Séance plénière CESE Lorraine Vendredi 18 novembre 2011

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Séance plénière CESE Lorraine
Vendredi 18 novembre 2011
Rapport de situation économique, sociale et environnementale
Déclaration de la CFDT Lorraine
Patrice SANGLIER
Le rapport de Sitéco 2011 du CESE est d’une facture nouvelle. Il est le résultat, comme
d’habitude, d’un travail en profondeur et qui, dans sa partie diagnostic n’a pas laissé
grand chose de côté. Saluons donc la qualité de son écriture et la pertinence des
indicateurs développés qui participeront, à n’en pas douter, à crédibiliser ce document
et notre assemblée.
Mais le cru 2011 est marqué par la nouveauté et la prise de risque. Le choix a été fait
d’éclairer le débat régional en encadrant de deux parties nouvelles un travail de
diagnostic fouillé, méticuleux, ciselé.
La première partie livrant une proposition de ce qui semble être pour le CESE les
marqueurs de dynamique positive de ces cinq dernières années. Il était en effet utile de
présenter notre vision des arêtes du changement pour le bien du territoire. Cela peut
paraître d’une totale évidence ; c’est à voir d’autant plus qu’il ne s’agissait pas de
construire une liste à rallonges.
Notre assemblée a concentré son choix, après débat collectif, sur 8 axes de progrès :
construction métropolitaine via le réseau de villes du Sillon Lorrain, naissance de l’UdL
éligibilité sur certains appels à projets d’investissements d’avenir, développement de
projets « lourds » d’investissement dans certaines entreprises-phares, amorce démarche
innovante anticipation-mutation économique, une image culture-tourisme à la hausse,
une ruralité affichant l’excellence au travers de certains projets et enfin un progrès
incontestable sur le volet infrastructures de transport.
La CFDT adhère à ce tri sélectif opéré par notre assemblée. Même si nous savons
pertinemment que l’innovation est aussi ailleurs, nous estimons que ces 8 réussites sont
ont été autant des facteurs majeurs pour tenir la Lorraine à un bon niveau de
développement.
Venons-en à la troisième et dernière partie de ce rapport. A elle seule, cette partie
constitue un document de repérage des enjeux-clés et de proposition des possibles
leviers d’action. Cette dernière partie du rapport du CESE constituera aussi, et c’est en
cela qu’il prend un relief particulier, un texte de référence pour engager le dialogue avec
le Conseil Régional dans le cadre des travaux « Lorraine 2020 ».
Sur quoi souhaitons-nous insister à la CFDT sur cette vision des enjeux et leviers
d’actions pour donner du souffle à la Lorraine ?
Préalablement, il nous semble indispensable d’attirer l’attention sur l’extrême difficulté
à tracer une telle mise en perspective de la construction de l’avenir lorrain à dix ans. La
situation économique internationale est complexe. La crise, à multiples composantes,
installe l’Europe, la zone euro, notre pays et la Lorraine dans une situation de tension
extraordinaire et de possible vulnérabilité.
La crise n’empêche pas la projection, la prospective ou la réflexion stratégique. Mais elle
oblige à réaliser cet exercice tout en s’efforçant de faire preuve d’un maximum de
lucidité et à faire acte de rassemblement autour d’objectifs partagés. Ce qui nécessitera
d’opérer une hiérarchisation des leviers d’action qu’il faudra prioritairement mettre en
œuvre.
Nul doute que les stratégies des grands groupes en matière d’investissement et de
gestion de la main d’œuvre est mouvante et peu perceptible. Nul doute que l’accès au
crédit bancaire pour le réseau des TPE-PME va continuer à se durcir, les banques étant
centrées sur la reconstitution de leurs fonds propres. Nul doute enfin que la crise de la
dette publique des Etats mais aussi des collectivités publiques va raréfier l’argent public
disponible pour l’investissement. La construction budgétaire des collectivités de notre
territoire régional va s’en trouver très complexe. De même, l’édification des futurs
Contrats de Projet avec l’Etat et les programmes européens se fera sur des bases
budgétaires contraintes entrainant de réduire la voilure des intentions. Redisons-le
donc, on ne peut se projeter dans l’avenir de façon hors sol. Dégageons une vision
commune sur la nature des clés à utiliser pour le renouveau territorial mais gardons
bien à l’esprit que nous aurons sans doute, dans un second temps, à encore tailler dans
la masse de nos aspirations à faire pour construire une feuille de route cadrant avec les
possibilités de mobilisation budgétaire.
Pour notre part à la CFDT, nous avons tenté de repérer ce qui nous a semblé être des
éléments déterminants du changement, ceux sur lesquels, nous ne pouvons faire
l’impasse sous peine d’effondrement plus ou moins inéluctable. Nous avons fait le choix
de mettre prioritairement au débat 5 noeuds de problèmes ou 5questions majeures :
sur l’enjeu démographique, sur les trois leviers d’actions essentiels (formation,
recherche, métropolisation) et sur la méthode de gouvernance. Cinq questions que
notre organisation considère devoir être mises au centre du débat dans cette quête de
redynamisation de la Lorraine.
Que l’on s‘entende bien. La CFDT prône aussi la nécessité du développement de l’emploi,
de l’accompagnement des publics les plus fragiles, de la mise en oeuvre d’une politique
sanitaire ambitieuse.
Notre intervention a pour but de mettre en relief les nœuds de problème auxquels il faut
pouvoir apporter une réponse partagée pour donner un nouveau souffle à la Lorraine.
Enjeu démographique : la Lorraine doit retrouver une démographie dynamique
La Lorraine présente une stagnation de sa démographie. Depuis le début des années
2000, la croissance de son nombre d’habitants a été très marginale. Il s’agit de se mettre
d’accord sur le besoin d’un fort rebond démographique. D’aucuns pensent qu’il n’y a pas
lien direct entre démographie et état de santé socio-économique. Certes, dans cette
affaire de « poule et d’œuf », c’est toujours la même histoire. La démographie fait-elle
l’emploi ou l’emploi génère fait-elle la démographie. Pour notre part, une certitude, la
Lorraine doit gagner des habitants ; en retenir et en faire venir. Y a-t-il consensus sur
cette façon de penser les choses, il serait peut-être bon de commencer par là !
Premier levier d’action essentiel : l’élévation absolue du niveau de formation et de
qualification au-delà du baccalauréat
Ce qui ne veut pas dire que nous rejetons toute nécessité de lutte contre l’illettrisme, ou
toute action de qualification envers les publics non qualifiés. Notre vision des choses se
résume à la nécessité d’enclencher une dynamique du type « une nouvelle grande
« ambition formation » pour la Lorraine ». Cette ambition inclurait bien évidemment
les objectifs dirigés vers les premiers niveaux de qualification mais un des objectifsphares serait d’afficher « le plus de niveaux supérieurs, le plus de post-bacheliers
en Lorraine ». Condition sine qua none, à nos yeux, pour gagner la bataille de
l’innovation, de l’accroissement de la capacité régionale à développer des activités à
forte et très forte valeur ajoutée, à augmenter le nombre des emplois de cadres
métropolitains et plus globalement d’emplois créatifs en Lorraine. Notre région est trop
en retard en matière de qualification supérieure pour prétendre à gagner des parts de
marché sur ce type d ‘emplois et d’activités. Au moment où l’UdL prend ses marques, il
est l’heure d’afficher, en Lorraine, une mutation des objectifs stratégiques de
formation pour faire franchir un palier déterminant à notre région ?
Cette mutation des « objectifs formation » devra absolument inclure une question
essentielle. La Lorraine, qui prétend tirer partie des coopérations fortes avec ses voisins,
décide-t-elle de développer de façon ambitieuse l’apprentissage de la langue la plus
parlée de l’autre côté de la frontière à savoir l’allemand. N’est-ce pas la condition sine
qua none pour tenter tirer avantage de cet espace transfrontalier ?
Second levier d’action essentiel : le développement et la valorisation (de la
recherche publique) impérieux de la recherche (au service de la diversification et
de l’innovation)
Bien sûr, les cibles Ulcos, IDex-investissement d’avenir, Syndièse sont des projets
emblématiques qu’il faudrait que la Lorraine puisse gagner. Il est certain que notre
région entrerait dans une autre dimension si elle gagnait sur au moins voir sur ces trois
grands dossiers. Le rêve, en tous les cas l’espoir n’est pas interdit.
Mais au-delà de cette attente sur ces grands projets, nous devons considérer la faiblesse
de la recherche et développement dans les entreprises comme une réelle épine dans le
pied pour la conquête de nouveaux marchés par notre réseau lorrain des entreprises de
moyenne taille en particulier.
Faiblesse doublée d’une valorisation insuffisante de l’activité des laboratoires publics
installés en Lorraine.
Notre région doit mieux pouvoir s’appuyer sur le « levier Recherche ». Ce n’est qu’à cette
condition qu’elle pourra accroître la diversité de son économie et son potentiel de
captage des niches de développement à haute valeur ajoutée. Malgré les efforts déployés
ces dernières années, notre région affiche toujours une performance en deçà de ce qu’il
faut pour la faire réellement décoller.
Ce chantier doit, pour nous, être inscrit comme levier majeur de la reconquête
d’attractivité.
Troisième levier d’action esentielle : l’affirmation d’un réseau urbain métropolisé et
transfrontalier, moteur du renforcement de l’identité et de l’attractivité
Nous pouvons prendre le pari que l’organisation territoriale franchira encore un cap en
France et qu’elle aura tendance à consolider le niveau régional. Un phénomène de forte
différentialisation territoriale, dans notre pays, est à attendre à un horizon relativement
proche.
Mais cette évolution devrait découler en fait d’un double mouvement : d’une part une
régionalisation accentuée, d’autre part une métropolisation urbaine consolidée. Nous
prétendons que la puissance régionale ne peut aller de pair qu’avec de solides
centralités urbaines. Mais nous ajouterons, en même temps, que la réussite de cette
recherche d’attractivité et de puissance par régionalisation-métropolisation/centralités
n’est envisageable que si le niveau régional et les entités urbaines métropolisées se
préoccupent aussi et résolument, de l’aménagement des espaces de vie périphériques et
ruraux et de leurs différentes spécificités et fonctionnalités sur le territoire.
En Lorraine, il nous faut affirmer la nécessité de consolider notre armature urbaine qui
pourra produire davantage d’innovation et générer beaucoup d’activités et de services à
haute valeur ajoutée.
Le pari de ce plus de métropolisation se justifie par la nécessité à développer ce que l’on
appelle l’économie créative. Même si celle-ci peut trouver des racines en tous points du
territoire lorrain, nous savons aujourd’hui la corrélation forte entre puissance des
centralités urbaines et progression des activités créatrices comme des emplois
supérieurs qui font relativement défaut dans notre région.
Une partie de l’avenir de la Lorraine se joue donc dans sa capacité d’appui sur ses villes,
sur son réseau de villes métropolitain mais qui devra s’articuler avec une vitalité des
espaces interstitiels et ruraux.
Une dynamique de métropolisation qui ne trouvera tout son sens que s’il s’arrime
fortement aux entités urbaines de nos voisins frontaliers. Car la nécessité de faire
progresser cette économie créative évoquée précédemment, plus globalement la
nécessité de puissance de centralité doit aussi pouvoir trouver racine dans des
dynamiques de projets d’envergure et de coopérations dynamiques et puissantes au
niveau de la Grande Région, en particulier avec ses noyaux urbains.
L’enjeu de la méthode de gouvernance et de pilotage : la pactisation territoriale
C’est donc moins un levier d’action qu’un processus de méthode.
Nous savons le contexte difficile que traversent nos économies occidentales, contexte
qui va peser sur la construction des politiques publiques territoriales.
Notre région n’affiche pas un bilan d’excellente santé ; il y a des points de souffrance
incontestables. Heureusement, les raisons d’espérer et de croire aux capacités de rebond
ou de second souffle sont réelles.
Dans la période, un tel contexte oblige à un exercice de vision partagée. La Lorraine
n’avancera que si elle se rassemble autour d’une ambition portée par le territoire dans
son ensemble.
Tant la sphère du politique et des élus que celle des grandes forces
socioprofessionnelles doivent admettre cette nécessité. Il ne s’agit plus de tenter de
conclure un accord de coin de table. C’est une volonté plus forte de laisser les egos, les
bannières et les seuls intérêts de son lopin de terre pour fabriquer, rassemblés, un pacte
Lorrain du renouveau régional.
Un pacte qui engage et mobilise tous les acteurs, collectivités, institutions et organismes
majeurs et auquel adhérent les Lorrains.
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