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muselées par la contrainte du déficit budgétaire inférieur à 3 % du PIB imposées
par le Pacte de croissance et de stabilité et le report incessant des réformes
structurelles nécessaires à la flexibilité du marché de l’emploi minent le
dynamisme des entreprises. Cette attitude est contraire au bon fonctionnement de
l’économie mondiale parce que les pays qui dégagent des surplus de leur balance
courante devraient en profiter pour stimuler leur demande intérieure afin
d’absorber davantage de biens importés, en provenance des États-Unis
notamment. En effet, les Américains devraient pouvoir compter sur l’expansion
de leurs exportations tout en diminuant leurs importations afin de réduire le déficit
de la balance courante qui s’élevait à 5,2 % du PIB américain au 4e trimestre de
2002. Ce déséquilibre global est d’autant plus dangereux que les tensions
géopolitiques récentes risquent de réduire la bonne volonté des Américains et de
leurs partenaires commerciaux dans les négociations futures pour assurer un
meilleur fonctionnement de la globalisation des marchés (négociations de Doha
dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce).
Il faut donc espérer que l’Europe ne tardera pas à poursuivre une politique
monétaire plus expansionniste et, qu’avec le Japon, ils mettront en oeuvre les
réformes structurelles nécessaires à l’accélération de la croissance économique
mondiale en 2004. Les États-Unis feront aussi leur part en maintenant les taux
d’intérêt à court terme stables ou à la baisse aussi longtemps que la croissance du
PIB réel demeurera inférieure à son potentiel. Lorsque le taux de chômage est
supérieur à son taux de plein-emploi et que les pressions inflationnistes sont
nulles, la baisse des taux d’intérêt stimule la demande de biens durables et de
maisons même si on ne peut plus s’attendre à une augmentation de la part de ces
secteurs d’activité qui n’ont pas connu de récession en 2001. De plus, la
dépréciation du dollar américain, qui s’est amorcée en février 2002, forcera
éventuellement la Banque centrale européenne à accélérer la baisse de son taux
directeur, puisque l’appréciation de l’euro par rapport au dollar américain est un
facteur additionnel de stagnation de l’économie européenne.
En bref, la fin de la guerre en Irak aura un effet positif sur la bourse et le
prix du pétrole à court terme, mais les forces cycliques et le déséquilibre global
que nous avons mentionnés sont des facteurs dominants qui freineront la
croissance économique en 2003. Ces déséquilibres devraient toutefois s’estomper
en 2004 si les bonnes mesures de politiques économiques sont mises en œuvre.
L’économie américaine en 1991 et en 2003
En plus de tenir compte du contexte global, une prévision économique
complète prendra en considération les forces cycliques ainsi que les variables
déterminées par la politique économique. Aujourd’hui, comme en 1991-1992, on
parle de reprise économique sans création d’emplois puisque le taux annuel de
variation de l’emploi américain a été bien inférieur à la moyenne des cinq