"Rue à Berlin" de George Grosz (1931)

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LA CRITIQUE DE LA SOCIÉTÉ
Georges GROSZ (1893 - 1959),
Les piliers de la société, 1926, huile sur toile,
200 x 108 cm, Musée de Berlin.
George Grosz (1893-1959), dessinateur et peintre berlinois, a ainsi mis son art au service de la
critique sociale. Mobilisé pendant la guerre, il revient en 1918 à Berlin, où il prend part à l’activité
politique : il contribue à la fondation du mouvement Dada à Berlin en 1918, avant d’adhérer au parti
communiste allemand, tandis que ses caricatures, très agressives, fustigent impitoyablement les
représentants de la bourgeoisie et refusent d’offrir une image embellie de la réalité.
Il est né à Berlin en 1893. Il passe son enfance en Poméranie. Il suit des études artistiques à
l'Académie royale de Dresde puis à Berlin. Son premier dessin est publié en 1910. En 1913, il voyage
à Paris où il rencontre le peintre Jules Pascin.
Il est volontaire en 1914 mais est réformé pour raisons de santé en 1915. Il est réincorporé en
1917 et finira la guerre dans divers centres hospitaliers. Plusieurs de ses dessins montrent les
champs de batailles avec leurs cortèges de destructions, de morts et de prisonniers. En 1916,
refusant le nationalisme germanique, il transforme son prénom Georg en George et son nom Gross en
Grosz. Il parle anglais par provocation.
Contexte historique
L’Allemagne en plein chaos
La Première Guerre mondiale et la défaite allemande ont eu d’importantes conséquences politiques et
économiques. D’une part, la chute de la monarchie en novembre 1918 et la proclamation officielle de
la République de Weimar quelques mois plus tard n’ont pas réussi à étouffer l’agitation
révolutionnaire, entretenue aussi bien par l’extrême gauche que par l’extrême droite et les formations
militaristes.
Les automates Républicains (1920)
La guerre a fait place à une période de violents désordres intérieurs, en particulier à Berlin où se
déroule la révolution spartakiste au début de l’année 1919. D’autre part, en 1923, la République de
Weimar doit faire face à une crise économique très grave : l’Allemagne subit une inflation sans
précédent, qui ruine des millions d’épargnants et marque durablement les esprits, tandis que certains
industriels parviennent à s’enrichir durant cette période.
Malgré le rétablissement de la situation économique et sociale dans les années suivantes, les
inégalités sociales restent criantes, et le gouvernement est l’objet de critiques de plus en plus
virulentes de la part non seulement des partis extrémistes, mais aussi des intellectuels qui
disposent désormais de nombreux moyens d’expression, tant la vie intellectuelle et artistique
s’est développée à Berlin.
Rue à Berlin
George Grosz, 1931
Peinte en 1931, cette Rue à Berlin se distingue par la violence de son iconographie et de son
style : dans cette scène de rue, Grosz dépeint la solitude de personnes issues de différentes
classes sociales. Les bourgeois de l’époque, identifiables grâce à leurs vêtements typiques de la
mode des années folles, à leur faciès porcin ou à leurs formes rebondies, côtoient le peuple, qui
prend ici l’apparence d’une bouchère vue de dos, un tablier noué à la taille. L’Histoire fait
irruption au milieu de la scène par le truchement d’une femme vêtue de noir, incarnation de la veuve
de guerre, figure omniprésente en Allemagne où la Première Guerre mondiale a décimé toute une
génération.
Tous ces êtres humains errent dans la rue, sans que leurs chemins se croisent. En arrière-plan, de
gauche à droite, une pancarte de gare ferroviaire, des étals de boucherie, un immeuble neuf entouré
d’espaces arborés et une automobile rappellent que la scène se déroule dans la capitale allemande,
symbole par excellence de la modernité. Ce tableau de Grosz, qui, par certains traits, se rapproche de
l’art caricatural et fourmillant de Jérôme Bosch, s’en démarque néanmoins par sa facture : son
caractère d’esquisse, ses coups de pinceau rapides et désordonnés qui évoquent les graffitis
populaires, son absence d’effets de matière et la noirceur de ses tons inscrivent cette toile dans son
époque. L’impression de morcellement, d’asymétrie et le chevauchement des plans sont à l’image de
la frénésie et du chaos urbains.
La ville (1916)
Latente dans cette œuvre, Berlin, qui fut l’objet de l’amour, des angoisses et de la haine de Grosz, a
suscité les mêmes sentiments contradictoires chez les artistes qui sont venus s’y établir, la capitale
allemande étant devenue le point de rencontre des avant-gardes européennes. Son essor
extraordinairement rapide au XIXe siècle a contribué à lui forger une réputation de ville de « nouveaux
riches ». L’enrichissement de la classe bourgeoise, qui coïncida avec l’accroissement du
prolétariat dans les années 20 et 30, ne fit qu’accentuer les contrastes entre les quartiers
riches et pauvres. Par ailleurs, Berlin fut longtemps le théâtre de sanglants combats de rue. Ainsi,
la pauvreté sordide et le climat de violence qui régnaient continuellement à Berlin constituent-ils la
toile de fond des œuvres réalisées à cette époque.
Mais l’arrivée de Hitler au pouvoir le 30 janvier 1933 mit fin à toute expression artistique et entraîna la
ruine de la civilisation berlinoise.
Les artistes d’avant-garde qui, comme Grosz, n’avaient pu s’exiler aux Etats-Unis ou ailleurs, furent
persécutés par les nazis, et leurs œuvres qualifiées d’« art dégénéré ».
Cain, ou Hitler en enfer (1944)
George Grosz fut un dessinateur et un peintre allemand puis américain. Témoin de la première Guerre
mondiale, de l'échec de la Révolution en Allemagne puis de la montée du nazisme, il a réalisé des
dessins qui sont une violente attaque contre l'ordre établi. Il a exprimé dans son art sa haine pour
le militarisme, le clergé et la bourgeoisie. Son influence sur les caricaturistes d'aujourd'hui est
indéniable.
Métropolis (1917)
Ses influences sont multiples. Ses débuts sont marqués par le Jugendstil (Art Nouveau). On retrouve
le futurisme italien avec son dynamisme et sa qualité visionnaire dans une oeuvre comme La Ville
(1916). Puis c'est la période dadaïste avec des photomontages et des collages pour des
publications satiriques qu'il anime. L'expressionnisme est ensuite très présent, notamment dans
Ecce Homo, un recueil d'aquarelles antireligieuses et antimilitaristes.
Ecce Homo (1923)
D’après : Charlotte DENOËL (article restructuréà destination des 3èmes)
Extraits de : http://www.histoireimage.org/site/oeuvre/analyse.php?i=183&d=391
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