2.1 Conflits entre actionnaires et gestionnaires
Jensen & Meckling
Selon Jensen & Meckling les conflits entre actionnaires et gestionnaires proviennent du
fait que les gestionnaires ne possèdent pas la totalité des fonds propres de l’entreprise. Ainsi, les
gestionnaires ne bénéficient pas du gain total accumulé par l’entreprise bien qu'ils soient
responsables presqu’à 100% de la gestion. La conséquence de cette situation est que les
gestionnaires auront tendance à diminuer leurs efforts et transférer des ressources de la firme
pour leur propre compte. Dans ces circonstances, les gestionnaires ne maximisent plus l’avoir des
actionnaires et c’est à ce moment qu'on peut assister à des conflits. Ainsi, selon le modèle, cette
inefficience est réduite si une partie plus importante des fonds propres est possédée par les
gestionnaires.
De plus, Jensen insiste sur le fait que le financement par la dette réduit les «free cash
flow» disponibles aux gestionnaires et empêchent ceux-ci de détourner indûment les fonds. La
dette a donc un effet disciplinaire sur les gestionnaires, d’autant plus qu’avec moins d’argent
disponible, les gestionnaires doivent faire plus d’efforts pour trouver des investissements
rentables. La dette est donc un moyen de réduire le conflit entre gestionnaires et actionnaires.
Un autre avantage de la dette, cette fois-ci énoncé par Grossman & Hart, est que si les
coûts de faillite sont élevés pour les gestionnaires, du fait qu'ils perdent les bénéfices du contrôle
ou leur réputation, alors la dette peut créer un incitatif pour ceux-ci à travailler plus fort, à
prendre de meilleures décisions d'investissement, etc. Ces nouveaux comportements de la part
des gestionnaires réduisent donc la probabilité de faillite de l'entreprise.
Harris & Raviv
Dans cet article, Harris et Raviv supposent que les gestionnaires veulent poursuivre les
opérations de la firme même si les investisseurs préfèrent la liquidation. Selon les auteurs, la
dette peut réduire les coûts d’agence en donnant aux investisseurs créanciers l’option de forcer la
liquidation de l’entreprise dans le cas où les flux monétaires sont mauvais. Selon leur modèle, la
structure de capital optimale améliore les décisions de liquidation mais entraîne des coûts
d’investigation plus élevés, ces coûts étant reliés aux informations utilisées dans la décision de
liquidation. Le niveau de dette aura donc une influence sur la probabilité de liquidation de la
firme puisqu'il influencera la probabilité de défaut de celle-ci. L’augmentation de la valeur de
liquidation d'une firme fait en sorte que cette option (la liquidation) devient plus profitable, et ce,
parce que la probabilité d’avoir une restructuration va décroître avec cette valeur. Le modèle
prédit donc que les firmes avec une valeur de liquidation élevée (ex: firmes avec actifs tangibles)
et/ou celles avec des coûts d’investigation faibles auront plus de dette, un risque de défaut plus
important et une valeur marchande élevée.
Stulz
De son côté, Stulz suppose que les gestionnaires veulent toujours investir tous les fonds
disponibles même si un paiement en espèces aux investisseurs s'avérerait plus profitable. Dans ce
modèle, la dette est donc un moyen de réduire les flux monétaires disponibles aux gestionnaires.
Toutefois, la structure de capital optimale est obtenue par l’équilibre entre les coûts et les
bénéfices de la dette. Le bénéfice de la dette suppose que celle-ci réduit les " free cash flows" et