
Depuis 1959, son rythme annuel a cependant considérablement ralenti: du
temps des Trente Glorieuses, c'est-à-dire avant le premier choc pétrolier de
1973, il dépassait nettement les 5 % par an (+ 5,8 % en moyenne entre 1959 et
1973 inclus), alors que, depuis, il atteint péniblement les 2 %, donnant le
sentiment de faire du surplace à ceux qui ont connu cette période de forte
croissance. Mais en raisonnant ainsi, on oublie que 2 % aujourd'hui font grossir
le produit intérieur brut (PIB) de 35 milliards d'euros, alors que 6 % en 1959 ne
l'augmentaient que de... 20 milliards (2).
Globalement, la croissance intervenue depuis cinquante ans doit peu à
l'augmentation du nombre de travailleurs. Certes, celui-ci a progressé dans des
proportions non négligeables: 25,3 millions de personnes occupent un emploi en
2006, contre environ 20 millions en 1959, soit une hausse d'un peu plus d'un
quart. Mais, dans le même temps, le PIB a été multiplié par 4,6. Autant dire que
l'essentiel - près des trois quarts – de la croissance observée est dû à une
augmentation de l'efficacité du travail fourni, ce que l'on appelle les gains de
productivité apparente du travail.
Pourquoi apparente? Parce que le surplus d'efficacité n'est pas entièrement lié à
la formation, au savoir-faire ou à l'expérience des travailleurs, mais aussi aux
équipements de production dont ils se servent et aux économies d'échelle que
permet toute production répétitive. Les équipements : il s'agit de ce que la
comptabilité nationale appelle la formation brute de capital fixe (3), dont le
volume a été multiplié par 5,1 durant la période qui nous occupe, soit une
progression plus rapide que celle du PIB. Quant aux économies d'échelle, elles
sont liées au fait que la production d'une unité supplémentaire du même bien ou
du même service nécessite en général moins de travail que chacune des unités
précédentes; Ce n'est pas seulement une question d'apprentissage; lorsque les