sur l’arrière-pays mais en Méditerranée, il s’adonne à la piraterie et au commerce du
blé… et des esclaves chrétiens.
Pour laver cet affront dit du « coup d’éventail », le 14 juin 1830, la flotte française
débarque à Sidi-Ferruch, une presqu’île à l’ouest d’Alger. Le 5 juillet, le dey capitule
et remet aux vainqueurs les « clés d’honneur de la ville d’Alger » - qui sont exposées
dans une vitrine.
Les Français parviennent à maîtriser quelques ports du littoral mais non pas l’intérieur.
A l’Est, le bey Ahmed de Constantine résiste au nom de la Sublime Porte - avant de
s’incliner en 1837. Et à l’Ouest, dès 1832, l’émir Abd el-Kader mène la résistance
contre la France et les roumis (chrétiens) pendant près de quinze ans, jusqu’à fin 1847,
quand l’armée du Sultan du Maroc cesse de le soutenir.
La violence, une constante dans cette histoire
Sur une Image d’Epinal intitulée « Chefs arabes », on voit l’Emir entouré de ses alliés.
Un tableau issu du mouvement des orientalistes - qui se développe en Europe et où
l’Algérie joue un rôle central - montre un portrait de lui en pied (signé Godefroid
Marie Eléonore). De son visage ovale souligné d’une barbe noire avantageuse
soigneusement taillée, et ceint d’un chèche immaculé qui se fond dans une djellaba par
moitié couverte d’un burnous foncé, il se détache une impression d’austérité.
Face à lui, le général Bugeaud dont on peut voir – enfin ! - la célèbre casquette chantée
au 20è siècle par des générations d’écoliers. En voici le refrain : « Si tu ne l’as pas vue,
la voilà, la casquette, la casquette, si tu ne l’as pas vue, la voilà, la casquette du Père
Bugeaud… » Nommé Gouverneur d’Algérie en 1840, Bugeaud est celui qui engage la
« conquête absolue » de l’Algérie, appuyé par une Armée d’Afrique réorganisée dont
les officiers jouent un rôle important sous le Second Empire, et avec le soutien des
tribus hostiles à l’Emir.
Une constante dans cette histoire qui se matérialise sous nos yeux, la violence dont
attestent dans des éléments sonores ou filmés différents témoins, et des historiens
comme Didier Guignard ou Jean-Charles Jauffret pour le 19è siècle ou Raphaëlle
Branche pour la torture pendant la Guerre d’Algérie des années 1950. Près des
moniteurs, des objets témoignent aussi de la violence à l’œuvre, comme le fusil à silex
d’Abd el-Kader, le sabre du général Lamoricière (1847) et ce poignard kabyle, « la
fissah (…) inspirée du yatagan turc ». Ou encore le tableau des « Cavaliers arabes
emportant leurs morts après une affaire contre des spahis » de Théodore Chassériau…
Dans la seconde salle, une affiche de l’Organisation armée secrète - l’OAS, qui se bat
pour l’Algérie française par des attentats aveugles - témoigne encore, un siècle plus
tard, que la violence (illégale cette fois) est plus que jamais présente en 1962, année de
l’indépendance. A-t-elle d’ailleurs jamais cessé ?
L’Algérie, « territoire français »
Les belligérants des deux bords ont commis des exactions graves et pas seulement sur
les champs de bataille. Razzia, « enfumade » - une technique qui consiste à asphyxier
des gens réfugiés dans une grotte, par exemple, en fermant son issue par un feu : des
tribus entières ont ainsi été exterminées. Commandeur des croyants, l’Emir qui voulait