La sculpture : « art noble » du Moyen Age
Le passage du MA à la Renaissance dans la sculpture : XIIIe - XVe s.
Introduction : la place de l’image dans la culture médiévale.
La culture médiévale est, comme la nôtre une culture de l’image. La fonction de l’image est
cependant très différente de notre temps. A l’époque il s’agit d’objets de culte, d’offrandes et non
pas d’œuvres d’art.
Les artistes du Moyen Age ont su développer un rapport original entre la figure et le fond, la
construction de l’espace ne se faisant pas en perspective mais par superposition de
figures qui, de l’arrière vers l’avant, prennent place sur leur surface d’inscription. Sur un
fond d’or ou en tout cas sans profondeur se détachaient plus ou moins fortement des figures,
des décors, des éléments naturels, des objets.
Ainsi, les représentations ne visent pas au réalisme, mais se conforment à des codes
symboliques ; rendre visible ce qui est invisible ou absent.
L’image s’inspire du texte (Bible, « vies » des saints) mais n’est pas une simple illustration du
texte. Elle suit ses propres codes, ses propres structures avec la disposition des figures (p.ex La
Vierge et l’archange Gabriel dans l’Annonciation) ou à travers les relations entre les
personnages, entre personnages et décors etc. Entre tous ces éléments il existe des
relations formelles ou symboliques.
Sculpture et peinture sont par excellence les arts de l’image même si comme on l’a vu l’église
romane ou gothique est elle même, par sa structure, ses formes, une image.
Nous étudierons surtout la sculpture monumentale en façade ou à l’intérieur des églises.
C’est un art coûteux qui renaît à partir du XIe siècle avec l’essor des villes et l’enrichissement
des seigneurs mais aussi par la volonté politique des empereurs germaniques
1. La sculpture monumentale « proto-romane » au nord des Alpes.
Entre le Xe et le milieu du XIe siècle, le principal foyer artistique européen est l’empire
germanique sous la dynastie des ottoniens.
Auparavant dès l’époque carolingienne on assiste à un essor de la sculpture d’objets de
culte : antepedia, reliquaires…, crosses trônes. La statuaire était rejetée pour deux raisons :
les arts des peuples germaniques n’étaient pas anthropomorphes, ils excellaient dans l’art
abstrait, les arts du trésor (pierres précieuses, orfèvrerie : bronze, bois, or) mais pas dans l’art
monumental de la pierre.
Nous allons étudier deux exemples caractéristiques de deux grands foyers de cette
« renaissance artistique» au début de l’époque romane : la réapparition de la sculpture
monumentale dans l’espace germanique.
Contexte.
Le style ottonien se déploie dans les milieux proches du pouvoir impérial, fin Xe - première
moitié du XI siècle dans l’Empire germanique (appelé aussi « proto-roman » C’est la 2e
« renaissance après celle des carolingiens (plutôt dans les domaines du manuscrit et de
l’architecture).
-> La sculpture ottonienne (962 avec Otton Ier - Henri II 1024).
Elle se caractérise par une aspiration monumentale (à côté de la sculpture mobilière :
objets de culte etc.) tout en utilisant les techniques de création d’objets (tradition germanique)
en particulier les bronzes). Les empereurs héritiers de l’Empire de Charlemagne favorisent
l’esor des arts.
Exemple 1.
L’Antepedium de la cathédrale de Bâle : offrande de l’empereur Henri II (1014-1024) et de
l’impératrice Cunegonde.
L'antependium est l'élément de décor qui ornait le devant d'un autel. Durant le haut Moyen
Âge, on en réalisa de nombreux en orfèvrerie, mais très peu sont conservés aujourd'hui.
Iconographie.
Cinq personnages sont représentés sous des arcades séparées par des colonnettes :
au centre, le Christ est entouré par les trois archanges Raphaël, Gabriel, Michel et saint
Benoît, le " père des moines d'Occident ". Aux pieds du Christ, sont prosternés deux petits
personnages : l'empereur germanique Henri II et l'impératrice Cunégonde, donateurs de
l'antependium. Le devant d'autel était peut-être destiné à l'abbaye du Mont-Cassin, l'abbaye
mère de l'ordre fondé par saint Benoît, ou à un autre important monastère bénédictin.
Technique
L'antependium de la cathédrale de Bâle est fabriqué selon la technique du métal repoussé.
La feuille de métal est travaillée sur l'envers du décor pour repousser les reliefs puis sur
l'endroit afin de faire ressortir les formes définitives. Le travail de ciselure se fait toujours sur
l'endroit.
Pour cette opération, il est nécessaire d'utiliser des outils tels que la bouterolle. Celle-ci
comporte une tête arrondie ou d'une forme appropriée à l'effet recherché. Elle est de section
plus ou moins grosse.
Le repoussé peut être réalisé en bas relief ou en ronde-bosse. Il présente sur l'envers le
négatif en creux du motif de l'avers ainsi que la marque des outils utilisés.
Exemple 2. Hildesheim : portes et colonne.
Deux grands chefs d’œuvre de la sculpture ottonienne (avec Mayence…) commandés par
l’évêque Bernward (précepteur d’Otton III impulse ces créations)
-> Les portes représentent l'histoire du péché originel comparée à l'histoire de la
Rédemption (vie du Christ), dans un style expressif, proprement ottonien ; elles s'inspirent
pourtant des modelés carolingiens (manuscrits).
Détail : Un effort plastique dans la saillie (plus ou moins forte) d’une ampleur
exceptionnelle.
Déroulement cyclique par registres, mouvement hérité de l’enluminure carolingienne.
Résumé de la doctrine chrétienne qu’on retrouve dans d’autres œuvres mobilières à l’intérieur
de l’édifice.
-> La colonne en bronze traduit les aspirations politico-religieuses des cercles du pouvoir
impérial.
http://tinyurl.com/4pymc9 (soyez patients la page est un peu longue à charger mais les
images sont de grande qualité, décochez les cases en haut de l’image avant de cliquer sur le
vignettes pour agrandir).
Source d’inspiration de cette colonne monumentale : les colonnes triomphales Trajane (113) et
de Marc Aurèle (174-192) ici c’est à la gloire du Christ que la colonne a été érigée avec un
crucifix détruit. Aux victoires de l’empereur contre les barbares répond la victoire du Christ
contre la Mort et le Mal.
C’est une belle illustration de l’idéologie impériale, un art au service du pouvoir (comme en
Orient -> les empereurs d’Occident cherchant une légitimité politique / Byzance (Empire romain
d’Orient seul « héritier » légitime de l’empire romain une légitimité religieuse dans des territoires
encore insuffisamment christianisés
Transition : du XIIe –> XIIIe siècles : le renouveau stylistique d’abord du roman (Saint-
Gilles-du-Gard) puis du gothique, de la statue colonne de Chartres à la statue humaine en
ronde bosse aux piédroits et aux ébrasements des portails.
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