Selon François Perroux (1903 - 1987) le développement c’est la « combinaison de
changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître
cumulativement et durablement son produit réel. »
Amartya Sen (né en 1933) - propose une autre définition dans laquelle le
développement est le « processus d’expansion des libertés réelles dont jouissent les
individus. Il ne fait aucun doute que la croissance du PNB ou des revenus revêtent une
grande importance en tant que moyen d’étendre les libertés dont jouissent les
membres d’une société. Mais d’autres facteurs déterminent ces libertés : les
dispositions économiques ou sociales, par exemple (il peut s’agir de tous les moyens
qui facilitent l’accès à l’éducation ou à la santé) et, tout autant, les libertés politiques
et civiques. »
a) La croissance économique est stimulée par un système de valeurs spécifique
La croissance peut être favorisée par des mentalités orientées vers le calcul et la recherche de
la meilleure solution (rationalité économique, mentalité acquisitive, utilitarisme). Elle est
facilitée par des mentalités « désenchantées » au sens de Max Weber (1864 - 1920), c’est-à-
dire, cherchant l’origine des phénomènes naturels dans la nature elle-même et non pas dans
une explication « magique » (enchantée). La croissance est aussi favorisée par les progrès du
libre-arbitre.
Les différents éléments de ce changement de valeurs ont des conséquences évidentes liées à la
croissance :
l’augmentation de la consommation donne des possibilités matérielles (cesser de
travailler, voyager, acheter un livre...) ;
l’augmentation du niveau d’instruction ouvre des horizons au-delà du monde
immédiatement sensible ; l’augmentation de l’espérance de vie permet d’inscrire des
projets dans un temps plus long, d’accumuler des expériences, de vivre, d’une certaine
manière, plusieurs vies ;
l’augmentation de la liberté d’expression élargit l’éventail des possibles comme toute
liberté ;
l’augmentation de la mobilité géographique ouvre la possibilité de vivre ailleurs ou
différemment.
Pour certains auteurs, l’augmentation du nombre d’enfants est un obstacle au développement
alors que pour d’autres c’est un élément qui n’est pas véritablement pénalisant et qui peut
même être un stimulant.
Les deux thèses sont défendables :
La seconde thèse peut résulter du raisonnement de l’économiste danoise Esther Boserup (le
texte est publié en 1965), selon lequel une population plus élevée crée une incitation à
produire davantage qui se révèle bénéfique. La croissance démographique exerce ainsi une
« pression créatrice ». Ensuite, une hausse du niveau de vie permet de se marier plus jeune
(problème des dots, explication importante de la croissance démographique anglaise au
XVIIIe siècle) et donc d’avoir plus d’enfants, et améliore les possibilités de les maintenir en
vie.
- L’idée selon laquelle la croissance démographique est favorable à la croissance économique
est aussi défendue par Alfred Sauvy qui s’efforce de montrer que l’augmentation de la