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La Passion du rural | Tome 2 | chapitre I
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monsieur Proulx me révélèrent un homme d’envergure comme on en croise peu dans
une vie.
Dans les semaines qui suivirent, Claude Lafleur m’invita, au nom de l’UPA, à
collaborer à la préparation des États généraux à titre de « conseiller externe et
coordonnateur d’une équipe de chercheurs », équipe qu’on me demandait de
constituer
. Un mandat inespéré dans lequel je me suis engagé avec exaltation, car je
pressentais que cet événement serait un point tournant dans la compréhension, la
redéfinition et la gouvernance des territoires ruraux au Québec.
Pour pouvoir porter un diagnostic juste sur la situation du monde rural, il fallait
disposer d’une connaissance actualisée de la ruralité contemporaine et de ses disparités
régionales. Cette connaissance serait fondée non seulement sur des données statistiques
des caractéristiques géographiques, démographiques, économiques et sociales des
communautés rurales, mais sur la dynamique de développement de ces communautés
plus ou moins articulée au monde urbain. Des analyses seraient alors possibles,
permettant d’établir des constats et de dégager des conclusions.
Sur la base de ces résultats, confirmant des réalités déjà observées ou appréhendées,
deux groupes de scénarios pouvaient être envisagées : i) ceux s’inscrivant dans la
poursuite des processus de déstructuration et de dévitalisation dans un contexte où les
milieux ruraux seraient abandonnés aux seules lois du marché et de la tendance à une
urbanisation de plus en plus prédatrice : scénarios fatalistes considérés d’ores et déjà
inacceptables ; ii) ceux répondant à une volonté de redressement des situations jugées
intolérables, exprimée par la mobilisation active des populations et la mise en œuvre de
politiques appropriées de développement rural au service d’une ruralité en pleine
transformation considérée nécessaire à l’occupation et à la prospérité du Québec. Ces
derniers allaient être retenus et servir à définir la trame de fond des États généraux.
Cette équipe sera formée en septembre 1990 de onze professeurs-chercheurs d’universités du Québec,
d’un professeur de Cégep et d’un étudiant au doctorat. Chacun est choisi en fonction de son domaine
d’expertise et un sujet spécifique lui est confié. Il s’agit de : Marcel Bélanger, géographe, Université Laval,
Jacques Brodeur, théologien, Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe, Christopher R.
Bryant, géographe, Université de Montréal, Yolande Cohen, historienne, Université du Québec à Montréal,
Serge Courville, géographe, Université Laval, Pierre Dansereau, écologiste, Université du Québec à
Montréal, Guy Debailleul, ingénieur agronome, Université Laval, Pierre Deslauriers, doctorant en géogra-
phie, Université de Montréal, Clermont Dugas, géographe, Université du Québec à Rimouski, Bruno Jean,
sociologue, Université du Québec à Rimouski, Claude Marois, géographe, Université de Montréal, Bernard
Vachon, géographe, Université du Québec à Montréal, Jean-Pierre Wampach, ingénieur agronome,
Université Laval. Les textes produits seront remis aux organisateurs des États généraux à la mi-novembre.
Ils seront pris en compte dans la phase finale de préparation des États généraux et seront réunis dans un
ouvrage collectif publié au quatrième trimestre de 1991 sous le titre : Le Québec rural dans tous ses états.
Sous la direction de Bernard Vachon, Boréal, 1991, 311 p.