HABITAT ET SANTE : Le radon, un élément cancérigène « ignoré » dans l’habitat ? 1 Préambule Dans nos villes, nous passons entre 80% et 90% de notre temps à l’intérieur d’ouvrages de construction (locaux de travail, école, domiciles, etc.). Les polluants (facteurs de risque), à l’intérieur de ces ouvrages, possèdent des origines multiples: air extérieur, produits de construction, appareil à combustions, activités humaines ou animales et sont de natures: chimiques (CO, COV, etc.), physiques (amiante, fibres, etc.) ou biologiques (moisissures, allergènes, etc.). Ces polluants peuvent être à l’origine de pathologies graves avérées ou suspectées. (Document : Bâtiment et Santé, METL et MES) La santé de l’homme est ainsi largement tributaire de la qualité de l’air intérieur des bâtiments dans lesquels il évolue, et justifie une politique de prévention vis-à-vis des risques sanitaires. « Des politiques nationales de gestion des risques sanitaires ont été développées soit pour des matériaux et composants présentant un risque certain pour la santé: amiante, plomb, monoxyde de carbone, soit en raison de fortes présomptions d’effets nocifs » (« Bâtiment et Santé ». Ministère de l’Emploi, de la Cohésion Sociale et du Logement -Juillet 2006). Si ces politiques sont installées pour le monoxyde de carbone, l’amiante et le plomb avec un dépistage systématique et l’obligation de travaux correctifs, d’autres sont en cours de développement (gestion du risque radon uniquement pour certains E.R.P.) ou au stade des études de terrains (concentrations en C.O.V. dans les écoles - DRASS Rhône-Alpes 2008). Présente dans un département à risque radon, la ville d’Aix a engagée, depuis 2000, la mise en conformité de ses E.R.P et une politique de sensibilisation et d’aides techniques auprès des particuliers et des professionnels. 2 Caractéristiques et origines du radon Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle, produit par la désintégration de l’Uranium et du Thorium, présents dans la croute terrestre. Le radon et ses descendants émettent en se désintégrant des rayonnements ionisants: particule Alpha (noyau d’hélium) et Beta (électron). Ces particules ont la possibilité de se déposer sur les cellules des parois des voies respiratoires, d’endommager l’A.D.N. cellulaire et de provoquer des lésions cancéreuses 1 La croute terrestre contient en moyenne de l’ordre de 3g/t d’Uranium et 10g/t de Thorium (Par comparaison, un gisement d’or, économiquement, exploitable contient environ 6g/t). L’Uranium est très soluble en particulier sous sa forme oxydée (hexavalent), avec des concentrations pouvant atteindre 2mg/l (pH 8). Le radon se retrouve principalement dans les zones de socles granitiques et volcaniques, avec cependant une possibilité de présence associée à des gisements « secondaires » de type sédimentaires liés aux produits de démentellement par l’érosion des régions de socle, au lessivage des formations initiales ou aux circulations hydrothermales (solubilité de l’Uranium), etc. En Suisse, deux régions sont identifiées à risque radon : Le Jura calcaire Les Alpes, En France, 31 départements sont classés prioritaires pour le risque radon dont la Savoie. 3—Santé Publique Selon, le bulletin du 15 mai 2007 de l’Institut de Veille Sanitaire (InVS) « entre 1 234 et 2 913 décès par cancer du poumon serait attribuable chaque année à l’exposition domestique au radon, soit entre 5 % et 12 % de décès par cancer du poumon » (Rappel: 26746 décès par cancer du poumon en 2004 en France). En Corse, département classé prioritaire radon, « le risque de décéder d’un cancer du poumon attribuable au radon est compris entre 21,5 % et 28 %, soit 33 à 44 décès /an pour un total de 155 décès /an par cancer du poumon » (InVs Février 2006). Le radon constitue la première source naturelle de radioactivité. Parts de l’irradiation effective subie par la population. (Office Fédéral Helvétique de la Santé Publique) 2 4 Les voies d’entrées dans le bâtiment Parts de l’irradiation effective subie par la Population. (Office Fédéral Helvetique de la Santé Publique) Direction de la Santé du Quebec 5 Les solutions techniques Les techniques utilisées visent à diminuer la présence du radon au sein d’un bâtiment d’une part par la dilution de sa concentration dans le volume habité (ventilation) et d’autre part en empêchant le radon venant du sol d’y pénétrer (étanchement, traitement du soubassement par ventilation, mise en dépression). Les travaux effectués, lors de la construction d’un bâtiment, sont d’un coût très acceptable, contrairement aux solutions curatives réalisées à posteriori. Ces réponses peuvent se cumuler pour une meilleure efficacité. 6 Réglementation française actuelle L’arrêté du 22 juillet 2004, relatif aux modalités de gestion du risque lié au radon dans les lieux ouverts au public, cible quatre catégories d’Etablissements Recevant du Public : enseignement, sanitaires et sociaux disposant d’une capacité d’hébergement, les établissements thermaux et les établissements pénitentiaires devant faire l’objet de mesures avec des niveaux d’actions de 400 Bq/m3 et 1000 Bq/m3. Il n’existe pas de valeurs réglementaires pour l’habitat. 7 Propositions pour diminuer le risque radon . 8.1 Information, communication Sensibiliser au risque radon et à sa gestion technique les professionnels : Architectes, Professions de santé, Bureaux d’études, Maîtres d’œuvre, Administrations, Chauffagistes, Techniciens de la ventilation, etc. en incluant ces thèmes dans le cursus des formations initiales et continues. Cette gestion doit être pluridisciplinaire (qualité de l’air, énergie, etc.). Informer le grand public du risque radon et vulgariser les réponses techniques. Regrouper dans une base facilement consultable, les données des campagnes de mesures radon. 8.2 Etudes Engager des études épidémiologiques, avec la création au préalable d’un registre cancer dans tous les départements pour mieux appréhender la relation de causalité : radon/cancer du poumon. Accroître le nombre de mesures de radon pour affiner la définition des secteurs sensibles. 3 . 8.3 Réglementation Etablir des normes réglementaires pour les bâtiments d’habitation et les locaux de travail. Imposer dans les départements prioritaires, pour les nouveaux bâtiments, les techniques constructives qui limitent la pénétration du radon dans l’habitation, pour ne pas accroître la population exposée. Inclure dans les diagnostics obligatoires pour les bâtiments existants (termites, plomb, amiante, etc.), le dépistage de la concentration en radon. Installer des dispositifs d’incitations financières, similaires aux incitations pour le thermique, afin d’encourager les propriétaires à effectuer le rattrapage dans les bâtiments existants. 9 Conclusions Représentant près de la moitié des décès de la route, le radon doit devenir une priorité de santé publique, avec l’installation d’une législation et d’une réglementation qui permettent: d’éviter des nouvelles configurations constructives favorables aux expositions domestiques et professionnelles et de connaître les valeurs d’exposition dans le bâti existant afin d’apporter les réponses techniques. Ces dispositions doivent s’appliquer dans un premier temps dans les 31 départements classés prioritaires, puis être étendues à l’ensemble du territoire. Car, en l’absence d’un seuil de risque, l’ensemble des départements peut subir l’incidence du radon sur la mortalité. Etabli par P. Michal D.G.A. Ville d’AIX LES BAINS 4