AFRIQUE: La croissance ne profite pas encore à ses habitants Saluée comme un signe positif pour l'avenir, la croissance économique sans précédent de 5,5 % en Afrique en 2005 ne se traduit pas encore par des améliorations du quotidien de la majorité de ses habitants, qui vivent toujours avec moins d'un dollar par jour. "La croissance doit se traduire en termes concrets, et je ne crois pas que cela soit vraiment le cas aujourd'hui" en Afrique, a déclaré Gary Cohen, président de BD Medical (Becton, Dickinson and Co), qui participe au 16e Forum économique mondial (Wef) sur l'Afrique organisé au Cap (sud-ouest). "Il est très positif que les économies en Afrique montrent des signes de développement, mais le continent reste dans un cycle de maladies et de pauvreté qui s'alimentent mutuellement", a ajouté M. Cohen, dont la société est impliquée depuis le début des années 1990 dans la lutte pour l'amélioration des systèmes de santé sur le continent. Selon lui, l'Afrique a "la plus forte prévalence de maladies dans le monde - 25% du total mondial - et seulement 1,% des travailleurs du secteur de la santé", alors qu'elle a reçu ces cinq dernières années d'importants financements et d'aides en médicaments. La bonne santé économique du continent ne se traduit pas en espèces sonnantes et trébuchantes pour la majorité des Africains, dont 200 à 300 millions se battent encore pour survivre dans les milieux ruraux, a de son côté relevé Herbert Smorenburg, un des responsables Afrique de l'Institut de santé du géant agro-alimentaire anglo-néerlandais, Unilever. Citant le cas de l'Afrique du Sud, dont l'économie est l'une des plus florissantes du continent avec une hausse du Pib de 4,9% en 2005, il note que la croissance peut avoir des effets pervers, avec une coexistence de "la sous-nutrition" des plus pauvres à "la surnitrition" des plus riches. "Les deux problèmes existent (en Afrique du Sud) et quelquefois dans la même famille", note-t-il, ajoutant: "Beaucoup de gens souffrent de malnutrition, notamment les personnes vivant avec le Vih-sida n'ayant pas les moyens de suivre le régime requis. Et dans le même temps, on enregistre une hausse des niveaux d'obésité". 50% des Sud-Africaines sont considérées en surpoids ou obèses, une proportion similaire à celle des Etats-Unis, selon lui. L'ouverture des marchés est en outre à l'origine de "toutes sortes de bêtises en Afrique" pour ce qui concerne les produits alimentaires, affirme Smorenburg, estimant qu'il faut "beaucoup d'éducation" et des décisions politiques pour remédier à cette situation. L'Afrique de l'ouest, par exemple, qui devrait être à même de nourrir ses populations, est aujourd'hui une grande consommatrice de riz importé, principalement venu d'Asie. "Il y a beaucoup de choses évidentes qui ont besoin d'être faites", notamment dans "l'agriculture, les infrastructures, le commerce régional", avait reconnu mercredi le président sud-africain Thabo Mbeki, présent au Cap avec ses homologues mozambicain Armando Guebuza et tanzanien Jakaya Kikwete. © Copyright Sud Quotidien