parler caractérisée par la tendance à placer l'accent tonique non sur la dernière syllabe non muette comme on le
fait généralement en France, mais plutôt sur l'avant des mots, comme c'est l'usage dans de nombreux mots
flamands.
Les consonnes
Transformation des consonnes finales sonores en sourdes
La prononciation belge des milieux populaire consiste à changer les consonnes finales sonores en sourdes :
Le b final devient un p comme dans en trombe prononcé comme trompe.
Le g final devient un k comme dans un dogue prononcé comme un dock
Le v final devient un f comme dans univ non seulement toujours prononcé unif mais même écrit unif la plupart
du temps.
Le z final devient un s comme dans une rose prononcé comme rosse. Le d final devient un t comme dans qu'il
rende prononcé comme une rente.
Le j final devient un ch comme dans garage prononcé garâch sans oublier Belge qui devient Belch !
Disparition d'une consonne dans les groupes de consonnes finales
Souvent l'accent tonique est placé sur la première syllabe. La fin du mot a tendance à se «dissoudre». On
n'entend jamais, par exemple, les finales en -ble comme dans terrible, formidable... Le l disparaît. Reste le b
qui, selon la tendance que je viens d'énoncer, va se transformer en p ! Nous aboutissons dès lors à la
prononciation terrîp pour terrible, formidâp pour formidable. Cette tendance disparaît plus ou moins dans le
«belge» contemporain.
Ce groupe subit une autre altération chez certains Belges qui, surtout à Bruxelles, le prononcent en inversant
les deux dernières lettres possible devient possîbel , formidable devient formidâbel ...
Presque tous les groupes finaux constitués de deux consonnes vont voir l'une des deux disparaître et, si la
consonne qui subsiste est un consonne sonore, elle se transformera immanquablement en sourde.
Outre le groupe -ble, on peut citer :
• consonne + r
-bre : sabre prononcé sâpe ; ce mot offre la particularité de se confondre avec le mot sable dans cette
prononciation belge particulièrement relâchée ;
-cre : sucre qui se prononce comme suc ;
-dre : rendre, prononcé comme une rente ou pendre prononcé comme une pente ;
-tre : autre prononcé ot, quatre prononcé kat.
• lk > k ou tch : quelque chose se prononce kèkchose voire kètchose ;
• ksk > sk : excuser se prononce eskuzé ;
• kt > k : architecte se prononce architek ;
• rs > s : parce que se prononce passque ;
• gl > k : tringle se prononce comme trinque.
Les voyelles
li + voyelle devient y
Un autre écart de prononciation extrêmement répandu consiste à transformer les sons li + voyelle en y (comme
yeux). Ainsi milieu se prononce miyeu. Il en va de même de million prononcé miyon et de milliard prononcé
miyard. On constate cependant que cette prononciation belge tend à s'étendre à la France. Par facilité, on
entend souvent des y ajoutés entre deux voyelles comme dans cent un devenu cent et un, prononcé centéyun.
ti ou di + voyelle devient tch ou dj + voyelle
Ainsi amitié devient amitché et le diable se réduit à djâp ! Comme ce dernier mot combine trois écarts de
prononciation typiquement belges, il est douteux que quelque Français que ce soit retrouve le diable dans ce
pauvre djâp !
Quand on songe au nombre de mots qui comportent ces groupes, on se doute qu'il faut souvent dresser l'oreille
pour tenter de comprendre ce que veut dire l'interlocuteur belge. Le routier qui devient routché, la moitié qui
se transforme en moitché, Didier qui se prononce Didjé ou Dieu qui devient Djeu ne facilitent sans doute pas
la compréhension entre Belges et Français.
o et e fermés deviennent o et e ouverts
II n'est pas rare d'entendre en Belgique quelqu'un commander un café comme si l'on était en Italie puisque le
mot devient un cafè avec e ouvert. En finale, c'est surtout le o qui s'ouvre en Belgique : vélo, piano, domino,
numéro, tantôt, gigot... deviennent sinon méconnaissables, du moins fortement connotés «belges» si, au lieu de
prononcer le -o comme dans le mot eau, ils se prononcent avec un o ouvert.
On retrouve cette même tendance à l'intérieur des mots où drôle se prononce comme s'il s'écrivait drolle,
diplôme comme s'il s'écrivait diplomme...