MPSI Chapitre 10
CONDUCTEURS OHMIQUES, LOI D'OHM, LOI DE JOULE
10-1 Conductivité, loi d'Ohm locale
10-1-1 Conducteur ohmique, mobilités des porteurs de charge
On considère un conducteur homogène, électriquement isotrope, immobile et à température
constante et uniforme.
Dans un tel conducteur, le mouvement d'ensemble des porteurs de charge est à une seule cause, le
champ électrique créé par le reste du circuit.
Le conducteur étant isotrope, il n'existe aucune direction privilégiée, mise à part celle du champ
électrique. La vitesse moyenne (vitesse de leur mouvement d'ensemble) de chaque type de porteurs de
charge est donc parallèle à
E
. Les lignes du champ électrique sont donc les lignes de courant.
La mobilité µi du ième type de porteurs de charge est définie par
Eµv i
i
lorsque le régime
stationnaire (ou quasi stationnaire) est atteint. µi > 0 si qi > 0 et µi < 0 si qi < 0.
La limitation de la vitesse moyenne d'un porteur de charge est due aux interactions avec les obstacles.
Dans un conducteur métallique, ces obstacles sont les défauts du réseau cristallin et les impuretés, c'est-à-
dire tout ce qui rompt la périodicité spatiale du cristal. Dans un électrolyte ce sont les ions de charge opposée
et éventuellement les molécules du solvant.
La mobilité d'un porteur de charge dépend de la température. Pour un métal elle décroît si T croît, car
les défauts cristallins sont en nombre croissant avec T. Par contre, pour un électrolyte, elle croît avec T.
La densité volumique de courant est
 
Eµvj iii
ii
i
.
10-1-2 Loi d'Ohm locale
Un conducteur suit la loi d'Ohm locale si et seulement si µi est indépendant de E.
Les métaux suivent la loi d'Ohm locale, même pour des champs électriques intenses.
Dans ce cas, le conducteur considéré est un conducteur ohmique.
Sa conductivité est définie par
 
iiiµ
. Elle est indépendante de E et uniforme dans tout le
conducteur. Elle est de plus indépendante du temps en régime stationnaire ou elle en dépend très peu en
ARQS. Son unité SI est le siemens par mètre : S.m1.
La loi d'Ohm locale se traduit donc par la formule
Ej
avec constant.
L'inverse de la conductivité est la résistivité
1
, son unité SI est l'ohm-mètre :
.m. (le siemens
est l'inverse de l'ohm). La loi d'Ohm locale s'écrit donc encore
jE
.
10-2 Résistance électrique d'un conducteur ohmique, loi d'Ohm
10-2-1 Loi d'Ohm
Pour un conducteur ohmique, c'est-à-dire un conducteur homogène, isotrope, immobile, en régime
stationnaire ou en ARQS (donc en particulier à T constante), la loi d'Ohm s'écrit : u = R i avec R constante,
si l'on utilise la convention récepteur :
R est la résistance du conducteur ohmique, son unité SI est l'ohm :
.
R
i
u
R
i
u
Son inverse est la conductance
. Son unité SI est le siemens: S. La loi d'Ohm s'écrit donc
aussi
La loi d'Ohm est bien entendue une conséquence de la loi d'Ohm locale :
Soit un conducteur ohmique traversé par un courant en régime stationnaire, limité par deux
équipotentielles A et B. Sa surface latérale est un tube de courant puisque aucun courant n'en sort.
S étant une section quelconque du conducteur, l'intensité du courant est

SS
SdESdji ..
et la
tension est
B
AMdEu .
. Si en chaque point du conducteur
E
est multiplié par k, alors u est multiplié par k
et, étant inchangé, i est aussi multiplié par k. Le rapport
i
u
R
reste bien constant.
10-2-2 Résistances d'un conducteur ohmique élémentaire et d'un conducteur ohmique
cylindrique
Soit un tube de courant élémentaire de longueur dL et de section dS, limité par deux équipotentielles
entre lesquelles la tension est du et parcouru par le courant d'intensité di.
Le champ électrique
E
est comme les lignes de courant normal aux équipotentielles et il est donc
parallèle au vecteur
Ld
et au vecteur
Sd
.
On a alors di = E dS et du = E dL d'où la conductance de cet élément de conducteur ohmique :
dL
dS
dG
(c'est un infiniment petit) et sa résistance (infiniment grande) :
dS
dL
R
.
Par intégration, on obtient la résistance d'un conducteur ohmique cylindrique limité par deux
équipotentielles, si la densité volumique de courant est bien parallèle à l'axe du cylindre :
S
L
R
.
Si un conducteur est filiforme, de section constante, chaque petite portion du fil est assimilable à un
cylindre, la formule ci-dessus s'applique aussi.
Pour une forme quelconque du conducteur ohmique, on peut calculer sa résistance ou sa conductance
en le décomposant en tubes de courant élémentaires et en appliquant les lois sur les associations de
résistances ou de conductances.
u
i
S
AB
Sd
j
E
u
i
S
AB
Sd
j
E
du
di
Sd
Ld
du
di
Sd
Ld
10-3 Étude physique de la conductivité
10-3-1 Cas des métaux, des alliages métalliques
Pour un métal pur :
- aux températures ordinaires : = 0 (1 + a ). Dans cette formule, représente la température en °C
et a est de l'ordre de 3,7.103 K1.
- à des températures basses (20 K à 100 K. environ) la résistivité varie plus rapidement et non
linéairement.
Les alliages métalliques ont souvent des coefficients a bien plus faibles, parfois même très faibles
(constantan, manganine).
10-3-2 Supraconducteurs
Il existe une température critique en dessous de laquelle la résistivité s'annule pour certains
matériaux. En dessous de cette température critique, le matériau est "supraconducteur".
Pour les métaux, la température critique est toujours très basse : quelques kelvins pour la plupart,
mais il n'y a pas de température critique pour les meilleurs conducteurs (cuivre, argent).
10-3-3 Électrolytes
La conductivité d'un électrolyte est une fonction croissante de la température, (la mobilité des ions
croît avec T).
Soit un électrolyte dans lequel les porteurs de charge sont les ions libres
i
z
i
X
(zi > 0 ou zi < 0
suivant si l'on a affaire à un cation ou à un anion).
La charge de l'ion est qi = zi e. La concentration molaire volumique de cet ion étant ci (ou [
i
z
i
X
] ), la
concentration volumique de ces ions est ni = N ci. La densité volumique de charge mobile pour ces ions est
donc i = N ci zi e. En utilisant la constante de Faraday F '= N e = 96,5 kC.mol1, on obtient : i = zi F ci.
On a donc :
 
EcµzEµvj iiii
iii
ii
iF
.
Avec la loi d'Ohm locale
Ej
, on obtient
 
iiii cµz F
La conductivité molaire des ions
i
z
i
X
est définie par
F
iii µz
, son unité SI est : S.m2.mol1.
(i > 0 car zi et i sont de même signe).
D'où l'expression de la conductivité de l'électrolyte :
 
iiic
Les conductivités molaires des ions, comme leurs mobilités, dépendent de la température et des
concentrations.
Pour une solution suffisamment diluée, la conductivité molaire de chaque ion tend vers une limite
appelée conductivité molaire limite, notée 0, qui croît avec la température.
Pour une solution très diluée :
 
ii
0
ic
TC
T
TC
T
10-4 Associations de résistances
10-4-1 Association en série
Des dipôles sont en série s'ils sont traversés par le même courant. Soit i l'intensité de ce courant, R la
résistance électrique du kème conducteur et uk = Rk i la tension entre les équipotentielles qui le limitent.
La tension entre les bornes de l'association des n conducteurs ohmiques est
iRuu n
1k k
n
1k k
.
La résistance du conducteur ohmique équivalent au groupement en série est donc
n
1k k
RR
.
10-4-2 Association en parallèle
Des dipôles sont en parallèle s'ils sont placés entre les deux mêmes équipotentielles, donc sous la
même tension.
Soit u la tension entre ces deux équipotentielles, Gk la conductance électrique du kème conducteur et
ik = Gk u l'intensité du courant qui le traverse.
L'intensité du courant qui traverse l'ensemble des, n conducteurs ohmiques est
 
 
n
1k
n
1k kk uGii
.
La conductance du conducteur ohmique équivalent au groupement en parallèle est donc
n
1k k
GG
.
10-4-3 Cas de deux conducteurs ohmiques
Pour deux conducteurs ohmiques en série R = R1 + R2 et
21
21 GG GG
G
.
Pour deux conducteurs ohmiques en parallèle G = G1 + G2 et
21
21 RR RR
R
10-4-4 Théorème de Kennely (équivalence triangle, étoile)
On admettra qu'il y a équivalence entre les deux réseaux ci-dessous et on cherchera les relations entre
les résistances de l'étoile et celles du triangle:
Si i12 = 0, on peut supprimer la branche correspondante, entre A31 et A23 on a, d'après les lois sur les
associations de résistances :
321
321
2331 RRR R)RR(
RR
(1).
En répétant le même raisonnement pour i31 = 0 puis pour i23 = 0 ou en permutant circulairement les
indices, on obtient :
321
132
3112 RRR R)RR(
RR
(2) et
321
213
1223 RRR R)RR(
RR
(3).
R1R2
R3
R12
R31 R23
i12
i31 i23
A31 A23
A12
R1R2
R3
R12
R31 R23
i12
i31 i23
R1R2
R3
R12
R31 R23
i12
i31 i23
R1R2
R3
R12
R31 R23
i12
i31 i23
A31 A23
A12
2)1()3()2(
donne
321
21
12 RRR RR
R
. Avec
2)2()1()3(
et
2)3()2()1(
ou par permutation
circulaire des indices, on obtient :
321
32
23 RRR RR
R
et
321
13
31 RRR RR
R
.
Si V31 = V23, on peut réunir les nœuds A31 et A23 (on supprime R3 ne passe aucun courant) on a
alors
122331
233112
32 GGG G)GG(
GG
(I)
De même
122331
311223
13 GGG G)GG(
GG
(II) et
122331
122331
21 GGG G)GG(
GG
(III).
2)I()III()II(
donne
312312
3112
1GGG GG
G
.
De même
312312
1223
2GGG GG
G
et
312312
2331
3GGG GG
G
.
10-5 Théorème de Millman
Soit un nœud au potentiel V ou aboutissent :
- n branches passives, par la branche de numéro k de conductance Gk arrive au nœud considéré le courant
d'intensité ik et son autre extrémité étant au potentiel Vk,
- m branches comportant des sources de courant, j étant l'intensité du courant électromoteur de la branche
de numéro j fléché vers le nœud considéré.
La loi d'Ohm donne : ik = Gk (Vk V).
La loi des nœuds donne
0)]VV(G[ m
1j k
n
1k kk
VRkVk
ik
j
VRkVk
ik
j
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