médecine aéro 1

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MEDECINE
AÉRONAUTIQUE
DOCTEUR CHRISTIAN GOMEZ
Spécialiste en Médecine Aéronautique
Médecin agréé
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HYPOXIE D'ALTITUDE
La pression d'oxygène ( PO2 ) diminue avec l'altitude en raison de la
diminution de la pression atmosphérique (dite pression barométrique PB) et, quelque
soit l'altitude, de la constance de concentration en oxygène (21%). Ainsi et en raison
de la constance de saturation intra-pulmonaire en vapeur d'eau (47 mmHg), la PO2 de
l'air inspiré (dans les poumons) peut se calculer grâce à la relation PO2 = 0,21 (PB – 47)
et, par formule dérivée, le pourcentage de diminution de la PO2 avec l'altitude peut se
calculer grâce à la relation : % de diminution de PO2 = 107 – PB  0,14
diminution de PO2
ALTITUDE
PB (mmHg)
PO2 (mmHg)
3300 ft (1000 m)
674
132
12,6 %
6600 ft (2000 m)
596
115
23,5 %
9800 ft (3000 m)
525
100
33,5 %
13100 ft (4000 m)
462
87
42,3 %
16400 ft (5000 m)
405
75
50,3 %
(par rapport à l'altitude o)
TOUTE MALTOLÉRANCE A UNE DIMINUTION DE LA PO2
SE MANIFESTE PAR UNE HYPOXIE D'ALTITUDE
La PRESSURISATION DES AVIONS permet l'obtention artificielle d'une
altitude cabine de l'ordre de 6600 ft (2000 m ) :
 souvent inférieure à 6600 ft pour les avions dont l'altitude de croisière est peu élevée
 7000 à 8000 ft pour les avions pouvant évoluer à plus de 32800 ft (10000 m)
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FACTEURS FAVORISANTS
FACTEURS AERONAUTIQUES
IL EST NECESSAIRE D'UTILISER UN COMPLEMENT D'O2
dès 11500 ft (3500 m) et, en cas de vol prolongé, dès 9800ft (3000 m)
Tout sujet prédisposé à l'hypoxie doit utiliser un complément d'O2
dès 8200 ft (2500 m), à fortiori, en cas de vol prolongé
Vitesse d'ascension et durée du vol
L'hypoxie d'altitude est d'autant moins bien tolérée que la vitesse
ascensionnelle est rapide : l'hypoxie commence a être significative à 9800 ft
(3000 m) pour les vitesses ascensionnelles habituelles en aéronautique de loisir
(de l'ordre de 500 ft / mn).
L'hypoxie d'altitude est d'autant moins bien tolérée que la durée
du vol est prolongée : selon la durée du vol (une à plusieurs heures) et selon la tolérance
individuelle, la prudence impose, de ne pas dépasser 8200 à 11200 ft (2500 à 3500 m ).
Température de cabine
Toute température inconfortable, principalement si elle est insuffisante,
peut être un facteur favorisant d'hypoxie d'altitude. Une température est
considérée physiologiquement comme excessive ou insuffisante lorsqu'elle est
responsable respectivement de sudation ou de frisson :
 un important rayonnement solaire sur la verrière peut rendre la température
de cabine excessive (le rayonnement solaire augmente avec l'altitude)
 lorsque la température au sol est de 16 à 18°, la température à 9800 ft (3000 m)
est de l'ordre de 0° (la diminution de la température avec l'altitude est de
l'ordre de 6,5° par 1000 m)
En outre et en raison d'une diminution de l'hygrométrie avec l'altitude
(diminution de 50% à 1500 m et de 90% à 5000 m),une température excessive peut
être rapidement responsable d'une déshydratation. Il est évident que le cumul des
troubles hypoxiques et des troubles induits par une déshydratation est responsable
d'une importante dangerosité : les troubles neuro-psychiques induits par une
déshydratation surviennent dès 2 à 3% de perte hydrique, c'est-à-dire en
moins de 2 heures pour une température de cabine de 35°!
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FACTEURS HUMAINS
Nutrition
Tout état de jeûne (risque d'hypoglycémie) et toute alimentation trop riche
en graisse diminue la tolérance à l'hypoxie d'altitude. Il peut en être de même
lorsque le repas précédant le vol est trop riche en sucre : le sucre ainsi trop majoritaire
est éliminé très rapidement et, de ce fait, peut être responsable d'un état de jeûne
prématuré pendant le vol (risque d'hypoglycémie).
Etat de santé
Certaines pathologies ( principalement anémie, carence en fer, certains troubles
cardiaques et/ou respiratoires, certains troubles circulatoires ) peuvent être responsable
d'une importante diminution de tolérance à l'hypoxie d'altitude.
Alcool, drogues, médicaments
( voir chapitre suivant )
Toute consommation d'alcool à jeun ou la consommation de plus d'un verre
pendant un repas diminue la tolérance à l'hypoxie d'altitude. Il en est de même
pour toutes les substances médicamenteuses ou non ayant une activité neuropsychique. Le cumul des troubles hypoxiques et des troubles neuro-psychiques
d'origine toxique ( alcool, drogues) ou médicamenteuse est responsable
d'une importante dangerosité.
Tabac
Un fumeur de 20 cigarettes par jour diminue sa tolérance à l'hypoxie
d'altitude de 1000 m à 1500 m : un vol à 2500 m "correspond", chez le fumeur, à un
vol à 3500 à 4000 m !
Il est évident que les passagers ne doivent pas fumer (à fortiori le pilote!).
Fatigue, appréhension, anxiété, mal de l'air
La fatigue, l'appréhension, l'anxiété et surtout le mal de l'air peuvent être
responsables d'une importante diminution de tolérance à l'hypoxie d'altitude.
Entraînement
La tolérance à l'hypoxie est d'autant moins bonne que le sujet est insuffisamment
entraîné aux vols en altitude : l'entraînement permet d'améliorer l'adaptation à
l'hypoxie d'altitude ( adaptation principalement cardio-respiratoire ).
Age
En règle générale, la tolérance à l'hypoxie d'altitude augmente jusqu'à 40 ans
puis diminue après 55ans.
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SYMPTOMATOLOGIE
TROUBLES VISUELS
Diminution de l'acuité visuelle nocturne
 10% à 5900ft (1800 m), 20% à 9800 ft (3000 m)
 30% à 13100 ft (4000 m), 40% à 16400 ft (5000 m)
Vision des couleurs
 début de perturbation possible dès 4900 ft (1500 m)
 le blanc paraît jaune-gris et le noir paraît gris à plus de 11500 ft (3500 m)
 difficulté de distinguer le bleu du vert à plus de 16400 ft (5000 m)
Autres troubles visuels
 rétrécissement du champs de la vision périphérique à 13100 ft (4000 m)
 diminution de la sensibilité aux contrastes
 diminution de l'acuité visuelle de jour
plus de 15000 ft (4500 m)
 diminution de l'accommodation
TROUBLES NEURO - PSYCHIQUES
Fatigue et diminution de la vigilance
 lenteur et/ou imprécision des réponses décisionnelles dès 8200 ft (2500 m)
 somnolence à plus de 11500 ft (3500 m)
Difficulté de concentration et diminution de la mémoire
 le travail mental diminue de 20% lors d'un vol de 4 heures à 9800 ft (3000 m )
et de 40% lors d'un vol de 1 heure à 15000 ft (4500 m)
Troubles du jugement
 perturbation du jugement à plus de 11500 ft (3500 m)
 perte du jugement à plus de 15000 ft (4500 m)
Céphalée à plus de 11500 ft (3500 m)
Vertige et/ou acouphène
plus de 15000 ft (4500 m)
diminution de l'acuité auditive
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Troubles du comportement
Les troubles du comportement sont d'une grande variabilité tant en ce qui
concerne leurs symptomatologies que l'altitude d'apparition :
possible dès 9800 ft (3000 m), parfois "seulement" à plus de 14800 ft (4500 m)
L'hypoxie peut être responsable de n'importe quel trouble comportemental …
sauf d'un comportement normal !
LES TROUBLES DU COMPORTEMENT LES PLUS FREQUENTS SONT :
 sensation de bien-être ou état euphorique
 risque d'évaluation insuffisante du danger par excès de confiance en soi
 indifférence, voire apathie
 diminution de la capacité d'autocritique
 risque de prises de décisions inadaptées
 moins fréquemment :
 état dépressif
 agressivité et/ou agitation
TROUBLES SENSITIVO - MOTEURS
Syndrome d'hyperventilation excessive
L'hyperventilation (respiration trop rapide et trop ample) est un phénomène
adaptatif normal à l'hypoxie d'altitude : la ventilation pulmonaire est augmentée
de 4 % à 3000 m et de 14 % à 4000 m. Lorsque l'hyperventilation est excessive
( anxiété, appréhension, mal de l'air, température excessive), elle peut être
paradoxalement un facteur favorisant de diminution de tolérance à l'hypoxie
d'altitude. Elle peut évoluer vers sa forme majeure : la CRISE DE TÉTANIE
 sensation de malaise croissant
 anxiété importante pouvant être responsable d'une sensation de mort imminente
 sudation importante du visage et des extrémités
 troubles sensitivo-moteurs des lèvres et des extrémités (CRISE DE TÉTANIE )
 risque de contractures des extrémités pouvant se propager aux membres entiers
troubles de la coordination motrice
 tremblements et/ou maladresse manuelle dès 14800 ft (4500 m)
 difficulté de réalisation de mouvements adaptés dès 16400 ft (5000 m)
Les troubles de la coordination motrice sont toujours majorés
par une température de cabine insuffisante
6
PERTE DE CONNAISSANCE
Lors d'une hyperventilation majeure
Une hyperventilation excessive, lorsqu'elle devient majeure, peut évoluer
vers une perte de connaissance : une importante anxiété ou appréhension, une
température excessive et surtout le mal de l'air peuvent multiplier l'hyperventilation
normale par un facteur 4 à 5 !
Lors d'un altitude de plus de 19700 ft (6000 m)
 la SYNCOPE apparaît plus ou moins brutalement
 la MORT survient en quelques minutes
Dans 5% des cas, la syncope peut survenir dès 16400 ft (5000m)
TOUTE PLONGEE SOUS-MARINE PRECEDANT LE VOL DE MOINS DE 12 HEURES
peut être responsable d'aéro-embolisme (apparition de micro-embolies gazeuses)
dès 4900 ft (1500m ) alors que, non précédé de plongée sous-marine, l'aéroembolisme survient à plus de 75000 m mais peut survenir dès 5000 m lors
d'une vitesse d'ascension rapide et d'une durée de vol de plus de 2 heures.
PAR PRUDENCE, IL EST CONSEILLÉ DE S'ABSTENIR DE TOUTE
PRATIQUE AERONAUTIQUE DANS LES 24 HEURES SUIVANT
UNE PLONGEE SOUS-MARINE
Symptomatologie de l'aéro-embolisme :
 "puces" (démangeaisons des poignets, cuisses, ceinture)
 "bends" (douleurs articulaires intenses, parfois syncopales)
 "chokes" (douleur thoracique avec toux et gêne respiratoire)
 possibilité de troubles visuels , de migraine, voire de collapsus
et de troubles neurologiques (confusion, convulsion, paralysie)

descente immédiate et rapide
contre-indication de tout vol pendant 3 jours
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EFFETS NEURO - PSYCHIQUES
DE L'ALCOOL, DES DROGUES
ET DE CERTAINS MEDICAMENTS
Selon les REGLES DE L'AIR (article 1 aux articles D 131-1 à D 131-10
du code civil de l'Aviation Civile) : nul ne doit piloter un aéroneuf
ou ne doit assurer une fonction de membre de l'équipage de conduite
d'un aéroneuf s'il se trouve sous l'influence de boissons alcoolisées,
de narcotiques, de stupéfiants ou de médicaments qui puissent
compromettre les facultés nécessaires à l'exercice de ses fonctions.
8
EFFETS NEURO - PSYCHIQUES DE L'ALCOOL
Selon l'Office Mondial de la Santé, une consommation d'alcool est
considéré comme excessive lorsqu'elle est quotidiennement supérieure à
3 verres chez l'homme et 2 verres chez la femme.
Une telle estimation impose l'approximation suivante : un verre normalement
"dosé" de boisson alcoolisée contient la même quantité d'alcool pur
( 12 cl de vin  25 cl de bière  3 à 6 cl d'apéritif ou de digestif  10 gr d'alcool pur )
L'ALCOOLISME, survenant rarement avant une dizaine d'année de consommation
excessive, est déterminé par l'existence non seulement d'une alcoolo-dépendance
mais aussi d'un ensemble de pathologies provoquées par l'abus de l'alcool.
L'importance de l'alcoolémie, pour une même consommation d'alcool,
dépend largement de la tolérance individuelle. Le pic d'alcoolémie est obtenu
1/2 h ou 1h après une consommation d'alcool respectivement à jeun ou pendant
un repas. Schématiquement, l'alcoolémie diminue de 0,15 gr / litre / heure.
Le pic d'alcoolémie peut être approximativement estimé par la formule :
Alcoolémie (en gr/litre)  Nombre de verres  16,5 / Poids*
* pour la fiabilité de la formule, les poids extrêmes sont 45 et 95 Kg
( par exemple, le calcul sera effectué avec 95 pour un sujet de 110Kg )
EN AÉRONAUTIQUE, IL N'Y A PAS DE TOLERANCE D'ALCOOLÉMIE.
La FAA conseille de ne pas consommer d'alcool dans les 8 heures
précédant le pilotage, alors que, pour le pilotage professionnel,
de nombreuses compagnies conseillent une abstinence de 24 h.
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ALCOOLÉMIE DITE MODÉRÉE
Phase d'alcoolémie inférieure à 0,30 gr/l
Bien que la phase d'alcoolémie inférieure à 0,30 gr/l soit classiquement
considérée comme une phase de tolérance physiologique, en aéronautique, une
telle alcoolémie dite modérée ne peut être toléré en raison non seulement de la
rigueur du pilotage indispensable à la sécurité en vol mais aussi de risques
spécifiques tels que l'hypoxie d'altitude qui est constamment majorée par
l'alcool.
La Revue de Médecine Aéronautique et Spatiale n°137 (1996) mentionne :
" La dégradation des performances existe dès 0,25 gr d'alcoolémie. Des études
américaines sur simulateur et en vol ont testé l'aptitude des pilotes à piloter après
avoir bu. Dans l'une de ces épreuves, des pilotes chevronnés ayant une alcoolémie
de 0,40 gr, à bord d'un Cessna 172, ont commis deux fois plus d'erreurs en approche
et à l'atterrissage et l'un d'eux a même perdu la maîtrise de son appareil "
Performance, vigilance et concentration sont étroitement dépendantes :
 la vigilance est un état de veille permettant l'obtention de comportements adaptés
 la concentration est un effort intellectuel de réflexion dont les performances
ne peuvent être maintenues que brièvement à leurs meilleurs rendements
Phase d'alcoolémie de 0,30 à 1 gr/l
 diminution de la vigilance et de la mémoire
 lenteur des réponses décisionnelles
 + 200% lors d'une alcoolémie de 1 gr/l !
 sensation de bien-être et d'auto-satisfaction, voire état euphorique
 risque d'évaluation insuffisante du danger par excès de confiance en soi
 diminution de la capacité d'autocritique ( le pilote n'a pas conscience de son état )
 risque de prises de décisions inadaptées
 levée des inhibitions sociales
 risque de comportements relationnels non adaptés
 troubles visuels
 excès de sensibilité à l'éblouissement
 diminution de l'acuité visuelle de nuit
 plus rarement :
 état dépressif et/ou agressif
 troubles du comportement
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ALCOOLÉMIE IMPORTANTE
Phase d'alcoolémie de 1 à 2 gr/l
 aggravation des troubles des phases précédentes
 perturbation du jugement
 état dépressif et/ou agressif
 troubles visuels
 diminution de l'acuité visuelle de jour
 rétrécissement de la vision périphérique
 début de perturbation de la vision des couleurs
 début de troubles de la coordination motrice
 tremblements
 difficulté de réalisation de mouvements adaptés
 début de troubles du comportement
 principalement de type de délirant
 plus rarement : état confusionnel
Phase d'alcoolémie de 2 à 3 gr/l
 aggravation des troubles des phases précédentes
 troubles du comportement
 principalement de type de délirant
 état confusionnel
 hallucinations
 principalement sensorielles
 troubles de la coordination motrice
 impossibilité de réalisation de mouvements adaptés
Phase d'alcoolémie supérieure à 3 gr/l
 risque de COMA dès 3,5 gr/l d'alcoolémie
 risque de MORT dès 4,5 gr/l d'alcoolémie
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EFFETS NEURO - PSYCHIQUES DES DROGUES
Les dénominations drogue, stupéfiant, ou parfois narcotique (par anglicisme)
sont synonymes : elles désignent toute substance psychotrope (une substance
psychotrope est une substance agissant électivement sur le psychisme) pouvant
induire une toxicomanie. Une telle définition concerne également certaines
substances psychotropes médicamenteuses qui sont utilisées
en dérive toxicomaniaque.
La toxicité d'une drogue dépend : de sa nature et des substances diluantes,
de la quantité utilisée, des modalités d'utilisation (inhalation, injection, ingestion)
et de la variabilité individuelle de tolérance. En outre, les fréquentes associations
(simultanées ou décalées) drogue - alcool et / ou médicament psychotrope ont un effet
de cumul de toxicité : c'est le cas pour les fréquentes associations cannabis - alcool ,
ecstasy - alcool , ecstasy - alcool - canabis, cocaïne - héroïne.
Il est surprenant que l'alcoolisme et le tabagisme ne soient pas considérés
comme des toxicomanies puisque la dépendance, tant psychique que physique, à
l'alcool et à la nicotine est considérée comme forte : les raisons d'une telle
particularité sont probablement plus d'ordre socio-culturel et commercial que
physio-pharmacologique !
L'INCOMPATIBILITÉ ABSOLUE DROGUES - PILOTAGE
EST LA CONSEQUENCE NON SEULEMENT DES EFFETS
PHARMACOLOGIQUES DES DROGUES MAIS AUSSI DES TROUBLES
PSYCHOLOGIQUES OU, A FORTIORI, PSYCHIATRIQUES AYANT
PRÉDISPOSÉ A LEUR UTILISATION.
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CANNABIS
En raison de la rapide diminution de l'efficacité du cannabis lors d'un
usage prolongé, l'utilisateur de cannabis a tendance à rechercher une drogue
plus efficace dite plus dure. En outre, un tel "passage supérieur" est facilité
par la relativement faible dépendance au cannabis (sa qualification usuel de drogue
"douce" doit s'entendre dans le sens exclusivement restrictif de sa faible dépendance ).
Selon le rapport "Drogues et dépendances 2002" de l'Observatoire français des
drogues et des toxicomanies : 60% des jeunes de moins de 20 ans ont expérimenté le
cannabis, un sur trois ayant une consommation de plus de 10 fois par mois !
Effets recherchés par l'utilisateur
 sensation de bien-être ou état euphorique
 risque d'évaluation insuffisante du danger par excès de confiance en soi
 levée des inhibitions sociales
 risque de comportements relationnels non adaptés
 hyperactivation sensorielle
 principalement visuelle et / ou auditive
 "déconnexion" avec la réalité,
 principalement à type de ralentissement du temps
Autres effets
 diminution de la vigilance et de la mémoire
 lenteur et/ou imprécision des réponses décisionnelles
 perturbation du jugement
 troubles du comportement
 principalement de type délirant
 troubles visuels
 diminution de l'acuité visuelle
 augmentation de la sensibilité à l'éblouissement
 perturbation de la vision des couleurs
 hallucinations sensorielles
 principalement visuelles et/ou auditives
 plus rarement :
 état confusionnel
 troubles de la coordination motrice
Les effets "négatifs" d'un seul joint de cannabis persistent une semaine
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AUTRES DROGUES
La COCAINE et l' ECSTASY sont de puissants psycho-stimulants dont
l'utilisation répétitive est responsable d'une très importante dépendance psychique
(il n'existe probablement pas de dépendance physique). La dangerosité de l'ecstasy
dépend non seulement de la molécule active mais aussi des molécules variablement
associées (autres amphétamines, dérivés morphiniques, hallucinogènes, etc…) telles
que la kétamine qui induit une sensation d'irréalisme et de flottement dans l'espace et
le LSD qui induit de nombreuses hallucinations.
L' HEROINE est un dérivé morphinique dont l'utilisation répétitive est
rapidement responsable d'une très importante dépendance tant psychique que
physique. La morphine et certains dérivés morphiniques à usage thérapeutique
(principalement codéine et pholcodine) peuvent être utilisés en dérive toxicomaniaque:
il peut en être de même pour la buprénorphine (Subutex) et la methadone (methadone)
qui sont utilisés, en sevrage toxicomaniaque, comme produit de substitution des
dérivés morphiniques.
Effets recherchés par l'utilisateur
état euphorique
levée des inhibitions sociales
hyperactivité sensorielle
hyperactivité psycho-motrice
COCAINE / HEROINE / ECSTASY
COCAINE / ECSTASY
Autres effets
vigilance et mémoire diminuées
perturbation du jugement
anxiété
état confusionnel
hallucinations sensorielles
troubles du comportement
état dépressif (en fin d'effets)
agressivité (en fin d'effets)
HEROINE
COCAINE
COCAINE / HEROINE / ECSTASY
HEROINE
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EFFETS NEURO - PSYCHIQUES DES MÉDICAMENTS
PSYCHOTROPES
Parmi les médicaments à effets thérapeutiques neuro-psychiques,
les médicaments psychotropes proprement dit (action élective sur le psychisme)
sont les plus couramment utilisés. L'efficacité et les effets indésirables de tels
médicaments sont variables selon les sujets : en cas de méconnaissance de la
tolérance individuelle, il est indispensable de pratiquer un essai hors pratique
aéronautique. Le sujet âgé est particulièrement prédisposé à de tels effets indésirables.
Bien que la plupart des médicaments psychotropes aient actuellement un rapport
efficacité / tolérance très satisfaisant, la fréquence de leurs effets indésirables neuropsychiques imposent de s'abstenir de piloter sous l'effet de tels médicaments.
Toutefois, de façon exceptionnelle et afin de gérer un état déficient du pilote lors d'un
pilotage rendu obligatoire pour une raison impérative, il peut être opportun de prescrire
un médicament psychotrope adapté pour une situation donnée : il peut être licite de
gérer préventivement un manque de sommeil par un hypnotique adapté plutôt que de
négliger le risque de somnolence en vol…
L'ALCOOL AUGMENTE CONSIDÉRABLEMENT LES EFFETS INDÉSIRABLES
DES MÉDICAMENTS A EFFETS THÉRAPEUTIQUES NEURO - PSYCHIQUES
EN OUTRE, UN TEL CUMUL DE RISQUE EST MAJORÉ
PAR L'HYPOXIE D'ALTITUDE
L'INCOMPATIBILITÉ PILOTAGE - MÉDICAMENTS A EFFETS
THÉRAPEUTIQUES NEURO - PSYCHIQUES EST LA CONSÉQUENCE
NON SEULEMENT DES EFFETS INDÉSIRABLES DES MÉDICAMENTS
MAIS AUSSI DE LA PATHOLOGIE AYANT JUSTIFIÉ
UNE TELLE THÉRAPEUTIQUE.
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Effets indésirables sur la vigilance et la mémoire
Des études expérimentales concernant les effets indésirables des médicaments
psychotropes les plus couramment utilisés et les caractéristiques pharmaco-cliniques
de ces médicaments permettent la classification schématique suivante :
 induits par les tranquillisants
 risque important : ( essai de classification par ordre de risque décroissant )
 bromazépam (Lexomyl), diazépam (Valium), alprazolan (Seresta)
 clotiazépam (Vératran), lorazépam (Temesta), hydroxyzine (Atarax)
 alprazolan (Xanax), clobazam (Urbanyl)
risque moins important :  buspirone (Buspar)
 captolane (Covatine) et étifoxine (Stresam)
( tranquillisants d'efficacité considérée comme mineure )
Le buspirone est le tranquillisant qui a le meilleur rapport efficacité / tolérance
(efficacité satisfaisante / peu ou pas d'effet sur la vigilance )
 induits par les somnifères ( effets résiduels diurnes )
 risque important : ( essai de classification par ordre de risque décroissant )
 flunitrazépam (Rohypnol), nitrazépam (Mogadon), loprazolam (Havlane)
 triazolan (Halcion), témazépam (Normison), lormétazépam (Noctamide)
 clorazépate  acépromazine (Noctran)
 risque moins important : zopiclone (Imovane), zolpidiem (Stilnox , Ivadal)
Le zolpidiem est le somnifère qui a la meilleur rapport efficacité / tolérance
(efficacité satisfaisante / très peu ou généralement pas d'effet sur la vigilance après 8 h)
 induits par les antidépresseurs et les neuroleptiques
Tous les antidépresseurs et les neuroleptiques, sans exception,
sont toujours rigoureusement incompatible avec le pilotage.
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Autres effets indésirables neuro-psychiques
Bien que beaucoup moins fréquent que les troubles de la vigilance et de la
mémoire, la possibilité de survenue d'autres types d'effets indésirables neuro-psychiques
sont, à l'évidence, des raisons "supplémentaires" d'incompatibilité au pilotage.
De tels effets indésirables peuvent également survenir lors d'un sevrage
de tranquillisants et de somnifères.
 vertiges et / ou sensations ébrieuses
Le buspirone (Buspar) est le tranquillisant probablement le plus souvent
responsable de vertiges et /ou de sensations ébrieuses ( alors qu'il est le mieux toléré
en ce qui concerne la vigilance )
 tremblements et / ou mouvements anormaux
principalement en ce qui concerne les neuroleptiques
 troubles visuels divers
 état confusionnel
 convulsions
ANTALGIQUES, ANTI-MIGRAINEUX, ANTI-TUSSIFS
Les tableaux ci-dessous schématisent les éventuels effets indésirables des
antalgiques, anti-migraineux et anti-tussifs les plus couramment utilisés :
Diminution
de la
vigilance
ANTALGIQUES
Principales
dénominations
commerciales
Vertiges
et/ou
s. ébrieuses
Autres effets
indésirables
(plus rares)
dextro-propoxyphène
Antalvic
Di-antalvic
Propofan
+
+
euphorie
désorientation
troubles visuels
tramadol
Topalgic
Contramal
+
+
convulsions
troubles visuels
codéine
Codoliprane
Algisédal
+
+
codéine  métamizole
Salgydal
+
+
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ANTI-MIGRAINEUX
Principales
dénominations
commerciales
Diminution
de la
vigilance
Vertiges
et/ou
s. ébrieuses
pizotiféne
Sanmigram
+
+
indoramine
Vidora
+
oxétorone
Nocertone
+
ergotamine  cyclizine
Migwell
+
+
naratriptan
zolmitriptan
sumatriptan
Naramig
zomig
Imigrane
+
+
+
+
+
+
ANTI -TUSSIFS
Principales
Diminution
Vertiges
dénominations
de la
et/ou
commerciales
vigilance s. ébrieuses
Autres effets
indésirables
(plus rares)
état confusionnel
troubles visuels
troubles visuels
convulsions
Autres effets
indésirables
(plus rares)
codéine
Néocodion
+
+
pholcodine
Respilène
+
+
Codéine
 phényltoloxamine
Nétux
+
+
troubles respiratoires
troubles visuels
état confusionnel
codeine  éthylmorphine
Tussipax
+
+
troubles respiratoires
éthylmorphine
Végétosérum
+
+
troubles respiratoires
noscapine
Tussisédal
+
+
pholcodine  clocinizine
Denoral sirop
+
+
dextrométorphane
 mépyramine
Nortussine
+
+
état confusionnel
troubles visuels
18
ANTI-ALLERGIQUES, ANTI-INFLAMMATOIRES
Les tableaux ci-dessous schématisent les éventuels effets indésirables des antiallergiques et anti-inflammatoires les plus couramment utilisés :
ANTI ALLERGIQUES
Principales
dénominations
commerciales
Diminution
Vertiges
de la
et/ou
vigilance s. ébrieuses
méquitazine
Primalan
cétirizine
Virlix / Zirtec
loratadine
Clarityne
fexofénadine
Telfast
ANTI INFLAMMATOIRES
Principales
dénominations
commerciales
indométacine
Indocid
naproxéne / sulinda
Apranax/Arthrocine
acide tiaprofénique
Surgam
ciclofénac
Voltarène

+
fénamates
Nifluril

+
ibuprofène
Nureflex / Advil
kétoprofène
Profenid
+
+
piroxicam
Brexin / Feldène

+
Autres effets
indésirables
(plus rares)
état confusionnel
troubles visuels

+
Autorisé par la FAA en pratique aéronautique


Diminution
Vertiges
de la
et/ou
vigilance s. ébrieuses
+
+
Autres effets
indésirables
(plus rares)
état confusionnel
troubles visuels
+
état confusionnel
troubles visuels
+
convulsions
troubles visuels
troubles visuels
bourdonnements
19
AUTRES MEDICAMENTS
Les tableaux ci-dessous schématisent les éventuels effets indésirables neuropsychiques des autres médicaments les plus couramment utilisés :
Effets indésirables
neuro - psychiques
macrolides / cyclines
ANTIBIOTIQUES
aminosides
POSSIBLE
quinolones
TRÈS FREQUENT
MEDICAMENTS
Anti-hypertenseurs dits
centraux
A EFFICACITE
IEC et / ou diurétiques
POSSIBLE
CARDIO-
béta-bloquants
prédisposition à l'hypoglycémie
VASCULAIRE
anti-calciques
seulement pour Amlor, Sibélium
vasodilatateurs
seulement pour Fonzilane,
Torental, Sermion
vasoconstricteurs
FREQUENT
"atropiniques"
FREQUENT
non "atropiniques"
POSSIBLE
IPP / anti-H2
POSSIBLE
DECONGESTIONNANTS
ORL
ANTI-SPASMODIQUES
ANTI-ACIDES
ANTI-DIARRHEIQUES
AIDE AUX SEVRAGES
seulement pour Imodium, Arestal
Sevrage alcoolique (Esperal)
POSSIBLE
Sevrage tabagique (Zyban)
FREQUENT
Sevrage de toxicomanie
(Subutex, Méthadone)
TRÈS FREQUENT
Toutes leurs formes
POSSIBLE
ASPIRINE
QUININE
MAL DE L'AIR
Le mal de l'air est un cas particulier du mal des transports qui est le résultat
d'une mauvaise analyse cérébrale des informations visuelles et des informations
concernant la position du corps dans l'espace (rôle principalement des récepteurs
vestibulaires situés au niveau de l'oreille interne).
La fréquence du mal de l'air est plus importante lors de la formation
aéronautique : plus de 50 % chez les élèves-pilotes, à l'exception des élèves-pilotes
d'hélicoptères chez lesquelles la fréquence est de moins de 20%.
La durée du mal de l'air est variable selon certains facteurs aéronautiques et
humains : quelques minutes à plusieurs heures.
FACTEURS FAVORISANTS
LA TOLERANCE AU MAL DE L'AIR DEPEND :
Pour un même sujet, de FACTEURS AERONAUTIQUES
Pour de même facteurs aéronautiques, de FACTEURS HUMAINS
FACTEURS AERONAUTIQUES
Accélérations
LA VOLTIGE EST LA PRATIQUE AÉRONAUTIQUE LE PLUS
SOUVENT RESPONSABLE DE MAL DE L'AIR
Turbulences, roulis, tangage
Les turbulences, le roulis et le tangage sont des facteurs favorisants
fréquents de mal de l'air
20
Température de cabine trop élevée
Une température de cabine excessive est un facteur favorisant de mal de l'air
dans probablement plus de 50% des cas.
Horaire du vol
Le mal de l'air est généralement plus fréquent l'après-midi.
FACTEURS HUMAINS
Variabilité individuelle
Il existe une grande variabilité individuelle : certains sujets sont très
sensibles au mal de l'air, alors que certains y sont totalement réfractaire.
Les deux tiers des sujets sensibles au mal de l'air sont sensibles aux autres
types de mal des transports.
Entraînement
Dans la quasi-totalité des cas, la sensibilité au mal de l'air diminue plus
ou moins rapidement pour devenir faible ou nulle en fin de formation
aéronautique. Une telle adaptation est parfois précaire puisqu'un arrêt prolongé
de pratique aéronautique peut "rétablir" la sensibilité initiale.
Activité de pilotage
Le mal de l'air est plus fréquent chez le copilote et le passager.
Fatigue, appréhension, anxiété, non motivation
Tout état de "non forme" est un facteur favorisant de mal de l'air
Repas précédant le vol
Un repas trop "riche" avant le vol est un facteur favorisant de mal de l'air
dont la fréquence est probablement sous-estimée.
Age
La sensibilité au mal de l'air diminue avec l'age mais augmente
au-delà de 60 ans. Les enfants, principalement entre 3 et 12 ans, sont très
sensibles au mal de l'air.
21
SYMPTOMATOLOGIE
L'IMPORTANCE DE LA SYMPTOMATOLOGIE NE PERMET PAS
DE PREJUGER DE LA CAPACITE D'ADAPTATION
TROUBLES NEURO - PSYCHOLOGIQUES
Sensation d'inconfort d'importance très variable
La sensation d'inconfort peut être telle que le sujet ressent un malaise
à la limite de la perte de connaissance.
Diminution de la vigilance
 lenteur et/ou imprécision des réponses décisionnelles
 risque de somnolence (parfois, le seul signe manifeste)
plus rarement :
 cephalée et/ou vertige
 inhibition psycho-motrice
 désorientation
AUTRES TROUBLES
Nausées et/ou vomissements
Les premiers vomissements entraînent généralement une amélioration temporaire.
Paleur et sueur froide
Hypersalivation
Sensation de chaleur corporelle
Plus rarement :
 hyperventilation
 hypotension, parfois paradoxalement hypertension
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BAROTRAUMATISMES
La dilatation des gaz contenues dans une cavité close ou demi-close,
en raison de la loi de Mariotte ( pression  volume  constante ), est responsable
d'une augmentation de pression dans ces cavités. De telles contraintes de pression
peuvent être responsable de troubles dits barotraumatismes.
BAROTRAUMATISMES O.R.L.
Un barotraumatisme O.R.L. est due à une ventilation insuffisante de la cavité
concernée (différence de pression entre la cavité et la pression ambiante) dont la cause
est une obstruction plus ou moins complète des communications sinus / fosse nasale
ou oreille / pharynx
Les troubles barotraumatiques O.R.L. sont toujours favorisés par une
pathologie O.R.L. préexistante ( sinusite, otite, voire simple rhume ) souvent
sous-estimée et parfois méconnue.
Les barotraumatismes O.R.L. apparaissent à la DESCENTE.
L'altitude d'apparition est variable selon les sujets :
possible dès 4900 ft (1500 m)
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SINUSITE BAROTRAUMATIQUE
Les sinus frontaux sont le plus souvent concerné
Le pilote doit reprendre de l'altitude puis, après un palier, redescendre lentement.
En fait, le seul moyen efficace est la nébulisation de vasoconstricteurs
qui permet une plus ou moins complète ré-équilibration quasi-immédiate
de la pression entre les sinus et les fosses nasales
Douleur sinusienne
 intensité variable : légère à très intense, voire syncopale
 au niveau de la région sus-orbitaire et /ou rétro-oculaire (lors d'une sinusite frontale)
 au niveau de la région sous-orbitaire (lors d'une sinusite maxillaire)
Autres symptômes possibles
 sensation de protrusion oculaire
 céphalée
 saignement de nez
OTITE BAROTRAUMATIQUE
Le pilote doit diminuer sa vitesse de descente. Il est conseillé d'effectuer
des mouvements de déglutition ou de "pousser" l'air du fond de la gorge dans
les oreilles en se pinçant le nez et en fermant la bouche ( manœuvre de Valsava ).
Douleur auriculaire
 intensité variable : simple sensation de plénitude à douleur très intense
 plus ou moins localisée
Autres symptômes possibles
 sensation d'oreille bouchée
 acouphène et/ou vertige
 perforation tympanique en cas de "fragilité" du tympan
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BAROTRAUMATISMES DENTAIRES
Les barotraumatismes dentaires sont toujours favorisés par un traitement
dentaire incomplet souvent méconnu et parfois très ancien
L'apparition des barotraumatismes dentaires est variable selon les sujets :
MONTÉE OU DESCENTE
possible dès 4900 ft (1500 m)
Douleur dentaire
souvent très intense, voire syncopale
Irradiations névralgiques loco-regionales possibles
BAROTRAUMATISMES INTESTINAUX
Les barotraumatiques intestinaux apparaissent à la MONTÉE.
L'altitude d'apparition est de plus de 14800 ft (4500 m) sauf chez les sujets
prédisposés (repas inadapté avant le vol, "fragilité" intestinale) qui peuvent
souffrir de barotraumatiques intestinaux à des altitudes moins élevées.
Sensation de ballonement et/ou crampe abdominale
Autres troubles possibles
 douleur abdominale
parfois très intense
 plus rarement :
 gêne respiratoire
 malaise, classiquement d'apparition brutal
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