dans ces modèles animaux.
Marie Dutreix explique que « tels des faussaires, les Dbait font croire à la cellule que le nombre de
dommages auxquel elle doit faire face, suite au traitement par radiothérapie, est beaucoup plus élevé que
la réalité. » Comment ? En monopolisant les systèmes de réparation à d’autres tâches que celles de la
réparation des dommages induits par la radiothérapie.
Les Dbait se font en effet passer pour des cassures double brin et capturent les protéines en charge de
leur réparation dans les cellules ; les systèmes de réparations alertent les cellules sur la « soi-disant »
gravité de la situation. Les cellules se croient submergées par un trop grand nombre de dommages. Se
trouvant dans l’impossibilité, selon elles, de restaurer leur intégrité, elles décident alors de s’autodétruire,
d’où une régression de la tumeur.
L’un des avantages de ces molécules leurres est lié à leur mode d’action. Comme elles ne ciblent pas une
protéine spécifique, mais un mécanisme général, il y a très peu de risque que les cellules développent une
résistance. Par ailleurs, l’effet de ces molécules n’est observé que dans la région traitée.
En outre la chimiothérapie agit aussi en endommageant le matériel génétique des cellules. Sergio Roman-
Roman, chef du département de Transfert de l’Institut Curie s’intéresse tout particulièremement à ce point :
« les Dbait pourraient – après quelques modifications – également accroître l’efficacité des
chimiothérapies. ».
Le champ d’action de ces petites molécules est très large et très prometteur ; les chercheurs et les
médecins travaillent désormais main dans la main pour tester les Dbait en clinique.
Référence
« Small molecular drugs mimicking DNA damage (Dbait): a new strategy for sensitizing tumors to
radiotherapy »
Maria Quanz1,3,4, Nathalie Berthault1,2, Christophe Roulin3, Maryline Roy1,3,4, Aurélie Herbette1,3,4, Céline
Agrario1,3,4, Christophe Alberti1,8, Véronique Josserand5, Jean-Luc Coll5, Xavier Sastre-Garau6, Jean-Marc
Cosset7, Lionel Larue1,8, Jian-Sheng Sun4,9,10,11, Marie Dutreix1,2,3
Clinical Cancer Research, 15 janvier 2009, vol. 15 (2)
1Institut Curie, Centre de Recherche, Orsay ; 2CNRS, UMR2027, Orsay ; 3Institut Curie, Hôpital, département de Transfert, Orsay ; 4DNA-
therapeutics, Genopole, Evry ; 5INSERM U578, La Tronche ; 6Institut Curie, Hôpital, département de Biologie des tumeurs ; 7Institut Curie, Hôpital,
Département de Radiothéapie, Paris ; 8CNRS UMR146, Orsay ; 9Muséum National d'Histoire Naturelle, USM503, Paris ; 10INSERM U565, Paris ;
11CNRS, UMR5153, Paris
Contacts presse :
Dbait : de la recherche fondamentale aux essais cliniques, un soutien continu de l’Institut
Curie
La découverte des Dbait est le résultat du Programme Incitatif et Coopératif « Instabilité génétique et
radio-résistance des tumeurs » coordonné par Marie Dutreix et le Pr Jean-Marc Cosset, radiothérapeute à
l’Institut Curie. Réservoir exceptionnel de savoir-faire et de nouvelles connaissances, les Programmes
Incitatifs et Coopératifs (Pics), originalité de l’Institut Curie, réunissent chercheurs et cliniciens pour tester
des hypothèses et valider de nouveaux concepts. C’est la diversité de ses ressources financières qui assure
à l’Institut Curie la possibilité de mettre en place de tels programmes.
Initié en janvier 2002 pour quatre ans, le Pic « Instabilité génétique et radio-résistance des tumeurs » a été
prolongé en 2006 par un programme de transfert dénommé « Dril » visant à valider l’intérêt des Dbait pour
améliorer la radiothérapie. Il se poursuit actuellement au sein du département de Transfert dirigé par Sergio
Roman-Roman qui cherche à évaluer les changements nécessaires pour étendre l’utilisation des Dbait en
chimiothérapie.
Ces travaux ont également abouti à la création de DNA Therapeutics dont le PDG est le Pr Jan-Sheng
Sun. Essaimage du CNRS, du Muséum National d’Histoire Naturelle, de l’Inserm et de l’Institut Curie, cette
société de biotechnologie prend en charge le développement des molécules Dbait, les études de toxicité et
la mise en place des essais cliniques.