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fortune, sa revue İctihâd ainsi que la maison d’édition du même nom et
dénommée en français l’Imprimerie internationale. Il créa alors aussi la série
Kütüphâne-i İctihâd dans laquelle furent publiées nombre de ses propres
oeuvres et dont il fut le directeur jusqu’à son décès. İctihâd, périodique
littéraire et intellectuel dédié à la promotion de la culture mais aussi à la
défense des libertés d’opinion, de parole et de culte, parut durant presque
trente ans, bien qu’avec plusieurs interruptions et en changeant aussi de base
géographique, en fonction des déplacements de son directeur, résultant de
ses conflits avec les autorités. D’ailleurs, dès la fin de l’année 1904, il fut
expulsé de Suisse et s’installa au Caire en septembre 1905. Dans l’intervalle,
il avait été condamné par contumace à Istanbul à la réclusion à perpétuité en
forteresse, à la confiscation de ses biens, parmi lesquels figurait son
imprimerie bien sûr, et déchu de ses droits civils. A Genève il avait fondé, avec
Edhem Rûhî (Balkan), le Comité d’Union révolutionnaire ottoman,
‛Osmanlı İttihât ve İnkılâp Cem‛iyeti, une organisation aux penchants
ouvertement anarchistes au sein des Jeunes - Turcs. Au Caire, il adhéra au
Parti décentralisateur jeune-turc, ‛Adem-i Merkeziyyetçi Genç Türk
Fırkası. Tout en exerçant comme ophtalmologue, il poursuivit bien sûr ses
activités littéraires et pamphlétaires allant jusqu’à réfuter dans İctihâd l’utilité –
même de la dynastie ottomane ce qui lui valut d’être désavoué par l’ensemble
de la presse jeune-turque. Après l’avènement de la deuxième constitution en
1908 et l’abdication d’Abdülhamit II en juillet 1909, A.C., en délicatesse avec
les leaders du C.U.P., ne se précipita pas pour rentrer à Istanbul. Une autre
tempête fut de plus déclenchée par la publication de sa traduction de l'Essai
sur l’histoire de l'islamisme de Reinhart Dozy, [Ta’rîh-i İslâmiyyet]. En février
1910, à la suite de mutiples requêtes présentées par les services du şeyh-
ül’islâm
(Meşihât) criant à l’agression contre la foi islamique, le gouvernement
jeune-turc d’İbrahîm Hakkı Paşa interdit l’ouvrage en Turquie et ordonna que
les exemplaires dont on pourrait s’emparer soient jetés à la mer depuis le pont
de Galata. Après avoir accueilli dans les colonnes d’İctihâd plusieurs auteurs
Il s’agit du plus haut dignitaire religieux dans la hiérarchie des oulémas au sein de l’Empire ottoman.