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(déprécier la monnaie). En baissant la valeur de sa monnaie, on permet de relancer les
exportations (Yuan en Chine). Mais cette politique a de nombreux dangers car les marchés
vont anticiper cette baisse de la monnaie par rapport à d’autres et à l’inverse, les importations
deviendront très couteuses (pétrole, matières premières..).
D’autre part, la résultante dépendra globalement du niveau de la dette publique, des taux
d’intérêts, du niveau des exportations, des importations, de l’inflation. En somme, joué avec
la dévaluation est très dangereux.
3. La sortie de l’euro prônée par le Front National : un scénario amateur et
catastrophique
Question très prisée aujourd’hui dans notre société, quel serait vraiment l’impact d’une
sortie de l’euro ?
Clé de voûte du programme économique du Front national : le retour au franc est prôné sur la
base d'un euro égale un franc. Une mesure qui semblait encore totalement exotique il y a trois
ans, mais que la crise de l'euro, depuis mai 2010, a rendue un peu plus crédible. Mais compte
tenu de la situation très dégradée de nos finances publiques et de notre balance commerciale
(importations dépassant les exportations), la sortie de l’euro entraînerait automatiquement une
intense dévaluation de notre nouvelle monnaie. Nous avons analysé plus haut les enjeux d’une
telle politique.
Mark Cliffe, responsable de la recherche d’ING Bank a chiffre les conséquences d'un retour
général aux monnaies nationales. Pour la France, ce serait une récession avec une baisse de
10% du PIB sur trois ans, une hausse du chômage à 13,8% et un prix de l’essence qui
s’envolerait à 1,75 euro le litre (à traduire en monnaie nationale). Rappelons que les barils de
pétrole sont libellés en dollar.
D’autre part, il est opportun de rappeler que sur les 1600 milliards de dette publique française,
2/3 sont détenus par des investisseurs étrangers. Le fardeau de la dette étant détenu en euro, il
faudrait continuer à emprunter à l’étranger, avec des taux d’intérêts bien plus élevé. Racheter
les créances publiques par la Banque Centrale synonyme de création monétaire se traduira en
taux d’inflation, intégré dans les taux d’intérêts et se répercutant dans toute l’économie.
A titre d’illustration, l’impôt annuel sur le revenu des français devra quasiment doubler afin
de pouvoir rembourser la charge de la dette.
Enfin, la sortie de l’euro constitue un défi technique pour ne pas dire un saut dans un vaste
inconnu. Ainsi, un tel scénario est amateur. Si Marine Le Pen décrit une sortie de l'euro
réalisée conjointement avec plusieurs Etats, à commencer par l'Allemagne. Ce qui semble
déjà plus pertinent sur le fond (même si très peu probable, dans les faits...). Mais rien n'est
prévu pour éviter le retour à la spéculation sur les changes, qui existait en Europe avant l'euro,
et qui pourrait dès lors resurgir.
4. L’euro, une sortie aux coûts économiques et politiques dans l’Union entière
Si la France, deuxième économie de la zone euro, décide de sortir de l’union monétaire, c’est
l’avenir même de la zone euro qui sera hypothéqué. En effet, à court terme, les marchés
s’affoleront.