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Document de travail
Seul le prononfait foi
M. Philippe MARINI
Rapporteur Général de la Commission des finances
DEBAT CRISE FINANCIERE
MERCREDI 8 OCTOBRE
Le contexte est mouvant. Hier, on annoait la néralisation de la
garantie des ts, aujourd’hui l’on apprend que les principales banques
centrales sont tombées d’accord pour procéder à une baisse coordone des
taux et que M. Gordon Brown a appe ses partenaires à une action pour
garantir les prêts interbancaires.
Et pendant ce temps les bourses continuent de baisser après avoir fait
le « yoyo » toute la joure : le CAC clôture à - 6,3 % (après avoir été un
moment dans le « vert ») .
I. DES VERTUS DE LA CRISE (CONCLUSION SYNTHETIQUE)
L’Histoire montre que les crises sont le plus souvent l’occasion d’un
assainissement des marchés : elles participent du « processus de destruction
créatrice », inhérent au capitalisme lui-me.
La crise actuelle n’échappera pas à la règle. Elle a de grandes chances
de voir se redessiner le paysage économique mondial (et pas seulement
bancaire), tel qu’il résulte de quinze anes de globalisation triomphante.
Parce que la crise joue le le de révélateur et d’accélérateur, les
cartes sont en train d’être rebattues sous nos yeux :
- entre les banques, d’abord, comme le montre l’actualité, avec
l’émergence de nouveaux poids lourds et l’accélération de processus de
restructuration, probablement déjà inscrits dans les logiques des entreprises
conceres ;
- entre les états ensuite, dont on va voir qu’ils seront plus ou moins
sensibles à la crise financière, même si, à ce stade, il est difficile de savoir qui
seront les perdants et les gagnants ;
- au sein de la société, enfin, la fin probable de l’ère de l’argent
facile devrait entrainer une évolution des rapports sociaux sans doute moins
favorable aux activités financières.
La crise remet aussi en cause les certitudes intellectuelles. Un
certain nombre d’idées reçues devront être mises à bas.
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Cela en est sans doute fini de la certitude monétaire qui tend à axer
la politique de BCE sur le seul contrôle de l’inflation ; corrélativement cela en
est sans doute aussi fini des certitudes « maastrichiennes » faisant de la
maitrise des déficits et de la maitrise de la dette un impératif à court terme : je
ne crois pas qu’en la situation actuelle quand la maison brule l’on puisse
encore se préoccuper de règles définies pour des périodes normales.
Mais d’autres vérités devront aussi être revues :
-celle de la comptabilité des entreprises, au-delà du seul secteur
bancaire, qui conduit à faire du marc et de ses gles immédiates le seul juge
utile de la valeur des choses, obligeant tous les agents économiques à vivre
dans l’obsession du court terme ;
Celle de la concurrence comme principe absolu, avec la prohibition
corrélative des aides d’Etat dont on voit bien qu’elle est déjà mise entre
parentses pour permettre aux Etats de faire face à la crise.
Travaillons donc, comme on l’a proposé, autour de quatre axes :
- dans l’immédiat, recréer la liquidité bancaire (et c’est pour moi
maintenant le plus urgent de restaurer la confiance entre agents financiers et
non financiers comme entre orateurs financiers eux-mes),
- et à un horizon à peine plus lointain, remettre en cause les effets
pervers des normes comptables, assouplir les exigences de solvabili
pesant sur les banques en faisant des amortisseurs et non des planchers rigides,
et enfin mettre en place une supervision européenne des groupes financiers
mondialis. Le dernier sommet du G4 semble manifester un consensus de
principe dans ces directions.
La crise est bien une discontinuité, une révolution structurelle, elle
redistribue la puissance, la richesse et les revenus. La course au libre échange
et à la globalisation s’achève. C’est le retour de l’Etat. Tout cela pourra
boucher sur une nouvelle donne et sans doute sur un nouveau « Bretton
Woods ».
Bien r, ces propos sont aux antipodes du « politiquement
correct » en usage il y a encore quelques mois. Le moment est sans doute
venu de cesser la « langue de bois ». Ainsi, par exemple, la question n’est pas
de « savoir si le système bancaire a failli » et si les banques en général ont été
à la hauteur de leur le dans la société. On ne peut pas mettre tous les
banquiers « dans le me sac ». Gardons nous de désigner des « boucs
émissaires » et de jeter en pâture à l’opinion des hommes ou des femmes qui
exercent leurs responsabilités avec talent.
Il faut aussi ne pas vivre dans l’irréalité. La crise nous oblige à
réagir dans l’urgence et, à plus longue échéance, à revoir la place des uns et
des autres.
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Nul doute, en particulier, que l’on va devoir renforcer les
imratifs de solidarité et de cosion sociale. D’où l’importance des
fonctions locales de proximi sur lesquelles je ne manquerai pas d’insister
lors de la discussion budtaire.
Bref, il aura « un avant » et « un après », ce qui devrait inciter notre
pays à agir vite mais aussi à penser autrement l’avenir.
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II. INTRODUCTION
Lundi dernier, le CAC 40 a connu la plus forte baisse de son histoire.
C’est dire si le contexte économique est fluctuant, voire insaisissable. Au
moment où l’on apprend la ralisation de la garantie des dépôts en Europe
( sous des modalités diverses), le présent bat vient à point nommé permettre
au Gouvernement de rendre compte des efforts entrepris par les pouvoirs
publics en France et dans le monde pour juguler une crise financière que l’on
n’avait pas vu venir.
Certes, je me souviens d’avoir écouté avec grand intérêt un
économiste de talent annoncer, preuves à l’appui, que « Le capitalisme est en
train de s’auto truire » mais j’avoue avoir eu tendance à n’y voir qu’une
variante de prophéties aussi vieilles ou presque que le capitalisme lui-me,
tendant à annoncer la fin d’un système miné par ses contradictions internes.
Entretemps nous avons eu cours de l’é 2007 la crise des subprimes
ces crédits immobiliers à risque aricains, qui de proche en proche ont
fragilisé les marchés au point de faire vaciller l’en semble du sysme
financier international
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.
Cette crise, on l’a d’abord considéré comme un pnomène sinon
riphérique du moins lointain, en tous cas comme une crise localisée, à la
fois immobilre et américaine, avant qu’elle ne le son caracre
systémique avec la mise en cause du recours à la « titrisation ».
Derrière ce mot un peu barbare, se cache une technique par laquelle
les banques ont mis sur le marc des titres, pour reporter sur d’autres les
risques issus de certaines de leurs activis. Au surplus, des opérateurs de
statuts variés les ont commercialisés, si l’on peut dire, par tranches, intégs à
des produits de plus en plus complexes, si sophistiqs même que plus
personne ne sait précisément à quels types d’actifs correspondaient les titres
échangés sur les marchés.
On avait déjà connu à la fin des années quatre-vingt, les « junk
bonds », ces obligations « pourries » mais, au moins, savait-on à quoi s’en
tenir ; mais avec les subprimes, le risque de faut, somme toute relativement
limi, s’est trou amplifié par l’incertitude sur l’identi des agents qui les
portaient et, plus généralement, sur l’ampleur des dépréciations à effectuer.
Le fait qu’il ne s’agisse que de préciations et donc que les pertes ne
soient que virtuelles n’a pas suffi à enrayer le processus de défiance, dès lors
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A cet égard, je me souviens aussi d’avoir essayé d’évaluer dans un petit rapport d’information
les risques de l’éclatement de la bulle immobilière mais je dois admettre m’être plus inres à
la spre elle qu’à la spre financière, aux interactions entre prix de l’immobilier et
consommation des ménages qu’aux conséquences financières de l’insolvabilité de certains
emprunteurs.
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qu’il ne se passait gre de semaines sans que l’on ne porte à la connaissance
du marché de nouvelles provisions.
Le faut de transparence des marchés a provoq une crise de
confiance, d’abord limie, mais dont on mesure aujourd’hui l’ampleur avec
les soubresauts des marcs.
Ce qui semblait circonscrit à la sphère financre, est en train de
gagner la sphère réelle : l’activi économique pouvait, peuttre, résister au
gonflement de la bulle financre ; elle aura du mal à résister à l’éclatement
simultané des bulles immobilières et des matres premières
Nous sommes dans une situation de crise comme le monde n’en a
sans doute pas connue depuis les anes trente, en dépit des différences et
notamment des actions pcoces et termies des autorités.
L’urgence est de rétablir la confiance. Le sommet du G4 du week-end
dernier à Paris a montré que les gouvernements ont, certes chacun à leur
façon, pris conscience de la gravi de la situation.
Bien conscient de la nature en partie psychologique de la crise, je ne
voudrais pas ici ajouter par des propos alarmistes la confusion à la confusion.
Il y a dans les pnomènes de marc un volet autosuggestion collective qui
me conduit à inviter les pouvoirs publics à ne pas sur-réagir au risque de créer
un climat anxione et déstabiliser une opinion, qui pour l’instant a su garder
son sang froid.
C’est dans cet état d’esprit que je me propose de vous faire part de
mes flexions à la fois sur les premières mesures prises pour circonscrire la
crise et sur les principes à mettre en œuvre pour refonder un sysme financier
international sur des bases saines.
III. RETOUR SUR LES EVENEMENTS : COMMENT ET POURQUOI
LA CRISE A-T-ELLE DEGENERE ?
A. LES MECANISMES DE PROPAGATION : DE LA CRISE DES SUBPRIMES
A LA CRISE DE BILAN
Les symptômes de la pathologie sont désormais bien analysés : la
crise immobilière s’est muée en une crise de liquidi puis de solvabili; la
crise bancaire a dégénéré, en crise financière globale puis en crise économique
par le canal de la raréfaction du crédit.
Les causes sont profondes et structurelles : il ne s’agit plus
uniquement d’une crise des subprimes, ni même d’une crise de la titrisation,
mais bien d’une crise du bilan des établissements financiers, avec plusieurs
ingrédients tères : un endettement intérieur croissant, un gonflement des
bilans pour accrtre le rendement des fonds propres, une explosion du hors-
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