L’amiante toujours toléré par la Belgique
Samedi 13 décembre 2008
Non, la Belgique ne va pas permettre d’utiliser à nouveau l’amiante sur notre sol. Il ne peut
plus être utilisé depuis 2001.
Mais le soutien belge à la position de l’Union européenne de permettre à certaines industries
de l’utiliser dans leur processus de fabrication, notamment pour faire du chlore, est choquant.
Choquant pour les malades qui souffrent des conséquences de l’utilisation de l’asbeste.
Choquant parce que l’on tente d’interdire l’utilisation de cet ex-matériau miracle depuis 1976!
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L’amiante toléré par la Belgique
SOUMOIS,FREDERIC
Samedi 13 décembre 2008
Santé L’amiante ne peut plus être utilisé depuis 2001. Sauf pour faire du
chlore…
La Belgique accepte de prolonger les dérogations existantes. Tollé des
associations de patients qui meurent d’avoir été exposés.
La position de la Belgique ne va pas permettre d’employer à nouveau de l’amiante sur notre
sol. Mais le soutien belge à la position de la Commission européenne de permettre, une fois
de plus, à certaines industries à continuer d’utiliser de l’amiante pour leur fabrication est
choquant pour les milliers de malade qui souffrent et meurent d’avoir été exposés aux fibres
de l’asbeste.
C’est d’autant moins compréhensible que la Commission, au vu des conséquences pour la
santé, essaie d’interdire l’utilisation de cet ex-matériau miracle depuis 1976 ! En 1999, la
directive qui y parvenait enfin avait dû, pour être adoptée, prévoir des dérogations,
notamment celle des diaphragmes de cellule d’électrolyse qui servent essentiellement à
produire du chlore alcali. Ces dérogations étaient conçues comme transitoires. Jusqu’au 1er
janvier 2005, sauf pour les fameuses cellules jusqu’en janvier 2008. Depuis un an, cette
directive est donc largement violée, puisque plusieurs usines, notamment en Allemagne et en
Pologne, continuent à utiliser de l’amiante. Les chiffres sont secrets, mais celui d’une centaine
de tonnes est vraisemblable Pire : la Commission envisage de prolonger cette dérogation. Une
fois de plus.
« Un comble quand on sait que toute l’attention en matière de santé est de lutter contre le
cancer, que les Etats, dont la Belgique, doivent investir des fonds publics pour dédommager
et accompagner vers la mort de nombreuses victimes de l’amiante, fulmine Muriel Gerkens
(Ecolo), présidente de la commission de la Santé publique à la Chambre. Le lobby de quelques
entreprises en Allemagne et en Pologne rencontrant la lâcheté de nombreux gouvernements
qui ne veulent pas trop embêter les entreprises, risque d’aboutir à ce qu’on autorise encore
l’importation d’amiante alors qu’il existe des alternatives économiquement équivalentes et
garantissant les mêmes avantages de consommation d’énergie et de sécurité. »
Des solutions existent
Ce qui est choquant, c’est que ceux qui agissent pour obtenir cette dérogation ne peuvent
ignorer que la toute grande majorité des industries concernées ont trouvé des solutions de
substitution. Au Japon, au Brésil, en Arabie Saoudite, l’usage, archaïque, de l’amiante a été
banni.
Certes, en Europe, on ne peut plus construire de nouvelle unité qui l’emploie… mais on peut
les prolonger, sans limite de temps. Plus fort : l’une des firmes concernées invoque
l’économie d’énergie que procurerait ce vieux procédé, mais modernise d’autres unités
ailleurs… pour économiser de l’énergie. L’argumentation pseudo-scientifique des
demandeurs a d’ailleurs été démontée point par point par Laurent Vogel, directeur du
département santé de l’Institut syndical européen, et chargé de cours à l’ULB : « L’Union
européenne ne peut pas à la fois demander une interdiction mondiale de l’amiante pour
raison sanitaire et continuer à importer ce minerai. »
Au cabinet de la ministre fédérale de la Santé, on tient à souligner que la Belgique est opposée
à cette dérogation, mais on soutient par ailleurs la proposition de la Commission européenne
sur les interdictions d’usage des substances chimiques… qui proroge les fameuses exceptions.
« Nous ne pouvons pas voter contre cette exception sans rejeter toute la proposition de la
Commission. D’autre part, les unités concernées sont des outils qui travaillent sous vide et
n’entraînent pas de contact direct avec un travailleur. Le risque est donc extrêmement limité.
» Du côté des associations de patients, l’indignation est grande face à ce qui ressemble à un
grand écart entre les principes et la pratique.
Un tueur invisible et des maladies incurables
SOUMOIS,FREDERIC
Samedi 13 décembre 2008
L’amiante est très toxique lorsqu’il est présent à l’état de poussières, invisibles à l’œil nu, en
suspension dans l’espace ambiant. Le risque provient principalement de l’inhalation de fibres
d’amiante qui pénètrent au plus profond des tissus pulmonaires, dans les alvéoles. Sa toxicité
dépend de la taille des fibres et de leur morphologie, de leur composition chimique (structure
cristalline, propriétés de surface), de la durée de l’exposition et de leur concentration dans
l’espace ambiant. Cependant, si le matériau est en bon état, il n’y a aucun danger à le toucher.
Le danger réside dans la manipulation du matériau, particulièrement lorsqu’il est abîmé et
susceptible de libérer des fibres microscopiques.
Les maladies que peut provoquer l’inhalation d’amiante sont l’asbestose, le mésothéliome et
le cancer du poumon. Entre l’exposition à l’amiante et leur développement, la période de
latence est de 20 ans au moins, retardant d’autant le diagnostic. Il n’y a pas de solution
curative, les seuls soins sont palliatifs.
Asbestose. Dans les poumons, les fibres d’amiante s’entourent de tissu conjonctif. Le poumon
perd de son élasticité, provoquant une gêne respiratoire grandissante. L’oxygène parvient
difficilement aux alvéoles encombrées. Le patient a le souffle court et tousse souvent.
L’asbestose n’est pas mortelle mais elle rend le malade beaucoup plus vulnérable aux
infections pulmonaires
Mésothéliome. L’amiante est la principale cause de mésothéliome, tumeur rare de la plèvre
ou du péritoine. Le patient décède généralement dans l’année.
Cancer du poumon. Le tabac est un facteur aggravant de ce risque. On soupçonne l’amiante
d’être un cofacteur dans l’apparition de nombreuses autres formes de cancer.
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