Première partie : Accumulation du capital, organisation du travail et

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Première partie : Accumulation du capital, organisation du travail et
croissance économique :
On va dans ce premier chapitre explorer plus profondément la relation entre croissance et
développement. L’important est en effet déjà de comprendre la croissance peut avoir lieu et
quelles vont en être les conséquences.
Objectif : comprendre le phénomène de la croissance ainsi que ses causes et ses
conséquences.
Chapitre 1 : Les sources de la croissance :
Objectif : expliciter les raisons économiques pour lesquelles un pays
peut connaître un phénomène de croissance dans le temps.
On va donc dans ce premier chapitre explorer plus profondément ce qui cause la croissance en
en restant à un point de vue économique. Il s’agira d’être le plus clair possible et le plus
simple également pour bien comprendre les mécanismes principaux.
Objectif : isoler les causes de la croissance.
I. La croissance économique : une décomposition rapide de ses causes :
Pour comprendre la croissance et isoler ses causes, on va devoir dans un premier temps
rappeler ce qui permet de produire, et ensuite nous pourrons essayer de comprendre ce qui
permet d’augmenter la production d’une année sur l’autre.
Repartons du début.
Phase de prise de notes :
Comment mesurer ce qui est produit chaque année ? (On utilise le PIB)
Quelqu'un peut-il rappeler sa définition ?
PIB = ∑VA produites par les unités de production résidant sur le territoire national
Comment fait-on pour voir ensuite s’il y a de la croissance ou non ? (on calcule
un taux de variation, c'est-à-dire on utilise la formule [(VA-VD)/VD]*100).
Dans tous les cas, on utilise le PIB, donc on regarde la VA produite par les différentes
unités de production. On va donc devoir décomposer ces unités de production pour
savoir quelles sont les sources de la croissance.
Ceci est un rappel de 1ère.
Que sont les unités de production ? (On a les entreprises, les administrations et
les ISBLSM).
Qu’est-ce qui leur permet de produire dans les trois cas ? (On a besoin de
facteurs de production, précisément le travail, le capital circulant et le capital
fixe).
Peut-on à partir de déjà comprendre comment la croissance est possible ?
(Oui, car on va produire plus avec plus de travail ou plus de capital).
Bien, on voit déjà que la croissance est possible pour deux raisons, l’augmentation de
la quantité de travail et l’augmentation de la quantité de capital dans le processus de
production. Dans ce cas, on va parler de croissance extensive.
Sauf que, si on regarde de manière différente les choses, on se rend compte qu’il y a
toute une partie de l’augmentation de la production qui n’est pas liée à l’augmentation
de la quantité des facteurs de production. On doit alors introduite une troisième source
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à la croissance, c’est ce qu’on va appeler assez largement le « progrès technique ». Dans
ce cas, on parle non pas de croissance extensive mais de croissance intensive.
Si nous résumons, nous avons alors trois sources à la croissance :
Production par année est due à : Y = A.f(K,L)
Croissance en raison de : Augmentation de la quantité de travail Croissance
Augmentation de la quantité de capital Extensive
Augmentation du progrès technique Croissance
Intensive
Parmi ces sources de la croissance, c’est la troisième qui va être la plus importante parce
que c’est justement celle qui semble sans limite. C’est ce qu’on montré de nombreuses
études portant sur la question en économie.
Un des travaux classiques sur la question est celui de Carré, Dubois et Malinvaud, Les
sources de la croissance française, 1967 : selon eux, le progrès technique explique dans
les 70% de la croissance suivant la Seconde Guerre Mondiale.
Vérification : mesurer la production par le PIB, mesurer la croissance par la variation du PIB
dans le temps, trois sources de la croissance, deux extensives, une intensive, l’intensive est la
plus importante (70% selon auteurs pour 1945-1965).
II. Les sources de la croissance extensive : augmenter les quantités de travail et de
capital :
On va expliquer ce que signifie l’expression « croissance extensive ».
Comment l’augmentation de la quantité de travail et de la quantité de capital peuvent-
elle permettre de la croissance ?
A. Alimenter la croissance par l’augmentation de la quantité de travail :
Résumons déjà simplement les choses en partant d’un exemple.
Exemple : Prenons une île déserte.
Y vivent 20 habitants en âge de travailler et qui font partie de la population active. Ils
produisent ensemble pour 1000$ de richesses.
Imaginons maintenant qu’il y a 40 habitants en âge de travailler qui vivent sur cette île.
Est-ce que la production va rester la même ? Non, elle risque de changer.
Mais à quelle condition ? Que les personnes en âge de travailler supplémentaires
cherchent à produire. Donc à faire partie de la population active.
On a donc là un mécanisme très simple.
L’augmentation de la population active (personnes en emploi + personne cherchant un
emploi, c'est-à-dire les chômeurs) permet toutes choses égales par ailleurs la croissance
économique, c'est-à-dire l’augmentation durable de la production au cours du temps,
simplement car il y a plus d’individus qui désirent participer à la production
qu’auparavant.
Remarque :
Est-ce que cela veut-il dire que tout le monde est plus riche ? Non, on peut très bien
être le double d’individus et produire le double, voire moins.
Est-ce que l’on peut dire qu’il y alors du développement ? Pour répondre à cette
question, il faut rappeler ce qui constitue le développement : l’augmentation du niveau
de vie, mesuré par le PIB/hab. Donc, non, cf. ce qui est dit auparavant.
L’augmentation de la population active ne permet pas forcément le développement du
pays car le PIB/hab n’augmente pas forcément malgré la production plus importante.
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On peut maintenant s’arrêter sur une simple question.
Est-ce qu’il est possible d’avoir de la croissance avec augmentation de la quantité de
travail sans augmentation de la population active ? Pour répondre à cette question, nous
allons voir ce que défendent à l’heure actuelle différents rapports économiques et politiques
pour stimuler la croissance en France.
1 Volume de travail et croissance :
« Trois leviers de croissance ont été identifiés pour dynamiser la croissance de l’économie française.
[Le premier consiste à] augmenter le volume de travail. Par quelque façon que l’on envisage l’offre de travail, la
situation française est singulière, les Français travaillent moins en volume horaire annuel, en taux d’emploi et en
durée d’activité sur une vie. Une donnée synthétique permet de prendre la mesure de ce que certains nomment
[…] préférence collective pour le loisir, et qui traduit surtout pour nous l’ampleur du sous-emploi : un Français
consacre 48 % de ses années de vie au travail contre 58 % pour un Britannique et 60 % pour un Danois ».
P. Aghion, G. Cette, E. Cohen, J. Pisani-Ferry, Les leviers de la croissance française
Rapport du Conseil d’analyse économique, n°72, 2007
Question 1 : Décrire : Que préconisent les auteurs de ce rapport pour stimuler la croissance française ?
Question 2 : Expliquer : Quels sont les trois moyens que l’on peut envisager pour atteindre ce but ?
Question 3 : Expliquer : Selon vous, à quelle condition chacun de ces trois moyens peut-il permettre d’obtenir
de la croissance ?
On résume les 3 réponses par ce paragraphe.
On peut obtenir de la croissance, c'est-à-dire l’augmentation durable de la production,
en augmentant la quantité de travail fournie dans une économie toutes choses égales par
ailleurs, selon trois modes :
- augmentation de la durée du travail (supprimer les 35h par exemple)
- augmentation du nombre de personnes employées (réduction du taux de
chômage)
- augmentation du nombre d’années passées en emploi (retardement du
départ en retraite).
B. Alimenter la croissance par l’augmentation de la quantité de capital :
On passe maintenant au deuxième facteur de la croissance extensive, l’augmentation de la
quantité de capital. Cette source est plus importante que la première et mérite un petit examen.
On va chercher à voir ce qu’il se passe quand on augmente la quantité de capital. Pour ce
faire, on va d’abord définir cette augmentation de capital puis on va voir bien son effet sur la
croissance.
1. Investissement et FBCF :
Rappel de 1ère. Tout d’abord, on va parler de cette augmentation de capital en général.
Mais, dès le départ, on va restreindre l’analyse : en effet, on considère que
l’augmentation de capital qui contribue à la croissance, c’est l’augmentation de capital
fixe.
Pourquoi est-ce que l’on va faire cela à votre avis ? Quels sont les deux types de
capital ? Fixe et circulant.
Pourquoi est-ce que le capital fixe est plus important pour la croissance que le
capital circulant ? Car le capital fixe n’a pas besoin d’être renouvelé, contrairement au
capital circulant. Quand on a augmenté le capital fixe, on est quasiment sûr de pouvoir
produire avec ce capital fixe l’année suivante en plus de cette année. Donc on
augmente la production de façon durable, c’est bien la définition de la croissance.
Comment nomme-t-on l’augmentation de capital fixe en économie ?
L’investissement.
L’investissement est l’opération par laquelle un agent économique acquiert des biens ou
des services de production destinés à être utilisés dans plusieurs cycles de production.
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L’investissement est donc un flux de capital fixe entre deux périodes. C’est pourquoi on
nomme « Formation Brute de Capital Fixe » (FBCF) la valeur de l’investissement.
Est-ce que l’investissement se résume à l’achat de machines ? (non, on parle
d’investissements immatériels).
L’investissement porte sur l’achat de capital fixe, qui sont très généralement des
éléments matériels (acquisition de nouvelles machines, de nouveaux bâtiments ou de
nouveaux véhicules professionnels). Mais, depuis 1999, certains investissements
immatériels sont également intégrés (achats, dans le cadre des activités productives, de
logiciels ou de réalisations d’œuvres littéraires ou artistiques) dans le calcul de la FBCF.
Mais tous n’y sont pas, comme les dépenses de formation, ou les dépenses de publicité.
Cela dit, ces dépenses sont déjà très importantes, en raison de la diffusion des nouvelles
technologies et l’achat de logiciels.
Donc, pour résumer.
FBCF = Valeur de l’investissement matériel + Valeur de l’investissement immatériel
Regardons maintenant l’évolution de l’investissement matériel et immatériel.
Travaillons sur le document 3 page 58. Un élève. Que peut-on dire de l’évolution de
l’investissement immatériel par rapport à l’investissement matériel ? En France, selon
l’INSEE, on constate une proportion à peu près constante d’investissement matériel par
rapport à la valeur ajoutée autour de 16% de 1974 à 2002, tandis qu’on constate une
nette augmentation de la proportion d’investissement immatériel par rapport à la valeur
ajoutée, allant de 3,8% en 1974 à 8% à partir de 1995. Cette augmentation de
l’investissement immatériel est encore plus claire quand on constate qu’il représentait
21,2% de l’investissement matériel en 1974 et dans les 50% depuis 1995.
On doit malgré tout affiner l’analyse. On doit en effet voir qui va permettre l’augmentation de
capital fixe ?
Qui investit ? (L’investissement est surtout le fait des entreprises, mais il est
également réalisé par d’autres agents économiques).
Travaillons sur le document 1 page 58. Un élève. Que dire de la structure de
l’investissement en France en 2005 ?
En France, en 2005, selon l’INSEE, on constate que la moitié de l’investissement est
réalisée par des sociétés non financières. Ce sont les nages qui arrivent deuxième,
avec 27,7% de la FBCF totale, par leurs achats immobiliers. (Pourquoi est-ce considéré
comme un investissement économiquement parlant ? Car le ménage, en payant une
entreprise pour un achat immobilier, contribue à l’activité économique). Puis les
administrations, avec 16,5% de la FBCF totale, par leurs investissements productifs de
tout type.
Parler d’investissement et de FBCF ne doit donc pas être réducteur aux entreprises.
Tous les agents économiques, de l’entreprise au ménage investissent et contribuent ainsi
à l’augmentation du capital fixe de l’économie.
Vérification : l’investissement est le fait de tous les agents économiques, en premier les
entreprises (50%), puis les ménages (25%), enfin les administrations (16%).
2. L’effet contrasté de la FBCF sur la croissance :
Est-ce que l’investissement, c'est-à-dire l’achat de capital fixe, favorise la croissance
économique ?
Pour répondre à cette question, on peut travailler sur le document 2 de la FD.
On rétroprojette en même temps le document pour bien leur montrer la lecture, avec la
différence entre les évolutions et les chiffres absolus.
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Document 2 La relation entre investissement et croissance :
-8,0
-6,0
-4,0
-2,0
0,0
2,0
4,0
6,0
8,0
10,0
12,0
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
0,0
50,0
100,0
150,0
200,0
250,0
300,0
350,0
400,0
Evolution du PIB en volume (échelle de gauche)
Evolution de la FBCF en volume (échelle de gauche)
Montant de la FBCF en milliards d'euros 2000 (échelle de droite)
INSEE, Comptes nationaux, 2009
Question 1. Peut-on dire qu’il y a des années il n’y a pas d’investissement ? Lesquelles ? Justifiez votre
réponse.
Question 2. Peut-on dire qu’il y a des années il y a une réduction de l’investissement ? Lesquelles ? Justifiez
votre réponse.
Question 3. Peut-on dire qu’il y a des années où il y a un ralentissement de l’investissement ? Lesquelles ? Et
une accélération de l’investissement ? Lesquelles ?
Question 4. Entre le montant de la FBCF et l’évolution de la FBCF, laquelle explique le mieux la croissance ?
Justifiez votre réponse.
Question 1. Années sans investissement : aucunes. Le montant de la FBCF est toujours
supérieur à zéro (échelle de droite).
Question 2. Années avec réduction de l’investissement : 1981, 1982, 1983, 1984, 1991,
1992, 1993, 2002. Ce sont les seules pour lesquelles l’évolution de la FBCF est négative
(échelle de gauche).
Question 3. Années avec ralentissement de l’investissement : 1989, 1990, 1996, 1997,
2000, 2001, 2006, 2008. Ce sont les seules années pour lesquelles l’évolution de la FBCF
est inférieure à celle de l’année précédente. Années avec accélération de
l’investissement : 1980, 1985, 1986, 1987, 1988, 1994, 1995, 1998, 1999, 2003, 2004, 2005,
2007. Ce sont les seules années pour lesquelles l’évolution de la FBCF est supérieure à
celle de l’année précédente.
Question 4. On constate que l’évolution du PIB suit l’évolution de la FBCF.
Attention : ce qui compte, ce n’est pas l’investissement en soi, mais son évolution par
rapport à l’année précédente.
Si on résume alors la relation importante, on constate que l’on a :
Accélération de l’investissement Accélération de la croissance (de la production)
Ralentissement de l’investissement Ralentissement de la croissance (de la production)
Remarque : pourquoi n’y a-t-il pas une relation simple entre FBCF et croissance ?
A votre avis, revenons un petit peu sur l’investissement. A quoi sert
l’investissement ? A acheter de nouvelles machines, notamment pour remplacer les
anciennes. Si on ne fait que remplacer les anciennes, on ne produit pas plus.
Il est en effet nécessaire de distinguer entre l’investissement brut, mesuré par la FBCF, et
l’investissement net.
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