L'Espagne 1914-1956 Introduction : La première moitié du XXème siècle est marquée par une évolution chaotique de l'Espagne. En effet, le pays ne présente aucune cohésion durable, tant au niveau des structures de l'état qu'au niveau territorial. Les régimes politiques se succèdent et les pressions indépendantistes sont très fortes. La problématique du début du siècle est d'assurer la cohésion par la monarchie. Toutefois, cette cohésion ne réussit pas être effective du fait des problèmes de modernisation. Quelles évolutions tout au long du XXème siècle ont permis à l'Espagne d'acquérir stabilité et tentatives de réformes ? Pour apporter des réponses à cette question, nous commencerons par voir la Chute du régime monarchique de la famille des Bourbons. Ensuite, nous verrons en quoi le nouveau régime qui s'est établit : la République, est un régime déchiré. Pour finir, nous nous intéresserons aux débuts du régime franquiste, qui a suivit la disparition d'un début de démocratisation de l'état espagnol. Conclusion : L'Espagne a acquit une stabilité de gouvernance par une dictature, ce cadre très stricte était nécessaire pour faire passer un certain nombre de réformes de modernisation (économiques, financières et agricoles). La république a été un tournant majeur de l'histoire espagnole, pour aboutir au milieu des années 1970 à une démocratie pleine et entière. En effet, la multiplication des régimes, même la tentative démocratique, par la République, ont échoué, là où la dictature de Franco a réussit. Celle-ci a créé une union totale du pays, en rompant avec la volonté qui s'était affirmée dans les années 1920 de maintenir l'autonomie des particularismes espagnols, même de les faire devenir indépendants. Franco envisage son pays comme une unité absolue. Ce régime fait donc figure de transition vers la démocratie car il a élaboré les bases économiques d'un régime moderne, ce dont il manquait auparavant. Les dérives dictatoriales du régime franquistes sont cependant impossibles à nier, les persécutions et répressions étant très présentes au sein du régime. I- La Chute de la monarchie espagnole. A) Le tournant des années 1920. L'Espagne est restée neutre pendant la première guerre mondiale. Ce positionnement a permis un profit considérable pour l'économie espagnol, par opposition aux autres pays européens ou occidentaux, pris dans l'effort de guerre, et donc incapable de s'ouvrir économiquement pendant le conflit. En 1917, des vagues de grèves très importantes touchent l'Espagne. Elles se manifestent comme une opposition au régime en place, qui n'effectue aucune réforme d'ordre social. Par ailleurs, le terrorisme indépendantiste se développe, spécialement en Catalogne et dans les Asturies. Les particularismes espagnols souhaitent faire sécession. En parallèle, ces nombreuses contestations suscitent des réactions très fortes au sein de la classe sociale prédominante. L'armée occupe une place centrale dans la société espagnole, son rôle politique est décisif. Ainsi, en réaction aux grèves de 1917, les militaires décident de créer des milices de défense. Et ils effectuent des violentes répressions parmi les contestataires. B) La dictature de Primo de Riveira. En conséquence aux oppositions internes et à la désunion nationale, les bandes armées se multiplient et se répondent. Les syndicats (composés des masses paysannes et ouvrières) s'opposent aux milices armées bourgeoises. Primo de Riveira prend le pouvoir le 13 Septembre 1923. Son gouvernement manifeste une volonté de modernisation des infrastructures et prône, de plus, un rétablissement militaire de la position de l'Espagne au Maroc. En effet, l'Espagne a perdu la plupart de ses colonies au début du siècle, et le Maroc est sujet au chaos. C) Echec de l'autoritarisme. La fin de la dictature de Primo de Riveira est marquée par une montée de l'opposition et de la violence des répressions : envers les intellectuels fortement persécutés, mais également dans les milieux conservateurs qui s'opposent au régime. Par ailleurs, l'autonomie est toujours réclamée par certains territoires espagnols. Et, l'opposition est devenue populaire, parce que le dictateur refuse d'établir des réformes sociales. Primo de Riveira quitte le pouvoir en janvier 1930. Après le départ de Primo de Riveira, l'Espagne est morcelée. Les bases monarchiques du régime ont disparu. En effet, il n'y a plus d'unité autour du souverain régnant, ce qui renforce les volontés sécessionnistes. La monarchie espagnole pensait véritablement être sauvée par la dictature de Primo de Riveira, c'est pourtant bien elle qui l'a perdue. La perte des valeurs monarchique est totale. Il y a peu de reconnaissance du pouvoir royal. Alphonse XIII choisit donc l'exil pour rétablir l'ordre après la déroute électorale d'avril 1931. (Déroute relative puisque les monarchistes sont toujours majoritaires) II- La République déchirée. A) L'instauration de la seconde République. En Juin 1931, après leur victoire aux élections, la Gauche proclame une nouvelle Constitution avec des bases démocratiques. Les réformes modernistes se succèdent : 1. Réformes du Code Pénal 2. Séparation Eglise/Etat 3. Légalisation du divorce 4. Amélioration du système scolaire 5. Réformes Militaires (nombres d'officiers, réactions aux milices) 6. Réformes agraires L'interdiction des congrégations religieuses à deux conséquences, la refonte du système scolaire et du système agraire, parce que les congrégations possédaient de nombreux domaines où ils installaient des écoles religieuses. L'opposition à la toute nouvelle Seconde République est double: 1. Tout d'abord, le clergé, les propriétaires terriens et les militaires, qui voient leurs bases sociales remises en question par la modernisation et les réformes. Leurs volontés politiques sont particulièrement réactionnaires. Ils tentent un putsch armé en 1932, c'est un échec. 2. Ensuite, les anarchistes et les socio-marxistes s'opposent au régime parce qu'il réclame une plus grande rapidité dont l'exécution des réformes. Ils poursuivent leur politique d'agitation et de terrorisme d'intimidation. B) Le temps des soulèvements. La Crise boursière et financière de 1929 a provoqué de graves conséquences sur une économie espagnole peu stable et moderne. Ces difficultés aggravent les tensions sociales et politiques du pays. En novembre 1933, la majorité change, car elle n'a pas convaincu, La direction du pays passe au centre droit. L'extrême-gauche se sent menacée par ces résultats, car elle y voit la fin des réformes rapides. Elle tente alors une posture d'intimidation vis-à-vis de la classe politique. En 1934, les Insurrections se multiplient, et les répressions à leur encontre sont sanglantes. La politique du nouveau gouvernement s'est radicalisée. Les gouvernants appliquent une politique de réaction sociale, ce qui déclenche de nouveaux soulèvements, à Madrid, en Catalogne. L'Insurrection la plus pérenne est celle des mineurs des Asturies, mais elle est violemment réprimée. L'état espagnol tente alors de trouver un nouveau souffle. Il se tourne ver le renouveau du Front populaire en 1936, après une nouvelle dissolution qui permet d'effectuer un rassemblement à gauche. Cependant la voie démocratique semble sans effets pour les différents courants de gauche et d'extrême-gauche (PC, Anarchistes) qui appellent à la révolution. Quant aux monarchistes, ils souhaitent une restauration. Les forces de droite se délitent peu à peu. C) La guerre civile, conflit meurtrier. Le conflit débute après l'assassinat du leader monarchiste Sotelo, ce qui provoque un putsch des généraux (qui se divisent en plusieurs courants, royalistes ou non). L'avancée des putschistes est laborieuse, le gouvernement, et le pays résistent, pour maintenir la République. Franco, auréolé d'un prestige militaire sans égal, est à la tête de l'armée d'opposition à la République. La victoire finale n'arrive qu'en 1939, après plus de trois années de conflit. La guerre d'Espagne voit l'affrontement de deux visions de l'Espagne et de deux volontés antagonistes. Républicains et Franquistes s'opposent. Les étrangers ont pris part au conflit de manière indirect par l'intervention de brigades étrangères les « Brigades Internationales ». En aucun cas, la guerre civile espagnole ne se présente pas comme une « répétition générale » de la Seconde Guerre Mondiale. Voir cours sur La guerre d'Espagne de l'an dernier. III- Les débuts de la dictature franquiste. A) Quelle idéologie du franquisme ? Le régime établit par Franco se présente comme une dictature aux bases traditionnelles. Un régime autoritaire centré sur la personnalité de Franco. Les bases de la dictature sont : 1. La Religion catholique 2. Un passé Glorieux 3. Le Corporatisme. Les bases sociales de l'Espagne sont pérennisées : 1. L'armée 2. L'Eglise 3. Les Grands Domaines. Les fondations de la dictature sont profondément réactionnaires. Toutefois, cette structure close et ordonnée est une façade utilisée par Franco. En effet, Franco cherche stabiliser le pays pour pouvoir le gouverner. Bien qu'il souhaite établir un pouvoir personnel, son pragmatisme politique est impossible à nier. La dictature unifie considérablement ce pays toujours divisé. Par ailleurs, le franquisme n'est pas un totalitarisme, puisque la dictature établit par Franco n'est absolument pas novatrice dans sa construction étatique. Elle reprend les bases d'une dictature traditionnelle. Ce n'est ni un fascisme, ni un nazisme, en ce sens, l'Espagne se détache des prises de pouvoir autoritaires qui ont secoué l'Europe. B) Les conclusions de la Seconde Guerre Mondiale. L'Espagne est mise au ban de l'Europe au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Tout comme en 1914, elle est pourtant restée neutre dans le conflit mondial. En effet, les conséquences de la guerre civile ont fait que le pays avait un besoin impérieux du rétablissement de la paix et de l'ordre sur son territoire national. Mais, il est vrai que l'Espagne avait une réelle proximité de relations avec les pays de l'Axe vaincus. Malgré le pragmatisme de Franco, l'Espagne avait au départ de bonnes relations avec Hitler et l4allemagne nazie. De plus, à la suite du conflit mondial, l'Espagne apparaît comme le seul pays européen sous dictature. (Oppositions communistes) Ensuite, le pays a été profondément détruit par la guerre civile. Cette situation l'a isolée du reste de l'Europe, puisqu'elle n'a pas pris part à la guerre. Mais cela a également des conséquences très importantes dans son rapport avec le monde extérieur, en particulier l'Europe en construction. L'économie espagnole est assez archaïque, tout comme l'agriculture. Le pays a besoin de réformes de modernisation de sa structure économique et de développement. De plus, l'opposition entre la ruralité et les urbains est extrêmement importante pour définir un réel manque de modernité. C) En marche vers la libéralisation. A partir des années 1950, Franco, toujours à la tête du pays lance une politique réformatrice, en introduisant des ministres plus libéraux à l'intérieur des différents gouvernements successifs. Les réformes ont lieu à plusieurs niveaux : le premier étant la structure éducative. Dans cette optique, le ministre adopte des textes novateurs, qui provoquent une agitation estudiantine en février 1956, et qui va déboucher sur une grave crise politique, mettant en question le système éducatif. Ensuite au niveau économique, Franco est conscient que l'Espagne présente un retard considérable : 50% de la population active travaille dans le secteur primaire, le pays est autarcique, et les importations sont un réel problème. Il cherche à moderniser en profondeur son pays, par une pleine compression des archaïsmes économiques de l'Espagne. La dictature assure une certaine stabilité dans la réalisation de réformes modernisatrices.