Les Égyptiens l'appelaient Hâpy. Avec ses 6 671 km, le Nil est l'un des plus longs fleuves du monde.
1. Des sources aux marches de l’Egypte
Le Nil Blanc et le Nil Bleu. Deux fleuves distincts qui se réunis- sent au Soudan pour former le Nil. Le premier
prend sa source sur les versants du massif du Ruwenzori, au Zaïre , Après avoir traversé une série de grands lacs, le
Nil Blanc des- cend rapidement vers les plaines soudanaises, Une fois passé le Sudd, une immense zone maré-
cageuse de 750 km de long, il re- çoit un affluent, le Sobat, puis un confluent: le Nil Bleu, Celui-ci
est issu du lac Tana, culminant à 1 850 m d'altitude sur le plateau éthiopien. Son parcours est tu- multueux : après
les chutes de Tisisat , il s'engage dans un long canyon. Pendant cette traversée, une multitude de cours d'eau le
chargent de limon, arraché au sol éthiopien.
2. Les cataractes
Khartoum, confluence des deux fleuves , Le Nil Blanc a parcouru 2 590 km, le Bleu, 1560. Avec un débit de 57
mil- liards de mètres cubes par an, ce dernier apporte au Nil trois fois plus d'eau que son homologue.
Désormais réunifié, le fleuve va traverser près de 2 700 km de désert avant de se jeter dans la Méditerranée. Entre
Khartoum et Assouan, son lit fait rouler les eaux de cataracte en cataracte. Six au total. Avant d'at- teindre la
quatrième, en Nubie, le Nil reçoit un dernier affluent, l'Atbara. Un long trajet en forme de S l'amène jusqu'à la
dernière cataracte, celle d'Assouan. Il pénètre en Haute Égypte.
3 D'Assouan au Delta
Ultime étape, la vallée égyptienne. Une fois "an, le Nil en crue (9) l'inonde et lui apporte un don précieux: le limon.
Sur 1 500 km, le Nil s'écoule en pente douce. Thèbes, Abydos, Minia (7)... Autant de sites que les Égyptiens ont
élevés sur ses rives.
Au-delà de l'ancienne Alexandrie, le Nil se partage en deux bras principaux, celui de Rosette et celui de Damiette.
Nous sommes dans le Delta (8), à trois pas de la mer.
L'Égypte est un don du Nil", affirmait le Grec Hérodote. Pour le touriste contemporain qui décou- vre le «pays
aimé des dieux ", le constat reste le même. Les « Deux Terres ", la Basse-Egypte (le delta) et la Haute-Egypte(la
vallée du Nil, du Caire à Assouan), apparaissent comme une oasis miraculeuse entre deux zones arides, le désert
libyque et le désert arabique. Qui a eu la chance de naviguer sur le Nil, au rythme du t1euve-dieu, ret1et terrestre
d'un Nil céleste pourvoyeur de fécondité et de bienfaits, peut croire que rien n'a changé depuis des millénaires et
que; rien ne chan- gera jamais dans un pays marqué par le sceau de l'étenûté. La réalité est malheu- reusement plus
complexe. Certes, le Nil et le désert sont toujours présents, et lepay- sage égyptien contemporain présente des
caractéristiques inoubliables qui n'ont guère évolué avec le temps: un t1euveaux mille séductions qui demeure la
moene épi- nière du pays, une séparation brutale et surprenante entre les cultures et le désert,. des pahneraies où.il
fait bon vivre. Mais W1ei modification fondamentale a bouleversé la vie quotidienne en Égypte: la construction du
haut barrage d'Assouan. Le chantier fut ouvert en 1960, à la suite d'W1 accord poli-.. tique, technologique et
financier entre l'Union soviétique et Nasser. En 1964; le Nil: fut contraint d'entrer dans W1canal de déri- vation et,
en 1972, ce fut la mise en eau totale de la retenue.
LA DISPARITION DE LA CRUE AVEC LE BARRAGE
La principale conséquence de la construc-tion de ce haut barrage est la disparition de la crue qui rythmait les
travaux et les jours des anciens Égyptiens, dont l'année était divisée en trois saisons de quatre mois cha- CW1e :
l'inondation - akhet - de la fin du mois de juillet à la fin du mois de novembre; la saison de la sortie (des céréales) -
peret -, de la fin du mois de novembre à la fin du mois de mars, et la saison chaude (chemDu), de la fin du mois de
mars.à la fin du mois de juillet. En juillet, à la saiso chaude, le Nil semblait épuisé, la chaleur. était implaœble, les
vt:nts ne procuraien plus la moindre fraîcheur. Et l'on attendait le miracle, qui se produisait lorsque Isis versait des
larmes et quand l'étoile Sothis apparaissait dans le ciel. L'univers offrai une nouvelle résurrection à l'Égypte et
soudain, le neuve prenait une teinterou. geâtre et commençait à monter à l'assaut
!, des rives, tel« unjeune homme amoureux », disent les textes. C'était la crue, qui portait le nom de Hâpy,
symbdliséepar un homme ventripotent et POUMl de mamelles. Ce dynamisme créateur fécondait la terre noire, la
rendait de nouveau fertile, et le pays entier devenait une sorte de mer où l'on se déplaçait en barque. Pour les uns,
l'inondation était le temps des vacances. On allait de village en village, et l'on profitait des hautes eaux pour rendre
visite aux membres de la famille plus ou moins éloi- gnés.Pour les autres, c'était le moment de