demeure" - évidemment! Mais ce n'est pas parce qu'on trouve "tout" partout qu'il n'y a pas de
temps en temps un corps qui compte - qu'il y en a un qui fait "l'oeuf"; même s'il s'agit de ça.
Et puis il y a aussi beaucoup de rois qui sont restés dans les jupes de leur mère; tandis
qu'enfin, la similitude entre les légendes de l'origine de Sargon et de Moïse, est absolue en
tous points; ce qui n'est pas le cas des autres qui différent partiellement - c'est ce que Freud
remarquait... quoiqu'encore... il l'oublie tout de même rapidement; durant tout son livre sur
Moïse il n'y revint jamais. D'ailleurs si vous avez lu qu'il s'appuie sur les travaux de son
disciple Rank pour noter rapidement l'opinion de ce dernier: "l'organisation de la légende de
Moïse était dépendante de raisons nationales"; de tout cela ensuite, Freud ne parle plus. Il ne
s'agit que des premières pages du livre - vous savez que dans toute la suite, une fois
qu'Akhenaton est à son tour relégué à l'extérieur, il ne considère que l'affaire sous l'angle
d'une phénoménologie interne au peuple hébreu. Mais rien n'empêche que nous puissions
continuer à nous poser la question. D'autant qu'Akhenaton, si même il n'avait pas passé sa
jeunesse vers la Babylonie, en avait manifestement adopté certains cultes, l'inceste maternel
par exemple. Alors si nous ne refermons pas la question...
Lange brusquement s'était tu impromptu, presque en suspens. Fred n'était pas habitué à ce
rythme. Il mit un moment pour comprendre qu'il lui fallait faire la réponse:
- Cela signifie donc que l'Atonisme plonge certaines de ses racines en Mésopotamie.
- Oui, mais nous ne savons pas d'où vient Sargon; est-il tête-noire, comme les Akkadiens et
Sumériens qu'on dira Ethiopiens; est-il "blanchi"? On ne connaît pas son père; il dit que les
frères de son père vivaient sur la montagne. D'autre part Horus lui-même, bien avant
2300avJC, n'est pas loin de naître dans une pareille nacelle du coté de l'Egypte déjà unifiée
depuis de nombreux siècles (Narmer, 3200avJC). Par définition, nous ne savons pas les
origines de Sargon. Akkadiens et Sumériens ont deux langues différentes; tous deux se
coordonnent à la première des écritures, les médiatisant, dit-on, à Ur. De Sargon nous ne
connaissons que son futur, d'une certaine manière - car la mémoire, à l'époque n'était pas mise
en pièce. Avez-vous médité sur le caractère toujours établi du Savoir quand l'initiation secréte
et ésotérique était institutionnelle - c'est tout à fait différent de ces pertes à la Masse que nous
nous autorisons maintenant pour d'autres bénéfices. A l'époque les formations d'idées
n'étaient pas les fondations idéologiques systématiques où l'Inconscient se reconnaît. A
l'époque, la mémoire se gardait, sans critique mais aussi sans perte. C"est assez tard que
Ramsès prétendit qu'Akhenaton avait fait semblant d'être prophète, ou plus tard que César fit
semblant d'être Alexandre, et combien d'autres, plus semblants que signifiants... Le Semblant
dédoubla donc l'Histoire bien plus tard; à l'époque babylonienne, quelque chose tenait des
temples qui n'avait pas été mêlé ailleurs. Ce qui fait que lorsque bien plus tard (723avJC) un
roi si fit nommer Sargon - et qu'il n'y en avait pas eu beaucoup d'autres puisqu'il se proclama
Sargon.2, c'était dans le droit fil d'un système qui avait des coordonnées précises et cette
organisation extrêmement rigoureuse et pure, qu'on appelle remémoration.
Fred retrouva Lange, toujours prêt à parler, voire dire n'importe quoi, intarissable; mais
pourtant quelque chose semblait le retenir. On eut dit que le commentateur ne cherchait plus à
se faire entendre. En même temps, malgré une indéfinissable subtilisation du ton, il
poursuivait:
- Or Sargon.2 apparut fort tard. Après Ramsès.2, même. Au moment où la Babylonie,
devenue depuis longtemps l'Assyrie allait définitivement disparaître sous les hordes
d'Alexandre de Macédoine. On eut dit que Sargon.2 réglait le compte, soldait la Babylonie