Le scientifique slovaque Michal Kravcik et ses collègues expliquent que le milieu vivant
influe sur le climat principalement par la régulation du cycle de l'eau avec les énormes flux d'énergie
qui y sont liés. Les plantes, sujettes à l'évapo-transpiration, surtout des forêts, travaillent comme une
sorte de pompe biologique, aspirant l'air humide des océans et le transférant à la terre sèche. Si la
végétation est enlevée de la terre, le système naturel de régulation de la biosphère est interrompu. Le
sol est érodé, réduisant la teneur en matière organique dans le sol, ce qui diminue sa capacité à retenir
l'eau. Le sol sec qui a perdu sa végétation piège la chaleur solaire, ce qui augmente considérablement la
température locale et cause une réduction des précipitations sur la région concernée. Ce processus
détruit également la séquestration naturelle du carbone dans le sol et cause une perte de matière
carbonée.
Bien sûr, ces deux façons dont notre sur-exploitation de l'eau affecte le climat sont profondément liées.
Tout comme la suppression de la végétation d'un écosystème asséchera le sol, l'élimination de l'eau d'un
écosystème signifiera une végétation réduite ou inexistante. Comme l'explique Kravcik, le jaune du
soleil combiné au bleu de l'eau crée le vert de notre monde vivant. Retirer soit le bleu soit le vert de la
terre, et la chaleur du soleil va tout changer.
Pris ensemble, ces deux facteurs accélèrent le désertification de la planète et intensifient le
réchauffement climatique. Kravcik dit que nous ne serons pas en mesure d'arrêter le changement
climatique si nous ne nous occupons pas de l'impact sur la planète de notre sur-exploitation de l'eau,
même si nous solutionnons et inversons l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre ainsi que
notre dépendance aux combustibles fossiles. Nous ne restaurerons pas la santé du climat tant que nous
n'apporterons pas une réponse collective à la crise de l'eau douce et à notre traitement cavalier des
systèmes hydriques dans le monde.
Restauration des bassins versants
La solution à cette crise concernant l'eau est la restauration de bassins versants. Il faut faire revenir
l'eau dans les territoires desséchés. Il faut restituer l'eau qui a disparu en conservant autant que possible
l'eau de pluie dans l'écosystème afin que l'eau puisse pénétrer le sol, reconstituer les nappes
phréatiques, puis retourner à l'atmosphère pour réguler les températures et renouveler le cycle
hydrologique. Toute activité humaine, industrielle ou agricole doit se conformer à cet impératif. Ce
projet pourrait par ailleurs employer des millions de personnes et réduire la pauvreté dans les pays du
Sud. Nos villes doivent être entourées de zones vertes conservant l'eau. Nous devons restaurer les forêts
et les zones humides - les poumons et les reins de l'eau douce.
Pour que cela soit couronné de succès, trois lois fondamentales de la nature doivent être respectées.
Tout d'abord, il est nécessaire de créer des conditions qui permettent à l'eau de pluie de rester
dans les bassins versants locaux. Cela signifie qu'il faut restaurer les espaces naturels où l'eau de pluie
peut tomber et où elle peut s'écouler. La rétention de l'eau peut être réalisée à tous niveaux : en
prévoyant des toitures végétalisées sur les habitations et les immeubles de bureaux, en préconisant dans
la planification urbaine de capter l'eau de pluie et les eaux d'orage pour les rendre à la terre, en
récupérant l'eau au cours de la production de denrées alimentaires, en récupérant l'eau qui est évacuée
quotidiennement pour la restituer à la terre une fois propre, afin de ne pas faire monter les océans.
Deuxièmement, nous ne pouvons pas continuer à exploiter les nappes souterraines à un rythme
supérieur à celui de leur reconstitution naturelle. Si nous le faisons, il n'y aura pas assez d'eau pour la