Commentaires_Manchots

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Les Oiseaux de l’extrême
I - LES MANCHOTS
Introduction : les manchots ne sont pas des pingouins .............................................................................. 2
Origine et évolution des manchots ................................................................................................................ 3
Les différentes espèces de manchots ........................................................................................................... 4
Le gorfou macaroni, ou Gorfou doré (Eudyptes Chrysolophus) Macaroni Penguin ........................................ 7
Le manchot à jugulaire (Pygoscelis antarctica) – Chinstrap penguin, Bearded penguin, Stonecracker .......... 8
Le manchot Adélie (Pygoscelis adeliae) Adelie Pinguin ................................................................................. 9
Le manchot papou (Pygoscelis papua) – Gentoo Penguin .......................................................................... 10
Les manchots, des oiseaux informes ?....................................................................................................... 10
Les manchots sont donc devenus d’excellents nageurs .............................................................................. 11
Les manchots ont également dû s’adapter au froid...................................................................................... 12
Les manchots sont donc aussi devenus marcheurs..................................................................................... 13
Une vie sociale évoluée ................................................................................................................................ 13
Une nidification incertaine............................................................................................................................ 13
Une éducation à deux.................................................................................................................................. 14
Première immersion, première mue ............................................................................................................. 15
Un océan de nourriture................................................................................................................................. 15
Le krill .......................................................................................................................................................... 15
Les manchots sont aussi des proies ........................................................................................................... 16
Sur terre ...................................................................................................................................................... 16
En mer......................................................................................................................................................... 16
Les Hommes ............................................................................................................................................... 16
Conclusion .................................................................................................................................................... 17
1
Introduction : les manchots ne sont pas des
pingouins
Diapo 1
Au même titre que l’Ours blanc est le symbole des régions polaires arctiques, le
manchot fait figure d’emblème en Antarctique. Et à juste titre, puisque c’est un animal
tout à fait particulier, qui s’est adapté de façon tout simplement extraordinaire à un
environnement parmi les plus extrêmes de la planète, et que je vous propose
maintenant de vous présenter…
Diapo 2
Et nous parlerons bien des manchots, et non des pingouins, que l’on amalgame
volontiers. Pourquoi cette confusion ?
D’abord parce qu’ils se ressemblent : même couleur noire sur le dos et blanche sur le
ventre, même capacité à nager sous l’eau, même conditions climatiques froides. Ils ont
même un cousin aptère commun, le Grand Pingouin (décrit pour la première fois par
les Vikings, et nommés Pen Gwynn (tête blanche) au XVe siècle). Les naturalistes qui
ont vu pour la première fois des manchots (début 16e siècle), n’ont d’ailleurs pas fait de
suite la différence, et ont assimilé leurs premières observations à des pingouins, à des
‘penguins’. L’origine de ce mot a plusieurs thèses :

penn guinn = tête blanche, mais les pingouins ont la tête noire. Seul le Grand
Pingouin, disparu au 19e siècle, avait une tâche blanche sur la tête

ou pin wing = aile pointue (en anglais)

ou encore pingue = viande sans goût en espagnol. Mais aucune des
explications n’est vraiment satisfaisante.
Une fois les manchots découverts, on les baptisa ainsi en raison de leur apparente
maladresse à terre (Buffon).
La différence a bien sûr été rapidement établie, et si actuellement la confusion perdure,
c’est peut être en raison de la traduction de cette famille d’oiseaux de l’anglais vers le
français : manchot se dit en effet pingouin en anglais (pingouins se disant auk, et ce
depuis 1768 « grâce » au Britannique Thomas Pennant, dont l’origine du mot reste un
mystère).
Et pourtant, il s’agit de 2 familles radicalement opposées. C’est leur évolution pour
s’adapter à l’environnement qui s’est ressemblée et a conduit à une apparente
similitude.
Diapo 3
Mais nous avons bien 2 familles différentes, avec des critères de différenciation nets et
faciles à retenir :
 d’un côté, nous avons les alcidés, dit pingouins,
 d’un autre côté, nous avons les sphéniscidés ou manchots
Les alcidés (pingouin, mergule, guillemot, macareux, alque…) :
- vivent exclusivement dans l’hémisphère nord
- sont capables de voler (seul le Grand Pingouin, dernier spécimen a disparu en
1844 était aptère lui aussi)
2
-
Ces ailes leur permettent de nicher en haut des falaises, à l’abris des
prédateurs terrestres tels que le renard ou l’hermine.
Ils sont aussi globalement assez petits : de 150g (mergule nain) à 1 kg
(guillemot),
Les sphéniscidés (de Sphéniscos = cheville pointue ou coin, en grec, en référence
peut être à leur bec parfois anguleux.) :
- ne vivent que dans l’hémisphère sud (excepté le Manchot des Galápagos qui
vit au niveau de l’Equateur)
- sont incapables de voler
- Ils sont plus gros : de1kg (manchot pygmée) à 45 kg (empereur).
- Si les manchots ont une masse corporelle importante, c’est pour augmenter
leur résistance au froid. En effet, plus les animaux sont grands, plus le rapport
surface / volume est petit, la surface (au carré) représentant la perte d’énergie,
mais le volume (au cube) représentant le gain de production de chaleur. En
outre, l’augmentation de l’autonomie de l’apnée est possible grâce à une
augmentation du volume des muscles remplis de myoglobine, qui permet le
transport de l’oxygène.
- La densité de leur corps leur permet aussi de plonger plus profondément, ce
qui est vitale pour eux puisque leur nourriture se situe plus en profondeur que
celle des pingouins qui vivent dans une zone où les poissons de surface sont
relativement nombreux (plateau continental peu profond en Arctique). Mais leur
capacité à plonger aussi profondément avec une masse corporelle aussi faible
reste un mystère, que l’équipe de Monsieur LE MAHO tente d’élucider en ce
moment.
Les 2 espèces ne se rejoignent pas, car ils ne franchissent pas la zone tropicale
chaude et pauvre en nourriture (les espèces tropicales sont très diversifiées, mais peu
nombreuses). Seul le manchot des Galápagos vit dans des eaux chaudes, preuve
d’une autre adaptation à un environnement particulier.
Diapo 4
Origine et évolution des manchots
Sans s’attarder sur leur origine pendant des heures, il est quand même intéressant de
reprendre un minimum l’histoire des ces oiseaux. Je vous disais que c’étaient des
oiseaux extraordinaires de par leur évolution, et je vais vous l’expliquer rapidement.
Pendant longtemps, les explorateurs ont décrit les manchots comme des sousoiseaux, incapables de voler, mi-poissons / mi-oiseaux. Dumont d’Urville, au début du
19e siècle, le décrivait de la façon suivante : « un oiseau-poisson, organisé de manière
à pouvoir plutôt nager que voler. Au lieu d’ailes, il a deux nageoires aplaties, et son
corps est couverts d’un feutre serrés plus semblable à de la soie qu’à de la plume. On
dirait même que ces petites rames sont couvertes d’écailles ». L’explorateur Bouvet le
qualifia même d’ « espèce de canard qui nage entre deux eaux comme un poisson, et
qui ne s’en différencie que par le bec fait comme celui d’un corbeau ».
En fait, l’étude des origines (phylogénie) montre que la famille des manchots
représente certainement parmi les plus réussis et les plus complexes.
Bien qu’aptères, il n’ont aucune similitude avec les oiseaux ratites tels que le kiwi,
l’autruche ou le dodo qui n’on jamais su voler. En fait, ils sont les descendants directs
des pétrels et des albatros, qui sont actuellement les meilleurs voiliers au monde. Pour
3
preuve : l’existence du bréchet, complètement hypotrophié chez les ratites (+
présence d’un cervelet tridimensionnel comme chez les voiliers)
Actuellement, le manchot le plus primitif est le petit manchot bleu d’Australie, dont le
mode de vie ressemble aux pétrels et puffins. A l’époque, il existait 40 espèces de
manchots.
Si le manchot a perdu sa capacité de voler – ça ne s’est pas fait en quelques siècle : le
plus vieux manchot découvert a 55 millions d’années, et qu’il s’est physiquement
autant transformé (et a été trouvé en Nouvelle-Zélande, dont on pense que toutes les
espèces actuelles viennent. Ce fossile représente une sorte de super-manchot, grande
comme un homme) – c’est parce qu’il s’est adapté à son environnement, on y
reviendra tout à l’heure.
Les différentes espèces de manchots
A l’époque, il existait environ une 40taine d’espèces de manchots.
Diapo 5
Aujourd’hui, il existe 16 ou 17 espèces de manchots (selon que l’on assimile les
manchots de Schlegel aux gorfous macaronis ou qu’on les considère comme une
espèce à part entière), réparties en 6 genres.

Genre Aptenodytes : Manchots royal, empereur,

Genre Pygoscelis : adélie, papou, à jugulaire,

Genre Eudyptes : gorfous des Fjordlands, de Sclater, sauteur, macaroni, de
Schlegel, des Iles Snares.

Genre Eudyptula : petit manchot bleu d’Australie

Genre Megadyptes : manchot à œil jaune

Genre spheniscus : manchots de Magellan, du Cap, de Humbolt et des
Galápagos
Diapo 6 et 7
Ce qui rassemble les manchots, le point commun de chacune de ces espèces (ordre
des Impennes = animaux possédant des ailes mais incapables de voler, comprend
exclusivement les manchots) est le fait qu’ils évoluent tous dans une mer qui ne
dépasse jamais les 20°C (excepté pour le manchot des Galápagos) ; et c’est la
diffusion du courant froid austral qui distribue ses aires de répartition.. On les retrouve
donc majoritairement au sud du parallèle 40 (entre le 40e et le 60e), avec une exception
pour les manchots des Galápagos qui sont situés près de l’Equateur (courant froid de
Humboldt) ou le long de l’Afrique (courant de Benguela) et avec des incursions plus
australes pour certains (au-delà du 70e parallèle).
Effectifs
Le gorfou macaroni, avec 9 millions couples nicheurs, et le manchot à jugulaire, avec
7,5 millions de couples nicheurs, représente plus de la moitié des sphéniscidés
mondiaux, estimés à 26 millions de couples nicheurs. (les îles de Crozet et Kerguelen,
4
appelés les îles aux 25 millions d’oiseaux, rassemblent quant à elles les plus grands
regroupements mondiaux d’oiseaux, avec 2 millions de couples nicheurs.
Les effectifs des manchots sont globalement stabilisés. Après les destructions
massives des manchots pour leur graisse, utilisée comme carburant, les manchots
reconstruisent leurs colonies. C’est le pétrole, en devenant le nouveau carburant, qui
les a sauvés du massacre, même si, ironie du sort, c’est aussi lui qui reste son
principal ennemi à cause des dégazage et marée noires. Les espèces sont
actuellement protégées et leurs colonies sont stables.
En revanche, les manchots des Galápagos, endémiques à ces îles, sont quasiment en
extinction à cause justement des marées noires, de même que le manchot de Humbold
au Chili et au Pérou. Cette espèce, qui a la particularité de nicher dans un terrier, vit
paradoxalement dans des terres rocheuses qui ne lui laissent aucune possibilité de
creuser de trou. L’espèce a trouvé la ruse d’utiliser alors comme matière première son
propre guano, qui représente malheureusement un excellent engrais, très prisé des
populations locales.
En zone Antarctique (continent et îles subantarctiques comprises), on retrouve 3
genres et 8 espèces, et sur le trajet que nous ferons ensemble, nous aurons la
possibilité d’en apercevoir 4 : les manchots Adélie, les papous, les jugulaires et les
gorfous macaronis (Shetlands du Sud). Des Empereurs nichent en Péninsule
Antarctique, mais sur l’île de Dion à l’ouest, où nous n’irons pas, et à cette époque les
jeunes ont déjà quasiment tous rejoint la mer.
Diapo 8
On va se concentrer sur ces 4 espèces, je vais rapidement vous les présenter :
Le manchot royal (Aptenodytes patagonicus)
Fait partie des deux plus grands manchots au monde, avec le manchot empereur (près
d’un m pour les mâles). Le poids des adultes est variable d’une colonie à l’autre. En
Géorgie du Sud (14 – 16 kg), ils sont par exemple plus gros qu’à Crozet (11,5 – 12,8,
m-f). Leur couleur est plus vive que les manchots empereur ; les jeunes en revanche
on un plumage brun chocolat la première année, puis le duvet laisse la place à une
coloration fade, avec une tache jaune à la place du orange sur la joue, poitrine
uniformément blanche et peu de rose sur le bec.
Caractéristique du manchot royal : sa reproduction. Le petit naît nu, et sa peau noire se
couvrira d’un duvet pour lutter contre le froid, qu’il acquière quand il quitte le repli
abdominal de ses parents. Il passe l’hiver couvert de ce duvet et adopte le plumage
juvénile juste avant de quitter la colonie. Le plumage adulte arrivera à la fin de la 2e
année.
Moyen de reproduction unique chez les manchots : il assure deux cycle de
reproduction sur 3 ans, chacun des cycle s’étalant sur 12 à 14 mois.
ponte (1 seul œuf) entre novembre et mars selon les colonies, 2 mois
d’incubation et de 10 à 13 mois pour l’élevage des jeunes. Le cycle sur 3 ans
se déroule de la façon suivante :
1/ une ponte en novembre N ->émancipation du jeune en décembre N+1
2 / 2e ponte en février N+2, émancipation du jeune en février N+3 => il est trop tard
pour les adultes de pondre une nouvelle fois avant la fin de l’été. La ponte suivante
aura donc lieu en novembre.
-
-
élevage :
5
1. le poussin nu reste dans la poche incubatrice pendant 1 semaine, échangé par
les paretns comme l’œuf, et nourri régulièrement.
2. Acquisition du duvet, le petit sort de la poche, mais reste sous la protection des
parents pendant 1 autre semaine.
3. Après 2 semaines, il s’écarte de ses parents, et les jeunes se regroupent en
crèche. Les parents les nourrissent abondamment, les jeunes grossissent vite.
4. Puis les parents espacent de plus en plus leur visite, et les jeunes restent seuls,
blottis les uns contre les autres pendant tout l’hiver ! 50% de perte durant cette
phase.
5. en 5 mois d’hiver, que 3 a 4 visites des parents, qui ne restent quelque jours
(pas de formation de la tortue) avant de repartir en mer pour plusieurs semaine.
6. à l’approche des beaux jours, en octobre, les parents reviennent plus souvent,
et les jeunes reprennent du poids (nourrissage tous les 4 ou 5 jours). Les
adultes tournent et partent en général pdt 8 jours pour atteindre le lieux de
pêche et revenir.
7. Entre 10 et 14 mois, les jeunes perdent leur duvet et sont prêts à partir en mer,
où il restent pendant 3 ans environ.
8. La mue de la 2e année a lieu n’importe où, pas sur le même site de nidif.
- Régime alimentaire : teutophage, mais aussi plus varié selon le site de nidification
(poissons à Crozet et céphalopodes à SG).
Durant le nourrissage des jeunes : les parents ne dépassent pas 300 km (vitesse de 8
km/h, entre 50 et 250m de profondeur ; durant nourrissage, 100 à 150 plongées par
jour avec apnée de 6 à 7 mn).
- Distribution : pas plus au sud que le 45° parallèle. 1,2 millions de couples.
Les Royaux vivent soit dans des vallées peu encaissées, soit dans des pâturages avec
les moutons aux Falklands.
Les Manchots à crête
Eudyptes = bons plongeurs, regroupés en des colonies gigantesques et
particulièrement bruyantes. Ils pondent deux œufs, le 1er plus petit que le 2nd, qui est le
seul à être couvé jusqu’au bout (4 à 5 jours d’écart). Couvent en général dans des
sites pauvres en matériaux. Sont tous assez aggressifs.
Le gorfou sauteur (Eudyptes Chrysocome)
Le plus petit des manchots à crête et le plus trapu. Avec brosse sur la tête, et deux
variété d’aigrette, longue ou courte. Iris rouge, pattes roses. (3 ssp ; celles des Flakl
est Chrysocome Chrysocome) ; La plus grosse colonie est au Falklands.
Les juvéniles, avant de quitter la colonie, ont le menton gris, le bec gris, et pas de crête
occipitale.
Caractéristique : petit : 45-58 cm, entre 2.3 et 4.3 kg selon avant ou après mue.
Différence avec Macaroni : bec moins puissant, crête occipitale qui s’évase en arrière
de la tête (et donc plus petit).
Saison de reproduction variable selon les colonies et les variations climatiques
(décalage de 10 jours pour une différence d’un °C de température de mer) : les plus
austraux nichent les plus tard.
1. Falkland : les m. arrivent en octobre, suivis 10 jours plus tard par les f.
2. Ponte début novembre
6
3. Eclosion début décembre.
Les colonies peuvent situées loin de la mer, les oiseaux utilisent alors depuis des
siècles le même chemin pour rejoindre la mer (ils nichent avec des sourcils noirs et des
cormorans).
Pourquoi sauteur ? Parce que la colonie peut être installée en haut d’une falaise,
violemment battue par les vents, avec un seul accès à la mer possible. Le gorfou n’a
pas d’autres choix que d’emprunter cette voie difficile et de « sauter » de roches en
roches, voire de carrément sauter pour échapper à ses prédateurs.
Mâle incube pendant 3 semaines, f. nourrit ; à 3 sem, les petits se regroupent en
crèche, nourrissage de 2- 2,5 mois. Puis partent en mer et restent près de la
convergence subtropicale.
Régime alimentaire : krill, céphalopodes et poissons en complément, avec un régime
varié selon la présence des proies disponibles. Durant nourrissage, les parents ne
s’éloignent pas à plus de 25-30 km (max 300 km), plongeon maximum à 100m, mais
habituellement plus en surface). Forte prédation du Caracara aux Falkland. + lion de
mer + léopard.
Population du sauteur en baisse dramatique, y compris aux Falkl.Explication : la
famine. L’élévation de la température de l’eau déplace les bandes de krill et prive donc
les gorfous de leur nourriture + surpêche + prédation des rats et des chats importés.
Une vingtaine de couple nichent en Géorgie du sud.
Le gorfou macaroni, ou Gorfou doré (Eudyptes Chrysolophus) Macaroni Penguin
Diapo 9, 10, 11, 12
Le gorfou macaroni (origine de « macaroni » : leur crête, qui les fait ressembler aux
« Macaroni Dandies, càd aux voyageurs anglais du 18e s. qui adoptaient des modes
flamboyantes ?) fait donc partie des Gorfous (genre Eudyptes, du grec : bon nageurs),
qui se caractérisent tous par un plumage excentrique : fini la sobriété du noir et du
blanc, les voici avec des aigrettes dressées ou tombantes, courtes ou raides, jaunes
ou oranges. Notre gorfou en est particulièrement bien doté, et dispose d’un bec rougebrun. On reconnaît le gorfou macaroni des autres gorfous parce que les aigrettes se
rejoignent devant sur le front (seule confusion avec le g. de Schlegel, qui est parfois
considéré comme une sous-espèce du macaroni).
Les autres caractéristiques du Gorfou (du scandinave Goirfulg) sont le fait qu’ils sont
insulaires, chamailleurs, et que leurs colonies sont de vraies ruches bourdonnantes.
Le macaroni est bcp plus robuste que le sauteur : 71cm en moyenne, leur poids varie
du simple au double selon leur cycle annuel de mue (on y reviendra). Il fait aussi partie
de l’espèce la plus nombreuse au monde : 9 millions de couples dénombrés.
Ils se retrouvent sur terre à la saison de la reproduction entre septembre et octobre, où
ils forment des colonies denses. Leur nid peut se trouver dans des éboulis, des
rochers, au-dessus de falaises. Les femelles pondent 2 œufs, mais seul le 2e, deux fois
plus gros, éclora (agressivité exacerbée des mâles, prédation induite par une
mauvaise garde, expulsion du 1er œuf après la ponte du 2e….Explications floue…) Le
gorfou sauteur, quant à lui, pond deux œufs, les deux poussins éclosent, mais seul 1
poussin survivra. Il y a là une évolution des espèces entre la ponte de deux œufs
comme chez les pygoscelis, par exemple, et les apténodytes qui n’en ont plus qu’un.
Les macaronis ne plongent pas très profondément (20-35m, pendant 1,5 mn), mais il
peuvent se rendre jusqu’à 500 km de leur colonie pour rejoindre leur zone de pêche,
leur nourriture étant essentiellement constituée de krill (un peu de poissons et de
céphalopodes)(là aussi j’y reviendrai).
7
En SG, les adultes partent une 12z d’heures seulement, contre plusieurs jours ailleurs.
Diapo 13, 14, 15
Le manchot à jugulaire (Pygoscelis antarctica) – Chinstrap penguin, Bearded
penguin, Stonecracker
Est la deuxième espèce de manchot que nous rencontrerons sur notre route. D’un
point de vue géographique, mais aussi parce qu’il fait partie de la 2e espèce la plus
représentée au monde : 7,5 millions de couples recensés au monde, population qui
serait même en progression.
Le manchot à jugulaire appartient à la famille des Pygoscelis (du grec pattes coudées),
au même titre que les deux espèces suivantes. Chacune des 3 espèces de cette
famille ont des traits caractéristiques facilement repérables : repérez chez celui-ci son
signe distinctif : la bande noire sous le menton et les yeux rouges. Avec ses pattes
roses, ce sont d’ailleurs les seules marques de couleur qu’on lui voit.
Le manchot à jugulaire est aussi assez grand, avec une moyenne de 72cm et un poids
compris entre 4 et 5 kg. Contrairement à ses congénères du même genre, il est assez
agressif, c’est un acariâtre qui se bat régulièrement pour défendre son nid, qu’il installe
volontiers parmi les colonies d’Adélie pour occuper leurs sites de nidification. Pourtant
celui-ci est le moins élaboré : il s’agit juste d’une petite cuvette de cailloux, que les
partenaires complètent tout au long de la période de reproduction. On voit d’ailleurs
régulièrement des adultes en train de transporter une pierre dans leur bec (d’où le 2 e
nom anglais : stonecraker)
Le jugulaire pond 2 œufs, éventuellement 3, mais là chaque poussin a une chance de
naître. Comme le macaroni, il se nourrit quasiment uniquement de krill, qu’il complète
avec de petits poissons. Comme lui aussi, il ne plonge pas très profondément (40 m) et
peu longtemps (1,5 mn), et se nourrit surtout la nuit.
Le manchot de Magellan (Spheniscus magellanicus)
Le genre Spheniscus est le premier à avoir été découvert par la voyageurs dès début
16ème siècle, car aux avant-gardes de la zone antarctique ; ce sont eux qui sont donc à
l’origine de la confusion avec les alcidés.
Tous ceux du genre ont un crochet au bout du bec, une barre noire qui tranche le blanc
de leur ventre blanc et une zone de peau nue rose près de l’œil. Ils nichent dans des
terriers creusés dans le sol. Ce sont ceux qui vivent dans les climats les plus chauds.
Les poussins ne vivent généralement pas en crèche, ils restent donc à l’abri de leur
terrier ou tour à proximité.
Taille des manchots de Magellan = gorfou macaroni (71cm), même poids (2,9 après
mue et 4,8 avant).
Reproduction dans un terrier creusé sur une surface plate, plus ou moins profond selon
la localisation : chambre de nidif surélevée par rapport à l’entrée-tunnel. Les couples
les moins expérimentés utilisent une simple cuvette, et risquent donc une forte
prédation.
Aux Falkl, les terriers sont creusés dans le sable ou dans la tourbe, sous le pied d’une
touffe de tussock, qui protège les petits de leurs « feuilles » lorsque ceux-ci sortent du
terrier. Attention donc quand on se déplace dans ces formation végétales, car le toit
des terrier est fragile et peut s’écrouler sous le poids des visiteurs.
8
L’espèce est fidèle à son lieu de nidif, qui est situé en zone côtière.
1. Début de l’arrivée des premiers couples (aux Falkl fin sept.) Cris du Magellan =
braiment de l’âne. Chacun défend ardemment son terrier, quitte à être violent.
2. Ponte début novembre, de deux oeufs identiques, à 4-5j d’intervalle, lorsque les
2 œufs sont pondus.
3. Incubation de 45j aux Falk, éclosion avec 2 jours d’intervalle.
4. Nourrissage : les parents partent pendant 24h environ, et restent dans un rayon
de 50 km environ. L’adulte protège ses jeunes en les maintenant derrière lui
(vision monoculaire= regarde l’intrus d’un œil puis de l’autre).
5. Les plus importantes colonies : Punta Tombo (arg) et Falkl. Les petits de ceux
des Falkl restent dans le terrier jusqu’à leur départ, qui a lieu début février.
Alimentation : très variée, d’où répartition large. Aux Falkl, es adultes chassent de jours
(de tôt à tard), marsouine peu, mais apnées successives de 20sec, ne plonge pas à
plus de 60m (céphalopodes, poissons, crustacés). Attaque aux Falkl : lion de mer
austral (otaria byronia), qui ne mange pas la tête, la laissant aux autres prédateurs.
Distribution : on peut voir qq individus en SG. Ils migrent tous vers le nord. Colonies
assez lâches, difficiles d’établir un modèle pour estimer la population : qq dizaines de
milliers de couples ?
Diapo16, 17, 18
Le manchot Adélie (Pygoscelis adeliae) Adelie Pinguin
Le manchot Adélie a été décrit pour la première fois par les naturalistes d’une
expédition commandée par Dumont d’Urville et porte le nom de la femme de Dumont
d’Urville, en son honneur, comme la terre que l’explorateur avait découvert en 1840.
On reconnaît également facilement le manchot Adélie : c’est surtout le contour de son
œil blanc qui le distingue, ainsi que la crête médiane érectile que les adultes
développent (fonction importante dans le répertoire des signaux visuels). A part ça, il
fait grosso modo la même taille que les autres : 75 cm de moyenne avec un poids
variant entre 3 et 6 kg selon la période de mue (les mâles sont plus gros que les
femelles).
Par contre, ils ont une différence de comportement importantes par rapport aux autres :
ce sont en effet les seuls à nicher sur le continent Antarctique (comme les manchots
empereurs, en fait). Ils sont ainsi mieux équipés pour lutter contre le froid et possède
des plumes plus longues que les 2 autres espèces, plumes qui sont implantées bas sur
le bec. La première tentative de reproduction intervient entre 3 et 8 ans, ce qui est
beaucoup, et les mâles parcourent d’immenses distances sur la banquise pour
atteindre leur zone de nidification : 30 à 100 km. Par contre, le nid est aussi sommaire
que celui des jugulaires : un petit creux dans le sol fait l’affaire.
L’Adélie a fait l’objet de plusieurs études (c’est en fait le mieux étudié), et son
comportement social a été bien analysé : on sait donc qu’il peut avoir un comportement
agressif envers ses congénères, se battre même. En revanche, il fait montre d’une
grande timidité envers les touristes par exemples, et des signes de stress sont
facilement observables : crête sagittale relevée, battement des ailerons, cercle orbital
dilaté, etc.
Concernant la reproduction, l’espèce pond deux œufs, et les deux ont une chance de
survie. A la période où nous sommes, nous assisterons au départ des poussins de la
colonie : fin janvier-début février, ils sont âgés de 50 jours, et même si leur mue n’est
9
pas tout à fait finie, ils peuvent déjà rejoindre la mer. Nous en verrons sur les plaques
de banquise. A partir de là, ils ne reviendront sur « terre » que 2 ou 3 ans plus tard !
Comme ses cousins pygoscélis, ils se nourrissent essentiellement de krill. Ils ont deux
niveaux de prédilection pour pêcher : entre 10 et 15m et entre 35 et 45 (plongée max à
-175m). Il y a actuellement 2,5 millions de couples répertoriés.
Diapo 19, 20, 21, 22
Le manchot papou (Pygoscelis papua) – Gentoo Penguin
Enfin le manchot papou (qu’on peut diviser en 2 sous-espèces selon leur lieux, mais je
vais parler papous sans distinction). Pourquoi papou ? On l’ignore encore, et il
semblerait que c’est plus une faute de transcription qu’un signe distinctif… (première
description au 18e siècle par le naturalise Sonnerat).
Les papous sont nettement moins nombreux que les autres : seuls 250 a 350000
couples ont été répertoriés. Nous en verrons malgré tout, puisque leur aire de
distribution s’étend aussi sur les îles proches de la Péninsule Antarctique et des
Shetlands du Sud.
On le reconnaît lui grâce à son bec orange vif. Sa taille moyenne est de 76 cm, mais à
part ça, ce qui le caractérise le plus est la grande diversité qu’il existe entre les
individus.
-
la taille d’abord : il existe une corrélation de la taille et du poids avec la latitude,
ceux-ci évoluant de façon inversement proportionnelle : les plus grands
individus se trouvent donc au nord et les plus petits au sud.
-
Ensuite la date de ponte. Visiblement, c’est la température de l’eau qui
détermine ces dates ; ainsi, entre les eaux « chaudes » (4-7°C) des îles
subantarctiques et les eaux froides de la Péninsule, il peut y avoir 6 mois de
décalage : première nidification en juin sur l’île Marion (près de Crozet) contre
début décembre pour la Péninsule. Concernant leur nid, celui n’est jamais établi
dans la neige, comme ce peut être le cas de l’Adélie ou du jugulaire, mais
uniquement sur la terre ferme.
-
La taille des colonies est aussi très variable, allant de quelques couples à
plusieurs milliers, et là aussi c’est une question de latitude (plus dense dans le
froid)
-
Enfin, la nourriture ; il n’existe pas vraiment de régime alimentaire type, et le
papou mange aussi bien du krill que des petits poissons ou des crustacés. Il ne
s’éloigne pas trop de sa colonie (pas plus de 30 km) et passe donc l’essentiel
de son temps en mer à se nourrir.
Le manchot papou est timide, il se bat mollement, ce qui le rend vulnérable aux
attaques. Attention donc aux visiteurs et aux dérangements qu’ils occasionnent, car les
risques de prédation augmentent encore (ne pas s’approcher à plus de 30m).
Le papou construit des nids avec des brindilles et des algues, ou de petits cailloux. Il
pond 2 œufs, qui ont des chances équivalentes d’éclosion.
Diapo 23
Les manchots, des oiseaux informes ?
10
Je vous disais que les manchots, loin d’être des sous-oiseaux, sont au contraire des
champions de l’adaptation : ils ont en effet réussi à survivre à un des environnements
les plus extrêmes de la planète, et je parlerai désormais des manchots antarctiques,
non de toute la famille qui inclut les espèces subtropicales, dont les habitudes sont très
variées.
Diapo 24, 25, 26
 Le continent Antarctique est le plus froid au monde (-89,6 °C enregistré à
Vostok, moyenne de -40°C en hiver et pas plus que 5°C en plein été sur les
côtes, excepté en Péninsule Antarctique) ;

les vents atteignent facilement 200 km/h et les blizzards sont courants

l’océan austral qui l’entoure est le plus puissant au monde (400x plus rapide
que le Mississipi et 2x plus que le Gulf Stream)

il est couvert de glace quasiment en permanence, empêchant toute présence
de mammifère ou de proie à terre ;

la végétation y est limitée à la présence de lichens et de mousses, donc ne
représente pas non plus de nourriture

le plateau continental est si étroit et si profond qu’il n’y a quasiment pas de
poissons de surface
On peut honnêtement se demander comment il est possible de survivre dans ces
conditions ! Et pourtant !
La première adaptation du manchot à son environnement a été de s’adapter à
l’élément qui lui fournissait sa nourriture, en l’occurrence l’océan. Comme à terre il n’y
avait aucun prédateur, il ne lui était pas nécessaire de devoir s’échapper par les airs.
En revanche, une adaptation à la vie aquatique, a été vitale :
Diapo 27
Les manchots sont donc devenus d’excellents nageurs
-
contrairement aux oiseaux « volants », les manchots ont les os pleins et
denses, ce qui leur permet de nager profondément (les os creux allégent pour
l’envol et freinent l’immersion dans l’eau)
-
le cou est réduit pour améliorer le profilage sous l’eau
-
la queue est courte, et accolée aux pattes, sert de gouvernail sous l’eau.
-
les ailes sont aplaties, véritables propulseurs sous l’eau, comme des nageoires.
-
en immersion, leur rythme cardiaque passe de 80 sur terre, à 150 dans l’eau et
baissent à nouveau à 80 pulsation / minute en plongée pour économiser
l’oxygène des poumons, du sang et des muscles.
-
La trachée est renforcée pour supporter les pressions importantes lors des
plongées, avec un renforcement médian.
-
Comme tous les oiseaux marins, le manchot dispose de 2 glandes à sel à côté
des yeux, par lesquelles les surplus de sel de l’eau de mer sont évacués, créant
une goutte d’eau salée que le manchot enlève en secouant la tête.
11
-
Ils sont myopes à l’air libre mais voient très bien sous l’eau. Ils ont une langue
rugueuse, voire épineuse et des mandibules puissantes qui leur permet
d’avaler des proies glissantes.
Diapo 28, 29
Grâce à cette morphologie, les manchots sont d’excellents nageurs. Ils nagent
facilement à 10km/h et peuvent atteindre la vitesse de pointe de 30 km/h. Si le gorfou
ne plonge pas profondément (30m), il est capable de nager à des centaines de km de
la colonie. Le papou plonge lui entre 30 et 100m de profondeur, l’Adélie a un record de
200m de profondeur, le royal à 300m et le record des espèces revient à l’empereur
avec un record de 535m. Ces plongées durent quelques minutes, avec toujours un
record de 25 mn pour le même Empereur. Lorsqu’ils prennent de la vitesse sous l’eau
et que les turbulences provoquées deviennent un frein, les manchots sautent de l’eau :
ils marsouinent, ce qui leur permet en outre de repérer et d’éviter les éventuels
prédateurs. (des études sont régulièrement menées pour mieux comprendre le
comportement des oiseaux : on leur applique des émetteurs qui permettent de suivre
leurs déplacements. Une bague est posée autour de leurs ailerons (pas autour des
pattes, car celles-ci ne possèdent pas de « mollets » mais juste l’articulation de la
cheville). L’équipe du M. Le Maho, directeur de recherche au CNRS de Strasbourg,
teste en ce moment une nouvelle technique d’identification, insérée sous la peau des
manchots, afin d’éviter que les bagues des ailerons ne les gênent plus dans leur
progression dans l’eau)
L’Adélie et le papou pêchent facilement à 70m de profondeur et restent jusqu’à 7 mn
sous l’eau.
Diapo 30
Les manchots ont également dû s’adapter au froid.
Celui-ci est notoire sur « terre » en Antarctique, mais surtout dans l’eau ; en mer, dans
laquelle les manchots passent 75% de leur temps, où la déperdition calorifique est 45x
supérieure à celle de l’eau (l’air est un isolant : ce qu’un Empereur ou un Adélie
supportent dans l’ai à -40°C, ils le supportent seulement à 0°C dans l’eau)
Diapo 31
-
les plumes sont courtes, épaisses, rigides comme des écailles et denses (10
par cm2), au point de ne laisser aucun espace de peau nue (à part autour du
bec pour certaines espèces et la plaque incubatrice), et que l’air emprisonné
dans cette protection de plume leur donne résistance optimale contre le froid.
Chaque année les manchots muent. Ils passent plusieurs jours sur terre pour
reconstituer entièrement leur plumage. La mue engendre des premières plumes
non étanches, et le manchot est donc dans l’impossibilité de partir plonger
chercher sa nourriture, entraînant une nouvelle période de jeûne prolongé. Ces
plumes sont si rigides qu’elles ne se retournent pas sous le vent, contrairement
aux autres oiseaux.
Diapo 32
-
La couleur de leur plumage contribue aussi à une moindre déperdition
calorifique : le noir du dos absorbe en effet les moindres rayons du soleil (d’un
point de vue mimétique, le noir se confond du dessus avec le noir des vagues,
tandis que vu de dessous, en mer, le blanc du ventre s’apparente aux reflets du
soleil)
12
-
La résistance au froid est accrue par la présence d’une épaisse couche de
graisse. Conjointement, la couleur noire des plumes du dos absorbe un
maximum de soleil lorsque celui-ci est présent, pour profiter de la moindre
chaleur
-
la température corporelle oscille entre 37,8 et 38,9°C. On estime qu’un manchot
supporte à -10°C ce qu’un homme supporte à +27°C. Sous l’eau, leur
température peut baisse jusqu’à 20°C, ce qui limite temporairement la
production d’énergie calorifique.
Parallèlement, comme le reste des oiseaux marins, les manchots sont incapables de
se reproduire en mer : ils sont obligés, comme tous les oiseaux marins, de rejoindre la
terre pour y nicher, et d’y trouver l’emplacement le mieux approprié.
Diapo 33
Les manchots sont donc aussi devenus marcheurs
Ils ne sont pas très à l’aise, mais arrivent à se déplacer même sur des terrains
irréguliers. Le record est toujours détenus par l’Empereur, qui peu parcourir jusqu’à
120 km pour rejoindre sa colonie. Là également, leur anatomie est adaptée :
Diapo 34
-
le tarsométatarse est large et plat, pour faciliter la station debout (et recevoir
l’œuf) et l’implantation de griffes puissantes nécessaires pour bien s’accrocher
dans la glace ou sur le sol (comme chaque oiseau, ils disposent d’une griffe
plus longue qui leur permet de lustrer leur plumage grâce à une glande sous le
croupion sécrétant une huile imperméable, et qui leur permet également de
s’enlever les tics)
-
leur voûte plantaire est doté d’une structure anti-dérapante, faite de petites
protubérances.
-
les ailerons, ouverts, servent de balanciers.
Diapo 35
-
Les Adélies et les Empereurs, qui savent vivre dans des terrains enneigés,
utilisent leur profil profilé pour se coucher et glisser à « terre » sur les névés
(toboganning)
Diapo 36
Une vie sociale évoluée
Comme je vous le disais à l’instant, les manchots, comme de nombreux oiseaux
marins, ne viennent sur terre que pour nicher. Devenus matures (entre 3 et 7 ans selon
les espèces), ils quittent l’océan et cherchent un endroit libre de glace et de neige. Le
mode de reproduction, la nidification et l’élevage des petits varient énormément d’une
espèce à l’autre et il est difficile de tracer des généralités.
Une nidification incertaine
Selon les espèces, et les localités, les colonies de manchots comptent de quelques
dizaines de couples à plusieurs centaines de milliers. L’espace disponible étant réduit
13
dans les régions polaires, plusieurs espèces de manchots peuvent cohabiter, voire
même se comprendre. Les colorations céphaliques, très importantes, permettent aux
individus d'identifier ses congénères lors de la période de reproduction où plusieurs
espèces cohabitent.
Diapo 37, 38
Lorsque les manchots arrivent sur terre, leur objectif est de trouver un partenaire pour
former un couple. C’est le moment des parades nuptiales, durant laquelle la gestuelle
et les chants ou cris revêtent toute leur importance. Un fois le couple formé, un lieu
idéal est choisi pour installer le nid, qui peut revêtir diverses formes : un petit tas de
cailloux pour l’Adélie, des touffes d’herbes, le haut d’une colline ou d’une pente pour le
jugulaire, la plage, un terrier pour le manchot du Cap ou Magellan ou des fissures de
roche pour le manchot des Galápagos ou les gorfous. Ce nid est rarement très
élaboré. Seuls les manchots royal et empereur font exception à la règle et ne
construisent pas de nid. C’est peut être la raison pour laquelle ils ne pondent qu’un
seul œuf (il n’existe que 4 espèces au monde qui ne pondent que tous les 2 ans : le
condor, le grand albatros, une espèce d’aigle et le manchot royal)
Les manchots sont globalement fidèle au site de reproduction et sont peuvent être
fidèle à leur partenaire, au moins durant la saison.
Diapo 39, 40
L’accouplement donne lieu à la ponte d’un ou deux œufs maximum selon les espèces
(1 seul œuf pour les espèces qui n’ont pas vraiment de nid). Les dates de ponte sont
très variables d’une espèce à l’autre. Excepté pour l’Empereur et le Royal, c’est durant
le cours été austral qu’a lieu la nidification, la naissance et l’élevage des jeunes.
L’Empereur se distingue de ses congénères car il est le seul à rester sur le continent
Antarctique même en plein hiver, pour la bonne raison qu’il est également le seul à
couver en plein hiver (le royal élève quant à lui ses petits en plein hiver ! Il les gave
pendant 3 mois, et une fois que le petit a emmagasiné suffisamment de graisse, il est
abandonné par l’adulte, qui part en mer et ne le rejoint que 2 mois par mois. Le petit
royal est donc soumis, à trois mois, à presque 6 mois de jeûne !). L’été austral est en
effet trop bref pour laisser le temps à son petit de naître et de grandir suffisamment
pour être autonome en si peu de temps. L’Adélie est le seul autre manchot à nicher sur
le continent Antarctique.
Une éducation à deux
Diapo 41, 42
Après la ponte, très coûteuse en énergie, les femelles partent en mer afin de
reconstituer leurs réserves corporelles. Seuls sur le nid, quand il y en a, les mâles
assurent les premiers stades de l’incubation des œufs (entre 35 et 65 jours à l’abri
d’une poche ou d’une plaque incubatrice richement vascularisée). Ils sont ensuite
remplacés par les femelles, sauf chez l’Empereur, puis les couples s’occupent de leur
progéniture à deux : la femelle pond, le mâle couve, et l’éducation se fait à deux. Pour
les espèces qui ne construisent pas vraiment de nid, l’œuf repose sur les pattes de ses
parents.
Diapo 43
Peu de temps après l’éclosion, l’appétit insatiable des poussins oblige les parents à
accomplir à tour de rôle d’incessantes allées et venues entre l’océan et la colonie : la
nourriture est régurgitée grâce à des contractions de l’estomac et les jeunes prélèvent
leur repas prédigéré directement dans le bec de l’adulte. Cette nourriture est d’ailleurs
étonnamment fraîche (cf sphénicine). Ces allers-retours sont l’objet d’innombrables
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altercations entre individus, et c’est là que les caractères belliqueux, agressifs ou plus
pacifistes surgissent, chacun se battant pour retrouver son petit.
Diapo 44
Les jeunes sont totalement dépendant de leurs parents au niveau chaleur et nourriture
lorsqu’ils sont tous petits. Une fois suffisamment grands (durée de l’élevage entre 2 à
13 mois), ils continuent à se faire nourrir mais plus occasionnellement, et avant la mise
à l’eau, il ses rassemblent en crèches. Et comme ils sont dépourvus de plumage coloré
à ce stade, parents et enfants ne se reconnaissent que grâce à leur voix ! Les
vocalises sont d’ailleurs d’une précision indétectable pour les oreilles humaines.
Diapo 45 Première immersion, première mue
Les jeunes manchots sont obligés de rejoindre la mer avant que celle-ci ne soit prise
par les glaces. Ils troquent donc leur duvet juvénile pour un plumage neuf parfaitement
étanche. En effet, les manchots muent : les petits pour ce nouveau plumage, mais les
adultes également, pour renouveler des plumes largement abîmées. Cette mue
représente une nouvelle épreuve, car les individus doivent entamer une nouvelle
période de jeûne, à peine quelque temps après la période de reproduction. Jeûne
nécessaire, puisque durant ces semaines où les plumes poussent (contrairement aux
autres espèces d’oiseaux où la mue se fait progressivement, elle a lieu d’un coup chez
les manchots), ils ne peuvent aller dans l’eau pour pêcher… Ils sont alors à leur masse
corporelle la plus faible.
Diapo 46
Mais une fois la mue achevée, ils peuvent rejoindre l’océan, ou pour les jeunes se
plonger dans leur nouvel élément, dans lequel ils passeront parfois plusieurs années
avant de revenir sur terre et qui représente leur source de vie (il dorment dans l’océan)
Diapo 47
Un océan de nourriture
Les manchots passent l’essentiel de leur vie en mer, où ils se nourrissent. Ils peuvent
alors se déplacer à des distances considérables de leur colonie, à plus de 1000 km
pour le manchot royal.
Les manchots pêchent en bande, et consomment essentiellement du krill, des
céphalopodes, et des poissons. (Les manchots de petite taille consomment surtout du
krill, les plus grandes se nourrissent d’avantage de poissons). En fait, ils ont
opportunistes et pêchent les proies les plus accessibles et les plus abondantes dans
leur zone d’alimentation (14 millions de tonnes de crustacés par ans, 3 millions de
poissons et 550000 tonnes de calmars). Petite parenthèse concernant le krill, parce
que c’est un animal qui revêt une importance tout à fait particulière dans la vie du
manchot en antarctique. En fait, il n’y a de manchots que parce qu’il y a du krill.
Diapo 48, 49
Le krill
(D’origine norvégienne et qualifiant les minuscules animaux grouillants) (surtout
Euphausia superba, mais une dizaine d’espèce de krill en tout). Le krill est un petit
crustacés de 3 à 6 cm de long, de couleur orangée, comme une petite crevette (même
si ce n’est pas du tout la même famille), qui atteint des quantités exubérantes : c’est
tout simplement l’espèce la plus nombreuse sur terre : 600 000 milliards d’individus,
qui représente 650 millions de tonnes (soit plus que la population d’humains). En
raison de la baisse très importante de baleines, la population de krill continue d’ailleurs
d’augmenter : autant dire que les manchots ne manqunt pas de nourriture ! Leur
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concentration est parfois telle que la mer se teinte de rose (la nuit également, puisqu’ils
ont la particularité de posséder des organes bioluminescents, qui brillent donc de nuit).
La zone de distribution du krill coïncide avec les zones recouvertes par la banquise en
hiver. C’est un brouteur de phytoplacton, qui l’hiver se réfugie sous la glace de mer
pour y avaler les algues qui s’y développent. Les quantités atteignent un tel nombre
parce que les femelles pondent 200 à 300000 œufs, et ce 2 fois par an.
Lorsque les manchots trouvent des essaims de krill, ils évoluent dans directement dans
un véritable garde-manger !
Diapo 50
Les manchots sont aussi des proies
Mais les manchots ne sont pas les seuls à évoluer ainsi dans les océans, et ne sont
pas les seuls à manger : ils représentent eux aussi une source de nourriture pour
d’autres espèces : les manchots ont donc des prédateurs, aussi bien lorsqu’ils sont sur
terre que sur mer.
Diapo 51
Sur terre
La menace vient du ciel : par ordre de taille : les pétrels géants, les labbes (skuas), les
goélands et les becs en fourreaux, qui attaquent les jeunes et les individus isolés.
En Antarctique : le skua antarctique et le skua subantarctique sont tous les deux
particulièrement agressifs vis-à-vis des manchots (comme des autres oiseaux marins
d’ailleurs) : ils profitent de la moindre seconde d’inattention pour attaquer des petits ou
piquer des œufs.
Les becs-en-fourreaux (ou chionis) sont aussi de redoutables adversaires. Dépourvus
de palmes et médiocres voiliers, ils doivent leur nom à leur bec, orné de protubérances
(les fourreaux), qui abritent leurs narines. Très agiles à terre, malin, opportuniste, ils
n’exercent pas de véritable prédation, mais sont toujours à l’affût d’un œuf délaissé ou
d’un poussin isolé (ou d’un cadavre). Certains d’entre eux utilisent la feinte : tandis que
2 ou 3 prédateurs monopolisent l’attention du groupe en volant au-dessus de lui, un 4e
profite de l’occasion pour s’attaquer à un individu isolé.
Diapo 52, 53
En mer
Il s’agit des orques (ou « épaulards »), des otaries à fourrures, des léopards de mer
(ou phoque léopard).
Ce dernier, qui peut atteindre 3 à 4m de long et 3 à 400kg, est capable de nager à plus
de 10 km/h et de dévorer 6 manchots en 1h. Il possède des rangées de dents en
crochets orientées vers l’intérieur de la gueule, parfaites pour filtrer le krill mais aussi
pour saisir des proies. Lorsqu’un manchot est ainsi capturé, ses congénères profitent
de son sacrifice pour se sauver. Mais si le lieu de mise à l’eau est vraiment dangereux,
la colonie peut en changer.
Diapo 54, 55
Les Hommes
La dernière menace, mais non des moindres, reste l’homme.
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De tout temps le manchot, avec son incapacité à se déplacer, a représenté une proie
facile. D’abord pour les Alakalufs, qui s’en nourrissaient et exploitaient sa peau, puis
par les explorateurs, dont c’était le seul apport de viande, mais surtout à partir du 19e
siècle, où une véritable industrie de la graisse (carburant) de manchots a démarré. Les
massacres ont été tels que les populations ont rapidement régressé. Le manchot a
ainsi servi de véritable charbon aux baleiniers, venus à la recherche de graisse de
mammifères marins ou stationnant dans les îles durant quelques mois. La pratique
voulait qu’on enfourne un manchot comme on enfourne du bois de chauffe, sans
même s’assurer d’avoir tué l’oiseau auparavant.
L’extinction n’a pas eu lieu grâce à la découverte… du pétrole ! Avec l’apparition de l’or
noir, les manchots n’ont plus été nécessaires aux chaudières. On peut donc dire que
c’est le pétrole qui a sauvé la vie du manchot, même si, paradoxalement, c’est lui qui
est à nouveau en train de le menacer, avec les dégazages et les marées noires
régulières qui viennent affecter son environnement.
Autre élément de menace : le développement des stations scientifiques et du tourisme,
dans des régions qui depuis la nuit des temps sont vierges de toute humanité :
l’écosystème est d’une telle fragilité que toute incursion mal organisée peut avoir des
conséquences tragiques ; d’où l’importance de respecter à la lettre les consignes
d’hygiène et de sécurité (IAATO : Internationale Association for Antarctic Tour
Operators).
Conclusion
Sachant cela, il n’y a pas de raison que les beautés des manchots et de la faune
antarctique ne vous soit pas dévoilée, et que vous n’en profitiez pas pleinement, car
elle est tout simplement extra-ordinaire.
Diapo 56
FIN
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