LA RELIGION GRECQUE
Introduction
I) La mythologie grecque
A) Les origines du monde vues par la mythologie grecque
B) Le Panthéon grec
C) La représentation des dieux
II) Rituels et cérémonies de la religion grecque
A) Les rites eux-mêmes
B) Le personnel religieux
C) Les lieux de culte
III) Religion civique et cultes panhelléniques
A) Les rites de passage
B) Religion et vie politique
C) Les cultes panhelléniques
Conclusion
Bibliographie
Introduction
La religion grecque, omniprésente dans leur société, est complexe à étudier, en raison notamment
de ses variations locales sur toute la Grèce et de son évolution au cours du temps, bien que certaines
choses soient communes à tous les Grecs ; la religion grecque nous est également déroutante parce qu’elle
fait appel à des valeurs ou des distinctions qui nous sont étrangères, et ignore certaines distinctions qui
nous sont familières (public-privé). C’est une religion essentiellement politique, comme le montrent la
non-séparation des faits religieux et politiques et la mythologie (luttes de pouvoir entre Olympiens et
Titans). C’est une religion plus basée sur l’observation des rites que sur un ensemble de dogmes organisés
(ce qui est d’ailleurs une caractéristique du polythéisme), bien que ces dogmes existent. Enfin, un certain
nombre de rites sont communs à l’ensemble du monde grec, tout comme certains cultes dits
« panhelléniques ». La religion est donc un des éléments fédérant le monde grec. Comme l’a dit
l’historien Hérodote (485-425), « ce qui fait que nous sommes Grecs, c’est que nous parlons la même
langue, adorons les mêmes dieux et menons la même vie ».
Nous verrons la religieux grecque à travers trois grand thèmes : sa mythologie, ses rites (ainsi que le
personnel religieux et les lieux de culte), la religion civique et les cultes panhelléniques.
I) La mythologie grecque
La mythologie explique l’origine du monde, des dieux et de certains problèmes de l’humanité,
comme par exemple sa condition mortelle.
A) Les origines du monde vues par la mythologie grecque
Il s’agit à la fois de l’origine des dieux et de celle des hommes.
1) Le mythe de la création (selon Hésiode)
Il s’agit ici de la vision qu’Hésiode a de la création du monde. Hésiode est un poète du VIIe siècle
qui est l’auteur de deux œuvres : la Théogonie et Les Travaux et les Jours.
La Théogonie raconte l’histoire des dieux. L’œuvre commence par les temps primordiaux puis
relate ensuite les luttes pour la souveraineté. L’œuvre insiste d’ailleurs beaucoup sur ce point : il peut
s’agir d’une influence du contexte de l’époque au moment de l’élaboration de l’œuvre.
Les premières divinités sont Chaos, dieu informe, Gaia (la Terre) et Eros (le Désir). Chaos et Gaia
donnent seuls naissance à plusieurs divinités. Ainsi Chaos crée Erèbe (les Ténèbres permanents) et Nyx
(la Nuit) ; Gaia crée Ouranos (le Ciel) et Pontos (le Flot marin). Ouranos s’unit à Gaia, qui enfante les six
Titans (masculins) et les six Titanes (féminins), ainsi que les trois Cent-bras (géants à cents bras).
Ouranos bloque Gaia, ce qui l’empêche de mettre au monde ses enfants. Gaia crée alors une serpe qu’elle
donne à Kronos, le plus jeune des Titans. Kronos castre son père, ce qui provoque la séparation
d’Ouranos et de Gaia (c’est-à-dire du Ciel et de la Terre) et permettra au monde de s’organiser. Le sexe
d’Ouranos tombe dans Pontos où il donne naissance à Aphrodite. Le sang d’Ouranos féconde une
dernière fois Gaia, qui enfante les Erynies, les Géants et les Nymphes.
Kronos et Rhéia, une Titane, règnent sur leurs frères et sœurs, qui forment des couples et donnent
naissance à d’autres divinités. Pour éviter d’être détrôné par un de ses enfants, Kronos les dévore un à un
à leur naissance. Il avale ainsi Hestia, Héra, Hadès et Poséidon. Rhéia sauve le plus jeune, Zeus, grâce à
une ruse. Ce dernier grandit et force son père à vomir ses frères et sœurs. Puis les six dieux doivent
combattre les Titans et leurs monstres (les Géants et Typhon, dernier fils de Gaia, monstre énorme à
forme vaguement humaine et aux bras terminés par des serpents crachant le feu). Une fois vainqueurs, ils
confient la royauté à Zeus, qui met en place un règne de paix et de justice.
2) Le mythe des races
Il est tiré de Les Travaux et les Jours, d’Hésiode. Il relate l’histoire de l’humanité.
La version traditionnelle du mythe des races relate la longue et inexorable déchéance de l’humanité,
se dégradant toujours plus au fil du temps. Elle se divise en quatre « races » : la race d’or, la race
d’argent, la race de bronze et la race de fer. Ces maux sont causés par Pandore, la première femme,
envoyée par Zeus pour punir l’humanité (Prométhée, créateur de l’humanité, a volé le feu aux dieux pour
la lui confier) : elle a avec elle une boîte contenant tous les fléaux, mais tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle
n’a pas le droit d’ouvrir la boîte (imaginez la suite…). Pandore est également le symbole de la vie : elle
représente la fécondité de la terre et de la femme.
Hésiode change radicalement la signification du mythe en insérant une autre race, la « race des
héros », entre la race de bronze et la race de fer. Hésiode place ainsi les périodes par couples, opposant les
races deux à deux (la race de fer est divisée en deux périodes). Cette opposition se rapproche de
l’opposition entre l’hubris (démesure) et la di (justice). Dans le couple race d’or – race d’argent, la dikè
triomphe. Dans le couple race de bronze race des héros, l’hubris triomphe. La race de fer, époque
d’Hésiode, est divisée en deux. L’hubris et la dikè sont mélangés, l’hubris et le malheur menacent de
triompher.
D’un point de vue symbolique, la race d’or représente un passé mythique, celui du bon roi, héritier
de Zeus, pratiquant la justice. Lui succèdent les rois impies de la race d’argent, qui sont eux à l’image des
Titans. Puis viennent les hommes de la race de bronze, des guerriers évoquant les Géants, qui se
révoltèrent contre Zeus et furent vaincus par lui. A la race de bronze s’oppose la race des héros, composés
de guerriers justes. La plupart mourront sous les murailles de Troie ou devant les portes de Thèbes.
Viendra ensuite la race de fer, marquée par le travail, la souffrance et la mort. Le bien et le mal sont
devenus indissociables. L’homme doit choisir entre la soumission à la dikè ou l’abandon à l’hubris, ce qui
conduit fatalement au triomphe du mal.
B) Le Panthéon grec
La religion grecque est une religion polythéiste présentant un panthéon très nombreux et divers ; un
certain nombre de divinités sont très locales. Ce n’est pas la manifestation d’une pensée religieuse
confuse mais c’est au contraire un système symbolique très élaboré classant les divinités selon leurs liens
entre elles.
Dans la religion grecque (comme dans les religions polythéistes de manière générale), TOUT
possède sa divinité.
On y rencontre surtout deux types d’entités : les dieux et les héros.
1) Notions de base
Les dieux sont immortels mais ne sont pas éternels : ils ont eux-mêmes été créés. Ils sont plusieurs
milliers ; un certain nombre d’entre eux ne reçoivent qu’un culte local. Ils sont mis en scène comme ayant
des traits très humains (colère, jalousie, …). Les dieux sont corporels. Tout d’abord ils boivent du nectar
et se nourrissent d’ambroisie et de la fumée montant des autels. Ensuite ils ont des veines dans lesquelles
coule un liquide éthéré nommé ichor. Enfin certains récits (notamment l’Iliade, d’Homère) mettent en
scène des batailles les dieux sont physiquement présents, agissent et peuvent être blessés par les
mortels.
Un héros est mort, à la vie et à la mort glorieuse. Il reçoit un culte important (parfois aussi
important que celui d’une divinité) autour de son tombeau ou du lieu supposé sont ses restes. Certains
des héros, comme Achille, Persée, Héraclès ou Asclépios, sont des demi-dieux, et certains d’entre eux ont
été divinisés après leur mort. Les plus connus des héros sont Thésée, Héraclès et Asclépios.
2) Les dieux du Panthéon
Les principaux sont les douze Olympiens. Sur la frise du Parthénon, il s’agit de Zeus, Poséidon,
Déméter, Héra, Arès, Aphrodite, Artémis, Apollon, Athéna, Hermès, Dionysos, Héphaïstos. Mais dans
d’autres sources Arès et Dionysos sont souvent remplacés par Hestia et Hadès.
Zeus est le fils de Kronos et Rhéia. Il gne sur les hommes et les dieux. Ses symboles sont la
foudre et l’aigle.
Héra est la sœur et l’épouse de Zeus. C’est la divinité du mariage. Son symbole est le paon.
Déméter est sœur de Zeus. C’est la déesse de l’agriculture. Ses symboles sont la gerbe et la faucille.
Poséidon est frère de Zeus. C’est le dieu des océans. Ses symboles sont le trident et le cheval.
Hestia est la sœur de Zeus. C’est la déesse du foyer.
Aphrodite est « née de l’écume » (signification de son nom) lorsque les organes génitaux d’Ouranos
sont tombés dans la mer après avoir été tranchés par Kronos. Aphrodite est la déesse de l’amour, de la
fécondité et de la beauté. Son symbole est la colombe.
Artémis (ou Phoïbé) est la fille de Zeus et de Léto. C’est la déesse de la Lune, de la musique, de la
chasse et des vierges. Ses attributs sont le croissant de lune, l’arc et la biche.
Apollon (ou Phoïbus) est le frère jumeau d’Artémis. C’est le dieu du Soleil et des arts. Il est
symbolisé par son arc, sa flûte et sa lyre.
Arès est le fils d’Héra et de Zeus. C’est le dieu de la guerre. Il est symbolisé par son casque et ses
armes.
Athéna est la fille de Zeus et de Métis (déesse de l’intelligence rusée). En fait Zeus a avalé Métis
enceinte ; Athéna est sortie toute armée du crâne de Zeus fendu par Héphaïstos. Athéna est la déesse de la
sagesse. Ses symboles sont la chouette et sa cuirasse.
Hermès est le fils de Zeus et de Maia (déesse de la croissance). C’est le dieu des marchands et des
voleurs, ainsi que le messager des dieux. Ses symboles sont le caducée (baguette autour de laquelle
s’enroulent deux serpents) et des sandales ailées.
Dionysos est le fils de Zeus et de Sémélé, une mortelle. C’est le dieu du vin. Il est symbolisé par des
feuilles de vigne et une panthère.
Héphaïstos est selon les versions le fils de Zeus et d’Héra ou alors il a été engendré par Héra seule.
C’est le dieu des forgerons. Il est symbolisé par son enclume et son marteau.
Il y a de nombreuse divinités liées à la Mort et au monde des morts.
Le monde des morts est le monde souterrain. Ses divinités sont dites « divinités chthoniennes »
(chthôn veut dire « la terre »). Le monde des morts peut être nommé « l’Hadès » ou « l’Erèbe » (du nom
d’Erèbe, divinité des ténèbres permanents engendrée seule par Chaos). Les Romains l’ont appelé « les
Enfers » (en latin, inferii signifie « en dessous »). Les Enfers sont une sorte d’île entourée par quatre
fleuves : l’Achéron, le Styx glacial, le Cocyte, dont les eaux sont des larmes, le Pyriphlégeton, fleuve de
feu. Pour les traverser, le défunt doit avoir eu des funérailles ; ceux dont le corps n’a pas connu de
sépulture doivent errer sans fin sur la rive. Il faut également payer le passeur, Charon : c’est ce qui
explique que lors des funérailles on place une pièce dans la bouche du défunt.
Une fois les fleuves traversés, l’âme du mort passe devant Cerbère, grand chien à trois têtes et
gardien des Enfers. Il laisse entrer tout le monde (même les vivants) mais ne laisse sortir personne. Puis
l’âme du mort passe devant les trois Juges des Enfers, Minos, Eaque et Rhadamanthe. Ce sont eux qui
décident de ce qu’il adviendra de l’âme du mort. Celui qui a mené une vie ni glorieuse ni mauvaise
passera le reste de sa « mort » dans la morne plaine des Asphodèles. Les héros et les vertueux iront dans
les « Champs-Elysées » (ou « Champs-Elyséens »), endroit verdoyant empli de lumière et de musique et
où coule le fleuve Léthé, dont les eaux donnent l’oubli. Enfin, les méchants sont enfermés dans le Tartare,
l’endroit le plus bas du monde, prison entourée d’une triple muraille de bronze et servant de support aux
fondements de la terre et des océans ; c’est dans le Tartare que les impies et les criminels connaissent un
châtiment éternel. C’est les Titans, les Géants et Typhon ont été précipités après leur révolte contre
Zeus. Les Enfers sont dirigés par Hadès et son épouse Perséphone. Hadès est fils frère de Zeus, ses
symboles sont un sceptre et un casque rendant invisible. Perséphone est la fille de Zeus et de Déméter.
Elle a été un jour enlevée par Hadès. A cause du désespoir de Déméter, les dieux sont arrivés à un
compromis : Perséphone passe six mois sous terre avec son époux (Déméter est alors déprimée et ne
laisse rien pousser : c’est la cause de l’hiver) et six mois à la surface avec sa mère.
On trouve d’autres divinités aux Enfers. Ainsi Thanatos, la Mort elle-même, engendré par Nyx. Les
Enfers abritent également les palais de la Nuit, du Sommeil (Hypnos, frère de Thanatos, comme lui
engendré par Nyx seule) et des Songes (Morphée, fils de Nyx et d’Hypnos).
Enfin, on trouve aux Enfers deux groupes de trois divinités : les Erinyes et les Moira. Les Erinyes
(ou « Euménides », c’est-à-dire « Bienveillantes ») sont des divinités de la vengeance, nées de Gaia
fécondée par le sang d’Ouranos. Ce sont des femmes à chevelure de serpent et brandissant torches et
fouets. Elles se nomment Mégère, Tisiphone et Allecto. Les Moira, esses du destin, sont également
filles de Zeus et de Thémis (déesse de la Justice). La première, Clotho, symbolise la naissance : elle
déroule une pelote de ficelle. La deuxième, Lachésis, représente les jours de la vie : elle mesure la
longueur du fil. La troisième, Atropos, représente la Mort : c’est elle qui tranche le fil.
D’autre divinités enfin sont importantes : les Muses et les Nymphes.
Les Muses sont les neuf filles de Zeus et de Mnémosyne (déesse de la Mémoire) ; ce sont les
déesses des Arts. Clio représente l’Histoire, Melpomène représente la Tragédie, Thalie symbolise la
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