- 4 -
II. INTRODUCTION
Lundi dernier, le CAC 40 a connu la plus forte baisse de son histoire.
C’est dire si le contexte économique est fluctuant, voire insaisissable. Au
moment où l’on apprend la généralisation de la garantie des dépôts en Europe
( sous des modalités diverses), le présent débat vient à point nommé permettre
au Gouvernement de rendre compte des efforts entrepris par les pouvoirs
publics en France et dans le monde pour juguler une crise financière que l’on
n’avait pas vu venir.
Certes, je me souviens d’avoir écouté avec grand intérêt un
économiste de talent annoncer, preuves à l’appui, que « Le capitalisme est en
train de s’auto détruire » mais j’avoue avoir eu tendance à n’y voir qu’une
variante de prophéties aussi vieilles ou presque que le capitalisme lui-même,
tendant à annoncer la fin d’un système miné par ses contradictions internes.
Entretemps nous avons eu cours de l’été 2007 la crise des subprimes
ces crédits immobiliers à risque américains, qui de proche en proche ont
fragilisé les marchés au point de faire vaciller l’en semble du système
financier international
.
Cette crise, on l’a d’abord considéré comme un phénomène sinon
périphérique du moins lointain, en tous cas comme une crise localisée, à la
fois immobilière et américaine, avant qu’elle ne révèle son caractère
systémique avec la mise en cause du recours à la « titrisation ».
Derrière ce mot un peu barbare, se cache une technique par laquelle
les banques ont mis sur le marché des titres, pour reporter sur d’autres les
risques issus de certaines de leurs activités. Au surplus, des opérateurs de
statuts variés les ont commercialisés, si l’on peut dire, par tranches, intégrés à
des produits de plus en plus complexes, si sophistiqués même que plus
personne ne sait précisément à quels types d’actifs correspondaient les titres
échangés sur les marchés.
On avait déjà connu à la fin des années quatre-vingt, les « junk
bonds », ces obligations « pourries » mais, au moins, savait-on à quoi s’en
tenir ; mais avec les subprimes, le risque de défaut, somme toute relativement
limité, s’est trouvé amplifié par l’incertitude sur l’identité des agents qui les
portaient et, plus généralement, sur l’ampleur des dépréciations à effectuer.
Le fait qu’il ne s’agisse que de dépréciations et donc que les pertes ne
soient que virtuelles n’a pas suffi à enrayer le processus de défiance, dès lors
A cet égard, je me souviens aussi d’avoir essayé d’évaluer dans un petit rapport d’information
les risques de l’éclatement de la bulle immobilière mais je dois admettre m’être plus intéressé à
la sphère réelle qu’à la sphère financière, aux interactions entre prix de l’immobilier et
consommation des ménages qu’aux conséquences financières de l’insolvabilité de certains
emprunteurs.