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Les Oiseaux de l’extrême
I - LES MANCHOTS
Introduction : les manchots ne sont pas des pingouins .............................................................................. 2
Origine et évolution des manchots ................................................................................................................ 3
Les différentes espèces de manchots ........................................................................................................... 4
Le gorfou macaroni, ou Gorfou doré (Eudyptes Chrysolophus) Macaroni Penguin ........................................ 7
Le manchot à jugulaire (Pygoscelis antarctica) Chinstrap penguin, Bearded penguin, Stonecracker .......... 8
Le manchot Adélie (Pygoscelis adeliae) Adelie Pinguin ................................................................................. 9
Le manchot papou (Pygoscelis papua) Gentoo Penguin .......................................................................... 10
Les manchots, des oiseaux informes ? ....................................................................................................... 10
Les manchots sont donc devenus d’excellents nageurs .............................................................................. 11
Les manchots ont également dû s’adapter au froid. ..................................................................................... 12
Les manchots sont donc aussi devenus marcheurs..................................................................................... 13
Une vie sociale évoluée ................................................................................................................................ 13
Une nidification incertaine............................................................................................................................ 13
Une éducation à deux .................................................................................................................................. 14
Première immersion, première mue ............................................................................................................. 15
Un océan de nourriture ................................................................................................................................. 15
Le krill .......................................................................................................................................................... 15
Les manchots sont aussi des proies ........................................................................................................... 16
Sur terre ...................................................................................................................................................... 16
En mer ......................................................................................................................................................... 16
Les Hommes ............................................................................................................................................... 16
Conclusion .................................................................................................................................................... 17
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Introduction : les manchots ne sont pas des
pingouins
Diapo 1
Au même titre que l’Ours blanc est le symbole des régions polaires arctiques, le
manchot fait figure d’emblème en Antarctique. Et à juste titre, puisque c’est un animal
tout à fait particulier, qui s’est adapté de façon tout simplement extraordinaire à un
environnement parmi les plus extrêmes de la planète, et que je vous propose
maintenant de vous présenter…
Diapo 2
Et nous parlerons bien des manchots, et non des pingouins, que l’on amalgame
volontiers. Pourquoi cette confusion ?
D’abord parce qu’ils se ressemblent : même couleur noire sur le dos et blanche sur le
ventre, même capacité à nager sous l’eau, même conditions climatiques froides. Ils ont
même un cousin aptère commun, le Grand Pingouin (décrit pour la première fois par
les Vikings, et nommés Pen Gwynn (tête blanche) au XVe siècle). Les naturalistes qui
ont vu pour la première fois des manchots (début 16e siècle), n’ont d’ailleurs pas fait de
suite la différence, et ont assimilé leurs premières observations à des pingouins, à des
penguins’. L’origine de ce mot a plusieurs thèses :
penn guinn = tête blanche, mais les pingouins ont la tête noire. Seul le Grand
Pingouin, disparu au 19e siècle, avait une tâche blanche sur la tête
ou pin wing = aile pointue (en anglais)
ou encore pingue = viande sans goût en espagnol. Mais aucune des
explications n’est vraiment satisfaisante.
Une fois les manchots couverts, on les baptisa ainsi en raison de leur apparente
maladresse à terre (Buffon).
La différence a bien sûr été rapidement établie, et si actuellement la confusion perdure,
c’est peut être en raison de la traduction de cette famille d’oiseaux de l’anglais vers le
français : manchot se dit en effet pingouin en anglais (pingouins se disant auk, et ce
depuis 1768 « grâce » au Britannique Thomas Pennant, dont l’origine du mot reste un
mystère).
Et pourtant, il s’agit de 2 familles radicalement opposées. C’est leur évolution pour
s’adapter à l’environnement qui s’est ressemblée et a conduit à une apparente
similitude.
Diapo 3
Mais nous avons bien 2 familles différentes, avec des critères de différenciation nets et
faciles à retenir :
d’un côté, nous avons les alcidés, dit pingouins,
d’un autre côté, nous avons les sphéniscidés ou manchots
Les alcidés (pingouin, mergule, guillemot, macareux, alque…) :
- vivent exclusivement dans l’hémisphère nord
- sont capables de voler (seul le Grand Pingouin, dernier spécimen a disparu en
1844 était aptère lui aussi)
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- Ces ailes leur permettent de nicher en haut des falaises, à l’abris des
prédateurs terrestres tels que le renard ou l’hermine.
- Ils sont aussi globalement assez petits : de 150g (mergule nain) à 1 kg
(guillemot),
Les sphéniscidés (de Sphéniscos = cheville pointue ou coin, en grec, en référence
peut être à leur bec parfois anguleux.) :
- ne vivent que dans l’hémisphère sud (excepté le Manchot des Galápagos qui
vit au niveau de l’Equateur)
- sont incapables de voler
- Ils sont plus gros : de1kg (manchot pygmée) à 45 kg (empereur).
- Si les manchots ont une masse corporelle importante, c’est pour augmenter
leur résistance au froid. En effet, plus les animaux sont grands, plus le rapport
surface / volume est petit, la surface (au carré) représentant la perte d’énergie,
mais le volume (au cube) représentant le gain de production de chaleur. En
outre, l’augmentation de l’autonomie de l’apnée est possible grâce à une
augmentation du volume des muscles remplis de myoglobine, qui permet le
transport de l’oxygène.
- La densité de leur corps leur permet aussi de plonger plus profondément, ce
qui est vitale pour eux puisque leur nourriture se situe plus en profondeur que
celle des pingouins qui vivent dans une zone les poissons de surface sont
relativement nombreux (plateau continental peu profond en Arctique). Mais leur
capacité à plonger aussi profondément avec une masse corporelle aussi faible
reste un mystère, que l’équipe de Monsieur LE MAHO tente d’élucider en ce
moment.
Les 2 espèces ne se rejoignent pas, car ils ne franchissent pas la zone tropicale
chaude et pauvre en nourriture (les espèces tropicales sont très diversifiées, mais peu
nombreuses). Seul le manchot des Galápagos vit dans des eaux chaudes, preuve
d’une autre adaptation à un environnement particulier.
Diapo 4
Origine et évolution des manchots
Sans s’attarder sur leur origine pendant des heures, il est quand même intéressant de
reprendre un minimum l’histoire des ces oiseaux. Je vous disais que c’étaient des
oiseaux extraordinaires de par leur évolution, et je vais vous l’expliquer rapidement.
Pendant longtemps, les explorateurs ont décrit les manchots comme des sous-
oiseaux, incapables de voler, mi-poissons / mi-oiseaux. Dumont d’Urville, au début du
19e siècle, le décrivait de la façon suivante : « un oiseau-poisson, organisé de manière
à pouvoir plutôt nager que voler. Au lieu d’ailes, il a deux nageoires aplaties, et son
corps est couverts d’un feutre serrés plus semblable à de la soie qu’à de la plume. On
dirait même que ces petites rames sont couvertes d’écailles ». L’explorateur Bouvet le
qualifia même d’ « espèce de canard qui nage entre deux eaux comme un poisson, et
qui ne s’en différencie que par le bec fait comme celui d’un corbeau ».
En fait, l’étude des origines (phylogénie) montre que la famille des manchots
représente certainement parmi les plus réussis et les plus complexes.
Bien qu’aptères, il n’ont aucune similitude avec les oiseaux ratites tels que le kiwi,
l’autruche ou le dodo qui n’on jamais su voler. En fait, ils sont les descendants directs
des pétrels et des albatros, qui sont actuellement les meilleurs voiliers au monde. Pour
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preuve : l’existence du bréchet, complètement hypotrophié chez les ratites (+
présence d’un cervelet tridimensionnel comme chez les voiliers)
Actuellement, le manchot le plus primitif est le petit manchot bleu d’Australie, dont le
mode de vie ressemble aux pétrels et puffins. A l’époque, il existait 40 espèces de
manchots.
Si le manchot a perdu sa capacité de voler ça ne s’est pas fait en quelques siècle : le
plus vieux manchot découvert a 55 millions d’années, et qu’il s’est physiquement
autant transformé (et a été trouvé en Nouvelle-Zélande, dont on pense que toutes les
espèces actuelles viennent. Ce fossile représente une sorte de super-manchot, grande
comme un homme) c’est parce qu’il s’est adapté à son environnement, on y
reviendra tout à l’heure.
Les différentes espèces de manchots
A l’époque, il existait environ une 40taine d’espèces de manchots.
Diapo 5
Aujourd’hui, il existe 16 ou 17 espèces de manchots (selon que l’on assimile les
manchots de Schlegel aux gorfous macaronis ou qu’on les considère comme une
espèce à part entière), réparties en 6 genres.
Genre Aptenodytes : Manchots royal, empereur,
Genre Pygoscelis : adélie, papou, à jugulaire,
Genre Eudyptes : gorfous des Fjordlands, de Sclater, sauteur, macaroni, de
Schlegel, des Iles Snares.
Genre Eudyptula : petit manchot bleu d’Australie
Genre Megadyptes : manchot à œil jaune
Genre spheniscus : manchots de Magellan, du Cap, de Humbolt et des
Galápagos
Diapo 6 et 7
Ce qui rassemble les manchots, le point commun de chacune de ces espèces (ordre
des Impennes = animaux possédant des ailes mais incapables de voler, comprend
exclusivement les manchots) est le fait qu’ils évoluent tous dans une mer qui ne
dépasse jamais les 20°C (excepté pour le manchot des Galápagos) ; et c’est la
diffusion du courant froid austral qui distribue ses aires de répartition.. On les retrouve
donc majoritairement au sud du parallèle 40 (entre le 40e et le 60e), avec une exception
pour les manchots des Galápagos qui sont situés près de l’Equateur (courant froid de
Humboldt) ou le long de l’Afrique (courant de Benguela) et avec des incursions plus
australes pour certains (au-delà du 70e parallèle).
Effectifs
Le gorfou macaroni, avec 9 millions couples nicheurs, et le manchot à jugulaire, avec
7,5 millions de couples nicheurs, représente plus de la moitié des sphéniscidés
mondiaux, estimés à 26 millions de couples nicheurs. (les îles de Crozet et Kerguelen,
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appelés les îles aux 25 millions d’oiseaux, rassemblent quant à elles les plus grands
regroupements mondiaux d’oiseaux, avec 2 millions de couples nicheurs.
Les effectifs des manchots sont globalement stabilisés. Après les destructions
massives des manchots pour leur graisse, utilisée comme carburant, les manchots
reconstruisent leurs colonies. C’est le pétrole, en devenant le nouveau carburant, qui
les a sauvés du massacre, même si, ironie du sort, c’est aussi lui qui reste son
principal ennemi à cause des dégazage et marée noires. Les espèces sont
actuellement protégées et leurs colonies sont stables.
En revanche, les manchots des Galápagos, endémiques à ces îles, sont quasiment en
extinction à cause justement des marées noires, de même que le manchot de Humbold
au Chili et au Pérou. Cette espèce, qui a la particularité de nicher dans un terrier, vit
paradoxalement dans des terres rocheuses qui ne lui laissent aucune possibilité de
creuser de trou. L’espèce a trouvé la ruse d’utiliser alors comme matière première son
propre guano, qui représente malheureusement un excellent engrais, très prisé des
populations locales.
En zone Antarctique (continent et îles subantarctiques comprises), on retrouve 3
genres et 8 espèces, et sur le trajet que nous ferons ensemble, nous aurons la
possibili d’en apercevoir 4 : les manchots Adélie, les papous, les jugulaires et les
gorfous macaronis (Shetlands du Sud). Des Empereurs nichent en Péninsule
Antarctique, mais sur l’île de Dion à l’ouest, nous n’irons pas, et à cette époque les
jeunes ont déjà quasiment tous rejoint la mer.
Diapo 8
On va se concentrer sur ces 4 espèces, je vais rapidement vous les présenter :
Le manchot royal (Aptenodytes patagonicus)
Fait partie des deux plus grands manchots au monde, avec le manchot empereur (près
d’un m pour les mâles). Le poids des adultes est variable d’une colonie à l’autre. En
Géorgie du Sud (14 16 kg), ils sont par exemple plus gros qu’à Crozet (11,5 12,8,
m-f). Leur couleur est plus vive que les manchots empereur ; les jeunes en revanche
on un plumage brun chocolat la première année, puis le duvet laisse la place à une
coloration fade, avec une tache jaune à la place du orange sur la joue, poitrine
uniformément blanche et peu de rose sur le bec.
Caractéristique du manchot royal : sa reproduction. Le petit naît nu, et sa peau noire se
couvrira d’un duvet pour lutter contre le froid, qu’il acquière quand il quitte le repli
abdominal de ses parents. Il passe l’hiver couvert de ce duvet et adopte le plumage
juvénile juste avant de quitter la colonie. Le plumage adulte arrivera à la fin de la 2e
année.
Moyen de reproduction unique chez les manchots : il assure deux cycle de
reproduction sur 3 ans, chacun des cycle s’étalant sur 12 à 14 mois.
- ponte (1 seul œuf) entre novembre et mars selon les colonies, 2 mois
d’incubation et de 10 à 13 mois pour l’élevage des jeunes. Le cycle sur 3 ans
se déroule de la façon suivante :
1/ une ponte en novembre N ->émancipation du jeune en décembre N+1
2 / 2e ponte en février N+2, émancipation du jeune en février N+3 => il est trop tard
pour les adultes de pondre une nouvelle fois avant la fin de l’été. La ponte suivante
aura donc lieu en novembre.
- élevage :
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