LA REGULATION DE LA FONCTION DE REPRODUCTION CHEZ LA FEMME Les acquis : Chez les Mammifères, la femelle présente une activité sexuelle cyclique qui constitue le cycle sexuel marqué par un événement fondamental l’ovulation = expulsion de un ou plusieurs gamètes femelles par l’ovaire. Chez la Femme (et la Femelle des grands singes, Chimpanzé, Gorille, Orang-Outan), le cycle sexuel est appelé cycle menstruel car marqué par un phénomène de menstruations = règles chez la Femme. Femme : durée moyenne de 2_ jours (variable selon l’âge et les conditions physiologiques), le premier jour des règles marque le premier jour du cycle. Chez la Femme le fonctionnement cyclique de l’appareil génital démarre à la puberté et s’achève à la ménopause. Chaque cycle comporte plusieurs manifestations cycliques. I Le cycle sexuel de la Femme A Le cycle ovarien On distingue trois phases : la phase de maturation des follicules, l’ovulation et la phase lutéinique ou lutéale. 1 La phase de maturation folliculaire = phase pré-ovulatoire : 1er-14ème jour Quelques follicules secondaires cavitaires entament une croissance, un seul généralement parvenant à maturation = follicule mûr ou de De Graff contenant le futur volumineux gamète femelle = ovocyte. Remarque : Chez la Femme, les follicules secondaires cavitaires qui croissent, avaient commencé leur évolution plusieurs cycles auparavant (5 mois) à partir de follicules primordiaux bloqués à ce stade depuis la période embryonnaire (400 000 à la puberté). Un seul follicule, sur à peu près 500, conduit d’une manière cyclique à un follicule mûr, les autres dégénèrent. 2 L’ovulation = phase ovulatoire : 14ème jour C’est l’émission dans une trompe du gamète femelle. Taux d’ovulation : 1 gamète femelle par cycle de 28 jours. L’ovulation est spontanée en fin de phase folliculaire. 3 La phase lutéinique = lutéale = post-ovulatoire : du 14ème au 28ème jour Devenir du gamète femelle : Pas de fécondation : le gamète femelle dégénère et meurt rapidement en 24-48 heures dans les voies génitales féminines. Il y a fécondation : Dans le premier tiers supérieur de la trompe, la pénétration d’un spermatozoïde conduit à la formation d’un œuf ou zygote à 2n chromosomes. Evolution du reste du follicule ayant ovulé : Le reste du follicule se transforme en corps jaune, constitué de cellules lutéales provenant de la multiplication et de la différenciation des cellules de la granulosa et de la thèque interne Pas de fécondation : Le corps jaune dégénère rapidement en fin de cycle. Ceci provoque l’apparition des règles et donc le commencement d’un nouveau cycle. Il y a fécondation : Le corps jaune ne dégénère pas mais persiste durant une grande partie de la gestation. Il y a donc disparition des cycles. B Le cycle des voies génitales Il est synchrone du cycle ovarien. 1 Le cycle utérin a Pendant la phase folliculaire L’endomètre = muqueuse utérine : épaississement et creusement des glandes en tube avec développement de la vascularisation. Le myomètre = paroi musculeuse de l’utérus : enregistrement de contraction (imperceptible pour la Femme) b pendant la phase lutéale L’endomètre : formation de la dentelle utérine avec épaississement, développement des glandes qui deviennent contournées et sécrètent un mucus riche en glycogène et spiralisation des artérioles. Ainsi la muqueuse est prête pour la nidation, c’est à dire recevoir un jeune embryon s’il y a eu fécondation. Le myomètre : fréquence des contractions très faible Remarque : si aucun embryon ne s’est implanté, la dentelle utérine se désagrège en fin de cycle, le phénomène s’accompagnant d’une légère hémorragie (60 à 100 g de sang durant 3 à 5 jours en moyenne = règles). Après les règles, la muqueuse est réduite à sa partie basale (épaisseur : 0,5 mm). 1 2 Le cycle de la glaire cervicale La glaire cervicale est un mucus sécrété par le col de l’Utérus et obturant l’orifice du col. Le maillage des fibres protéiques constituant la glaire, habituellement très serré, devient lâche en période ovulatoire favorisant ainsi l’accès des spermatozoïdes à la cavité utérine. Bilan : Au moment de l’ovulation, l’organisme féminin est prêt pour la fécondation et pour une gestation ultérieure. Cette préparation de l’organisme se renouvelle à chaque cycle. Il existe d’autres manifestations cycliques comme la muqueuse vaginale, la température corporelle. II Le déterminisme hormonal des cycles sexuels A La production cyclique des hormones ovariennes 1 Mise en évidence des hormones Par des expériences de castrations, de greffes, d’injections par voie sanguine et par dosage, on montre que les ovaires ont une activité hormonale cyclique et que les hormones ovariennes sont directement responsables des manifestations cycliques des voies génitales, notamment l’utérus. Les hormones ovariennes sont des hormones stéroïdiennes (dérivée du cholestérol) : Œstrogène (don tl’oestradiol) et progestérone. 2 Les oestrogènes C’est un groupe d’hormone comprenant l’œstradiol. a Durant la phase prépubertaire et à la puberté (8-13 ans) Voir chapitre I. Permet le développement des organes génitaux internes et externes qui passent au stade adulte, l’apparition et le développement des caractères sexuels secondaires. b chez la femme adulte Evolution cyclique du taux d’œstrogène : En début de phase folliculaire, augmentation du taux d’œstrogène atteint un taux de base du 3ème au 7ème jour. Présence d’un pic sécrétoire le 12ème jour. Après l’ovulation, diminution du taux qui restera à un niveau élevé durant la phase lutéale. Chute du taux en fin de cycle s’il n’y a pas eut ovulation. Chez la femme adulte les oestrogènes sont sécrétés par les cellules de la thèque interne et de la granulosa puis par les cellules du corps jaune. Rôles des oestrogènes : Pendant la phase folliculaire, les oestrogènes provoquent : L‘épaississement de la muqueuse utérine en stimulant les mitoses des cellules et l’acquisition des récepteurs à la progestérone. Les contractions du myomètre La sécrétion et les caractéristiques de la glaire cervicale : durant la période ovulatoire le diamètre des mailles est supérieur au diamètre de la tête des spermatozoïdes. Ce n’est que pendant cette courte période, grâce à ce maillage favorable que les spermatozoïdes pourront accéder à la cavité utérine. C’est le pic d’œstradiol qui est responsable des caractéristiques favorables de la glaire cervicale. c Bilan L’utérus est l’organe cible des oestrogènes. La sécrétion d’œstradiol par le follicule dominant prépare les voies génitales féminines à la fécondation. 3 La progestérone Cette hormone n’apparaît qu’après la première ovulation, elle est donc absente jusqu’à la puberté. Evolution des taux chez la femme adulte : Début de sécrétion à partir de l’ovulation pour augmenter rapidement jusqu’à un taux maximal au 21ème jour. Le taux diminue à partir du 24ème jour pour s’annuler au 28ème s’il n’y a pas fécondation. La progestérone est sécrétée par les cellules du corps jaune ce qui explique sa présence uniquement durant la phase lutéale. Rôle de cette hormone : Permet la formation de la dentelle utérine à partir de la muqueuse utérine ayant subi l’imprégnation des oestrogènes. Les glandes utérines devenues fonctionnelles sécrètent un mucus riche en glycogène qui peut servir à la nutrition d’un éventuel embryon avant son implantation. Elle abolit les contractions du myomètre Elle provoque la diminution de la sécrétion de la glaire et le maillage des filaments devient plus fin. Bilan : L’utérus est un organe cible de la progestérone La progestérone est indispensable à la mise en route d’une gestation. Remarques : S’il n’y a pas eu fécondation, le corps jaune dégénère en fin de cycle provoquant une chute des taux d’œstrogènes et de progestérone entraînant la dégradation de la dentelle utérine avec règles S’il y a eu fécondation, le corps jaune persiste pendant une partie de la gestation et secrète œstrogène et progestérone à des doses plus élevées que pendant la phase lutéale : absence de règles et de cycle. 2 4 Bilan Les hormones ovariennes contrôlent l’activité cyclique de l’utérus (organe cible). L’activité cyclique des hormones ovariennes est due à des populations temporaires de cellules : cellules de la thèque interne, de la granulosa et cellules lutéales qui se renouvellent à chaque cycle/ B Le déterminisme de la sécrétion cyclique des hormones ovariennes : activité cyclique du complexe hypothalamo-hypophysaire 1 L’activité cyclique de l’hypophyse antérieure. 2 hormones hypophysaires interviennent. Elles sont qualifiées de gonadostimulines ou gonadotrophines puisqu’elles stimulent le fonctionnement de l’ovaire. a FSH Follicule Stimuling Hormone ou hormone folliculo-stimulante, hormone de nature glycoprotéique Taux : FSH est sécrétée à un niveau de base durant la phase folliculaire et présente un pic sécrétoire qui précède l’ovulation. Puis le taux diminue durant la phase lutéale. Rôle : Stimuler la croissance des follicules et la sécrétion des oestrogènes par les cellules de la thèque interne et de la granulosa de ces mêmes follicules. Après l’ovulation, elle stimule la sécrétion d’œstrogènes par les cellules lutéales du corps jaune. b LH Luteinising Hormone ou hormone lutéinisante, hormone de nature glycoprotéique. Taux : Elle est sécrétée à un taux de base durant la première phase et présente un pic sécrétoire 37 à 49 heure avant l’ovulation. Puis sécrétion à un taux inférieur à celui de la première phase. Rôle : En synergie avec FSH elle permet l’achèvement de la maturation des follicules. Elle est indispensable à la production d’œstrogènes pendant la phase pré-ovulatoire C’est le pic de LH (décharge ovulante ou pic ovulatoire) qui permet l’ovulation Elle permet la transformation du reste du follicule en corps jaune Stimule la sécrétion des oestrogènes et de progestérone par les cellules thécales du corps jaune Remarque : Par des dosages au cours de 24h, on constate que FSH et LH sont sécrétées de manière pulsatile mais la fréquence et l’amplitude des « pulses » varient au cours des différents jours du cycle. 2 L’activité cyclique de certains neurones hypothalamiques Les cellules hypophysaires sécrétrices soit de FSH, soit de LH sont stimulées par GnRH (Gonadotrophin Releasing Hormone ou Hormone déchargeante des gonadotrophines ou gonadolibérine). Sécrétée par exocytose par les terminaisons axoniques de certains neurones hypothalamiques, GnRH est une neuro-hormone hypothalamique (hormone sécrétée par un neurone) déversée dans les capillaires du système porte hypophysaire. Cette neurohormone de nature polypeptidique est sécrétée elle aussi de manière pulsatile, le rythme et l’amplitude des pulses variant au cours du cycle sexuel. Comment le système de régulation autorise les variations périodiques du taux des hormones ovariennes ? C Le système de régulation du taux des hormones sexuelles femelles Le complexe hypothalamo-hypophysaire est centre capteur et intégrateur qui détecte les variations du taux des hormones ovariennes Œstrogène et progestérone. Mais chez la femme, la valeur consigne du taux des hormones ovariennes varie selon le moment du cycle. Les hormones ovariennes exercent des rétro-contrôles sur le complexe hypothalamo-hypophysaire. 1 1ère partie de la phase de maturation folliculaire. Les oestrogènes à faible concentration plasmatique exercent un rétrocontrôle hormonal négatif. A basse concentration, durant la première partie de la phase folliculaire les œstrogènes ont un effet inhibiteur sur la sécrétion de FSH et de LH. Ce rétrocontrôle hormonal négatif déclenché par les oestrogènes s’exerce sur les neurones hypothalamiques sécréteurs de GnRH et sur le lobe antérieur de l’hypophyse permettant une sécrétion de FSH et de LH aux taux de base, provoquant ainsi une sécrétion d’œstrogène au taux de base. Ce rétrocontrôle négatif a un rôle régulateur. Ce taux de base des oestrogènes correspond à la valeur consigne durant cette partie de cycle. Bilan Œstrogène GnRH GnRH FSH et LH Œstrogène FSH et LH 2 2ème partie de la phase de maturation folliculaire Rétrocontrôle positif déclenché par les oestrogènes à forte concentration. Les oestrogènes à fortes concentrations plasmatiques sont ainsi à l’origine du pic de LH indispensable à l’ovulation. Les fortes concentrations d’œstrogène stimulant la sécrétion de LH et FSH qui sont ainsi sécrétées à doses élevées. 3 Oestrogènes LH Oestrogènes Le complexes hypothalamo-hypophysaire répond par un pic de LH (et de FSH). Il s’agit ici d’une rétroaction positive à rôle renforçateur qui passe par l’hypothalamus et l’hypophyse antérieure (site majeur). Alors que chez l’homme la valeur consigne constante pendant la période d’activité sexuelle, chez la femme la valeur est périodiquement modifiée. Chez la femme l’axe gonadotrope (hypothalamus – hypophyse – ovaire) fonctionne comme un servomécanisme dont la valeur consigne est périodiquement modifiée. Cependant ce rétrocontrôle positif est très temporaire (uniquement pour le pic de LH). 3 Phase lutéale Oestrogènes voit son taux diminuer en raison de la rupture du follicule. Mais surtout la progestérone agit de manière négative sur l’hypothalamus. On repasse en rétrocontrôle négatif au niveau hypothalamique ce qui provoque une diminution de fréquence et d’amplitude des pulses de GnRH. Cela entraîne une inhibition de la sécrétion de FSH et LH. Les concentrations de FSH passent même en dessous du seuil nécessaire à la stimulation de croissance des follicules. Progestérone GnRH LH LH progestérone GnRH 4 En fin de cycle S’il n’y a pas eut fécondation, la dégénérescence du corps jaune provoque une diminution des taux d’œstrogènes et de progestérone. La chute des taux hormonaux ovariens (surtout progestérone) provoque une rétroaction négative donc une augmentation de la sécrétion de GnRH à l’origine d’une augmentation de FSH et LH : un nouveau cycle redémarre. Remarques GnRH sécrétée de manière pulsatile a un rôle « permissif » dans la sécrétion de FSH et LH par l’hypophyse antérieure incapable de sécréter seule les 2 gonadostimulines de manière harmonieuse. De nombreux stimulus externes agissant sur la vision, l’olfaction, des agents stressants… sont à l’origine de messages nerveux parvenant au niveau du cortex cérébral, transmis à l’hypothalamus et entraînant des modifications des taux de sécrétion de GnRH et par voie de conséquence des modifications des taux de sécrétion de FSH et LH : il y a alors modifications de l’activité cyclique sexuelle de la femelle d’une manière variable selon les espèces de Mammifères. De même des paramètres internes liés aux normes sociales, peuvent, de la même manière influencer l’activité cyclique. Conclusion générale Le système de régulation est ainsi constitué de : Un paramètre réglé : concentration plasmatique d’œstrogène et progestérone Une fonction réglée : Fonction de reproduction système réglant avec Un centre capteur et intégrateur : hypophyse et hypothalamus qui détectent en permanence les variations de la concentration d’œstrogène et progestérone par rapport à une valeur de référence (valeur consigne). Dans le cas des oestrogènes la valeur consigne change de manière périodique. L’hypothalamus centre intégrateur a son fonctionnement modulé par des messages interne ou externe. Il intègre des stimulus périphériques (signaux hormonaux et neveux) et y répond par une modulation de la sécrétion de GnRH qui module l’activité de l’hypophyse antérieure qui émet des messagers chimiques : les gonadostimulines FSH et LH. Un système de transmission des messages : messagers chimiques par voies sanguines Des effecteurs : Ils sont renouvelés à chaque cycle. Il s’agit de cellules de la granulosa et de la thèque interne des follicules qui sécrètent les oestrogènes puis les cellules lutéiniques du corps jaune qui sécrète œstrogène et progestérone. Remarque : A la puberté il y a mise en place d’une sécrétion pulsatile de GnRH (phénomène mal connu), à l’origine de l’augmentation de FSH et LH hypophysaire ce qui permet le début de maturation des premiers follicules qui sécrètent oestrogènes provoquant les modifications anatomiques, physiologiques et psychologiques de la puberté. La ménopause apparaît après la dégénérescence des derniers follicules ovariens, il n’y a plus d’ovulation. La disparition des derniers follicules provoque une absence d’œstrogènes. Cette absence provoque par absence du rétrocontrôle négatif (levée d’inhibition), une augmentation de GnRH, FSH et LH. Ceci provoque des troubles physiologiques ‘angoisses, bouffée de chaleur, irritabilité…) jusqu’à ce qu’un nouvel équilibre hormonal s’établisse avec FSH et LH augmentées. 4