FIG 2011 – G. MAGRIN – Faut-il vraiment « sauver » le lac Tchad ? 3
Gilles Sautter avait présenté des analyses de synthèse sur les grands projets sur
l’eau sont toujours bien vus.
Grand projet, c’est visible ; pour État, maîtriser un fleuve, c’est maîtriser la nature,
forte symbolique.
On pense régler tous les problèmes d’un seul coup.
Intérêt des bailleurs de fonds, plus rentable, plus visible aussi.
De nombreux acteurs ont des intérêts : grand nombre de bureaux d’études...
Phénomène de corruption, donc beaucoup d’acteurs et d'intérêts.
Risques
– Écologiques si on canalise du bassin Congo au bassin du Tchad, éviter de perdre,
assécher certaines zones humides ; changement de la biodiversité et éventuel
problème.
– Impacts économiques : des gagnants avec agriculture à plus grande échelle,
favorisation de la pêche ; mais aussi contradictions possibles, utilisation d’engrais,
déversement de produits dans le lac, questions d’équilibre entre amont et aval.
– Également perdant ½ des superficies de cultures de décrue, très productives (mais
½ de N’Djamena).
Il ne suffit pas d’amener de l’eau pour tout régler.
Également problème politique entre les différents pays : Congo, RDC, Tchad.
Projet apparaît comme d’un autre temps : lac vraie machine à évaporer, donc faible
intérêt ; augmentation de l’offre de l’eau, mais pour quoi faire ?
Il faut prendre en compte demande amont, aval, utilisation...
Discussions qui rappellent les années 1960 dans le contexte africain avec perte de
main des pays africains sur les grands projets de développement.
Depuis les années 2000, les choses ont changé avec les moyens des pays africains
et des ambitions.
On retrouve une tentation des grandes infrastructures.
Nouveauté : rentes environnementales compensation des pays Nord au Sud pour
le changement climatique, rente financière, manne intéressante.
Intérêts des acteurs autour du lac : un marigot politico-industriel
FAO : mode de fonctionnement style « alarme au loup », plus toujours entendu ;
appui la Communauté du bassin du lac Tchad (CBLT) qui regroupe les différents
gouvernements riverains (date de 1964, ancienne, histoire compliquée, finances
fluctuantes, bilan mince, institution pas stable du tout) projet de transfert pour CBLT
enjeu de survie et de financements.
Pays autour du bassin : pour Niger et Cameroun, lac loin, périphérique.
Pour Nigeria, finance ½ de CBLT, mais c’est périphérique aussi, pas d’objet très
précis, veulent être là pour empêcher les problèmes.
Tchad a aujourd’hui des ressources avec le pétrole (depuis 2003) et son
gouvernement découvre les problèmes environnementaux, enjeux de légitimation et
contrôle des populations rurales et intérêt pour les rentes environnementales.
Lac Tchad société civile faible influence.
Si on regarde plus loin : RDC et Congo sont plutôt favorables au transfert, mais
incertitude assez forte sur RDC.
La Libye s’était intéressée au lac Tchad depuis longtemps avec nappes d’eau
fossiles du lac Tchad et volonté d’alimenter les eaux libyennes par nappes
souterraines (argumentaire bien construit, voir diaporama).