Le modèle social freine-t-il la reprise économique en France

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Chapitre 1 Le fonctionnement de l’économie
Objectifs du chapitre :
L'objectif de ce chapitre est de vous donner le vocabulaire nécessaire à la lecture des informations
économiques et sociales et de présenter les mécanismes élémentaires de fonctionnement de
l'économie. L’article qui sert de point de départ au chapitre est un article complexe. L’objectif n’est
pas que vous vous compreniez tout à la première lecture, mais que vous le compreniez mieux en fin
de chapitre.
Travail à faire :
1. Quelle est la source de l’article ? Quelles sont les sources utilisées dans l’article ? Quel degré
de fiabilité accorder à cet article ?
2. Quelle est la problématique de l’article ?
3. Quelles sont les réponses apportées à cette problématique dans l’article ?
4. Répartissez vous en 6 groupes de 3. Pour chaque paragraphe qui vous sera attribué,
a. surlignez les termes économiques que vous ne comprenez pas ou ne savez pas
définir. Cherchez-en une définition.
b. formulez les questions précises que vous poseriez à l’auteur de l’article pour qu’il
vous explique les passages que vous ne comprenez pas.
Document 1 :
Le modèle social freine-t-il la reprise économique en France ?
Contre-enquête, le Monde daté du 3 septembre 2010, pp. 10-11.
Utile en temps de crise, dessert-il la croissance ? Faut-il réformer le marché du travail?
Pourquoi l'Allemagne creuse-t-elle l'écart ?
Comparaison n'est pas raison. Mais il y a de quoi être interpellé par certains chiffres. Par
exemple, celui relatif à la croissance de l'économie française. Au deuxième trimestre de cette
année, la hausse du produit intérieur brut (PIB) a été de 0,6 %. C'est mieux que prévu (0,5 %).
Mais loin du 1 % réalisé dans la zone euro. Et, surtout, sans commune mesure avec le + 2,2 %
affiché par l'Allemagne.
Un tel écart conduit à se demander si la France n'est pas en train de rater le train de la reprise.
Il revient, aussi, à (re)poser la question du système social français, plus protecteur des
citoyens que dans les autres pays de l'Union européenne, qui a permis d'atténuer la récession
et ses effets, mais dont on peut se demander s'il ne constitue pas un poids en sortie de crise et
s'il ne faut pas le réformer. Comme l'a fait l'Allemagne, justement.
Il faut d'abord relativiser ces dernières données trimestrielles, selon les économistes. " Si l'on
retire le chiffre allemand, la progression moyenne du PIB au deuxième trimestre dans la zone
euro a voisiné avec + 0,4 % ", relève Mathieu Plane, de l'Observatoire français des
conjonctures économiques (OFCE). Quant à l'Allemagne, " le recul y avait été plus fort qu'en
France durant la crise ", rappelle Mathilde Lemoine, directrice des études économiques chez
HSBC France. Traduction : plus la chute est importante, plus le rebond est fort.
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Le décalage français
Le PIB allemand a baissé de 4,7 % en 2009, contre - 2,6 % pour le PIB français. A la fin de
l'année, l'Allemagne devrait afficher une croissance de + 3 %. La France attend + 1,4 %. " La
croissance moyenne, en glissement annuel, côté français, reste supérieure à celle observée
côté allemand : + 1,8 % sur la période 1998-2010, contre + 1,1 % ", insiste Mathilde
Lemoine.
La moindre performance trimestrielle française - relativement à l'Allemagne - tient pour une
large part, selon les économistes, à une moindre dépendance aux exportations : 30 % du PIB
côté français, 50 % côté allemand. En 2009, cette caractéristique a fait que l'économie
française a été un peu moins touchée par la crise.
Aujourd'hui que le commerce mondial repart, elle n'en profite pas pleinement. " En
Allemagne, les exportations sont en hausse de 18 % sur un an, contre 9,9 % en France ", note
Sylvain Broyer, économiste chez Natixis. " La principale difficulté de la France c'est que,
contrairement à l'Allemagne, elle ne dispose pas de la capacité à s'accrocher à la dynamique
mondiale. Notamment à celle, très forte, des marchés émergents ", relève Nicolas Bouzou,
directeur de la société Asterès.
L'autre facteur qui explique le " décalage " français, c'est le poids du système social dans
l'économie nationale. Les transferts sociaux (prestations sociales, fiscalité), mais aussi la
structure du marché du travail, jouent un rôle d'" amortisseur en période de crise ", mais ont "
un effet boulet en période de reprise ", remarque Nicolas Bouzou.
Un coussin de sécurité
" Les prestations de protection sociale représentaient 44 % du revenu disponible brut des
ménages français en 2007 en France, détaille Mathilde Lemoine. L'ampleur des variations de
ce revenu, à la hausse comme à la baisse, est donc limitée par ces dépenses publiques. " Cela
a un impact sur la consommation, qui est la principale composante de la croissance en France
: pendant la crise, les transferts sociaux ont contribué à soutenir - relativement - les revenus et
donc la demande ; avec la reprise, " l'augmentation des recettes fiscales limite la croissance
du revenu disponible, les transferts se réduisent ", explique Mathilde Lemoine.
" La variation de l'emploi très faible " est une autre caractéristique française, rappelle Sylvain
Broyer. " C'est un coussin de sécurité en période de récession car cela soutient la
consommation. Mais, lorsque cela repart, il y a aussi une moindre hausse de l'emploi et donc
de la consommation, de l'investissement... " Ce qui se traduit dans les chiffres d'évolution du
PIB.
Le modèle allemand
Faut-il, dès lors, réformer ce " modèle social " ? C'est ce qu'a fait l'Allemagne ces dernières
années, rappellent les économistes, qui, pour un certain nombre, estiment qu'elle en tire
aujourd'hui les bénéfices. Avec les lois Hartz, entre 2003 et 2005, puis l'" Agenda 2010 ", les
Allemands ont réduit la durée des prestations chômage, les prestations sociales et les dépenses
d'assurance-maladie. " Ils ont aussi revu la fiscalité, augmenté la TVA, réformé des retraites ",
rappelle Sylvain Broyer.
La part des dépenses publiques dans le PIB en Allemagne est passée de 48,5 % en 2003 à 43,7
% en 2008 - remontant à 47,6 % en 2009 avec la crise, contre 55,6 % en France. Le taux de
prélèvements obligatoires était de 39,5 % en Allemagne en 2008, contre 42,8 % en France.
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Réformer le fonctionnement du marché du travail
" En allégeant la fiscalité sur les entreprises et le travail, en transférant une partie sur la
TVA, l'Allemagne a facilité considérablement la tâche des entreprises et leur capacité à
exporter ", avance Nicolas Bouzou, qui ajoute qu'" à partir du moment où l'Allemagne a
engagé ces réformes, sa croissance a accéléré ".
" Le redressement " de l'économie française implique de " sortir d'un développement axé sur
la consommation, alimentée par des transferts sociaux financés par la dette ", avance
l'économiste Nicolas Baverez. La " priorité absolue ", explique-t-il dans une chronique
publiée dans Le Point daté du 2 septembre, porte sur " la baisse drastique des dépenses
publiques " ainsi que sur " la reconstitution d'une offre compétitive ". Afin, notamment, d'être
plus présent à l'exportation.
Pas besoin de jouer la compression des salaires comme en Allemagne, disent toutefois
Mathilde Lemoine et Sylvain Broyer car, selon eux, la " compétitivité coût du travail " reste
meilleure en France. Mais il faudrait réformer le fonctionnement du marché du travail, " car
nous avons raté le coche sur ce plan par rapport aux Allemands ", avance Michel Didier,
président du Centre d'observation économique et de recherche pour l'expansion de l'économie
et le développement des entreprises (COE-Rexecode).
Concurrence fiscale
Et la France ne devrait pas échapper à une baisse de la fiscalité sur les entreprises, selon
Sylvain Broyer car, explique-t-il, " il y a une concurrence fiscale commune à l'ensemble de la
zone euro ", l'Allemagne ayant " réduit l'impôt sur les sociétés parce que l'Autriche l'avait fait
et que, chez ses voisins de l'Est, il est quasi nul ".
Le gouvernement a engagé la réforme des retraites. Il a également annoncé sa volonté de
réduire les dépenses publiques. Notamment les crédits d'interventions, c'est-à-dire les aides
économiques et sociales : - 10 % sur trois ans, soit - 4 milliards d'euros dès 2011. Nicolas
Sarkozy a également insisté, en juillet, sur la nécessité de réduire les écarts de compétitivité
en Europe. En commençant par ceux entre la France et l'Allemagne. Il n'a toutefois pas
précisé, à ce stade, ce qu'il avait en projet.
Philippe Le Coeur
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Questions que vous avez formulées à l’issue du travail de groupe
Termes à définir :
- PIB (1.2.1)
- Récession (1.3.1)
- Glissement annuel (1.3.1)
- Fiscalité (1.2.1 et 2.1.2)
- transferts sociaux (2.1.2)
- recettes fiscales (2.1.2)
- prestations de protection sociale (2.1.2)
- prestations chômage (2.1.2)
- Taux de prélèvements obligatoires (2.2)
- TVA (2.1.2)
- Impôt sur les sociétés (2.1.2)
- revenu disponible des ménages (2.1.2)
- Compétitivité coût du travail (2.2)
Questions sur la compréhension du texte
1er paragraphe
Que signifie « comparaison n’est pas raison » ?
Quels sont les effets d’une récession ? (2.1.2 et 2.2)
Quel est le recul de l’Allemagne et par rapport à quels chiffres ? (1.3)
Paragraphe « Le décalage français »
Comment les transferts sociaux jouent-ils un rôle d’amortisseur en période de crise ? (2.2)
Pourquoi la France, contrairement à l’Allemagne, n’arrive-t-elle pas à s’accrocher au dynamisme
mondial ? (1.3.2)
Que signifie le poids du système social dans l’économie nationale ? (2.2)
Paragraphe « un coussin de sécurité »
Quel est le coussin de sécurité dont il est question dans le titre ?
Que signifie l’expression « L'ampleur des variations de ce revenu, à la hausse comme à la baisse, est
donc limitée par ces dépenses publiques » (2.2)
Paragraphe « le modèle allemand »
Comment se fait-il qu’avec la crise, la part des dépenses publiques dans le PIB en Allemagne
augmente en 2009 ? (2.2)
Paragraphe « Réformer le fonctionnement du marché du travail »
Est-ce que le coût du travail est le salaire d’un employé ? (1.2.1)
Paragraphe « Concurrence fiscale »
Qu’est ce que la concurrence fiscale ? (2.2)
Pourquoi vouloir réduire la concurrence fiscale ? (2.2)
Pourquoi y a t-il de la compétition ?
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1. La mesure de l’activité économique : PIB et croissance, de quoi parle-t-on ?
1.1. La production, une activité socialement organisée
1.1.1. Qu’est-ce que produire ?
1.1.2. Qui produit ?
1.1.3. Comment produire ?
1.2. Comment mesurer la production ?
1.2.1. de la valeur ajoutée au produit intérieur brut
1.2.2. un instrument de mesure qui repose sur des conventions
1.3. PIB Français, PIB Allemand : quelles évolutions depuis la crise ?
1.3.1. savoir lire les chiffres de la croissance
1.3.2. analyser les chiffres de la croissance grâce à l’équilibre emplois-ressources
2. Quelles interdépendances entre les différents acteurs de l’économie ?
2.1. Les acteurs de l’économie nationale et leurs relations
2.1.1. les acteurs de l’économie selon la comptabilité nationale
2.1.2. le circuit économique
2.2. France-Allemagne : Le modèle social freine-t-il la reprise économique en France ?
Conclusion : La comptabilité nationale comme représentation
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