LA PLACE DE L’HOMME SUR TERRE
Introduction
L’ensemble des êtres vivants se caractérise par une unité qui traduit une ori-
gine commune. Ils sont tous constitués de cellules, l’ADN représente leur in-
formation génétique, les mécanismes d’expression des gènes sont universels.
Toutes les espèces sont plus ou moins étroitement apparentées. Comment
peut-on situer l’Homme au milieu de ces êtres vivants ?
La place de l’Homme sur Terre
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La place de l’Homme sur terre
P L A N D U C O U R S
I. DE L’ANTHROPOCENTRISME AU CREATIONNISME
A. Dans l’Antiquité
B. À la Renaissance
C. Pendant le siècle des Lumières
D. Au XIXe siècle : évolutionnistes contre créationnistes
E. Au XXe siècle : l’avènement de la génétique et l’eugénisme
F. Le retour du créationnisme
II. L’HOMME ET LES AUTRES ANIMAUX
A. La parole chez les animaux
B. Le cerveau des primates
C. Ce qui distingue l’Homme du Chimpanzé
D. Génétique des primates
III. LA PLACE PARTICULIERE DE L’HOMME
A. Les animaux et la conscience
B. La singularité de l’Homme
IV. L’EVOLUTION
A. Qu’est-ce que l’évolution ?
B. Pourquoi évoluer ?
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I. D E L A N T H R O P O C E N T R I S M E A U C R E A T I O N N I S M E
A. Dans l’Antiquité
Démocrite (460-370 av. J.C.)
La nature est composée dans son ensemble de deux principes : les atomes (ce qui est plein) et le vide (ou néant). Les
mondes sont ainsi gouvernés par des forces créatrices aveugles, et il n’y a pas de providence.
Aristote (384-322 av. J.C.)
« Puisqu'en effet parmi les êtres les uns sont éternels et divins tandis que les autres peuvent aussi bien exister ou non et
participent au pire comme du meilleur ; comme l'âme est meilleure que le corps matériel, l'animé meilleur que l'inanimé
parce qu'il a une âme, comme être est meilleur que ne pas être et vivre que ne pas vivre, pour toutes ces raisons il y a
génération des animaux. Puisqu'il est impossible que la nature de ce genre d'être soit éternelle, c'est seulement dans une
certaine mesure que ce qui naît est éternel. Individuellement, il ne le peut pas. Mais il peut l'être du point de vue de l'es-
pèce. Voilà pourquoi il existe perpétuellement un genre des hommes, des animaux, des végétaux. »
Génération des animaux II, 1, 731b
L’anthropocentrisme
Consiste à considérer l’Homme comme l'entité centrale la plus significative de l‘Univers. Aristote a lancé le concept
d'anthropocentrisme en plaçant l’homme, cet « animal raisonnable », au sommet de la hiérarchie des espèces. Ce con-
cept est né en même temps que le géocentrisme.
Le géocentrisme
Conception du Monde consistant à placer la Terre au centre de l’Univers.
Pythagore (580-495 av. J.-C.)
Pythagore fut l’un des premiers à affirmer que la Terre était ronde. Il a posé les bases de l’héliocentrisme. D’autres py-
thagoriciens ont par la suite avancé l’idée que la Terre tournait sur elle-même.
Aristarque de Samos (310230 av. J.-C.)
Aristarque est connu grâce aux écrits d’Archimède. Il aurait développé l’idée que la Terre tournait autour du Soleil en
plus de tourner sur elle-même.
Ératosthène (276194 av. J.-C.)
Il est le premier à avoir établi avec une bonne précision la circonférence de la Terre grâce à des calculs géométriques
déduits de la taille des ombres portées au moment du solstice d’été dans deux endroits situés à des latitudes diffé-
rentes. Ses calculs donnèrent 39 375 km de circonférence à la Terre. La valeur mesurée de nos jours est de 40 075 km.
B. À la Renaissance
Copernic 1473-1543
Après de nombreux siècles de retour en arrière concernant l’étude du cosmos, l’idée communément admise à l’époque
de Copernic était que la Terre se situait au centre de l’Univers. Copernic a relancé l’idée de l’héliocentrisme. Ses idées
furent rejetées unanimement par les astronomes de son époque.
Galilée 15641642
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Galilée fut un fervent fenseur de la thèse copernicienne dont il démontra de nombreux points par le biais
d’observations sur les mouvements des planètes. La parution de son ouvrage intitulé Sidereus Nuncius lui valut d’être
condamné. La thèse de Galilée intéressa Descartes qui défendit alors l’héliocentrisme dans un ouvrage dont il ne publia
que des extraits accompagnés du célèbre Discours de la méthode. Les ouvrages de Galilée furent interdits jusqu’à la
moitié du XVIIIe siècle où le Pape Benoît XIV dût admettre suite à d’autres observations que la Terre pouvait peut-être
tourner.
« Moi, Galiléo, fils de feu Vincenzio Galilei de Florence, âgé de soixante-dix ans, ici traduit pour y être jugé, agenouillé
devant les très éminents et révérés cardinaux inquisiteurs généraux contre toute hérésie dans la chrétienté, ayant devant
les yeux et touchant de ma main les Saints Évangiles, jure que j'ai toujours tenu pour vrai, et tiens encore pour vrai, et
avec l'aide de Dieu tiendrai pour vrai dans le futur, tout ce que la Sainte Église Catholique et Apostolique affirme, pré-
sente et enseigne. Cependant, alors que j'avais été condamné par injonction du Saint Office d'abandonner complètement
la croyance fausse que le Soleil est au centre du monde et ne se déplace pas, et que la Terre n'est pas au centre du
monde et se déplace, et de ne pas défendre ni enseigner cette doctrine erronée de quelque manière que ce soit, par oral
ou par écrit; et après avoir été averti que cette doctrine n'est pas conforme à ce que disent les Saintes Écritures, j'ai écrit
et publié un livre dans lequel je traite de cette doctrine condamnée et la présente par des arguments très pressants, sans
la réfuter en aucune manière ; ce pour quoi j'ai été tenu pour hautement suspect d'hérésie, pour avoir professé et cru que
le Soleil est le centre du monde, et est sans mouvement, et que la Terre n'est pas le centre, et se meut. [...] »
René Descartes (1596-1650)
Descartes, bien que défendant la thèse héliocentrique, soutient dans son Œuvre la supérioride l’Homme sur les ani-
maux qu’il ne considère que comme des machines dénuées d’âme.
« Or, par ces deux mêmes moyens, on peut aussi connaître la différence qui est entre les hommes et les bêtes. Car c'est
une chose bien remarquable qu'il n'y a point d'hommes si hébétés et si stupides, sans en excepter même les insensés,
qu'ils ne soient capables d'arranger ensemble diverses paroles, et d'en composer un discours par lequel ils fassent en-
tendre leurs pensées; et qu'au contraire il n'y a point d'autre animal, tant parfait et tant heureusement né qu'il puisse
être, qui fasse le semblable. Ce qui n'arrive pas de ce qu'ils ont faute d'organes : car on voit que les pies et les perro-
quets peuvent proférer des paroles ainsi que nous, et toutefois ne peuvent parler ainsi que nous, c'est-à-dire en témoi-
gnant qu'ils pensent ce qu'ils lisent ; au lieu que les hommes qui étant nés sourds et muets sont privés des organes qui
servent aux autres pour parler, autant ou plus que les bêtes, ont coutume d'inventer d'eux-mêmes quelques signes, par
lesquels ils se font entendre à ceux qui étant ordinairement avec eux ont loisir d'apprendre leur langue. Et ceci ne té-
moigne pas seulement que les bêtes ont moins de raison que les hommes, mais qu'elles n'en ont point du tout : car on
voit qu'il n'en faut que fort peu pour savoir parler ; et d'autant qu'on remarque de l'inégalité entre les animaux d'une
même espèce, aussi bien qu'entre les hommes, et que les uns sont plus aisés à dresser que les autres, il n'est pas croyable
qu'un singe ou un perroquet qui serait des plus parfaits de son espèce n'égalât en cela un enfant des plus stupides, ou du
moins un enfant qui aurait le cerveau troublé, si leur âme n'était d'une nature toute différente de la nôtre. Et on ne doit
pas confondre les paroles avec les mouvements naturels, qui témoignent les passions, et peuvent être imités par des
machines aussi bien que par les animaux ; ni penser, comme quelques anciens, que les bêtes parlent, bien que nous n'en-
tendions pas leur langage. Car s'il était vrai, puisqu'elles ont plusieurs organes qui se rapportent aux nôtres, elles pour-
raient aussi bien se faire entendre à nous qu'à leurs semblables. C'est aussi une chose fort remarquable que, bien qu'il y
ait plusieurs animaux qui témoignent plus d'industrie que nous en quelques-unes de leurs actions, on voit toutefois que
les mêmes n'en témoignent point du tout en beaucoup d'autres : de façon que ce qu'ils font mieux que nous ne prouve
pas qu'ils ont de l'esprit, car à ce compte ils en auraient plus qu'aucun de nous et feraient mieux en toute autre chose ;
mais plutôt qu'ils n'en ont point, et que c'est la nature qui agit en eux selon la disposition de leurs organes : ainsi
qu'on voit qu'une horloge, qui n'est composée que de roues et de ressorts, peut compter les heures et mesurer le temps
plus justement que nous avec toute notre prudence.
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[…] Au reste, je me suis ici un peu étendu sur le sujet de l'âme, à cause qu'il est des plus importants : car, après l'erreur
de ceux qui nient Dieu, laquelle je pense avoir ci-dessus assez réfutée, il n'y en a point qui éloigne plutôt les esprits
faibles du droit chemin de la vertu, que d'imaginer que l'âme des bêtes soit de même nature que la nôtre, et que par
conséquent nous n'avons rien ni à craindre ni à espérer après cette vie, non plus que les mouches et les fourmis ; au lieu
que lorsqu'on sait combien elles diffèrent, on comprend beaucoup mieux les raisons qui prouvent que la nôtre est d'une
nature entièrement indépendante du corps, et par conséquent qu'elle n'est point sujette à mourir avec lui ; puis, d'autant
qu'on ne voit point d'autres causes qui la détruisent, on est naturellement porté à juger de là qu'elle est immortelle. »
Descartes
Discours de la Méthode (1637)
Blaise Pascal (1623-1662)
« Nous sommes composés de deux natures opposées, […] d’âme et de corps. »
Pascal
Robert Hooke (1635-1703)
Biologiste britannique. Il est le premier à avoir décrit les cellules, unités de base du monde vivant.
Antoni Van Leeuwenhoek (1632-1723)
Biologiste néerlandais. Il perfectionne les premiers microscopes et est le premier à observer des micro-organismes,
formes de vie unicellulaires invisibles à l’œil nu.
C. Pendant le siècle des Lumières
L'âme, selon certains courants religieux et philosophiques, est le principe vital, immanent ou transcendant, de toute
entité douée de vie (homme, animal, végétal). La vision du Monde de l’époque est fondée sur la croyance selon laquelle
la vie, la Terre, et par extension l'Univers, ont été créés par Dieu, selon des modalités conformes à une lecture littérale
de la Bible. Cette conception du Monde donnera naissance plus tard à la notion de créationnisme au XIXe siècle. C’est
cet héritage judéo-chrétien qui nous conduit à nous sentir supérieurs au monde animal.
Charles Bonnet (1720-1793)
Biologiste et philosophe suisse. Dans Palingénésie philosophique (1769). Bonnet défend l'immortalité de l'âme de l'être
humain mais aussi de celle des animaux. C'est un vaste essai où il puise à des connaissances très vastes comme la géolo-
gie, la biologie, la psychologie et la métaphysique pour décrire la vie sur Terre et son futur.
Voltaire (1694-1778)
Écrivain et philosophe français. Il dénonce dans de nombreux ouvrages le fanatisme religieux de son époque.
« Étrange imagination de Charles Bonnet. Je ne sais quel rêveur nommé Bonnet, dans un recueil de facéties, appelées par
lui Palingénésie, paraît persuadé que nos Corps ressusciteront sans estomac et sans les parties de devant et de derrière,
mais avec les fibres intellectuelles et d’excellentes têtes. Celle de Bonnet me paraît un peu fêlée ; […] je lui conseille
quand il ressuscitera, de demander un peu plus de bon sens et des fibres un peu plus intellectuelles que celles qu’il eut en
partage de son vivant »
Voltaire
D. Au XIXe siècle : évolutionnistes contre créationnistes
Charles Darwin (1809-1882)
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