Introduction
Voilà des décennies que l’on parle de la société de l’information. Mais elle s’est fait attendre longtemps. Tout
porte à croire maintenant que la société de l’information arrive. Il est encore trop tôt pour en déterminer les
caractéristiques exactes. Mais nous pouvons déjà dire avec certitude que la société de l’information sera aus-
si (et surtout?) la société de l’informatique. L’intérêt et l’importance des informations disponibles continuent à
augmenter. Les technologies de l’information jouent un rôle capital dans la conservation, le traitement et la
diffusion de ces informations. L’importance des connaissances pour utiliser ces technologies continue à
croître aussi.
Le besoin d’accessibilité et de diffusion de l’information numérisée fait que les technologies de
l’information et de la communication se rapprochent. Les technologies de l’information et de la communication
(TIC) progressent à grand pas. Les particuliers les adoptent de plus en plus. Mais elles font aussi l’objet
d’investissements stratégiques dans l’entreprise. Ce qui caractérise la diffusion des technologies de
l’information et de la communication, c’est qu’elle se fait sans distinction du type d’organisation, même si l’on
note des vitesses de propagation différentes: les TIC sont mises en oeuvre à la fois dans de grandes et de
petites entreprises, des entreprises industrielles et de services ou de soins, des organisations commerciales
ou sans but lucratif.
Pratiquement toutes les organisations s’empressent aujourd’hui d’adopter les TIC, et beaucoup d’entre
elles ne le font pas (plus) seules. Elles font de plus en plus souvent appel à des organisations spécialisées
mettre en oeuvre les TIC. Et souvent, les choses n’en restent pas là. Pour l’entretien et l’optimalisation du
processus d’informatisation aussi, elles font appel à des partenaires spécialisés. De ce fait, il se crée une
dépendance entre le tissu économique global d’une part et le secteur informatique d’autre part. Le secteur
informatique est au centre de ce rapport. L’approche du secteur est pragmatique. Une limitation rigide n’a
que peu de sens, étant don les évolutions susmentionnées. Le secteur informatique se compose de
l’ensemble des entreprises dont les activités primaires sont axées sur les applications des technologies de
l’information.
D’autres entreprises dépendent souvent du secteur TI par la profonde intégration des TIC dans
l’organisation. Parallèlement à cette imbrication, la sensibilité aux défaillances s’est accrue aussi. Cela signifie
que la moindre faillance de l’un des maillons de la chaîne technologique de l’information peut entraver le
fonctionnement global de l’organisation. Le secteur informatique est donc investi d’une grande responsabilité,
qu’il ne peut assumer que s’il dispose d’assez de main d’oeuvre qualifiée.
Et la question est de savoir aujourd’hui si cette condition est remplie. Il suffit de consulter de temps à
autres les offres d’emploi pour se rendre compte que le secteur affronte en effet de sérieux problèmes de
personnel. Les suppléments "offres d’emploi" des quotidiens et des hebdomadaires débordent de postes à
pourvoir dans le secteur. Des canaux spéciaux sont créés pour travailler cette niche du marché de l’emploi.
Les entreprises informatiques mènent des campagnes médiatiques pour attirer les candidats potentiels. Au-
tant de signaux indiquant qu’il y a du travail dans le domaine informatique. Vu ce qui précède, cela prouve
2 Introduction
également que le secteur menace d’être confronté à un gigantesque bug. Non pas dans l’un ou l’autre logiciel
mais dans le programme qui met en relation les offreurs et les demandeurs d’emploi.
Si l’on veut éliminer ce bug, il faudra élaborer un programme du marché de l’emploi adéquat. Il n’est ce-
pendant possible de commencer le programme que si l’on dispose d’assez d’informations concernant les
spécifications auxquelles le programme doit satisfaire. Il faut donc un regard clair sur le marché de l’emploi du
secteur informatique.
Voilà pourquoi le CEFORA, le centre de formation de la commission paritaire complémentaire pour em-
ployés, a demandé à l’HIVA-K.U.Leuven de faire une étude concernant la situation sur le marché de l’emploi
du secteur informatique. Il a demandé également d’élaborer deux profils professionnels. Le présent rapport
est le sultat de cette mission. Il a été digé avec la collaboration de nombreuses personnes qui travaillent
dans le secteur. La collecte des informations s’est faite par l’analyse de documents et des interviews. Par
ailleurs, un débat a été organisé avec des experts et des responsables de la gestion des ressources hu-
maines dans le secteur TI.
Les trois premiers chapitres peuvent être considérés comme une monographie spécifique du secteur. Le
premier chapitre décrit le secteur dans son ensemble. Il examine tour à tour la composition du secteur et la
composition du marché belge de la TI. L’(évolution de l’)emploi dans le secteur est chiffrée aussi. Le chapitre
suivant examine la situation de l’emploi dans le secteur à partir de la demande et de l’offre de main d’oeuvre.
Ces deux chapitres mettent l’accent sur l’information concrète, quantitative. Cela ne suffit pas pour élaborer
un programme du marché de l’emploi. Voilà pourquoi la monographie du secteur se termine par un chapitre
qui décrit et anticipe les tendances et les développements du secteur TI sur le plan qualitatif. Les consé-
quences de ces développements pour certaines fonctions sont ici une optique spécifique.
Le quatrième chapitre fait la jonction entre la monographie du secteur et les deux profils professionnels. Le
choix des profils de fonction ne s’est pas fait à la légère. S’il a été assez facile de fixer des critères de sélec-
tion généraux pour les profils visés, il n’a pas été simple d’isoler les professions qui répondaient à ces cri-
tères. Les évolutions rapides dans le secteur, la répartition hybride du travail entre et dans les entreprises font
que les notions de ‘profession’ et ‘fonction’ dans le secteur TI sont devenues des artefacts en quelque sorte.
Le quatrième chapitre expose comment nous-mêmes et d’autres avons quand même tenté de réduire la
complexité née de ce fait.
Le cinquième chapitre explique pourquoi le choix s’est finalement porté sur le technicien PC et le dévelop-
peur Internet. Pour ces deux fonctions, l’expérience acquise est plus importante que la possession du di-
plôme adéquat. Les deux fonctions offrent des possibilités d’absorber l’afflux des demandeurs d’emploi sur
lesquels le Cefora axe ses activités. Pour ce qui est du profil de technicien PC, la demande est forte sur le
marché de l’emploi. C’est le cas aussi pour le profil Internet. Ces dernières années, ce secteur s’est particuliè-
rement développé et pour l’instant, la croissance ne ralentit pas. Le chapitre cinq reprend une fois encore les
évolutions dans ce secteur et les fonctions que l’on y retrouve.
Les sixième et septième chapitres présentent les profils respectifs.
L’élaboration de ces profils s’inscrit dans le cadre de la tentative d’organiser l’acquisition des qualifications.
Cette tentative aboutit finalement à l’élaboration de programmes de cours. Ce qui implique de formuler des
objectifs, de rédiger des cours et d’organiser des formations. C’est le but aussi. Mais l’enthousiasme pour
atteindre cet objectif final risque d’inciter à brûler quelques étapes. Un profil de formation, un plan de forma-
tion et l’organisation des formations qu’il prévoit n’ont de raison d’être que s’il y a consensus sur le contenu
de la profession pour laquelle cette structure de formation est créée.
Cela demande une approche progressive, une approche que l’on appelle parfois la ‘Voie royale’. C’est une
approche qui responsabilise toutes les personnes concernées en fonction de la contribution qu’elles peuvent
apporter. Ce qui caractérise ce processus, c’est que l’élaboration du profil professionnel n’est pas liée au pro-
fil de formation. Le profil professionnel énumère les activités effectuées par celui qui occupe la fonction, à
Introduction 3
partir de la pratique professionnelle. Sont indiquées ensuite les connaissances et les compétences indispen-
sables à cet effet. Le profil professionnel ne dit pas comment il faut acquérir ces connaissances et ces com-
pétences. En effet, un document distinct est élaboré à cet effet: le profil de formation.
En Flandre, il existe depuis plusieurs années un large consensus sur la nécessité de cette chronologie.
C’est la façon de procéder utilisée actuellement pour beaucoup de professions. Il s’agit de professions hau-
tement qualifiées ou peu qualifiées, dans le secteur commercial ou sans but lucratif, de professions du sec-
teur secondaire, du tertiaire et du quaternaire. Cette façon de faire a été utilisée aussi pour les professions de
technicien PC et de développeur Internet.
Avec l’élaboration de ces deux profils professionnels et les informations quantitatives et qualitatives con-
nexes, nous espérons avoir contribué à améliorer la corrélation entre les offreurs et les demandeurs de travail
informatique.
Chapitre 1
Délimitation du secteur
1. Le secteur de la technologie de l’information dans la société de
l’information: approche pragmatique
_____
La société de l’information actuellement en devenir est une société où ‘l’usage des technologies (bon marché)
pour le stockage de données et d’informations se néralise’ (Commission européenne, 1997). La technolo-
gie de l’information (TI) joue ici un rôle capital, dont l’importance ne cessera d’augmenter. La technologie de
l’information est considérée comme
la technologie permettant la collecte, l’enregistrement, la sauvegarde, le traitement, le transport et/ou
l’acquisition de données, y compris la connaissance de l’application de cette technologie. Les ‘don-
nées’ s’entendent au sens large comme étant ‘tout ce qui peut être numérisé ‘.
Face à l’économie industrielle traditionnelle, se développe une économie de l’information. La technologie de
l’information a des champs d’application dans pratiquement tous les secteurs économiques. L’estompage des
disciplines est une des principales caractéristiques de la société de l’information. Voilà pourquoi on parle de
plus en plus des technologies de l’information et de la communication (TIC). Les TIC concernent plusieurs
segments de l’économie: télécommunications, services informatiques, industrie software, services
d’information, secteur multimédia, ... Ces secteurs se rapprochent sur tous les plans. Le secteur TI ne détient
de monopole ni en matière d’application, ni en matière de développement, ni en matière d’emploi des infor-
maticiens. La délimitation du secteur TI est donc une question délicate.
Dans la société de l’information, les informations sont accessibles par réseau. La télécommunication ou
technologie de la communication et l’informatique présentent de plus en plus de points communs en matière
de transmission et d’accessibilité de l’information. Par ailleurs, l’information peut adopter de nombreuses
formes (données, images, sons, ...): les applications multimédias sont évidentes. Les opérateurs traditionnels
complémentaires’ (télécoms, traitement de données et fournisseurs de contenu) se rapprochent de plus en
plus. Les entreprises concluent des alliances stratégiques, prennent des participations, déploient elles-
mêmes des activités sur des marchés connexes, ... Il est de plus en plus question d’intégration verticale.
Il n’existe pas de définition claire permettant de distinguer le secteur TI en tant que tel des autres secteurs.
Nous adoptons dès lors un point de vue pragmatique. Le secteur TI est considéré comme l’ensemble des
entreprises dont l’activité primaire est essentiellement axée sur la production (de certains aspects) de la tech-
nologie de l’information.
Introduction 5
Cela signifie que la chaîne de valeur, selon les termes de Porter
1
, dresse l’inventaire des différentes acti-
vités de l’entreprise, qui fabriquent le produit ayant une valeur pour le client. Elles sont de deux types: les
activités primaires et les activités auxiliaires. Si la TI est une des activités auxiliaires pour la plupart des en-
treprises, ce n’est pas le cas pour le secteur TI. Les entreprises TI sont celles les activités primaires
s’articulent autour des technologies de l’information. Cela signifie que les produits et les services que le sec-
teur développe (creates), réalise (makes), propose et fournit (sells) sont des produits et services TI (Vries-
wijk C., 1996).
Ce groupe d’entreprises a été choisi comme point de départ, en réservant de la place aux nouvelles appli-
cations télécoms ou multimédias. Vu l’estompage des frontières, il serait peu sensé de délimiter le secteur de
façon rigide.
2. Examen plus détaillé du secteur TI en Belgique: regroupement en fonction
des activités
_____
En Europe occidentale, le nombre total des entreprises de software et de services est estimé à 16 000. Elles
emploient environ 300 000 personnes. Il faut y ajouter quelque 100 000 indépendants et petites entreprises,
qui totalisent 200 000 employés en plus.
2
La grande majorité de ces entreprises comptent moins de 20 tra-
vailleurs. En Belgique, nous ne disposons pas directement de chiffres relatifs au nombre d’entreprises ou de
travailleurs pour l’ensemble du secteur. L’ONSS classe un grand nombre d’entreprises du secteur des TIC,
mais pas toutes, dans la catégorie ‘Informatique et activités connexes’. Les dernières données de l’ONSS
(31 mars 1998) pour le secteur recensent 24 575 travailleurs. Dans ce paragraphe, nous tentons d’avoir une
idée de la composition du secteur et de la répartition de l’emploi entre les entreprises.
L’EISA (European Information Technology Services Association - Association européenne des services de
technologie de l’information) regroupe un millier d’entreprises TI par le biais des organisations nationales.
Cette organisation fait la distinction entre les secteurs professionnels suivants en matière de software et de
services:
développement de software spécifique
ensembles software standard
intégration système
expertise-conseil
formation et apprentissage
services de télécommunications et réseau
traitement de données
supervision des installations et sous-traitance
service de support informatique.
Il faut inclure également les segments suivants dans le secteur TI:
hardware: du développement à la vente (ou location) en passant par la production
systèmes d’exploitation
entretien de systèmes
audits (hardware, software, processus d’entreprise).
1
Michael Porter est un économiste de Harvard souvent cité. Il a présenté la notion de chaîne de valeur dans Compe-
titive advantage (Avantage concurrentiel) (1985).
2
Panorama of EU Industry 1997. Ces chiffres ne tiennent aucun compte du software et des services sur le plan
d’Internet et du multimédia.
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