Martine GROSDIDIER, cadre infirmier hygiéniste, travaille dans un centre de rééducation
fonctionnelle et est attachée à la cellule régionale d'hygiène de Nancy-Vandieuvre à Brabois (
région Lorraine) . Référente pour sa région, elle se propose de nous faire bénéficier des
travaux menés avec ses collègues chargées des missions de prévention des infections
nosocomiales.
La lutte contre les infections nosocomiales est un véritable objectif de santé publique
pour les années à venir; cette lutte doit monopoliser tous les acteurs d'activités médicales et
para-médicale. Tout est affaire de bonnes pratiques et celles-ci doivent s'enseigner; c'est ainsi
que l'infirmière hygiéniste joue un rôle prépondérant, assurant à la fois l'enseignement et la
vérification de la mise en œuvre de ces pratiques.
L’infection nosocomiale est un véritable fléau de santé publique aux conséquences majeures .
Chaque année, 600 000 à 1 100 000 patients hospitalisés sont victimes d’infections nosocomiales entraînant 10
000 décès. Sur le plan économique, le coût global est estimé entre deux et cinq milliards de francs.
Le ministère de la Santé a déclenché un plan de lutte dès 1995, mais il ne peut se réaliser que si tous les
professionnels de santé qui interviennent dans toutes les structures de soins prennent conscience de la situation et
se mobilisent. La lutte contre les infections nosocomiales est une activité interdisciplinaire ; si une catégorie
professionnelle ne s’y intéresse pas , elle peut réduire à néant les efforts de toutes les autres. L’infection
nosocomiale est un indicateur de non qualité des soins pour un établissement
C’est pourquoi les rééducateurs et les réadaptateurs doivent s’engager dans la prévention et la
lutte contre l’infection nosocomiale. Malheureusement, ils ont pris un certain retard dans ce domaine. Le
manque de référence dans la littérature de rééducation est symptomatique ;
Le risque infectieux est important et reconnu à l’hôpital. Cependant la situation des réadaptateurs au
sein de l’hôpital paraît plus ambiguë que celle d’autres professionnels. L’infirmier(e) a un rôle bien déterminé ; il
exerce dans une seule unité, accueillant le même type de patients et se réfère à des protocoles de soins précis en
matière de prévention des infections nosocomiales. A l’inverse, le rôle du réadaptateur est plus complexe. Le
faible effectif le conduit à une activité dans divers services voire différents sites. Les soins prodigués au cours
d’une journée s’adressent à des patients de tous âges et atteints de pathologies variées. Pour l’application de ses
techniques, le réadaptateur un matériel divers et parfois complexe.
En centre de réadaptation le risque d’infections nosocomiales paraissait plus faible mais avec
l’apparition et la progression des bactéries multirésistantes, les données sont modifiées. D’après différentes
enquête de prévalence, le taux des BMR stagne et augmente dans les unités de soins de réadaptation et de soins
de longue durée. Le risque infectieux est sournois dans ces structures ;Les séjours de plus en plus courts à
l’hôpital avec transfert rapide vers les centres de moyen ou long séjour favorisent la dissémination des BMR . La
concentration de patients, au statut infectieux souvent inconnu ( ils peuvent être colonisés) qui cohabitent dans
les salles de traitement et dans toutes les activités de la vie journalière, l’augmentation des patients fragiles
(immunodéficients, âgés, cancéreux), les aller-retour des patients entre les centres et l’hôpital accroissent le
risque de transmission des BMR.
Contrairement à l’infirmier (e) et à l’aide-soignant(e), le kinésithérapeute, l’ergothérapeute et
l’orthophoniste ne recevaient pas ou peu de formation initiale à la prévention des infections nosocomiales. C’est
pourquoi il est important que tous acteurs de la réadaptation, quel que soit leur lieu d’exercice, puissent se référer
à des recommandations, d’autant plus que la pratique de ces différentes professions expose à un risque
infectieux.
Quels sont les dangers potentiels microbiens pour le malade en rééducation à l’hôpital ou au
centre ?
1 . L’activité transversale
Les kinésithérapeutes n’ont pas d’unité de lieu de travail, ils passent de chambre en chambre, de service en
service et peuvent ainsi être des vecteurs de l’infection nosocomiale.