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Revue électronique du CERCE
CE N T R E D 'E T U D ES E T D E R E C H E R C H E S C O M P A R A T I V E S EN E T H N O L O G I E
Dans cette perspective, une question d’ordre général s’impose d’emblée :
qu’est-ce qu’une bibliothèque d’ethnologie ? L’autre terrain de l’ethnologue ?
Terrain longtemps négligé auraient ajouté Kluckhohn et Kelly, dans la mesure
où, « à quelques exceptions remarquables près, les anthropologues sont réputés
parmi les chercheurs en sciences sociales pour leur négligence dans leurs
recherches en bibliothèque » (1945 : 83). Il est par ailleurs curieux de
constaterqu’aucun des trois guides bibliographiques en ethnologie/anthropologie
parus ces dix dernières années ne s’embarrasse de ce type de questions. Le vrai
problème consisterait à se procurer ce qu’il convient habituellement de lire et à
le localiser, nous indique-t-on dans Introduction to Library Research in
Anthropology. La difficulté tiendrait en fait à la définition de l’ethnologie, dont
les origines remontent à Hérodote alors que son institutionnalisation en tant que
discipline scientifique n’a guère plus d’un siècle (Johnson Black, 1991 : 1). Le
second, Cultural Anthropology : a Guide to Reference and Information Sources,
se voit assigner comme but, dans une perspective tout aussi large, de cerner une
« ‘littérature’ anthropologique qui peut prendre bien des formes » (Kibee, 1991 :
xv). Diversité des écrits, diversité des cultures et des thèmes de recherches,
devant lesquels le troisième, Fieldwork in the Library : a Guide to Research in
Anthropology and Related Areas Studies, propose tout simplement une approche
bibliographique inspirée de la très en vogue « théorie du chaos », qui « favorise
la structure de la recherche au détriment des agencements linéaires »
(Westermann, 1994 : xii). Pour déterminer les types de collections qui
composent un fonds d’ethnologie, chacun de ces trois guides se réfère aux
catalogues des grandes bibliothèques « spécialisées » qui, paradoxalement,
seraient justement, selon eux, ces hauts-lieux de l’hétérogénéité littéraire et
archivistique. C’est à des classifications grandement variables et arbitraires qu'il
nous est suggéré de nous en remettre pour découvrir en creux ce qui relève
directement ou non de l’ethnologie, ce qui est matériaux secondaires ou
disciplines annexes.
Devant tant d’approximation, il est nécessaire de s’intéresser à la place
occupée par l’ethnologie dans les bibliothèques, de réfléchir à l’histoire de leurs
fonds et à l’organisation actuelle des collections qui relèvent de cette discipline.
La contribution des ethnologues à la définition des enjeux scientifiques que
représentent bibliothèques, archives et centres de documentation est fortement
souhaitable. Il faut dire que ces dernières années, c’est surtout la question des
musées d’ethnologie qui a le plus retenu l’attention et suscité le débat. Certes, le
marché du livre ancien et défraîchi n’est pas comparable à celui des arts
« premiers », et la grande exposition mobilise davantage les masses que la
patiente et humble recherche du lecteur. Les vénérables sanctuaires du livre
tolèrent mal le ready-made. Pourtant bibliothèques et musées sont inséparables
dans l’histoire institutionnelle de l’ethnologie. Que l’on pense, parmi d’autres