Histoire de la Chine moderne
L’empire confucéen
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chinois parlent traditionnellement des trois religions de la Chine (en fait trois enseignement:
san jiao). Cette formule met sur un même plan: un système politique, social et moral, un
ensemble de pratiques mystiques, ésotériques, individuelles (le taoïsme), et une religion: le
bouddhisme.
Le taoïsme, à l’origine, est un courant de pensée de la Chine ancienne, d’avant le premier
Empire, qui se développe dans un corps de pratiques et de recettes qui permet à l’individu de
s’identifier au dao, et d’augmenter ses énergies individuelles. Son but est l’obtention de la
santé, de la pureté, de prolonger la vie, d’atteindre l’immortalité, par une hygiène physique et
mentale, avec l’idée que l’ataraxie, en empêchant les déperditions d’énergies causées par le
désir d’agir permet d’accroître la puissance intérieure et la longévité.
Le boudhisme est une religion qui pénètre en Chine au cours du premier siècle de notre ère
(cinq siècles après la mort de Boudha). Il met du temps à s’acclimater à la Chine en raison de
représentations totalement étrangères à la civilisation chinoise, comme la réincarnation ou la
transmigration des âmes, ainsi que l’idéal monastique et le célibat boudhiste. Il va contre la
culture des anciens, extrêmement ancrée en Chine. Le boudhisme s’adapte en prenant en
compte les considérations de la civilisation chinoise et les idées du taoïsme.
Mais l’inculturation du boudhisme par le taoïsme n’a jamais été complète.
La grande période du boudhisme en Chine est la dynastie des Tang (618-907). Mais dès la fin
de la dynastie des Tang, des réactions anti-boudhiste émergent, qui se confirment sous les
Song (960-1279).
§5.
La place du droit.
Le gouvernement de la Chine est le gouvernement par les rites, par la morale. Le bon
fonctionnaire est celui qui intervient le moins possible directement car le rôle du
gouvernement est de veiller au bon fonctionnement de la société. Ce qui compte, c’est sa
propre rectitude morale. Le fonctionnaire gouverne par l’exemple d’un comportement
vertueux, conforme aux rites. D’où une conception du droit qui n’est pas tout à fait la nôtre.
Le droit en Chine n’est pas un principe absolu, extérieur aux situations réelles. Il est plutôt
« une mise en forme de la morale » pour reprendre une formule du juriste français Jean
Escara. Le rôle du fonctionnaire est celui d’un arbitre. Il va chercher non pas à donner tort ou
raison aux parties, mais à restaurer l’harmonie sociale. Il cherche un compromis. Cette
conception découle de la prééminence des rites.
§6.
Le temps circulaire.
La conception du temps est liée à la conception du monde. Le temps chinois est un temps
circulaire, tandis que le temps Occidental est rectiligne c'est-à-dire orienté vers un terme.
Dans la tradition chinoise, il y a le système des dix troncs célestes (tian gan) et des douze
rameaux terrestres (di zhi), par lesquels les chinois désignent les années et les jours.
Si ils sont combinés cela nous donne soixante combinaisons qui correspondent au grand cycle
sexagésimal. Une fois achevé, on recommence au début.
Le cycle sexagésimal est le moyen le plus ancien de compter les années. La tradition attribue
à l’Empereur Jaune (Huang di) l’invention de ce système.
Ainsi le premier cycle commence en 2697 avant notre ère.
À côté, il y a le système des nianhao, ou des ères (nom de règne). À son avènement un
empereur promulgue une nouvelle ère. Il peut aussi, avant les Ming, décider de changer d’ère.