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mathématique” vis à vis des mathématiques, des mathématiques mixtes et de la physique
générale et particulière
.
Partons donc plutôt de ce qui est sans conteste une préoccupation essentielle de D’Alembert,
“l’ordre généalogique des opérations de l’esprit”
, dont la déclinaison du “Discours
préliminaire” privilégie trois formes, la géométrie, la mécanique et l’astronomie : “Rentrés
enfin tout à fait dans le monde corporel, nous apercevons bientôt l’usage que nous pouvons
faire de la Géométrie et de la Mécanique, pour acquérir sur les propriétés des corps, les
connaissances les plus variées et les plus profondes. C’est à peu près de cette manière que sont
nées toutes les sciences appelées physico-mathématiques. On peut mettre à leur tête
l’Astronomie…”
Géométrie, Mécanique, Astronomie, trois domaines dans lesquels D'Alembert s'est distingué,
auxquels il faudrait ajouter en termes modernes l'analyse
, mais aussi très exactement le nom
des trois catégories de la classe mathématique de l'Académie royale des Sciences de Paris
.
Dans le système figuré des connaissances humaines, ce sont trois disciplines différentes,
hiérarchisées dans leur rapport à la certitude et aux faits. Nous allons donner quelques
passerelles qui permettent de circuler de ces sciences à la philosophie de D’Alembert, ou en
terme plus matériels, de naviguer entre les articles de l’Encyclopédie, les préfaces des ouvrages
de D’Alembert, leur contenu et cette œuvre au statut encore plus complexe, les Mélanges, à
proprement parler mélange de textes nouveaux, repris ou remaniés.
En effet, non seulement l’”Essai sur les éléments de philosophie” n’est pas un ouvrage à
proprement parler, puisqu’il constitue le quatrième volume de la seconde édition “revue,
corrigée et augmentée très considérablement” des Mélanges de littérature, d’histoire et de
philosophie, non seulement l’historique de cette édition recoupe la crise de l’Encyclopédie, mais
son contenu même utilise, anticipe, complète, modifie d’autres textes de D’Alembert, écrits
dans d’autres contextes, en tant que préfaces de traités scientifiques ou parties constituantes du
Dictionnaire.
Que dit de l’objet de ces disciplines le texte le plus connu, le plus lu et le plus cité des
Mélanges, le “Discours préliminaire”
,? Que l’objet de la géométrie est de déterminer les
propriétés de l'étendue, simplement en tant que figurée et d'étudier le mouvement sans tenir
compte de l'impénétrabilité des corps. Cet examen utilise l'arithmétique et sa généralisation,
l'algèbre.
L’objet de la Mécanique est de déterminer les lois de l'équilibre et du mouvement,
les corps n'agissant les uns sur les autres qu'en tant qu'ils sont impénétrables.
. L'Astronomie,
en tête des sciences physico-mathématiques, consiste en l'usage de la géométrie et de la
mécanique pour acquérir des connaissances sur les propriétés de corps, joignant l'observation au
calcul. Elle est une quintessence de cet usage puisque D’Alembert la considère comme
“Mathématiques et Sciences physiques dans le “Discours préliminaire” de l’Encyclopédie,
Michel Malherbe, Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, Klincksieck, n°9, octobre
1990, p. 109-146.
“Discours préliminaire”, Encyclopédie, t. 1, 1751, p. xix.
“Discours préliminaire”, Encyclopédie, t. 1, 1751, p. vi.
L’analyse, au sens moderne du calcul différentiel et intégral, est une des formes de la
géométrie, dite transcendante ou sublime (article “Géométrie”, Encyclopédie, t. 6,
D’Alembert). Pour un exposé des apports physico-mathématiques de D’Alembert, voir
D’Alembert, Michel Paty, Les Belles-Lettres, 1998).
Le guide de recherches Histoire et mémoire de l’Académie des sciences, E. Brian et C.
Demeleunaere, Tec et Doc Lavoisier, 1996, décrit fort bien la constitution de l’Académie et sa
bibliographie.
Tellement connu que D’Alembert le reprend dans les Mélanges, avec quelques menues
modifications, voir la réédition faite par F. Picavet, Vrin, 1984.
“Discours préliminaire”, Encyclopédie, t. 1, 1751, p. v.
“Discours préliminaire”, Encyclopédie, t. 1, 1751, p. vi.