
Et c'est dans ce contexte que survient la révolution tunisienne et les autres soulèvements arabes qui semblent
prendre au dépourvu les pays occidentaux, lesquels s'empressent d'y répondre par le nouveau «partenariat
pour la démocratie» de Deauville censé traduire une nouvelle approche stratégique des relations Nord-Sud.
Les causes de l'échec du partenariat de Deauville
Cinq ans après son lancement, il est légitime de s'interroger sur les raisons de l'échec du partenariat de
Deauville dans la concrétisation des principaux objectifs qu'il s'était assigné dont notamment celui de favoriser
les conditions de stabilité économique et politique propices à la promotion de la démocratie et la réussite de la
transition politique et économique en Tunisie et dans les autres pays du «printemps arabe».
Bien entendu, il ne s'agit pas de faire assumer au G7 la responsabilité de l'effondrement économique de la
Tunisie post révolution ainsi que de sa démocratie chancelante et son instabilité politique consécutives
essentiellement aux choix politiques, économiques et constitutionnels suivies par les responsables
gouvernementaux tunisiens de même que leur incapacité à défendre et à faire respecter les droits et les intérêts
du peuple tunisien.
Mais le non respect des engagements pris dans le cadre du processus de Barcelone puis la déclaration de
Deauville – qui ne sont pas seulement d'ordre financier mais également politiques et sécuritaires – a sans doute
été un facteur aggravant voire déterminant non seulement dans la dégradation continue des indicateurs
économiques et financiers tunisiens mais également dans l'instabilité politique locale et régionale qui a
gravement hypothéqué la «transition démocratique» en Tunisie.
A ce propos, des éléments d'appréciation seront soulignés dans ce qui suit…
* Sur «le moyen et le long terme», le G7 s'était engagé à introduire un «changement stratégique dans
l'approche de la communauté internationale dans la région» avec pour objectif d'aider les pays du partenariat
«à répondre à leurs défis économiques et à accomplir une transition durable alliant démocratisation et
élargissement des opportunités économiques sur la base des priorités définies et approuvées par les
gouvernements nationaux à l'issue d'une large concertation avec les parties prenantes concernées».
Il convient de souligner qu'un tel engagement clé suppose la latitude laissée à la Tunisie d'établir les bilans des
politiques économiques passées, de débattre démocratiquement des causes de l'échec de son modèle de
développement et éventuellement de reconsidérer ses choix et ses priorités économiques.
Or, dans la réalité des faits, le G7 a hypothéqué voire empêché un tel débat en liant les promesses d'aide
financières au maintien des orientations économiques d'insertion de la Tunisie dans le libre échange et
l'économie de marché ainsi que la prise en charge de l'endettement inconsidéré et partiellement «odieux» de
l'ancien régime. Ainsi les soutiens financiers promis dans la déclaration de Deauville étaient réservés
uniquement aux pays du partenariat qui confirment «le choix de l'économie de marché… et de l'intégration
dans l'économie régionale et mondiale grâce au développement du commerce et des investissements étrangers
dans la région» par le biais du libre échange.
A cet effet, le onzième point de cette déclaration promet un accroissement des échanges et des investissements
au profit des pays qui procèdent à des réformes dans le sens de l'ouverture économique. Sur cette base «l'UE
prend des initiatives dans le cadre du partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée pour
développer les échanges commerciaux avec les pays du sud de la Méditerranée, notamment par des accords de
libre échange approfondis et complets et des investissements, des accords sur l'autorisation de produits
industriels…».
Et c'est dans ce cadre que la Tunisie a été acculée à conclure dès 2012 puis en 2014 avec l'UE le plan d'action
quinquennal 2013- 2017 qui a ouvert la voie à la conclusion du partenariat pour la sécurité ainsi que les