. Montagnards et Commune craignent une émeute sans contrôle ==>Hébert et Varlet libérés. Robespierre veut, "insurrection morale", pression des
masses sur le Parlement pour qu'il s'épure de lui-même. La Commune modère aussi (Chaumette, Hébert). Dans la nuit de 30/31, le Comité de l'Evêché désigne Hanriot comme chef de
la GN. Commune et Assemblée ne le soutienne pas, des sections condamnent ou refusent de
participer, mais Roux et Varlet entraînent. A 17h, la Convention est encerclée : réclamation
de l'arrestation des "appelants" soutenu par Montagne (ceux qui avaient voté l'appel au
peuple pour sauver le roi), d'une armée de sans-culottes pour châtier suspects, taxe sur les
riches, droit de vote temporairement uniquement aux sans-culottes ==>échec.
Le 2 juin
Nuit 31/1 : Comité arrête suspects (Mme RolandM. enfuit). Dimanche 2 juin
1793 : 80 000 hommes armés investissent la Convention (soupçon : aide Montagne) début
après-midi. Héraut menace de ter tous les députés s'ils ne livraient pas les coupables. Couthon propose arrestation de 29 députés girondins et des ministres Clavière et Lebrun
==>acclamation
==>fin de la Gironde (jeunes talents éloquents) + mauvais coup porté au parlementarisme + Convention prisonnière + force armée pour la 1ère fois contre représentation.
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Le temps de la détresse
Les sans-culottes
 Portent une braie, une veste courte (carmagnole), un bonnet rouge une pique : généralisation pendant l'été 1793.
 Disent "citoyen" et "tu".
 Très égalitaire.
 Ceux qui ont quelque chose ou sont cultivés sont soupçonnés de contre-révolution et
peuvent être arrêtés.
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 Epouser un étranger ou acheter étranger, c'est être ennemi de la Nation. La délation
est une vertu.
 La violence est exaltée par guillotine : "Couperet national", "hache populaire", "faux
de l'égalité" complexe d'humiliation et de hantise.
 Les militants (une minorité) s'imposent par l'intimidation dans sections : vote haute
voix + non-participation (="insouciance","tiédeur") = condamnée.
 Les assemblées primaires doivent avoir pouvoir sur élus, gouvernement.
 Chacun ne peut avoir qu'une propriété limitée.
 La taxation est une exigence.
 Le pain doit être à bon marché.
 Antiparlementarisme car jalousie de leur pouvoir.
La petite-bourgeoisie veut percer, une nouvelle couche veut diriger.
Danton
 Domine CSP qui continue de diriger pays après 2 juin
 Don inné de la séduction des foules
 Prône l'union contre l'ennemi (Robespierre et luttes intérieures aux démocrates)
Dès le 4 juillet 1793, Marat combat le "Comité de perte publique". Danton part
sans opposition, il vient d'épouser une jeune femme. Le 10 juillet, à sa demande, la Convention l'écarte du CSP. Le 5 septembre 1793, il refuse de participer au pouvoir.
Marat







Poignardé le 7 juillet 1793 par Charlotte Corday
Après moult déboires, il était devenu "l'Ami du peuple"
Avait prévu la fuite du roi et la défection de La Fayette
Meneur aux Cordeliers
Elu à la Convention malgré réticences de Robespierre
A la gauche de la Montagne
A sa mort, un culte se forme et la Convention n'est + protégée contre démagogie
Le groupe Cordelier
 L'extrémisme est tactique : appui sur la plèbe et sur mort de Jean-Paul Marat
 Meneur = Hébert (membre du Conseil général de la Commune), influent avec son
journal, notamment chez les militaires, le 20 août, la Convention refuse de le nommer ministre de l'Intérieur
 Force vient des bureaux du Ministère de la Guerre (meneur Vincent, très proche du
peuple : peuple de sans-culottes les bureaux)
 Le populaire Ronsin, qui s'est engagé pour la Révolution est placé en septembre
1793 à la tête de l'armée révolutionnaire reconquérir Lyon.
 Appui de la Commune de Paris, du maire Pache, du procureur général Chaumette
 But eux, génération du 10 août, supplante les meneurs de 1789.
Le grand Comité
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Nouveau CSP : 3 centristes (Barère, Gasparin), 6 montagnards (Saint-Just, Couthon, Bon Saint-André, Prieur de la Marne) ; le 24 juillet, Gasparin se retire, remplacé par
Robespierre. 14 Août : Carnot, Prieur de la Côte D'Or. 6 septembre : sans-culottes imposent
2 (Billaud-Varenne). Jeunesse et expérience pour tous. Très travailleurs (18h/jour). Collégialité.
L'incorruptible : Maximilien Robespierre
 Déformé par la haine : homme de cabinetdémagogue ; modérésanguinaire ; rusé
parlementairedictateur ; déistedétracteur de la religion ; tacticiendoctrinaire
 Petit avocat de province (Arras)
 Sans fortune, complexe de boursier, méfiance à l'égard de l'aisance
 Elu par les couches inférieures du tiers
 Seul, il combat l'élimination des hommes de couleur des Antilles
 Presque seul, il s'oppose à la limitation de pétitions du peuple pour l'Assemblée
 Presque seul, il comprend l'importance de l'union peuple-bourgeoisie
 Décrié à l'Assemblée, devient meneur du Paris révolutionnaire
 Bataille aux Jacobins : contre guerre (contre opinion), Cour, Girondins
 Après retraite de Danton, il devient homme de gouvernement
 Absence de compromission + passé d'opposant = autorité morale
 Suit à merveille opinion populaire et parlementaire
 Veut canaliser tous les débordements (manifs, 10 août, 2 juin)
 Fort en manœuvres politiques et politiciennes
 Entraîné (idem Saint-Just) vers l'utopie, se heurte à réalité capitaliste et mercantile
ainsi qu'à l'incompréhension du peuple
 La révolution bourgeoise, dont il est un des auteurs, est le mal absolu ; déteste luxe,
aisance, athéisme, individualisme "D'où vient le mal? Des bourgeois"
L'insurrection fédéraliste
Avant même le 2 juin, modérés ont pris armes à Lyon, Marseille et Bordeaux.
Renforcement avec élimination des Girondins opposition au coup de force parisien +
changement d'équipe gouvernementale. Restent fidèles à la Convention départements
proches de Paris (Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Eure-et-Loir), ceux proches des frontières
et de la Vendée, qui craignent contre-révolution. Soulèvements dans l'ouest et le Midi. Les
départements normands et bretons se fédèrent autour de Caen (capitale de l'ouest girondin)
avec levées d'hommes dès le 10 juin 1793. Bordeaux chasse représentants le 7 juin. Le 12
juin, en Provence soulèvement gagne Marseille, Avignon, Nîmes, Toulon. Le 17 juin, le jacobin Chalier est guillotiné à Lyon.
Difficultés des levées d'hommes par Girondins + impossibilité d'une 3 ème force
entre révolution et contre-révolution = échec. Certains passe à la contre-révolution en Vendée (Puisaye), la majorité se soumet.
La Vendée maudite
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Après la prise de Thouars (5 mai 1793) et de Fontenay (le 26 mai), les Vendéens
tentent de créer centralisation politique et militaire Conseil supérieur = peu d'effet, sauf
l'armée des Mauges ("Grande armée catholique et royale) dirigée par d'Elbée, Stofflet = menace pour la république. Création de 3 nouvelles armées républicaines des Côtes Maritimes
(décision à Niort par Biron et à Saumur où des membres de la Commune jouent à la guerre
pas de cohérence.
Prise de Saumur le 9 juin 1793 par GACR  panique dans toute la vallée de la
Loire. Charrette (armée du Marais) prend Machecoul le 18 juin. Tous convergent sur Nantes
qui se défend victorieusement le 20 juin. Les républicains prennent Châtillon sur Sèvre,
mais les Vendéens la reprennent le 5 juillet en anéantissant l'armée républicaine. Vainqueurs
à Vihiers le 18 juillet. Le 1er août, la Convention décide la destruction de la Vendée (Barère). La liberté ou la mort!
La République envahie
La trahison de Dumouriez a désorganisé l'armée (juillet 1793 : 650 000
hommes)coalition ½. Le ministre de la Guerre, Bouchotte, est attaqué par généraux (que
lieutenant-colonel) et Convention (tolère Vincent et ses sans-culottes). Il chasse avec CSP
les nobles de l'armée.
Contre les Autrichiens (Cobourg), les Hanovriens et les Hollandais (York), dans le
nord, Condé capitule le 10 juillet et Valenciennes le 28. Cambrai sauvé par division, Dunkerque assiégé par York. Sur le Rhin, Mayence est assiégée depuis avril. Prussiens assiègent
Landau, Autrichiens occupent la Basse-Alsace. En Savoie, le roi de Sardaigne envahit la
vallée de la Maurienne, de la Tarentaise et du Faucigny ; Cluses est prise le 20 août. Le 27
Marseille est livrée aux Anglais, idem Corse.
Les journées de Septembre
La Révolution est menacée aussi par un débordement extrémiste. Carence de
viande (événements dans départements), de savon. Le 15 juin 1793, la section de Varlet demande taxation et loi contre les accapareurs. Le 20, Jacques Roux propose aux Cordeliers de
punir de mort agiotage et usure. Le 25, son ton menaçant indigne la Montagne. Du 26 au 28
: troubles aux ports de Paris. En juillet/août, les Cordeliers font leur les revendications des
sans-culottes. Demandes d'exclure les nobles de tous les métiers, de lever en masse, d'arrêtés
les suspects (des défaites). Hébert utilise la sécheresse de la fin août pour exacerber le
peuple contre les négociants, les bourgeois, les accusant de vouloir prendre la place des
nobles république.
Toulon est livrée aux Anglais. Les Jacobins veulent soutenir le mouvement pour le
canaliser. L'insurrection commence le matin du 4 septembre 1793 : ouvriers et employés du
ministère de la Guerre envahissent place de Grève "Du pain". Chaumette prend la tête du
mouvement "C'est ici la guerre ouverte des riches contre les pauvres ; ils veulent nous écraser […] il faut les écraser nous-mêmes". Le 5 septembre (idem 10 août et 2 juin), les sections armées entourent la Convention. Exigences : armée révolutionnaire, arrestations des
suspects, épuration des comités révolutionnaires. La Convention cède, mais garde le pouvoir
= demi-échec. La pression des sans-culottes pousse vers Terreur et éco dirigée, mais ne parvient pas à remettre en cause la stabilité gouvernementale.
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Le gouvernement révolutionnaire
Devant la Révolution bourgeoise attaquée de partout (vendéens, sans-culottes), la
Montagne est amenée à prendre de grandes mesures révolutionnaires. Constitution de 1793 :
"Le but de la société est le bonheur commun", droit au L, à l'assistance, à l'instruction, à
l'insurrection … à la propriété. Seuls les députés seront élus, au suffrage uninominal par assemblées primaires. Tout le reste est indirect (juges, fonctionnaires, administrateurs, Conseil
Exécutif), car élections directes auraient profité aux Girondins. Le référendum, prôné par
Condorcet, est très limité par rapport à ce qu'il désirait. Bourgeoisie rassurée. La Constitution est adoptée par assemblées primaires (1 800 00017 000) : Sud-est, Sud-ouest, Bretagne contre, toute moitié Nord pour. Proclamée le 10 août 1793.
En juillet/août 1793, les sans-culottes arrachent des concessions au CSP, mais il
résiste. 26 juillet, Convention vote punition de port pour accapareur et denrées de 1ère nécessité sous tutelle des municipalités, bon nombre d'arrestations de Girondins. Le 1 er août, Marie-Antoinette est envoyée au tribunal révolutionnaire (Barère), les tombeaux et mausolées
royaux de Saint-Denis sont détruits, les étrangers non domiciliés en France avant 14 juillet
1789 sont arrêtés, les biens des Girondins hors-la-loi sont confisqués. Le 23 août est votée la
levée en masse voulue par sans-culottes.
Le 5 septembre (avec événements), la Terreur est mise à l'ordre du jour. Le 6, 2
sympathisants sans-culottes sont élus au CSP. Le 9, création armée révolutionnaire pour
protéger Paris et châtier traîtres. Le 17, loi des suspects (= tous les adversaires du régime).
Le 20, les comités révolutionnaires délivrent certificats de civisme et dresse liste des suspects. = Terreur. Le 11, maximum de grains et fourrages. Le 29, maxi général des prix et salaires = éco contrôlée. Convention et CSP veille à ne pas se laisser déborder.
Le 10 octobre 1793, Saint-Just propose à la Convention de ne pas établir la constitution et de constituer le gouvernement de manière révolutionnaire corps constitués, ministres, fonctionnaires, généraux seront sous le contrôle du CSP.
La Terreur
Le Tribunal révolutionnaire avait été modéré relativement aux condamnations à
mort. Pression cordelière : CSP et Comité de Sûreté Générale proposent désormais les jurés
à la Convention (24 septembre 1793). Accusateur général : Fouquier-Tinville. Octobre, novembre, décembre : 177 condamnations à mort (45%). De nouvelles prisons doivent ouvrir.
Marie-Antoinette est guillotinée le 16 octobre, son cousin Philippe Egalité et Du Barry (aimée du roi) en décembre. La révolution mange ses propres enfants : Gorsas, 22 Girondins
(Brissot, Vergniaud) qui chantent la Marseillaise au pied de l'échafaud, Mme Roland "O Liberté! Que de crime on commet en ton nom!". M Roland, Pétion, Buzot se suicident. Exécutés aussi les Feuillants Bailly et Barnave, et les généraux malchanceux Houchard et Biron.
Robespierre pense éviter les massacres grâce à une Terreur organisée. Les
membres des comités ne furent pas des buveurs de sang, ils sont même attentionnés à l'égard
des prisonniers.
Haro sur l'accapareur
L'armée contraint les paysans à livrer leur grain à Paris. Mais le 29 octobre, des
cartes de pain sont tout de même créées. Le maximum général voté le 29 septembre crée des
tensions (chez les marchands). Le gouvernement ne veut aller + loin pour garder bourgeois
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et paysans : refuse les jurys contre l'accaparement, mais accepte visite de la Commune au
domicile des marchands pour voir s'ils ne refusent pas de vendre quelque chose (car prix limité).
La déchristianisation
Le clergé non réfractaire a déserté les révolutionnaires après 10 août ou 21 janvier.
De+, recherche de l'or de l'été 93 dépossession des églises. Révolutionnaires bourgeois,
Girondins, Montagnards sont contre religion. 10 Août 1793 : 1ère fête laïque de la Révolution. Le 6 octobre 1793, l'ère chrétienne est remplacée par ère révolutionnaire par Convention (Romme). L'an I commence avec République le 22 septembre 1792. Le 24 octobre
1793 (Fabre d'Eglantine) : année de 12 mois égaux de 3 décades + à la fin 5 ou 6 jours "sans
culottides". Beaucoup d'incitations au mariage des prêtres et limitation du culte en province.
Peu d'opposition, même des sans-culottes, à Paris. 16 brumaire (6 novembre), la Convention
autorise les communes à supprimer paroisses. Notre-DameTemple de la Raison. Le
peuple reste croyant dans sa majorité. De +, Robespierre et CSP veulent freiner mouvement
: hostiles à l'athéisme, crainte de l'hostilité des pays neutres. L'alliance entre Robespierristes
et Dantonistes affirmation liberté des cultes par majorité (16 frimaire, 6 décembre).
La dictature de guerre
Le 14 frimaire An II (4 décembre 1793), Convention délègue au Comité de Sûreté
Générale la direction des comités révolutionnaires et de la police et au CSP la direction politique et militaire.
Les soldats de l'An II
Le CSP veut arrêter invasion et contre-révolution. L'armée est épurée, changée en
profondeur. Jourdan à l'armée du nord, Hoche à celle de Moselle. 15 octobre 1793 : début
bataille de Wattignies, victoire française le 16 libération de Maubeuge. Les Autrichiens
avec Wurmser progressent à l'est, sont à 4 lieux de Strasbourg. CSP envoie Saint-Just et Lebas. Saint-Just rétablit l'ordre à Strasbourg (officiers et généraux fusillés), ravitaille armée
par sacrifice pour la population. Il provoque enthousiasme "Landau ou la mort". Le 27 décembre, Landau est libérée. Hoche (armée Moselle+Rhin) occupe Spire et une partie du Palatinat.
Les troupes républicaines entrent à Lyon le 9 octobre 1793. Le 12, la Convention
(Barère) décrète destruction des maisons des riches. A Toulon, l'attaque menée par Dugommier (plan = capitaine Bonaparte) dès 15 décembre, victoire sur Anglais et Espagnols le
19, désormais Toulon = Port-la-Montagne. Kléber écrase les Vendéens le 17 octobre à Cholet. Les 30 000 hommes de l'armée royaliste se dirigent vers le nord ; ils sont devant Granville le 13 novembre. Ils redescendent et attaquent Angers le 3 et 4 décembre = échec, repartent vers le nord, écrasés définitivement au Mans le 13 et 14 par Kléber et Marceau, puis le
26 à Savenay. D'Elbée est pris et fusillé le 3 janvier 1794. La "Grande armée catholique et
royale" est détruite, il ne reste + que des groupes épars.
La lutte sur deux fronts
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Le 12 octobre 1793, Fabre d'Eglantine (proche de Danton) révèle aux comités
l'existence d'une conspiration, suscitée par étranger pour renverser gouvernement révolutionnaire. Les Montagnards se servent de cette hypothétique conspiration pour se débarrasser des hébertistes. Delaunay, Chabot, Julien de Toulouse, Fabre d'Eglantine, entre autres,
députés dantonistes, se font corrompre dans l'affaire de la Compagnie des Indes. Les dantonistes (désolidarisés des hébertistes) avaient été chassés en septembre du Comité de Sûreté
Générale. Les Jacobins portent accusation à l'encontre de Toulouse et Chabot. CSP fait arrêter tous les corrompus sauf Fabre.
Cependant, axe Robespierre-Danton de fin novembre à début janviersansculottes et ultra-révolutionnaires. Danton (aile+modérée) veut fin du gouvernement
révolutionnaire, arrestation des chefs sans-culottes, déliver Convention de la pression de la
rue, détacher Robespierre de la gauche des Montagnards pour gouverner avec lui. Camille
Desmoulin l'aide : création le 15 décembre (5 frimaire) de Le Vieux Cordelier qui s'attaque
aux extrémistes, au courant de déchristianisation, au principe de gouvernement
révolutionnaire. Le 17 décembre, Fabre fait arrêter les hébertistes Vincent, de Ronsin,
d'Héron. Le 1er nivôse (21 décembre), Collot d'Herbois fait à l'Assemblée et aux Jacobins
l'apologie de la répression. Avec Billaud-Varenne, il veut éloigner Danton, il prouve la
culpabilité de Fabre arrêté le 23 nivôse An II (12 janvier 1794) ; Danton le défendant,
s'isole. Robespierre fait machine arrière, défend gouvernement révolutionnaire 
Desmoulins. Il dénonce modérantisme et excès.
Les procès de Paris
Libération de Ronsin et Vincent (14 pluviôse)agitation cordelière. Les places
dans les bureaux administratifs sont réservées à ceux qui ne peuvent subsister. Guerre des
"patriotes de 93" contre "patriotes de 89". Collot d'Herbois tente de maintenir entente
Cordeliers-Jacobins. La tentative d'insurrection des Cordeliers échoue. Ronsin refuse la
main tendue par Ronsin. Isolés, les dirigeants cordeliers sont arrêtés dans le nuit du 23 au 24
ventôse An II (13-14 mars 1794) condamnés à mort le 4 germinal.
Camille Desmoulins réclame le renouvellement du Comité. Danton attaque
Bouchotte et Héron et veut sauver Fabre. Robespierre veut conserver Montagnards de
gauche. Après longues et douloureuses hésitations, il met Desmoulins et Danton sur la liste,
sinon, tous partisans de la Terreur se seraient dressés contre gouvernement. Collot, Billaud,
CSG ont gagné. Desmoulins, Danton, Delacroix et Phélippeaux sont arrêtés le 10 germinal
(30 mars) au soir. Début du procès : 13 germinal (2 avril). Danton ne capitule pas, provoque
attroupements par voix puissante. La Convention décrète que l'on peut exclure les accusés
des débats en cas de troubles (demande de Fouquier-Tinville), ce qui arrive le 16 pour
Danton et Delacroix qui sont exécutés le même jour.
La Révolution glacée
En décapitant les chefs cordeliers, le CSP enlevait la pression de la rue sur
Assemblée ; la révolution bourgeoise pourrait reprendre son cours. Robespierre rassure les
bourgeois. Saint-Just dit que "la Révolution est glacée", Michelet dira "Le génie de Paris a
disparu avec sa Commune". Les hommes sont chassés, les oranismes autonomes
disparaissent, la bureaucratie envahit tout. En floréal et prairial, les sociétés populaires
doivent disparaître. Fin germinal, les commissaires de la Convention sont rappelés de
province, le CSP pénètre tout. Le renforcement de la dictature éloigne sans-culottes, mais
inquiète la Plaine.
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Cepndant, les bourgeois respirent ; dès le 12 germinal, les commissaires aux
accaparements sont supprimés. Si le principal reste, le Comité autorise exemptions et
atténuations. La liberté est rendue au commerce extérieur. Le maximum des salaires est
strictement appliqué (Commune). Le 29 prairial, la Convention poursuit les fomenteurs de
grèves dans les ateliers de la défense nationale. Le 1er thermidor, Saint-Just fait arrêter des
ouvriers grévistes. Le 5 thermidor, la Commune (renouvelée) baisse les maxima des
salaires. Ces concessions devraient apporter calme et stabilité, mais Comité dérape dans le
sanglant et l'utopique.
La Terreur se renforce. La définition des ennemis de la Révolution est tellement
lâche qu'elle peut comprendre tout le monde. Faute de perspectives politiques claires, les
Robespierristes s'accrochent aux moyens dont ils disposent. 1285 condamnations du 10 juin
au 27 juillet Bourgeoisie + peuple = écoeurés. Le 18 floréal Robespierre explique aux
députés que la lutte des factions vient de la dépravation morale, et celle-ci de l'athéisme.
"Aux yeux du législateur, tout ce qui est utile au monde et bon dans la pratique est la vérité.
L'idée de l'Etre suprême et de l'Immortalité de l'âme est un rappel continu à la justice ; elle
est donc sociale et répulicaine". La Convention proclame que "le peuple français reconnaît
l'existence de l'Etre suprême et de l'immortalité de l'âme". 4 grandes fêtes républicaines sont
instituées et pour chaque décade doit être célébrée une vertu civique. Le 20 prairial An II (8
juin), David ordonne la grande fête de l'Etre suprême et de la Nature : cortège des Tuileries
au Champs de Mars avec à la tête Robespierre avec un épis de blé.
Le printemps de la vitoire
Hoche, suspecté d'hébertisme, est arrêté en ventôse. Carnot : les armées des fronts
secondaires devaient se contenter d'actions limitées. Le principal était celui du Nord.
Pichegru avec l'armée du Nord (150 000) échoua dans l'attaque des Flandres maritimes en
mai/avril 1794. Mais le 26 juin (8 messidor An II) Jourdan (armées de la Moselle et des
Ardennes) bat Cobourg à Fleurus. Pichegru fait jonction avec lui à Bruxelles le 10 juillet. Le
9 thermidor, Pichegru entre à Anvers et Jourdan à Liège.
Le 9 thermidor
Au CSG, Amar et Vadier, extrémistes montagnards, déchristianisateur, contre
l'Etre suprême qui étranglerait la révolution deschristiannisée, en veulent aussi à
Robespierre car il a créé un Bureau de Police qui échappe à leur Comité, ils craignent que
par son contrôle, il devienne modéré. Le CSP est divisé ; depuis le 15 messidor, Robespierre
n'y va plus. Le 8 thermidor (26 juillet), il expose ses griefs à la Convention, attaque les
terroristes, ceux qui ont poussé à bout la Terreur et sont responsables aussi de massacres en
provinces (Fouché, Couthon, Collot, Fréron, Barras), ceux-ci se méfient de lui et vont le
devancer. Dans la nuit du 8 au 9, Collot d'Herbois, président de la Convention, doit
empêcher Robespierre et Saint-Just de parler le lendemain. Fouché fait circuler le mot
d'ordre "A bas le tyran". Contact est pris avec la Plaine qui livrera Robespierre en échange
de l'abandon de la Terreur (négociateur = Barère), la Plaine craint également l'épuration et
désire mettre un terme au gouvernement révolutionnaire. Tous, car trop extrêmes ou pas
assez, risquaient d'être victimes du CSP. Pour eux, Robespierre est soit "indulgent", soit
extrémiste.
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Le 9, à midi, Saint-Just prend la parole, Tallien l'interrompt. Billaud-Varenne
attaque Robespierre, qui veut monter à la tribune, mais en est empêché par Collot qui couvre
sa voix avec sonnette. Sur proposition de Louchet et après l'appel de Tallien, un décret
d'accusation est voté contre Robespierre, Saint-Just et Couthon. Augustin et Lebas veulent y
être joints "La République est perdue, les brigands triomphent". Ils sont emmenés au CSG.
La Commune sonne le tocsin pour prévenir les sections. Les 5 sont bientôt libérés. Seules
16/48 sections ont envoyé des hommes. La Convention met les insurgés hors la loi. Barras
reçoit le commandement des forces armées. Vers 2h du matin, les troupes autour de l'Hôtel
de Ville se font plus frêles, Barras peut y pénétrer. Augustin Robespierre se jette par fenêtre,
Lebas se tire une balle de pistolet, Robespierre est blessé à la mâchoire. Le 10 thermidor,
Robespierre et 21 des siens sont exécutés sans jugement.
Robespierre perd sa tête pour n'avoir tracé aucune perspective.
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