la conscience des peurs et des besoins psychologiques essentiels

Thierry Brugvin
Psychosociologue
LIPHA Paris-Est (EA 4118)
LA PRISE DE CONSCIENCE DES PEURS
ET DES BESOINS PSYCHOLOGIQUES ESSENTIELS :
UNE CONDITION DE LA TRANSFORMATION DE L’ETRE HUMAIN
Introduction
Il existe diverses méthodes psychothérapeutiques visant à la transformation de soi, dans
un but d’émancipation par l’ouverture et la maîtrise de soi. Les méthodes introspectives, telle
la psychanalyse s’appuient pour cela principalement sur le mécanisme de la prise de
conscience des éléments subconscients de la personnalité. Qu’elles sont les besoins et les
peurs, qui structurent, terminent les êtres humains et les contraignent à des comportements
aussi divers que ceux de domination, de soumission, de rébellion, d’addiction à la
consommation, de besoin de reconnaissance? Ce sont les besoins et les peurs essentiels... Il
est ainsi possible de mettre en évidence les causes du comportement humain, de manière plus
simplifiée, que les théories souvent complexes, qui fondent la psychanalyse et qui se perdent
parfois dans des circonvolutions plus ou moins utiles.
Tandis que le psychologue Abraham Maslow a défini 5 besoins fondamentaux, nous
entendons montrer que certains de ces besoins sont en réalités secondaires, par rapport aux 7
besoins essentiels. Afin de montrer en quoi la prise de conscience des peurs et des besoins
psychologiques essentiels s’avère une condition de la transformation de l’être humain, nous
définirons tout d’abord les 7 besoins essentiels physiologiques et psychologiques. Les besoins
physiologiques sont bien sur essentiels à la survie physique. Le besoin de vivre est le premier
besoin essentiel primaire, de nature psychologique. De celui-ci découle le besoin d’être fort et
le besoin essentiel d’aimer, qui sont deux besoins essentiels primaires. Tandis que le besoin
de compréhension (de curiosité) et le besoin de créativité sont aussi des besoins essentiels,
mais plus secondaires. Enfin, le besoin d’estime de soi est un besoin essentiel, mais
secondaire et surtout composite et non un besoin fondamental primaire comme l’explique
Maslow. En effet, il se compose des besoins essentiels d’être fort et du besoin d’aimer. Les
besoins névrotiques (besoin de pouvoir, de reconnaissance, de sécurité…) proviennent des
besoins essentiels. Cependant, il existe une multitude de besoins névrotiques, tels le besoin
d’appartenance ou le besoin de possession. Aussi, faut-il mettre en évidence les besoins
essentiels primaires secondaires qui les composent. Ces 7 besoins essentiels engendrent 7
peurs essentielles, qui doivent être transformées pour permettre une réalisation de soi
complète.
LES 7 BESOINS ESSENTIELS PHYSIOLOGIQUES ET PSYCHOLOGIQUES
Il faut différencier les besoins essentiels, « simples » et névrotiques, primaires et
secondaires. Sinon, il règne une certaine confusion au plan théorique comme dans l’analyse
de soi au plan personnel. Le psychologue Maslow a déterminé 5 besoins fondamentaux : les
besoins physiologiques, le besoin de sécurité, d’appartenance, d’estime de soi, de réalisation
de soi.
1
. Contrairement à ce que l’on pense souvent, la satisfaction d’un besoin supérieur n’est
pas obligatoirement dépendante d’un besoin inférieur. Ainsi, le besoin de réalisation de soi ou
d’estime de soi peut être satisfait, alors que le besoin de sécurité affective peut ne pas être
1
MASLOW, A. H., “A theory of human motivation”, Psychological Review, 50(4), 370-396, 1943.
encore complètement comblé. Par exemple, certaines personnes se réalisent
professionnellement ou disposent d’une bonne estime d’elles-mêmes, mais souffrent d’un
manque de sécurité affective, parce qu’elles vivent seuls.
Mais, il existe d’autres besoins essentiels, que les 5 de cette « pyramide des besoins » de
Maslow. De plus, ce dernier n’a pas différencié les besoins névrotiques (illusoires), des
besoins essentiels. Or, on peut dénombrer 7 besoins essentiels, qui engendrent 7 peurs
essentielles et 7 besoins névrotiques qui engendrent autant de peurs névrotiques.
L’ensemble des besoins névrotiques repose en particulier sur les besoins essentiels
psychologiques primaires, que sont le besoin de vivre, d’être fort (de puissance et de maîtrise
de soi) et le besoin d’aimer, mais aussi sur les besoins essentiels secondaires non combinés
(entre eux). Ces derniers sont le besoin de compréhension et le besoin de créativité sont
secondaires hiérarchiquement par rapport aux besoins primaires (vivre, être fort, aimer).
Les besoins essentiels secondaires combinés ou composites sont des combinaisons de deux
ou plusieurs besoins essentiels primaires. Ainsi, le besoin d’estime de soi est un besoin
secondaire combinés du besoin de s’aimer pour sa force, c'est-à-dire du besoin de s’aimer et
d’être fort. Les besoins essentiels secondaires sont donc hiérarchiquement moins essentiels
que les besoins essentiels primaires.
Il y a donc 4 besoins essentiels primaires (les besoins physiologiques, le besoin de vivre, le
besoin d’être fort et le besoin d’aimer) dont découlent 3 besoins névrotiques primaires (le
besoin de sécurité, de pouvoir et d’être aimé), puis plusieurs besoins névrotiques secondaires
combinés, tel le besoin de posséder ou encore le besoin d’appartenance qui a été repéré par
Maslow (1943)...
Parmi certains des besoins essentiels secondaires névrotiques, certains pourraient
éventuellement être regroupés. Par exemple, le besoin d’appartenance et de reconnaissance,
puisqu’ils ne se composent parfois que de besoins primaires communs, mais en différentes
proportions, tel le besoin d’être aimé et d’être fort. D’ailleurs, tous les besoins essentiels
pourraient aussi être regroupés dans un seul, le besoin de vivre, puisqu’il est la source de tous
les autres. En effet, le besoin de vivre se démultiplient en 7 besoins essentiels, qui eux-mêmes
prennent la forme de 7 besoins névrotiques principaux, puis de multiples autres en se
combinant. Mais, ils sont si nombreux qu’il serait trop long de les présenter ici.
A l’inverse, certains besoins pourraient être dédoublés, tels le besoin d’estime de soi qui est
un peu différent du besoin de confiance en soi. Se même le besoin sécurité peut se subdiviser
en besoin de sécurité paternelle (la force, les structures, les re-père-s, la maîtrise…), par
rapport au besoin de sécurité maternelle (l’amour, la douceur, la tendresse, la capacité à
s’harmoniser avec le réel, le lâcher prise…). La sécurité paternelle, comme la fonction
masculine peut être représentée symboliquement par le contenant (les parois d’un verre d’eau)
et la sécurité maternelle, comme la fonction féminine par le contenu (l’eau dans le verre).
Cependant, ne confondons pas la fonction féminine, le genre féminin avec la personne de sexe
féminin. Car une femme peut développer des capacités psychiques masculines
majoritairement et ses fonctions féminines de manière minoritaires. Il en est de même pour les
fonctions masculines pour l’homme au sens biologique et sexuel.
Dans la théorie psychanalytique, les pulsions représentent à la fois les énergies sexuelles et
affectives primaires, souvent violentes ou passionnelles (la colère, la passion…). Cependant,
il faut bien différencier les besoins psychologiques, des énergies psychiques (l’intellect,
l’intuition…) et des énergies affectives (les émotions, les sentiments). Les énergies
psychologiques sont un peu liées aux énergies physiques, car lorsque le corps est fatigué,
l’état psychologique est moins harmonieux. A l’inverse, lorsque ce dernier est fragile, le corps
physique est moins fort et plus fragile, notamment face aux maladies. Quant aux énergies
sexuelles, mais aussi émotionnelles elles sont à la frontière, à cheval entre les plans
psychologiques et physiques. Une partie d’entre elles relèvent de la physiologie, c'est-à-dire
de la vitalité du corps physique et en particulier du taux d’hormones émises par les glandes
endocrines, tels les estrones pour les femmes, ou la testostérone, qui renforce l’agressivité
chez les hommes. Mais la majeure partie de l’énergie psychique relève des besoins
psychologiques (besoin d’aimer, d’être aimé, voir besoin névrotique de posséder, de dominer,
d’agresser…). Il y a ainsi un cercle vertueux et parfois vicieux, entre les énergies
physiologiques, les énergies affectives et psychiques (intellectuelles, intuitives) et donc les
représentations mentales liées à sa culture.
Qu’est ce que la peur, est-ce une illusion ou non ? Dans la théorie psychanalytique Freud
distingue le stade névrotique (la névrose de l’être humain ordinaire) et le stade psychotique (la
folie). Les besoins névrotiques, tel le besoin d’être aimé (et non d’aimer) ou de pouvoir (et
non d’être fort), sont fondés sur des peurs. Ils se révèlent donc être des illusions, tandis que
les besoins essentiels (non névrotiques) que sont le besoin de vivre, d’être fort, le besoin
d’aimer ne sont pas illusoires.
Cependant, les peurs, qu’elles soient essentielles ou névrotiques restent néanmoins des
illusions, dans la mesure ou elles peuvent disparaître plus ou moins complètement. Les peurs
essentielles se « désintègrent », lorsqu’elles sont remplacées par des besoins essentiels
satisfaits (être fort, aimer).
Pour qu’un être humain puisse se détacher de ces peurs névrotiques, il doit prendre
conscience de leur caractère illusoire. Ainsi, la personne pourra passer d’une peur névrotique
à une peur essentielle plus profonde et moins illusoire. C’est une première étape. Par exemple,
certains souffrent d’un besoin névrotique de reconnaissance fondé sur la peur névrotique de
ne pas être reconnu par les autres. Puis la seconde étape, consistera pour elles à prendre
conscience qu’en réalité cette peur névrotique repose sur la peur essentielle d’avoir une
mauvaise estime de soi. Ce qui est très différent.
Nous pourrions définir la peur chez une personne (ou un être vivant), comme une
expression émotionnelle ayant pour cause l’idée consciente ou subconsciente, qu’elle ne
disposera pas de la capacité suffisante pour se maîtriser ou s’assumer soi-même ou son
environnement, au plan de ses affects ou de ses actions, dans des situations présentes ou
futures. C’est pourquoi, la peur a une face objective et utile, visant à nous préparer à affronter
une difficulté, un manque et une face subjective et illusoire qui se révèle en décalage avec
l’ampleur du problème réelle rencontré par la personnalité.
Le psychologue Maslow considère que le besoin ultime relève du besoin de réalisation de
soi, qu’il définit « comme accomplissement de sa vocation » et « la mise en oeuvre de toute
son énergie personnelle. »
2
Notre définition est un peu différente. Un être humain
complètement « réalisé » est celui qui est devenu absolument maître de lui-même et
complètement indépendant de l’amour des autres, donc qui ne ressent plus de peur véritable,
mais seulement des appréhensions, des craintes légères, utiles pour ne pas commettre
d’imprudence. Atteindre le stade de « la réalisation » suppose de parvenir à se détacher de ses
dépendances. Son bien être ne dépend alors plus que de la satisfaction de ses besoins
essentiels et non plus de ses besoins névrotiques, donc illusoires. La personne « réalisée » ne
connaît donc que rarement et relativement faiblement le sentiment de peur, car l’énergie de
vie s’écoule pleinement en elle, puisque le besoin essentiel de vivre, d’être fort et d’aimer sont
pleinement satisfaits.
Cependant, ce qui différencie une peur essentielle issue d’un besoin essentiel, d’une peur
névrotique liée à un besoin névrotique n’est pas toujours très aisément discernable. Il s’agit en
fait d’une question de degré d’illusion et de profondeur. La peur essentielle est moins illusoire
et plus profonde, tandis que la peur névrotique est très illusoire et plus superficielle. Mais
2
MASLOW A., L’accomplissement de soi, Ed. Eyrolles, 2004, p. 33-37
surtout la peur névrotique combine des peurs essentielles. Par exemple, le besoin de pouvoir
repose sur la peur névrotique d’être faible, dans sa capacité à dominer et maîtriser les autres.
A l’inverse, la peur essentielle non névrotique d’être faible porte quant à elle, sur la peur de ne
pas être maître de soi même et de sa propre sécurité. Par conséquent, le besoin essentiel d’être
fort, sous sa forme névrotique s’exprime dans le besoin de pouvoir (sur autrui et le monde).
Dans ce dernier cas, il est fondé sur la peur névrotique d’être faible. Tandis que dans le
premier cas, il représente l’impulsion saine et nécessaire du Moi, c’est à dire de la
personnalité pour satisfaire le besoin d’être fort, donc de chercher à maîtriser soi et le monde
afin de se sécuriser soi-même.
Pour différencier la peur essentielle névrotique et la peur essentielle « simple », il faut
prendre conscience des peurs essentielles cachées dans les peurs névrotiques. L’autre méthode
complémentaire, consiste à se centrer sur l’objet de la quête la peur névrotique, afin de savoir
si il est atteignable ou non. La peur névrotique ne conduira qu’à un besoin qui ne pourra être
satisfait à terme (le besoin de pouvoir et de maîtrise sans limite ou le besoin d’être aimé tout
le temps et par tous). Tandis que la peur essentielle disparaîtra avec la satisfaction du besoin
essentiel, tel celui d’être fort et d’aimer.
Les peurs sont les causes principales des comportements névrotiques des individus. Mais le
manque de coopération entre les êtres humains réside aussi dans le manque d’éveil, le manque
de conscience, c'est-à-dire l’insuffisant développement de certaines énergies psychiques,
telles la capacité d’aimer ou la capacité intellectuelle. Un besoin psychique, tel le besoin de
compréhension se nourrit de la peur du vide, de la souffrance liée au manque d’énergie
psychique, c'est-à-dire la peur de l’ennui, la peur de ne pas maîtriser intellectuellement….
Chez les êtres humains primitifs le développement psychologique était limité, c’est pourquoi
certains besoins essentiels n’engendraient pas de peur, car ils étaient a peine éveillés. C’était
particulièrement, le cas des besoins de niveaux secondaires, comme le besoin de création, de
compréhension. Mais c’est un peu aussi le cas du besoin essentiel primaire d’aimer. A
l’inverse, plus un être humain est évolué plus ses énergies affectives et mentales se
développent, donc cela accroît ses besoins psychologiques essentielles et donc les énergies de
peurs générées par l’insatisfaction réelles ou potentielles de ces besoins.
Il y a donc trois aspects se nourrissant de l’autre : les besoins essentiels, les peurs
essentielles et les énergies psychiques essentielles. L’éveil d’une énergie psychique renforce
le besoin de vivre et d’incarner cette énergie, par exemple par des actions permettant
d’exprimer l’amour, la force, la compréhension, la créativité… Les peurs essentielles
poussent ainsi à satisfaire les besoins essentiels de manière constructive ou névrotique, ou à
l’inverse à les refouler, les nier (dénégation), les écarter, afin de s’en protéger. Mais ce type
de conflits psychiques se manifestent très peu, en l’absence de l’éveil de ces énergies au
niveau du moi conscient, parce qu’elle sont toujours enfouis dans l’inconscient. L’éveil
intérieur, le développement affectif, mental (intellectuel et intuitif), l’individuation (Jung) ou
l’émancipation (Castordiadis) offrent des opportunités nouvelles, mais aussi des difficultés
consécutives.
LES 7 BESOINS ESSENTIELS ENGENDRENT 7 PEURS ESSENTIELLES
Nous allons à présent présenter de manières succinctes les 7 besoins et peurs essentielles.
Sans satisfaction des besoins physiologiques, le besoin de vivre se dissout par disparition
des forces physiques. Mais, sans satisfaction du besoin de vivre, les besoins physiologiques
ne sont plus comblés. Il s’avère donc difficile d’établir véritablement une hiérarchie entre ces
deux besoins. Le fait de souffrir de la faim et de la soif entraîne une souffrance physique et
généralement la peur de la souffrance physiologique. Cependant, ce n’est pas systématique,
car la sensation de souffrance physique, n’est pas une émotion. Par contre elle peut engendrer
une émotion, de la peur, par crainte de souffrir, puis de mourir. Cependant, la souffrance
physique est moins forte lorsque l’émotion de peur n’est pas présente. Les personnes qui
pratiquent « les suspensions », c'est-à-dire qui se suspendent en ce perçant la peau avec des
crochets, tels des fakirs nous montrent que la douleur physique n’engendre pas forcément de
la peur et peut même engendrer du plaisir chez certains ! En effet, la douleur causée par ces
pratiques génère une sensation de vie intense que les adeptes de ces pratiques recherchent
sans peur, même si inconsciemment certains peuvent souffrir de pulsion sado-masochiste. Par
conséquent, il n’y a donc en quelque sorte, que six véritables peurs essentielles et non sept,
puisque la peur de souffrir relève surtout de la peur de mourir et d’être faible.
Le besoin de vivre est le premier besoin essentiel primaire. De celui-ci découle tous les
autres. Il s’agit d’une forme « d’énergie primordiale » qui anime l’être humain. Le besoin de
vivre se rapproche de « l'élan vital » chez Bergson (1907), de la volonté de puissance, c'est-à-
dire de la volonté, du désir, de l’aspiration à vivre chez Nietzsche (avec ses facettes obscures
et lumineuses), de « l’être la » (le Dasein) de Heidegger, de l’énergie de l’âme chez les
religieux, de la « pulsion de vie » chez Freud, de « l’énergie vitale » chez Jung. Il apparaît
notamment dans le besoin de survivre, lorsque l’être humain se trouve en danger de mort.
L’énergie de vivre, le besoin de vivre est tellement naturel, ou consubstantiel aux êtres
vivants, que les êtres humains y songent rarement, sauf lorsqu’il vient à manquer dans le
cadre d’une maladie physique ou psychique, telle la dépression. D’ailleurs dans ce cas est ce
bien n’est ce pas plutôt les besoins d’être fort et d’être aimé qui en découlent, qui sont
insatisfaits ? En effet, l’énergie de vivre semble tellement primaire et simple, qu’à l’exception
de la malnutrition (le besoin essentiel physiologique), on voit difficilement ce qui peut
entraver le flux de cette énergie et donc la satisfaction de ce besoin de vivre, lorsque les autres
besoins primaires et secondaires essentiels sont satisfaits
Freud considérait qu’il existe une pulsion de mort dirigée contre soi même, qui s’oppose à la
pulsion de vie. Or, il n’existe pas véritablement de pulsion de mort, car la violence envers soit
même, tel le suicide par exemple, n’est finalement qu’une tentative ultime de la pulsion de vie
d’annihiler la souffrance engendrée par les blocages de sa capacité de vivre de manière
pleinement ou de paisiblement.
Le besoin d’être fort est un besoin essentiel primaire. Il découle du besoin de vivre.
Alfred Adler (1870-1937) est l’un des trois pères fondateurs de la psychanalyse avec Freud et
Karl Abraham. Freud avait attribué à la libido et aux pulsions sexuelles, la cause dominante
du fonctionnement psychique humain. Dans son ouvrage « théorie et pratique de la
psychologie individuelle » (Adler, 1918), Adler va élaborer une théorie de la psychologie
individuelle fondée prioritairement sur le besoin de pouvoir, visant à compenser un sentiment
d'infériorité inhérent à tout être humain névrosé. Adler explique que ce qui définit le besoin
d’être fort est « l’expression d’une lutte qui est profondément enracinée dans la nature
humaine et dont le but compensatoire est de sortir de l’insécurité affective ». « Ce qui
constitue la force motrice et le but final de la névrose née du sentiment d'infériorité, c'est nous
l'avons dit, le désir d'élever, d'exalter le sentiment de personnalité, désir souvent puissant et
irrésistible. Mais nous savons également que ce désir est profondément enraciné dans la
nature humaine. En examinant de près ce désir, auquel Nietzsche a donné le nom de ’’volonté
de puissance ’’, et en tenant compte de ses modes d'expression, on constate facilement qu'il
n'est au fond pas autre chose qu'une force de compensation particulière, à la faveur de laquelle
l'homme cherche à remédier à son état d'insécurité intérieure »
3
.
3
ADLER Alfred, Le tempérament nerveux. Éléments d’une psychologie individuelle et applications à la
Psychothérapie,traduction de l’allemand par le Dr. Roussel en 1948, Paris, Éditions Payot, Collection : Petite bibliothèque
Payot, (1911) 1970, p. 33.
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