Petit guide de
prononciation belge
En Belgique, la langue française est utilisée dans le Sud du pays alors que le Nord utilise le flamand et une
petite partie de l'Est : l'allemand. La Communauté française comprend la plus grande partie du territoire de la
région wallonne et le territoire de Bruxelles-capitale.
Si dans certains pays, la cohabitation de plusieurs langues officielles ne pose pas de problème, il n'en est rien
en Belgique. Les relations entre les différentes communautés deviennent chaque jour un peu plus difficiles en
empoisonnent la vie politique.
Si vous parlez avec un Belge francophone, son discours ne différera pas sensiblement du vôtre. Vous
constaterez cependant certains particularismes de langage (les belgicismes) dont vous trouverez un aperçu
succinct ci-après :
s'accaparer
s'emparer
doubler
redoubler
une ajoute
Un ajout
la mallette
le cartable
l'arsouille
Un enfant espiègle
nonante
quatre-vingt dix
l'auditoire
la salle de cours
le pain français
la baguette
le bassin de natation
la piscine
la panade
un repas d'enfant - gâteau
sec et fruits
le bâton de chocolat
la barre de chocolat
le pâté
petit gâteau à la crème
bitu
Ivre
le pistolet
le petit pain rond
la bloque
la préparation aux examens
la praline
un bonbon au chocolat
fourré
la bonbonne
la bouteille de gaz
savoir
pouvoir
la brosse
le balai
septante
soixante-dix
brosser un cours
Sécher un cours
le sous-plat
le dessous de plat
caillant
Très froid
le tapis-plain
la moquette
le carrousel
le manège à chevaux de bois
le tarmac
le macadam
la carte-vue
la carte postale illustrée
la tévé
la télévision.
le chicon
l'endive
tomber faible
s'évanouir
la distinction
la mention
le torchon
la serpillière
la drache
la pluie battante
le vide-poubelle
le vide-ordures
l'entièreté
la totalité
l'essuie
la serviette
l'escabelle
l'échelle double
amitieux
amical
la farde
le dossier, la chemise
la douffe
la cuite
la femme à journée
la femme de ménage
les slashs
les sandales
le filet américain
le steak tartare
du brol
du désordre
la gazette
le journal
des tchinis
des riens
la guindaille
Une sortie joyeuse
d'étudiants
la pétrolette
la mobylette
le légumier
le marchand de légumes
la carabistouille
l'histoire fausse
Faire grimper quelqu'un à l'arbre
Faire marcher quelqu'un
Raconter des cracks
raconter des histoires
La prononciation
Outre les nombreux belgicismes, il existe en Belgique une véritable prononciation «belge» des mots français.
Lorsque l'on parle de "prononciation belge", on imagine souvent celle de Bruxelles qui fait la joie des
téléspectateurs français. Il en existe pourtant bien d'autres ; on ne parle pas de la même façon à Charleroi à
Liège ou à Tournai...
L'accent tonique
Déplacement général de l'accent tonique vers l'avant des mots
La proximité et les rapports fréquents entre les francophones et les néerlandophones a fait naître une façon de
parler caractérisée par la tendance à placer l'accent tonique non sur la dernière syllabe non muette comme on le
fait généralement en France, mais plutôt sur l'avant des mots, comme c'est l'usage dans de nombreux mots
flamands.
Les consonnes
Transformation des consonnes finales sonores en sourdes
La prononciation belge des milieux populaire consiste à changer les consonnes finales sonores en sourdes :
Le b final devient un p comme dans en trombe prononcé comme trompe.
Le g final devient un k comme dans un dogue prononcé comme un dock
Le v final devient un f comme dans univ non seulement toujours prononcé unif mais même écrit unif la plupart
du temps.
Le z final devient un s comme dans une rose prononcé comme rosse. Le d final devient un t comme dans qu'il
rende prononcé comme une rente.
Le j final devient un ch comme dans garage prononcé garâch sans oublier Belge qui devient Belch !
Disparition d'une consonne dans les groupes de consonnes finales
Souvent l'accent tonique est placé sur la première syllabe. La fin du mot a tendance à se «dissoudre». On
n'entend jamais, par exemple, les finales en -ble comme dans terrible, formidable... Le l disparaît. Reste le b
qui, selon la tendance que je viens d'énoncer, va se transformer en p ! Nous aboutissons dès lors à la
prononciation terrîp pour terrible, formidâp pour formidable. Cette tendance disparaît plus ou moins dans le
«belge» contemporain.
Ce groupe subit une autre altération chez certains Belges qui, surtout à Bruxelles, le prononcent en inversant
les deux dernières lettres possible devient possîbel , formidable devient formidâbel ...
Presque tous les groupes finaux constitués de deux consonnes vont voir l'une des deux disparaître et, si la
consonne qui subsiste est un consonne sonore, elle se transformera immanquablement en sourde.
Outre le groupe -ble, on peut citer :
• consonne + r
-bre : sabre prononcé sâpe ; ce mot offre la particularité de se confondre avec le mot sable dans cette
prononciation belge particulièrement relâchée ;
-cre : sucre qui se prononce comme suc ;
-dre : rendre, prononcé comme une rente ou pendre prononcé comme une pente ;
-tre : autre prononcé ot, quatre prononcé kat.
lk > k ou tch : quelque chose se prononce kèkchose voire kètchose ;
ksk > sk : excuser se prononce esku ;
kt > k : architecte se prononce architek ;
rs > s : parce que se prononce passque ;
gl > k : tringle se prononce comme trinque.
Les voyelles
li + voyelle devient y
Un autre écart de prononciation extrêmement répandu consiste à transformer les sons li + voyelle en y (comme
yeux). Ainsi milieu se prononce miyeu. Il en va de même de million prononcé miyon et de milliard prononcé
miyard. On constate cependant que cette prononciation belge tend à s'étendre à la France. Par facilité, on
entend souvent des y ajoutés entre deux voyelles comme dans cent un devenu cent et un, prononcé centéyun.
ti ou di + voyelle devient tch ou dj + voyelle
Ainsi amitié devient amitché et le diable se réduit à djâp ! Comme ce dernier mot combine trois écarts de
prononciation typiquement belges, il est douteux que quelque Français que ce soit retrouve le diable dans ce
pauvre djâp !
Quand on songe au nombre de mots qui comportent ces groupes, on se doute qu'il faut souvent dresser l'oreille
pour tenter de comprendre ce que veut dire l'interlocuteur belge. Le routier qui devient routché, la moitié qui
se transforme en moitché, Didier qui se prononce Did ou Dieu qui devient Djeu ne facilitent sans doute pas
la compréhension entre Belges et Français.
o et e fermés deviennent o et e ouverts
II n'est pas rare d'entendre en Belgique quelqu'un commander un café comme si l'on était en Italie puisque le
mot devient un cafè avec e ouvert. En finale, c'est surtout le o qui s'ouvre en Belgique : vélo, piano, domino,
numéro, tantôt, gigot... deviennent sinon méconnaissables, du moins fortement connotés «belges» si, au lieu de
prononcer le -o comme dans le mot eau, ils se prononcent avec un o ouvert.
On retrouve cette même tendance à l'intérieur des mots où drôle se prononce comme s'il s'écrivait drolle,
diplôme comme s'il s'écrivait diplomme...
Les diphtongues
Cassure des diphtongues
Contrairement à la définition des diphtongues (groupe de deux voyelles prononcées d'une seule émission de
voix), la plupart des Belges, ont l'habitude de «casser» les diphtongues, de restituer donc à chaque voyelle
constitutive sa pleine valeur. Le lion se prononce comme li-on, avion comme avi-on... Les mots terminés par -
tion et -lion ne sont toutefois pas touchés par cette tendance.
Cassure des diphtongues et adjonction d'un w
La tendance énoncée au point précédent ne touche pas seulement le groupe -ion. Mais, dans la plupart des
autres cas, elle s'assortit, en outre, de l'adjonction d'un w (à l'anglaise) qui «facilite» la prononciation.
Ainsi fouet devient fouwè, ruelle devient ruwelle, éternuwer signifie éternuer...
Tendance à la diphtongaison des voyelles finales
• Adjonction d'un i derrière les é finaux
Les imitateurs français de l'accent belge se gargarisent des «une fois» que l'on ne rencontre pourtant pas très
souvent mais aussi des textes auxquels ils ont adjoints des i derrière les é finaux : alléie, alléie pour allez,
allez.
• Adjonction d'un ou derrière les o finaux
L'exemple le plus fréquent est celui de l'adjectif beau qui se prononce bôou.
Quelques cas particuliers
• uir = ouir
La distinction entre le groupe uir et le groupe ouir n'est pas établie. Fuir ne se distingue pas, dans la
prononciation, de fouir pas plus qu'enfuir ne se différencie d'enfouir. Huit se prononce ouit !
• Le l final est prononcé vélaire
Surtout dans les groupes finaux en -al, le l tend à être prononcé vélaire comme dans l'anglais well ou le
portugais Portugal.
• Le e de lessive tombe souvent pour aboutir à la prononciation lsive.
• Le i de bifteck se prononce parfois u. On le trouve même écrit bufteck.
Il existe d'autres différences mais qui sont tous plus régionales. On ne trouve que rarement des mots ou
tournures employées dans l'ensemble des régions francophones de Belgique. Songeons par exemple à
l'aspiration importante du h- initial propre au wallon de Liège (que la plupart des Liégeois appellent Liège, soit
dit en passant). Pensons aussi à la nasalisation de certaines voyelles comme je vous aime qui devient je vous
ainme. Dans certains mots, le e est restitué alors qu'il tombe dans le français de France. Aqueduc compte bien,
en Belgique, trois syllabes très distinctes.
Comme on le voit, les différences phonétiques sont considérables d'un pays à l'autre. Certains lecteurs en
seront étonnés. Ils ont un ami belge qui parle le même français qu'eux. Preuve que tout est affaire de milieu
social. Les classes aisées ont tendance à pincer leur français en tentant de singer les Parisiens !
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