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caractéristiques d’un objet direct extrait
, mais leur étude repose exclusivement sur les verbes de
discours rapporté (des verbes comme dire, déclarer, etc., têtes de l’incise de citation), avec
inversion du sujet, que celui-ci soit réalisé sous forme d’un groupe nominal ou d’un clitique. De
même, Lamiroy e Charolles, qui étudient les verbes de discours rapporté et les intransitifs,
défendent l’hypothèse que les "verbes de parole", classe de verbes qu’ils définissent sémantique-
ment, sont fondamentalement transitifs, avec un objet direct exprimant la parole émise
.
Une proposition-énoncé impliquant une incise, ensemble que l’on appelle également un DIC
(discours avec incise de citation), respecte certaines contraintes syntaxiques – par exemple, sur la
position de l’incise par rapport à la citation – mais elle respecte surtout des contraintes sémantiques
que l’on doit pouvoir représenter au niveau discursif. Par ailleurs, de tous les verbes de citation,
seule la moitié peuvent être employés comme verbes de discours rapporté analogues à dire, l’autre
moitié étant composée de verbes intransitifs, mais également de verbes transitifs comme
commenter, dont l’objet direct est sans rapport, ni syntaxique ni sémantique, avec la proposition-
énoncé en tant que signe.
Pour les verbes transitifs comme dire ou déclarer on peut envisager deux solutions pour analyser le
lien entre la citation et la tête de l’incise de la citation :
a) sur le plan syntaxique : la citation est liée syntaxiquement à l’incise, c’est un "objet
extrait", comme argumenté par Bonami et Godard
;
b) sur le plan discursif : la citation et son incise forment deux blocs d’un même segment de
discours, sans lien de dépendance syntaxique, comme c’est le cas pour les incises dont le verbe
appartient à la classe des verbes transitifs, qui ne sont pas des verbes de discours rapporté, comme
commenter, continuer, reprendre ou interrompre, en ce sens qu’ils ne peuvent en aucune façon être
suivis de que
.
Les incises de citation, classe de constituants incidents, partagent un certain nombre de propriétés
avec les incises ‘ordinaires’ du genre paraît-il, semble-t-il :
a) ce sont des phrases verbales : elles ont toujours pour tête un verbe, qui est saturé pour son
sujet;
b) ce sont des expressions incidentes
;
c) elles ont une certaine liberté de positionnement : elles sont exclues en position initiale
d’énoncé, mais pas en tête d’une phrase non-initiale ;
Cf. L. Danlos, B. Sagot, R. Stern, op. cit.
Sur ce sujet largement débattu, v. O. Bonami, D. Godard, Quelle syntaxe, incidemment, pour les adverbes incidents ?
« Bulletin de la Société de Linguistique de Paris », CII (2007), 255-284; B. Lamiroy, M. Charolles, Les verbes de
parole et la question de l’(in)transitivité, « Revue Discours », 2 (2008).
Cf. O. Bonami, D. Godard, Syntaxe des incises de citation, « Actes du Congrès mondial de linguistique française »,
publié en ligne le 9 juillet 2008. (URL : http://dx.doi.org/10.1051/cmlf08080, consulté le 12.02.2012).
Ibid.
À la suite de O. Bonami, D. Godard et B. Kampers-Manhe, je considère l’incidence comme une propriété strictement
prosodique de certains constituants syntaxiques, qui peut, suivant les constructions, être corrélée à des propriétés
syntaxiques, sémantiques et pragmatiques diverses (Cf. O. Bonami, D. Godard, B. Kampers-Manhe, Adverb
Classification, in F. Corblin et H. De Swart éds., Handbook of French Semantics, Stanford, CSLI Publications, 2004,
pp. 143-184). Bien que la description de l’incidence soit à ce jour encore incomplète, l’idée générale est claire : les
incidents sont prosodiquement autonomes ; optionnellement, ils sont séparés du reste de la phrase (notamment sur la
frontière droite de l’incident) par une pause, un allongement de la dernière syllabe, un changement global de registre,
etc. Sur ce point précis, v. Z. Fagyal, « Probus », 14 (2002), pp. 93-111 ; P. Mertens, Quelques allers-retours entre la
prosodie et son traitement automatique, « Le français Moderne » 72/1 (2004), pp. 39-57 ; E. Delais-Roussarie,
« Phonologie et grammaire : études et modélisation des interfaces prosodiques », Mémoire d’Habilitation à diriger les
Recherches, Université de Toulouse 2, Juin 2005.