Le Brésil face à l’Amérique du Sud
Depuis la signature du Traité d’Asunción en 1991, la consolidation et l’expansion du MERCOSUR sont
devenues la huitième priorité de la politique étrangère brésilienne et sa principale stratégie d’intégration
régionale. Outre cela, le MERCOSUR est le troisième bloc commercial au monde et le groupe le plus
important en Amérique latine. Après la formation du MERCOSUR, le commerce entre ses pays membres
a augmenté de 400 % entre 1990 et 1998, ce qui représente plus de 20 milliards de dollars. En 1999, le
commerce entre les pays a décliné en raison des crises économiques qui ont touché le Brésil puis
l’Argentine (en 2002). La crise de ce pays est amplifiée du fait de la dette extérieure qui n’a pas été payée
aux organismes financiers internationaux sous la présidence de Néstor Kirchner. En 2000, le MERCOSUR
a établi son modèle de croissance en fonction de la circulation commerciale, des investissements et de
l’interdépendance de croissance. Cela signifie que cette interdépendance se rapporte aux situations
caractérisées par des effets réciproques entre les pays acteurs du bloc, faisant en sorte que des intérêts
gouvernementaux, transnationaux et internes s’équivalent entre eux. Mais, vu les difficultés économiques
et financières qui touchent l’Argentine depuis l’an 2002, le projet du MERCOSUR semble se refroidir
jour après jour. L’Argentine essaie toujours de protéger son industrie de la concurrence brésilienne. Entre
autres exemples récents, on peut citer la « guerre des frigidaires ». L’Argentine a contingenté le chiffre
d’entrée de certains produits éléctroniques dans son marché, télévisions et frigidaires. Le MERCOSUR est
une manière d’inclure ses pays membres dans l’économie internationale, pays dotés d’objectifs jumeaux
complémentaires visant à ce qu’ils se solidifient sur leur plan interne et augmentent leur niveau de
coopération intra-régionale. D’un côté, le MERCOSUR crée des conditions favorables au développement
économique et amène la stabilité politique aux pays. D’un autre côté, il les conduit à réduire des risques
inhérents à une économie internationale instable et en croissance. Le MERCOSUR a donc la possibilité
d’établir un agenda multiforme. En 1996, il a établi un accord de libre-échange avec deux pays associés -
Chili et Bolivie -. En 2004, le Pérou a été intégré au MERCOSUR comme membre associé. En revanche,
le Chili s’est rajouté à l’ALENA en 2003. Le bloc MERCOSUR négocie aussi avec la Communauté
Andine et crée une zone de libre-échange, en plus de négocier avec la ZLÉA et l’Union européenne –
avec celle-ci, raté avant la fin 2004 -.
L’élargissement des accords du MERCOSUR à d’autres pays indique que ses pratiques sont plutôt
favorables à un régionalisme ouvert, plutôt qu’intra-régional ou sous-régional. D’après la perspective
brésilienne, le régionalisme ouvert signifie la sauvegarde des intérêts fondamentaux du Brésil pour
préserver son bilan commercial et financier quand il maintient des rapports commerciaux avec divers pays
et régions du monde. Dans ce sens, le Brésil combine certains principes fondamentaux, en mariant
diplomatie et un fort système de commerce multilatéral. Fort de cette stratégie, le Brésil a fait de l’Union
européenne, des États-Unis et de l’Amérique du Sud ses principaux partenaires commerciaux. Dans le
contexte du MERCOSUR, l’intégration de ses pays membres avec le Brésil remplirait trois fonctions
interdépendantes pour sa stratégie internationale : d’un côté, établir ensemble des accords aux
négociations afin de renforcer la prise de position de l’Argentine et du Brésil face aux enjeux clés
internationaux, stabiliser le processus de démocratisation dans les pays et dans la région et créer une
ambiance économique favorable pour attirer les investissements étrangers ; d’un autre côté, le manque de
politiques industrielle et financière communes sont le noyau dur à l’intégration pleine entre les pays
associés du MERCOSUR. Mais l’intérêt du Brésil sur le plan de la politique extérieure reflète son intérêt à
conquérir les marchés. Dans ce cas, le régionalisme ouvert brésilien est parfaitement égal au sens qu’on
donne à son marché global.
En revanche, l’Argentine, qui attendait une intégration hémisphérique, pourrait affaiblir les accords du
Brésil conclus avec États-Unis quant à la formation de la ZLÉA. Désormais déçue des États-Unis, et vue
sa crise profonde née des politiques néoliberales mises en marche par le FMI, l’Argentine est favorable au
MERCOSUR et à l’intégration sud-américaine. Le Brésil l’avertit que la ZLÉA pourrait balayer son