Anatomie et physiologie du système immunitaire Chapitre 1 Il assure la défense de l’organisme et préserve son intégrité. Il est composé par des acteurs qui sont les organes lymphoïdes, les cellules et les molécules. Il doit être capable de reconnaître les propres constituant de l’organisme (= le soi) des éléments étrangers (= le non soi) pour les éliminer. Quand l’organisme est agressé, les différents acteurs réagissent grâce à deux mécanismes ; les réactions non spécifiques et les réactions spécifiques. I) Le non soi Il est constitué par des éléments étrangers appelés antigènes. Ce sont des substances identifiées comme étrangères par les structures de reconnaissance du système immunitaire, et elles peuvent déclencher des réactions immunitaires pour être éliminées. 1) Les antigènes exogènes Les agents infectieux : - Les champignons. - Les bactéries. - Les protozoaires (ex : le toxoplasme). - Les virus. Les greffes : - Les allogreffes (= lorsque le donneur et le receveur appartiennent à la même espèce). - Les xénogreffes (= lorsque donneur et receveur sont d’une espèce différente). 2) Les antigènes endogènes Il s’agit du soi modifié (ex : cellules usées, mortes ou cancéreuses). II) Le soi Chaque individu est unique ; il possède ses propres marqueurs. On en distingue 2 sortes : - Les marqueurs majeurs : c’est le système CMH (= Complexe Majeur d’Histocompatibilité). Ils sont situés sur les membranes plasmiques de toutes les cellules nucléées et sont responsables du rejet des greffes. Ils sont aussi appelés HLA. - Les marqueurs mineurs : ils caractérisent les groupes sanguins et sont constitués par le système ABO et le système rhésus. Ces 2 systèmes sont dus à la présence ou à l’absence de substance fixée sur les membranes plasmiques des globules rouges. III) Les acteurs Page 1 sur 10 On distingue les organes, les cellules et les molécules lymphoïdes. 1) Les organes Les organes et les formations lymphoïdes sont disséminés dans tout l’organisme. Ils sont reliés entre eux par un réseau de vaisseaux sanguins et lymphatiques. Les organes lymphoïdes primaires Ils sont le siège de la différenciation et de la maturation des cellules du système immunitaire : - Le thymus est un organe bilobé, situé en dessous du sternum, dans le médiastin. Sa taille augmente pendant l’enfance et s’atrophie en fin de vie. - La moelle osseuse rouge est située dans l’os spongieux ; elle intervient dans l’hématopoïèse et a pour mission de produire toutes les cellules du sang. C’est le lieu de maturation des lymphocytes B. Les organes lymphoïdes secondaires - Les ganglions lymphatiques (ou nœuds lymphatiques) sont invisibles car ils sont situés dans le tissu conjonctif. On les trouve sur le trajet des vaisseaux lymphatiques et ils sont regroupés dans certaines régions (inguinale, pelvienne, axillaire et cervicale). Ils peuvent Page 2 sur 10 être envahis par des micro-organismes et constituent une barrière anti-microbienne. Les ganglions peuvent devenir des foyers cancéreux quand ils sont envahis de métastases. - La rate est un organe richement vascularisé, situé sous le diaphragme, dans la cavité abdominale (à gauche). Elle est constituée à 30% de pulpe rouge ; elle filtre le sang, dégrade les globules rouges et emmagasine des plaquettes : elle constitue donc une réserve de cellules sanguines. Elle assure une fonction hématopoïétique jusqu’au dernier mois de la vie fœtale. Elle est constituée à 20% de pulpe blanche (= formation lymphoïde). C’est un lieu de prolifération des lymphocytes et d’élaboration des défenses immunitaires. Les formations lymphoïdes - Les amygdales forment des renflements dans la muqueuse, et d’après leur situation, on distingue les amygdales palatines (latérales et dans la partie postérieure de la cavité buccale), les amygdales pharyngiennes (= végétations situées dans la paroi post du nasopharynx), les toncilles tubaires (au niveau de l’ouverture des trompes d’Eustache, dans le naso-pharynx) et les toncilles linguales (à la base de la langue). - Dans les muqueuses digestives (ex : plaques de Peyer, dans la muqueuse de l’iléon). - L’appendice est une structure où les lymphocytes mémoires sont produits (= lymphocytes destinés à l’immunité à long terme). 2) Les cellules Les réactions immunitaires nécessitent la coopération de plusieurs types de cellules appartenant toutes à la lignée des globules blancs. Les leucocytes circulants On en distingue 3 sortes : - Les polynucléaires ou granulocytes : ils possèdent un seul noyau polylobé, et leur cytoplasme renferme des granulations. Selon l’affinité tinctoriale (= des couleurs), on distingue 3 populations de polynucléaires : o Les neutrophiles : ce sont les plus nombreux (60 à 70%) ; ils ont un rôle dans les réactions inflammatoires, la phagocytose et la destruction des bactéries. o Les éosinophiles ou acidophiles : 1 à 3%, ils sont actifs dans la destruction des parasites et dans l’atténuation des allergies. o Les basophiles : < 0,5%, leurs granulations renferment de l’histamine, responsable des allergies. - Les lymphocytes : 25% des globules blancs, ils constituent une population hétérogène avec 2 populations : o Les lymphocytes B ou LB : ils acquièrent leur maturation (càd leur immuno-compétence) dans la moelle osseuse rouge, et ils peuvent reconnaître les antigènes grâce à des récepteurs membranaires. o Les lymphocytes T ou LT : ils acquièrent leur immuno- Page 3 sur 10 - compétence (= fixation de leur récepteur membranaire) dans le thymus. Ces substances ne sont pas capables de reconnaître directement les antigènes ; il faut que l’antigène soit en parti digéré par un macrophage. Les monocytes : ce sont les plus grosses cellules (10%) ; elles passent dans le sang et arrivent dans les tissus où elles se transforment en macrophage. Les leucocytes tissulaires - Les macrophages : ils peuvent être libres dans les tissus ou fixés à certains organes (ex : le poumon, le foie). Ils ont plusieurs rôles : la phagocytose (= digestion), la sécrétion de substances qui stimulent les LB et les LT et une fonction immunitaire (il n’y a pas de réactions immunitaires sans l’intervention des macrophages). - Les monocytes : ce sont des cellules très mobiles qui luttent contre les virus et les bactéries intra-celullaires. 3) Les molécules Les cellules de l’immunité exercent leur fonction grâce aux substances qu’elles produisent. Les substances fixées à la membrane plasmique - Les substances fixées aux LB et LT. - Les marqueurs biologiques : HLA, groupe sanguin et rhésus. Ces substances servent à reconnaître les antigènes. Les substances qui stimulent les réactions immunitaires - L’histamine. - Les interleukines : certaines sont utilisées dans les ttt anti-cancéreux. On les appelle les médiateurs chimiques. Les substances qui neutralisent les antigènes - L’interférent : c’est une substance chimique produite par les cellules infectées par un virus. Elle inhibe la croissance virale. La réaction n’est pas spécifique. - La perforine : c’est une substance sécrétée par certains LT ; elle se fixe sur la membrane plasmique de cellules cibles et entraîne leur destruction. - Les lysozymes : ce sont des enzymes anti-bactériennes qui se trouvent dans la salive, les larmes et les sécrétions nasales. - Les pyogènes : ils sont responsables de la fièvre. C’est une substance chimique sécrétée par les leucocytes, les macrocytes exposés aux bactéries ou à d’autres intrus. L’organisme peut présenter une réaction locale (= réaction inflammatoire) ou une réaction généralisée. Si une forte fièvre est dangereuse pour l’organisme, une fièvre légère est bénéfique. - La protéine C réactive : produite par le foie en réponse à des molécules de la réaction inflammatoire, elle sert de repère clinique pour diagnostiquer une infection aiguë ou une réaction inflammatoire. - Les anticorps : ce sont des protéines libérées par un plasmocyte en réponse à l’introduction dans l’organisme d’un antigène. L’anticorps se lie de manière spécifique à l’antigène pour le neutraliser. On peut aussi Page 4 sur 10 - parler d’immunoglobuline. Il appartient au groupe des gammaglobulines des protéines sériques. Il a deux fonctions : récepteur de l’antigène, à la surface des LB et effecteur de la réaction immunitaire humorale. On distingue 4 types d’immunoglobulines : o Les Ig G (75%) : elles protègent des bactéries, des virus et des toxines. Elles circulent dans le sang et la lymphe, elles traversent le placenta et produisent une immunité passive chez les fœtus et les nourrissons < 6 mois. o Les Ig A : protègent les muqueuses ; on les trouve dans la salive, les sueurs et le lait maternel. o Les Ig M : c’est la première classe d’Ig libérée au cours d’une réaction. Sur le plan du diagnostic, elle indique une infection récente. o Les Ig E : elles existent dans le plasma à l’état de trace, mais la concentration augmente en cas d’allergie. Le complément : il est appelé ainsi car il complète et amplifie l’action des anticorps. Il constitue l’un des principaux mécanismes de destruction des substances étrangères à l’organisme. Il forme un système constitué d’environs 20 protéines qui circulent dans le sang et qui sont sous formes inactives. Lorsqu’elles sont activées, elles provoquent une cascade de réactions. Ces activations se font de deux manières différentes : o Spécifique par voie directe : les antigènes se fixent sur les anticorps (Ig M ou Ig G). o Non spécifique, par des composants de la membrane des microbes (bactéries ou cellules infectées par des virus). Le complément a plusieurs actions : o Lyse les cellules étrangères ou infectées (= action cytolytique principale). o Amplifie les processus inflammatoires. o Favorise la phagocytose. o Exerce des effets chimio-tactiques (il attire les globules blancs vers les lieux d’infection). NB : les individus ayant une déficience dans l’un des composants sont atteints par des infections bactériennes répétées comme les individus ayant une déficience en anticorps. IV) Les défenses de l’organisme Les microbes pathogènes déclenchent une maladie infectieuse ou des troubles +/- graves. L’organisme réagit et met en œuvre 2 types de réponse. 1) Les réponses non spécifiques Naturelles, elles permettent de réagir rapidement aux agressions sans avoir à reconnaître les substances étrangères. L’organisme est cependant protéger de l’environnement par un certain nombre de barrières naturelles. Page 5 sur 10 a) Les barrières naturelles C’est la 1ère défense de l’organisme. La peau : - Barrière physique : assurée par la couche cornée constamment renouvelée, c’est une protection contre les microbes. - Barrière chimique : la sueur avec son pH acide ainsi que le sébum antibactéricide s’opposent au développement des microbes. - Barrière biologique : la flore bactérienne empêche les bactéries pathogènes de s’y installer. Les muqueuses : la présence de poils, de cils vibratiles et de mucus constitue une barrière antimicrobienne (dans l’appareil respiratoire, digestif et génital). Toutes ces barrières sont fragiles : la moindre plaie entraîne l’entrée de microbes. La 2ème ligne de défense se met en place grâce à des mécanismes internes qui font intervenir des cellules et des molécules. b) Les moyens cellulaires Lorsque les microbes arrivent dans les tissus, 2 mécanismes se déclenchent. La réaction inflammatoire : immédiate, rapide et locale, elle est caractérisée par 4 symptômes. Des médiateurs chimiques comme l’histamine ou le complément augmentent la perméabilité capillaire. Les polynucléaires neutrophiles vont alors vers le lieu de l’infection ; les monocytes suivent ensuite. Une fuite du plasma entraîne alors un gonflement (= tuméfaction). L’œdème comprime les terminaisons nerveuses et donne une sensation de douleur. Il y a alors dilatation des vaisseaux sanguins, ce qui augmente le débit sanguin et provoque une rougeur et de la chaleur. La réaction inflammatoire amorce la réparation des tissus lésés et oriente les éléments actifs du système immunitaire vers le lieu de l’infection. NB : le début de la réaction inflammatoire est accompagné d’une leucocytose (= augmentation du nombre des polynucléaires). La réaction inflammatoire peut se manifester à la suite d’un traumatisme, d’une irritation par une substance chimique ou d’une chaleur intense. Pour que la réaction inflammatoire soit efficace, il faut qu’elle soit suivie par la phagocytose. La phagocytose : c’est l’ingestion de particules étrangères solides par une cellule appelée phagocyte (polynucléaires neutrophiles, acidophiles (spécifiques aux parasites) et monocytes). Page 6 sur 10 Elle se déroule en 3 étapes : l’adhésion ou adhérence, l’ingestion ou absorption et la digestion. Dans les endroits gravement infectés, il se forme du pu (composé de polynucléaires, de microbes morts et vivants et de cellules nécrosées). La suppuration peut alors se résorber d’elle-même grâce à l’action des macrophages qui nettoient ; cependant, parfois le pu se collecte dans un sac tapissé de fibres de collagène et forme un abcès. Les microbes qui ont pu échapper à la phagocytose locale se retrouvent dans la circulation lymphatique et provoquent une lymphangite (= réaction régionale). S’ils arrivent à gagner les ganglions, ils provoquent une adénite. Dans certains cas, les microbes gagnent la circulation générale et entraînent une septicémie (= réaction généralisée). c) Les moyens chimiques L’interférent : non spécifique, il est anti-viral. Le lysozyme : dans la salive et les larmes. Les substances pyrogènes. Le facteur du complément. Lorsque la 2ème ligne de défense ne suffit pas, une 3ème ligne se met en place : c’est le système immunitaire adaptatif ou spécifique. 2) Les réponses spécifiques Adaptée, elle nécessite une reconnaissance de l’intrus ; les mécanismes ne sont donc pas immédiats. On distingue 2 mécanismes qui varient avec la nature de l’antigène : la réponse humorale et la réponse cellulaire. a) La réponse humorale Elle est assurée par les anticorps qui circulent dans la lymphe et le sang. Page 7 sur 10 Ces anticorps réagissent de manière spécifique aux antigènes. Les mécanismes de réponse : un antigène doit être facilement accessible (soluble, bactéries extra-cellulaires, virus libres). On compte 3 étapes : - La reconnaissance : elle se fait de manière directe (les anticorps membranaires reconnaissent directement l’antigène) ou indirecte (elle nécessite la coopération des LT4 (= LTH ou LTa) qui sécrètent des interleukines quand ils sont activés, provoquant alors l’activation des LB). - La multiplication : les LB activés se multiplient. - La différenciation : elle conduit à deux sortes de cellules : o Les cellules effectrices ou plasmocytes qui sécrètent des anticorps libres. o Les LB mémoires qui gardent les anticorps fixés sur leurs membranes et qui peuvent provoquer des réactions humorales quasi immédiates s’ils rencontrent de nouveau le même antigène. NB : les anticorps circulants (Ig M) atteignent leur concentration maximale vers le 10ème jour, avec ensuite leur production qui diminue. Pour la vaccination, il faudra donc un rappel pour relancer la production des anticorps (Ig G) à longue durée de vie. NB : l’immunité humorale peut être transmise par sérum. Les fonctions des anticorps : les anticorps n’ont pas la capacité de détruire les antigènes. Avec les antigènes, ils forment un complexe immun visualisé en labo par : - Des réactions d’agglutination des globules rouges : permet d’identifier les groupes sanguins. - Des réactions de précipitation avec les antigènes solubles. Le complexe provoque l’activation du complément qui entraîne la lyse cellulaire. b) La réponse cellulaire Les substances protectrices sont des cellules vivantes. La réponse cellulaire fait intervenir uniquement les LT et les macrophages. Les LT forment une population hétérogène : LT4, LT8 ou LT cytotoxiques (= LTc) et suppresseurs (= cellules de régulation qui libèrent des messagers chimiques pour diminuer la réaction immunitaire). Cette réponse se déroule avec les 3 même étapes que la réaction humorale : - La reconnaissance : les LT8 reconnaissent et se lient à l’antigène (cellules cancéreuses, greffes, parasitées par un virus ou une bactérie). Les LT8 peuvent avoir besoin de l’aide des LT4 qui sécrètent les messagers chimiques pour les activer. - La multiplication. - La différenciation : il se forme 2 populations : o Les LTc mémoires pour l’immunité spécifique durable. o Les LTc se collent à des cellules infectées et ils injectent des molécules de perforine qui perforent la membrane et provoquent la lyse cellulaire. Page 8 sur 10 Dans les 2 types d’immunité, on retrouve 3 phases : - L’induction par la reconnaissance. - L’amplification par la multiplication. - La phase effectrice : les substances protectrices sont les anticorps du sang (réponse humorale) ou les LTC (réponse cellulaire). NB : on peut suivre l’immunité d’un individu vacciné par le BCG en faisant un test tuberculinique (il détecte par réaction inflammatoire locale la présence de LT mémoire). V) Acquisition de l’immunité Naturelle Artificielle => active : par contact avec des microbes. => passive : de la mère (par le placenta et le lait). => active : vaccination préventive. => passive : sérothérapie. Page 9 sur 10 Page 10 sur 10