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L’oral dans tous ses états
Introduction
A. L’oral dans les IO
B. Mise en œuvre dans la classe
I. Apprendre l’oral
A. La récitation
B. La lecture à voix haute
C. Comptes-rendus et exposés
La revue de presse
La plaidoirie
L’argumentation
L’interview
L’apport des nouvelles technologies
II. Apprendre par l’oral
A. L’oral pour entrer dans les apprentissages
B. L’oral pour construire les apprentissages
a. L’oral pour mieux lire
b. L’oral pour mieux comprendre le fonctionnement de la langur
c. L’oral pour mieux écrire
d. L’oral pour se construire
III. L’évaluation de l’oral
A. Etat des lieux
B. Vers une évaluation formative
Conclusion
Bibliographie
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L’oral dans tous ses états
« Ce que l’enfant acquiert, en apprenant comme on dit à parler, c’est le monde dans lequel
il vit en réalité, que le langage lui livre et sur lequel il apprend à agir. En apprenant le nom
d’une chose, il acquiert le moyen d’obtenir cette chose. En employant le mot, il agit donc
sur le monde et s’en rend compte obscurément très tôt. C’est le pouvoir d’action, de
transformation, d’adaptation, qui est la clé du rapport humain entre la langue et la culture,
un rapport d’intégration nécessaire. »
Emile BENVENISTE, Problèmes de
linguistique générale, 2, p. 24, Gallimard, coll. Tel, 1974
Introduction
A. L’oral dans les IO
La classe est un lieu d’échange où l’oral occupe une place importante. Il sert à transmettre des
connaissances mais aussi à se les approprier en répondant à des questions, en demandant des
explications complémentaires, en répétant, en récitant, en exposant… Les situations d’oral
sont diverses, multiples et complexes. L’acte de parole a longtemps été considéré comme un
acte simple et naturel ne nécessitant pas un apprentissage particulier, et ne figurant pas dans
les programmes. Or, chaque enseignant sait que les enfants ne maîtrisent pas tous la prise de
parole et que l’école est pour les aider dans cette démarche d’appropriation du langage qui
est peut-être essentielle dans le monde contemporain. La communication orale est à l’origine
des relations et l’oral peut dans les échanges quotidiens devenir un outil de domination ou de
manipulation, d’où la nécessité en cours de français mais aussi dans les autres disciplines,
d’aider chacun à acquérir une certaine aisance orale pour apprendre à se comporter en
personne capable de penser par elle-même et de défendre son opinion. Il est important de
s’efforcer d’instaurer une égalité face à la prise de parole. Ce rôle du professeur était déjà
évoqué dans Les documents d’accompagnement des programmes de 6ème de 1996 figurent
les consignes suivantes :
- L’enseignement du français « doit initier les élèves à une pratique raisonnée de l’oral
et les familiariser avec des situations de communication variées. »
- « On éduque la capacité d’écoute aussi bien que la prise de parole. Les exigences
d’une parole ordonnée sont essentielles : tours de parole, reformulations, dialogue
entre les élèves. Les exercices oraux sont donc courts, fréquents et progressifs. »
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- « L’oral s’éduque par l’entraînement à un oral préparé. Celui-ci voit donc sa place
accrue. Mais le but principal des exercices oraux est, à terme, d’encourager et
d’améliorer l’oral spontané de chaque élève. »
Divers exercices sont préconisés, récitation, lecture à haute voix, comptes rendus, jeux
oraux, échange oral et prise de parole, avec pour les élèves un apprentissage de la co-
évaluation qui permet de valoriser l’écoute et de s’assurer que chacun sait ce qui est
attendu.
Les textes de présentation des mesures du collège des années 2000 insistent de nouveau sur
l’apprentissage de l’oral grâce auquel l’élève « construit son savoir, son rapport aux autres et
au monde, et qu’il s’affirme comme personne et comme sujet social. » La parole doit être
accueillie « dans sa spécificité avec attention et bienveillance, quels que soient les écarts par
rapport à la norme scolaire. »
Le Socle commun réserve également une grande place à l’oral et les pistes de travail qui
sont proposées s’inscrivent dans la continuité de tout ce qui vient d’être dit. L’objectif est
de faire accéder tous les élèves à « une expression précise et claire à l’oral comme à l’écrit ».
Cela est le résultat d’exercices rigoureux et réguliers : l’expression orale doit être travaillée
« tout au long de la scolarité obligatoire, y compris par la mémorisation et la récitation de
textes littéraires », la lecture à haute voix de textes en prose ou en vers, mais aussi par divers
exercices de prise de parole dans la classe, de participation à un dialogue, à un débat, pour
défendre un point de vue ou apporter une information… L’accent est mis sur la réception
puisque l’élève doit toujours s’enrichir de la parole d’autrui, par son écoute et la prise en
compte des propos de l’autre. La mise en œuvre de l’oral s’inscrit dans plusieurs compétences
du Socle puisque la mémorisation de textes littéraires va contribuer à la culture humaniste de
l’élève et sa capacité à communiquer va permettre de développer ses compétences sociales et
civiques ainsi que son apprentissage de l’autonomie et de l’initiative. En effet, pour vivre en
société, pour préparer sa vie de citoyen, il est essentiel que l’élève soit capable « de
communiquer, de travailler en équipe », « de savoir écouter, faire valoir son point de vue,
négocier, rechercher un consensus ». Pour la suite de sa scolarité et aussi pour sa vie future,
l’élève doit dès le collège, développer son autonomie et son esprit d’initiative, et
l’enrichissement de son rapport à la parole l’y aidera. Le Socle commun insiste sur
l’importance des échanges entre pairs pour « prendre l’avis des autres, échanger, informer,
organiser une réunion »… L’élève doit donc se trouver le plus souvent possible dans des
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situations il prend la parole de façon construite et convaincante, ce qu’il doit apprendre
chaque jour dans la classe.
Tous ces apprentissages qui s’appuient sur une diversité d’exercices sont indispensables dans
le parcours de l’élève, pour son enrichissement et sa construction personnels et son ouverture
aux autres.
B. Mise en œuvre dans le cadre de la classe
La pédagogie active qui donne une part importante aux cours dialogués, s’organise autour des
échanges oraux qui permettent aux élèves d’apprendre à s’écouter et à s’enrichir
mutuellement. L’occasion doit être donnée à chacun de prendre la parole de façon suivie et
d’être écouté, non pas à chaque séance mais fréquemment tout au long de l’année.
L’oral inclut de nombreuses pratiques qui s’articulent surtout autour du lire et du dire. Les
possibilités d’exercices sont infinies : lire un texte, le réciter, le raconter, le commenter,
formuler une émotion, un sentiment, une opinion, parler à partir d’une image, prendre part à
un débat, transmettre une information… Il y a tant d’occasions de prendre la parole…
L’oral trouve donc sa place dans toutes les séquences d’enseignement, ainsi que dans chaque
séance, même lorsque l’objectif prioritaire est lié à l’écrit. Cela va de la simple intervention
lors d’un cours dialogué à la prise de parole plus longue, pour un exposé par exemple. Pour
profiter pleinement d’un cours, les élèves doivent prendre la parole, s’approprier les
connaissances proposées, reformuler, interroger, élargir. Cette pédagogie exigeante s’appuie
sur une participation active des élèves qui sont constamment en situation de recherche.
Par conséquent, dans toutes les classes, l’oral est pratiqué pour échanger, lire, réciter,
raconter, expliquer, crire, argumenter… Les qualités requises ne sont pas les mêmes pour
ces différentes activités. L’élève se valorisera par sa spontanéité, ou sa capacité à mémoriser,
à bien dire, à convaincre… Il s’engage alors dans un tissu relationnel qui lui permet ou non,
d’être reconnu par les autres... C’est pourquoi cette prise de parole est ressentie comme une
prise de risque, un moment dangereux l’on pourra être admiré ou ridiculisé. Prendre la
parole en public est donc un acte difficile. Peu conscients encore de cet aspect, les élèves de
sixième hésitent rarement à s’investir à l’oral ; en revanche, dans les classes suivantes, et tout
particulièrement en troisième, la spontanéité décroît à cause de la crainte du jugement de
l’autre, d’où la nécessité de dédramatiser l’acte de parole et d’en faire une habitude pour
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l’élève en lui donnant des occasions multiples de s’engager dans des prises de parole courtes
ou longues, de façon à le conduire vers un mode d’expression à la fois naturel et contrôlé. La
maîtrise du langage oral ne doit pas être uniquement réservée aux élèves à l’aise souvent prêts
à s’emparer de la parole.
De plus, le droit à l’erreur doit être respecté. Il est nécessaire de prendre en compte
l’hétérogénéité de la classe pour guider chacun vers la réussite. A l’oral, se révèle tout
particulièrement la diversité des intérêts affectifs et intellectuels des élèves, de leurs
personnalités ainsi que de leurs acquisitions et de leurs cultures. Il est aisé de remarquer les
inégalités face à la prise de parole, mais plus difficile de les réduire et de tirer parti des
différences sur le plan pédagogique. Et c’est pourtant un objectif essentiel d’une
pédagogie de l’oral qui doit prendre en compte les différences pour mener à bien des
apprentissages différenciés.
I. Apprendre l’oral
Les journées de stage nous ont permis de recenser des pratiques d’oral variées et
efficaces. Elles ont en commun le souci de permettre à chaque élève d’améliorer ses
compétences grâce à des activités différenciées.
Pratiques de l’oral faire ctrl +clic
A. La récitation
Il est important de préciser que cette activité, à la différence d’autres dispositifs, permet
d’intégrer facilement la différenciation, et ce, sans que cela soit coûteux en temps.
Lors d’une séquence sur la poésie, les élèves réciteront un poème différent en fonction de leur
capacité à mémoriser. Cela se fait de façon très naturelle dans la classe et c’est ce qui donne
tout son sens à la séance : il serait terriblement fastidieux d’entendre vingt-cinq fois le même
texte et cela provoquerait la lassitude de tous, alors qu’une séance de mise en voix doit être un
moment de plaisir partagé. Si les élèves se répartissent les différents poèmes de la séquence,
cette mise en voix devient beaucoup plus intéressante. Les élèves les plus à l’aise sont attirés
par la difficulté et parmi les poèmes étudiés, ils vont apprendre par exemple une fable ardue
qui correspond à ce qu’ils se sentent capables de retenir tandis qu’un autre élève pourra retenir
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