raffinement dans les mœurs, les arts et la décoration : arcade, balcon, belvédère, cantilène, carnaval,
corniche, corridor, façade, fresque, guirlande, madrigal, mosaïque, opéra, politesse, sonnet…
A cette même époque, on a emprunté aussi à l’allemand arquebuse, butin, halte, à l’espagnol
camarade, casque, au portugais acajou, bambou, caravelle, cobra, aux langues américaines cacao,
caïman, coca, hamac, maïs.
Au XVIIe siècle, il y a la fondation de l’académie française par Richelieu en 1635. Les
grammairiens et les auteurs vont tendre vers un usage épuré de la langue, le « bon-usage ». En
parallèle, l’influence et le prestige de la France, de ses auteurs comme de ses manufactures font que
le français devient la langue de l’Europe cultivée. Le 8 mai 1673, les Académiciens prennent la
décision d’adopter une orthographe unique, obligatoire pour eux-mêmes et le public. Toutefois, sur
le territoire, les parlés et les langues régionales continuent à être très vivants à tel point qu’on a
toujours du mal à se faire comprendre d’une région à une autre. L’Académie va quant à elle
continuer à épurer la langue et à n’en retenir que les mots de « l’honnête homme ». Elle écarte ainsi
les mots anciens, les mots bas (bourgeois et populaires) ainsi que les termes trop techniques et trop
savants. C’est au moment où la langue française domine l’Europe qu’elle est la plus pauvre. De ce
phénomène de rejet académique va naître la préciosité qui avait pour but de dérober aux chastes
oreilles la réalité du monde par l’intermédiaire des périphrases (ex : la perruque s’appelait la
jeunesse des vieillards). Il est bien évident que durant ce siècle on a très peu emprunté aux autres
langues. Les emprunts, même s’ils sont très rares, sont faits à l’allemand (humanisme, choucroute,
nouille, sabre, à l’espagnol (caramel, chocolat, romance), au portugais (banane), à l’anglais (comité,
dock, paquebot, rhum). On va aussi employer un vocabulaire exotique dû au mariage de Louis XIII
avec Anne d’Autriche, fille du Roi d’Espagne Philippe III. Ce mariage va permettre à la France d’élargir
son commerce maritime en suivant la voie des espagnols et des portugais. C’est à la suite de ce
mariage qu’on va emprunter au Nahuatl les mots cacao, cacahuète, tomate, au Quechua (Pérou) les
mots alpaga, pampa, vigogne, à l’Arawak (Antilles) iguane, ouragan, savane, au Tupi (Brésil) acajou,
ananas, tapioca, au Tamoule (Inde) cachou, cari (curry), mangue, au Chinois le typhon, au Malais
bambou, jonque.
Au XVIIIe siècle, et plus précisément en 1714, le français supplante le latin comme langue de
la diplomatie avec le traité de Rastadt mais déjà l’anglais lui conteste cette suprématie en profitant
du prestige de ses savants, de ses philosophes, de ses institutions politiques et de son
développement économique. C’est aussi à cette époque que le royaume du Canada et la Louisiane
sont perdus par la France suite à des revers militaires et politiques. A la veille de la Révolution, les
anciens dialectes sont encore très vivants dans l’usage oral mais celle-ci va très vite entreprendre une
politique active de francisation à leur détriment. Puisque l’unité du pays n’était plus assurée par
personne, le Roi ayant été décapité, il fallut trouver un autre symbole de ralliement des français. Les
révolutionnaires choisirent de rallier le peuple autour de la patrie et de la langue. Afin d’imposer les
idées de la République une et indivisible, ils décidèrent de bannir les dialectes ressentis comme des
foyers d’opposition politiques et linguistiques. Afin que cette harmonie se fasse, ils demandèrent à
l’abbé Grégoire en 1790 de faire une enquête approfondie afin de connaitre le nombre et l’étendue
de ces patois dans tout le pays. L’enquête dure de 1790 à 1791 et lui permet de conclure que 6
millions au moins de français, surtout dans les campagnes, ignorent la langue nationale, que 6 autres
millions ne sont pas capables de soutenir une conversation suivie dans cette langue et que seuls 3
millions la parle correctement. Même si l’abbé Grégoire ne comptabilisa pas les femmes et les
enfants, on peut penser que seuls 12 français sur 100 parlaient français correctement et seulement 1
sur 4 le comprenaient. Dans ces conditions, il était bien difficile aux révolutionnaires de faire passer