EFFET DE SERRE Faut-il réduire les émissions de « gaz à effet de serre » ? C’est en tout cas ce que tous les écologistes semblent exiger, et on est particulièrement sensible à ce problème en ce moment, puisque se poursuivent les discussions du Grenelle de l’environnement. Les gaz à effet de serre semblent donc a priori néfastes, ou en tout cas trop importants, et ce fameux effet est apparemment pointé du doigt. Est-il donc une menace catastrophique pour notre environnement ? Il faut d’abord comprendre ce que c’est, et peut-être pourquoi on l’appelle « effet de serre ». L’énergie qui provient de l’espace, réchauffe la terre. On pourrait s’attendre à ce qu’elle reparte, soit réfléchie, revienne d’où elle vient. Mais une partie de cette énergie est comme piégée : elle peut entrer, mais non ressortir. Le rayonnement solaire se transforme en rayons infrarouges qui ne peuvent pas tous rebondir et quitter l’atmosphère terrestre. N’entrons pas dans les détails scientifiques que je ne saurais vous expliquer. Mais il se passe un phénomène qui est comparé à ce qui peut se passer dans une serre. Une serre est une construction utilisée pour certaines cultures, à parois translucides. La lumière, la chaleur y passe. Mais toute la chaleur n’en ressort pas : elle y est comme prise au piège, et va permettre donc de conserver une température bien supérieure à celle qui règne à l’extérieure. Il y a donc comme une porosité à sens unique : l’énergie entre, mais ne ressort pas. Dans l’atmosphère, c’est un peu ce qui se passe, grâce à certains gaz qui retiennent emprisonnée l’énergie qui provient du soleil. C’est bien ce qu’on appelle les gaz à effet de serre qui absorbent le rayonnement qui vient de l’extérieur, puis le réémettent en direction de la terre. On a donc un effet de serre. L’expression renvoie bien à un langage scientifique : un « effet » est la conséquence analysée et théorisée d’une certaine configuration. Son nom est souvent d’ailleurs lié au chercheur qui l’a découvert ou mis en évidence… L’effet Larsen, par exemple. Là, c’est différent, mais cet effet de serre donne bien l’idée d’une comparaison. On a bien compris, d’ailleurs, que l’effet de serre était un phénomène indispensable à la vie sur terre, sinon il y ferait beaucoup trop froid. L’inquiétude vient de ce qu’il se développe de façon excessive, en contribuant donc au réchauffement de la planète. C’est là que l’expression est intéressante. Le mot « serre » vient bien sûr du verbe « serrer », qui signifiait jadis ranger et qui signifie encore envelopper, comprimer, oppresser. L’expression est donc très parlante : on a bien le sentiment qu’on est emprisonné, qu’on est pris comme dans un vase clos où toute la pollution dégagée par l’industrie moderne va fermenter sans s’échapper et fabriquer une atmosphère toxique et étouffante. Mais cette image est piégée elle aussi. Car si ce qu’on appelle les gaz à effet de serre sont nocifs, ce n’est pas tant qu’eux-mêmes polluent, mais qu’ils créent une cage qui retient la chaleur.