Chapitre 5 : De la phrase simple à la phrase complexe Linguistique

Chapitre 5 : De la phrase simple à la phrase complexe Linguistique - CM
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De la phrase simple à
la phrase complexe
On est passé de « Ph SN SV » à I’’ N’’ I’
I’ I V’’
(1) (a) L’enfant a bu son chocolat
(b) L’enfant de la voisine de la cousine de Marie a bu son chocolat dans
le jardin de la voisine
(b) est toujours une phrase simple. Il ne faut pas confondre phrase complexe et
longueur ou encore phrase complexe et complexité.
(2) On m’a dit que l’enfant a bu son chocolat.
(2) est une phrase complexe car elle contient plusieurs « propositions ». Une
phrase complexe est une phrase composée de n verbes, avec n ≥ 2.
Dans une phrase complexe, l’un des constituants correspond forcément à une
phrase. Il s’agit de récursivité (une phrase à l’intérieur d’une autre phrase).
I. Quatre types de liens
On distinguera différents types de phrases complexes selon le type de lien entre
les diverses propositions/phrases constituantes. Il y a quatre types de liens :
juxtaposition : on parle de juxtaposition lorsque la phrase complexe est
composée de n (n 2) « propositions » dont le rapport n’est pas
exclusivement marqué par un mot de relation.
Exemple : il pleut : je ne sortirai pas.
On reconnaît les phrases juxtaposées par le fait que les phrases
constituantes peuvent être autonomes.
À l’oral, on aura une pause et à l’écrit un signe de ponctuation « : », « ; ».
coordination : on parle de coordination si le lien entre les différentes
phrases constituantes est marqué par une conjonction de coordination.
subordination :
(8) (a) Marie attend [que Pierre l’invite]. (complétive)
(b) L’étudiant [que tu as convoqué] ne viendra pas. (relative)
(c) Pierre est sorti [sans que Marie ne s’en rende compte].
(circonstancielle)
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Définition : on parle de subordination lorsque le lien entre les
différentes phrases constituantes est un lien de dépendance orientée
entre une phrase dite subordonnée ou enchâssée et une phrase dite
principale. Il y a un lien hiérarchique.
Il y a présence d’un mot subordonnant qui lie la subordonnée et la
principale.
Le subordonnant occupe la position COMP ou Spec C’’. Parfois, il est
possible de ne pas mettre de subordonnant. C’est notamment le cas avec
les infinitives.
insertion : on parle d’insertion lorsqu’une proposition nettement détachée
par des marques prosodiques ou graphiques est placée soit à l’intérieur
de la phrase principale, soit à la fin.
o incise : (9) Quand, me demanda-t-il, reviendras-tu ?
La phrase principale se présente comme le complément d’objet de
la phrase incise. Le verbe de l’incise appartient à la famille des
verbes déclaratifs (dire, prétendre, demander, …). Il y a une
inversion sujet/verbe.
o incidente : (10) L’année universitaire, je le crains, sera longue.
Il n’y a pas de marque syntaxique particulière, pas d’inversion
sujet/verbe. Elle peut occuper une position médiane ou finale.
L’insertion suit un mode de construction parataxique, c’est-à-dire non
marqué par un lien de liaison.
Précisions terminologiques :
- Au lieu de parler de proposition, on préfère employer le terme de phrase
constituante, de sous phrase ou tout simplement de phrase.
- On parlera de phrase matrice pour désigner l’ensemble de la phrase complexe.
À l’intérieur des phrases matrices, on trouve les phrases juxtaposées,
coordonnées, subordonnées, etc.
- Phrase indépendante : phrase qui ne dépend d’aucune autre phrase et dont
aucune phrase ne dépend.
II. La coordination et la juxtaposition
Coordination et juxtaposition s’opposent à la subordination par le mode de liaison
qui est séquentiel, alors que pour la subordination, il y a un lien hiérarchique, un
lien de dépendance syntaxique.
La coordination s’oppose à la juxtaposition par la présence d’un mot de liaison :
une conjonction de coordination.
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1. La juxtaposition
Elle n’est propre à la phrase complexe puisque différents types de constituants
peuvent être juxtaposés (mots, syntagmes et phrases).
Les rapports sémantiques entre les phrases juxtaposées sont explicités par le
contexte, le destinataire.
(1) Jean serait ici, il vous prouverait le contraire.
(2) Lui demandait-on un service, il était toujours disponible.
Dans ces deux phrases, il y a un lien de dépendance. Il s’agit donc de
subordination et non de juxtaposition. La place de la principale est très
importante.
Indices de la subordination.
2. La coordination
On parle de coordination quand deux unités de même niveau et qui assurent la
même fonction syntaxique sont reliées par une conjonction de subordination.
Il n’y a pas de dépendance syntaxique. Il s’agit d’un lien séquentiel qui vise à
démultiplier une catégorie de départ en une séquence/chaîne de catégories
identiques.
a) Contraintes sur la coordination
En principe, on ne peut coordonner que des éléments de même rang hiérarchique,
c’est-à-dire qui jouent le même rôle syntaxique.
Ex : Un souriceau [A’’ tout jeune] et [C’’ qui n’avait rien vu]
« tout jeune » et « un souriceau » n’appartiennent pas à la même catégorie
syntaxique mais ont le même rang syntaxique, la même fonction : ils sont
modifieurs du nom « souriceau ».
Il n’est pas nécessaire pour coordonner deux constituants qu’ils aient la même
catégorie syntaxique.
Lorsqu’on tente de coordonner des constituants de fonction différente, on
produit une suite agrammaticale. On parle de zeugme syntaxique.
Ex : *Je vais en cours et à mon grand désespoir.
Complément du verbe Modifieur de phrase
*Nicolas Sarkozy reçu par le président en personne et en tête-à-tête
Modifieur du nom Modifieur de verbe ou de phrase
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D’autre part, il faut que les éléments coordonnés soient sémantiquement
compatibles faute de quoi on produit un zeugme sémantique.
Ex : Il posa son parapluie et une question.
Il a pris ses affaires et la porte.
Il faisait nuit et moi du vélo.
On parle d’incompatibilité sémantique.
« Il mange souvent eu restaurant et il est maigre comme un fil. »
Il ne s’agit pas de zeugme sémantique car il y a un présupposé comme
quoi manger au restaurant fait grossir. Le « et » ici est adversatif,
c’est-à-dire équivalent à « et pourtant ».
b) Ellipse ou mise en facteur
Un constituant commun peut être effacé dans une phrase coordonnée. Cela
arrive fréquemment avec le verbe qu’on ne répète pas deux fois.
Ex : Max a acheté un livre et Léa un disque.
Il s’agit de deux phrases coordonnées avec une position V vide dans la
deuxième, mais coréférence avec le verbe de la première phrase.
Camille travaille à Orléans et habite à Paris
soit on considère qu’il s’agit d’une coordination entre deux phrases (I’’)
avec ellipse du sujet dans la deuxième
soit on considère qu’il y a eu mise en facteur du sujet et coordination
entre deux I’ et dans ce cas on a :
I’’
N’’ I’
I’ coor. I’
Cette deuxième possibilité n’est valide que si « à Orléans » et « à Paris »
ne sont pas des circonstanciels.
Dans certains cas, on n’a pas le choix pour l’analyse :
Ex : il y a encore deux ans, Marie était étudiante et est actuellement ingénieur.
Ici, il faut forcément analyser les choses comme étant deux phrases
coordonnées car il y a deux circonstanciels distincts qui modifient chacun une
phrase différente.
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I’’
I’’ coor. I’’
Marie (mange une pomme) et Pierre mangent une pomme.
pour certains, il s’agit de deux phrases coordonnées avec ellipse du verbe et
son complément (« mange un pomme »).
dans les faits, c’est plutôt la coordination de deux N’’ (cf. accord du verbe par
exemple), et on a donc :
I’’
N’’ I’
N’’ Coor N’’ mangent
une pomme
Marie et Pierre
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