1) cancers du poumon - Formation Médecine du Travail

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Les cancers pulmonaires d’origine professionnelle
1. Introduction :
Le cancer est une pathologie grave, tardive, non spécifique, multifactorielle (facteurs
génétiques individuels et facteurs environnementaux professionnels et extra-professionnels).
Le risque cancérogène augmente avec la dose et/ou la durée de l’exposition ce qui justifie
l’hypothèse de la linéarité sans seuil. Aucun niveau d’exposition autre que zéro ne peut
permettre l’élimination des cancers professionnels.
Chaque année, 280 000 nouveaux cas de cancer et 150 000 décès dus à cette
pathologie sont observés. La probabilité d’avoir un cancer au cours de sa vie en France est
estimée à 46,9% chez l’homme et 36,6% chez la femme.
4 à 8,5% des cancers sont aujourd’hui suspectés d’être d’origine professionnelle. Les données
de l’enquête SUMER 2002-2003 retrouvent que près de 9% de la population active ( soit 2,37
millions de salariés) serait exposée dans son travail à au moins un agent cancérogène (classé
groupe 1 ou 2A du CIRC).
Le cancer broncho-pulmonaire est un cancer fréquent dans le monde pour lequel de
nombreux facteurs étiologiques d’origine professionnelle sont identifiés. C’est également le
site de cancer pour lequel le nombre de cas induits par des facteurs professionnels est le plus
important dans les pays industrialisés. Il y a en France environ 25 000 nouveau cas de
cancers bronchiques chaque année. Selon Kogevinas et al, 13% des décès d’homme par
cancer pulmonaire seraient d’origine professionnelle en Europe, en Finlande ces décès
s’élèveraient à 29 % (FIOH). En reprenant les données de cette littérature internationale, en
France le nombre de décès par cancer du poumon d’origine professionnelle chez l’homme est
estimé entre 2713 et 6051.
Il n'y a pas de caractères médicaux spécifiques aux cancers professionnels :

il existe une très grande latence entre l'exposition au risque et l'apparition du cancer
(jusqu'à de 50 ans),

il n'y a pas de différence histologique avec les cancers qui ne sont pas d'origine
professionnelle.

il y a sommation des effets de l'exposition au risque et des facteurs extra
professionnels (comme le tabac et l'alcool),
Mais il y a des caractères épidémiologiques spécifiques aux cancers professionnels :

le diagnostic clinique est souvent porté après la période d'activité et le diagnostic
étiologique n'est pas fait,

il peut y avoir eu plusieurs expositions à des cancérogènes, simultanées ou
successives. Les procédés de fabrication évoluent et il est difficile 10, 20, 30 ans après
les faits de reconstituer l'historique de ces expositions. A cela concourt aujourd'hui,
une grande mobilité géographique de la main-d'œuvre, la précarité de l'emploi.

certaines populations exposées sont très réduites en nombre,

le secret médical français est un des plus stricts, nous avons peu de registres du cancer,

il faut tenir compte de facteurs extérieurs tels le tabac, l'alcool, l'alimentation etc…
2. Etiologies professionnelles du cancer du poumon
Il n’existe pas de type histologique spécifique d’une origine professionnelle du cancer
broncho-pulmonaire. Environ 90% des cancers pulmonaire correspondent à quatre type
histologiques : cancer épidermoïde, cancer à petites cellules, cancer à grande cellules,
adénocarcinome. En revanche les expositions au bischlorométhyléther et les expositions aux
radiations ionisantes sont assez souvent associées à un seul type histologique : le cancer à
petites cellules.
 AMIANTE : tableaux RG 30 bis et RA 47 bis
L’amiante est le facteur de risque professionnel de cancer du poumon pour lequel on
dispose des données les mieux établies. Environ 25% des hommes de 55 ans ou plus ont été
exposés à l’amiante au cours de leur vie professionnelle. La proportion d’hommes entre 35 et
54 ans exposés à l’amiante au cours de leur vie professionnelle est évaluée à 10%.
L’exposition à l’amiante augmente de 50% le risque d’apparition de cancer de
poumon.
12% des cancers du poumon des hommes de plus de 55 ans et environ 7% de ceux de 35 à
55ans peuvent être imputés à une exposition à l’amiante au cours de leur vie professionnelle.
Activités professionnelles ayant pu entraîner une exposition à l’amiante :
Fabrication d’articles contenant de l’amiante (fibrociment, industrie textile de l’amiante
jusqu’en 1996 avec activité de cardage, de filage ou de tissage)
Emploi dans l’isolation (thermique ou phonique)
Fabrication d’isolants électriques
Centrales thermiques
Raffineries
Construction et réparation navales
Réparation automobile et poids lourds (entretien de freins et d’embrayage)
Ouvriers de chantier du bâtiment (plombiers, couvreurs, électriciens, peintres, plâtriers,
étanchéistes, monteurs en ventilation, maçon fumistes, soudeurs…)
Sidérurgie (hauts fourneaux, cokeries, aciéries)
Industrie du verre
Installateurs et conducteurs de chaudières
Ascensoristes
Dockers
Opérations pouvant occasionner une exposition à l’amiante :
Utilisation d’isolants en amiante pour une protection personnelle (vêtements, gants, tabliers),
ou lors d’activité particulière (soudage, protection anti-feu) comme coussins, matelas, etc.
Flocage et déflocage
Calorifugeage
Entretien ou réparation de matériels chauds (chaudières, fours, étuves, moteurs, turbines,
etc.)
Utilisation d’amiante sous forme de bourre, tissu, tresse, cordon, joint, toile, etc.
Perçage, tronçonnage, découpage de matériaux en fibrociment (matériaux de toiture,
conduites d’adduction d’eau) ou intervention sur des matériaux floqués.
 ARSENIC
Raffinage et métallurgie de métaux non ferreux contenant de l’arsenic comme impureté
(notamment cuivre, plomb, zinc, cobalt, or) extraction de minerais contenant de l’or.(TRG
20bis, 20 ter, TRA 10)
Fabrication et utilisation de pesticides arsenicaux (vignes) (TRG 20bis, TRA 10)
Fonderie de métaux non ferreux (contenant de l’arsenic comme impureté)(TRG 20bis)
Empaillage et conservation des animaux (TRG 20 bis, TRA 10)
Autres secteurs ou emplois pouvant entraîner une exposition à l’arsenic : tannerie,
pelleterie et travail du cuir, industrie du verre (décoloration de la verrerie), industries des
colorants, industrie électroniqu e ( CRRMP)
 BISCHLOROMETHYLETHER : TRG 81
Fabrication de résines échangeuses d’ions
 BROUILLARDS/VAPEURS D’ACIDE SULFURIQUE, pur ou en mélange
Utilisation industrielle d’acide sulfurique ( « vitriol », « oleum », « fumant ») , de
mélange sulfo-chromique notamment dans l’industrie chimique, la fabrication
d’engrais, d’explosifs, de batteries (CRRMP)
Activités pouvant entraîner une exposition : dégraissage / décapage des métaux (
acier, cuivre, aluminium, nickel,…) placage électrolytique en bain acide
(principalement cuivrage, étamage) (CRRMP)
 DERIVES DU CHROME
Production de pigments à base de chromates et de bichromates ( métallurgie,
industrie des colorants, fabrication du chromate de zinc) (TRG 10 ter)
Autres secteurs ou emplois pouvant entraîner une exposition : emploi de colorants à
base de chrome (industrie textile, du cuir ou de la fourrure, fabrication de peintures,
de porcelaines, de céramiques, de verre), chromage électrolytique, soudage d’acier
inoxydable, préparation des encres dans l’industrie de l’imprimerie (CRRMP)
 GOUDRONS, SUIES, DERIVES DU CHARBON
Secteurs ( TRG 16 bis)
retien des fours)
)
Travaux :
Travaux de ramonage et entretien de chaudières et cheminées (TRG 16 bis, TRA
35 bis)
Certains emplois dans l’imprimerie (fabrication ou utilisation d’encres noires)
ou comportant la manipulation ou l’exposition à des huiles usagées (mécanique,
industrie du caoutchouc, industrie textile, industrie du verre) (CRRMP)
 DERIVES DU NICKEL
Grillage des mattes de nickel (TRG 37 ter)
Métallurgie du nickel (traitement du nickel ou certaines opérations de raffinage du
métal, revêtement des métaux par du nickel, production d’aciers spéciaux) (CRRMP)
Industrie des céramiques, des émaux et des porcelaines (utilisation de colorants à base de
nickel) (CRRMP)
Soudage inox ou alliages contenant du nickel (CRRMP)
 OXYDES DE FER
Travaux dans les mines de fer( extraction, broyage, concassage), au fond ou en surface
(TRG 37 ter)
Autres secteurs ou emplois entraînant une exposition : métallurgie des métaux ferreux
(fonderie, polissage des métaux, meulage des pièces en fer), soudure à l’arc, découpage de
métaux à la flamme et à l’arc électrique (CRRMP)
 POUSSIERES OU GAZ RADIOACTIFS (TRG 6)
Industrie nucléaire
Mines de minerai radioactif (uranium)
Utilisation ou traitement de produits radioactifs ( par exemple dans les laboratoires de
recherche)
Préparation de produits (luminescents radioactifs ( expositions très anciennes)
 SILICE : (TRG 25)
Mines et carrières, industrie de la pierre
Fonderie
Industrie de la poterie et de la céramique (carrelage, sanitaires)
Fabrication de prothèses dentaires
 POUSSIÈRE DE COBALT ASSOCIEES AU CARBURE DE TUNGSTENE (TRG 70
ter)
Secteurs
Métallurgie des métaux durs
Travaux :
Exposition à l’inhalation associée de poussière de cobalt et de carbure de tungstène dans la
fabrication des carbures métalliques à un stade précédant le frittage (mélange de poudre,
compression, rectification et usinage du préfritté)
3. Etiologies professionnelles des cancers de la plèvre
Toute activité professionnelle ayant pu entraîner une exposition à l’amiante, en
particulier (TRG 30, TRA 47) :
Fabrication d’articles contenant de l’amiante ( fibrociment, industrie textile de l’amiante
jusqu’en 1996 avec activité de cardage, de filage ou de tissage)
Emploi dans l’isolation thermique ou phonique
Fabrication d’isolants électriques
Centrales thermiques
Raffineries
Construction et réparation navales
Réparation automobile et poids lourds (entretien de freins et d’embrayage)
Ouvriers de chantier du bâtiment (plombiers, couvreurs, électriciens, peintres, plâtriers,
étanchéistes, monteurs en ventilation, maçon fumistes, soudeurs…)
Sidérurgie (hauts fourneaux, cokeries, aciéries)
Industrie du verre
Installateurs et conducteurs de chaudières
Ascensoristes
Dockers
Opérations pouvant occasionner une exposition à l’amiante (TRG 30, TRA 47)
Utilisation d’isolants en amiante pour une protection personnelle (vêtements, gants, tabliers),
ou lors d’activité particulière (soudage, protection anti-feu) comme coussins, matelas, etc.
Flocage et déflocage
Calorifugeage
Entretien ou réparation de matériels chauds (chaudières, fours, étuves, moteurs, turbines,
etc.)
Utilisation d’amiante sous forme de bourre, tissu, tresse, cordon, joint, toile, etc.
Perçage, tronçonnage, découpage de matériaux en fibrociment ( matériaux de toiture,
conduites d’adduction d’eau) ou intervention sur des matériaux floqués.
Le lien entre l’exposition à l’amiante et le mésothéliome a été rapporté même en cas
d’exposition de durée brève ou d’intensité faible voire en cas d’exposition de proximité, de
voisinage. Les locaux comportant des flocages dégradés doivent être considérés comme une
source d’exposition potentielle. (CRRMP)
4. Evaluation de l’exposition professionnelle au cancérogène bronchique.
Hormis la visite du poste de travail et la biométrologie, d’autres moyens d’évaluation de
l’exposition aux cancérogènes bronchiques sont disponibles.
L’interrogatoire professionnel au moyen d’un questionnaire standardisé spécifique permet
d’évaluer la fréquence, la durée et l’intensité de l’exposition. L’utilisation d’une matrice
emploi-exposition spécifique de chaque cancérogène permet de s’affranchir de
l’autoquestionnaire.
Les grandes enquêtes SUMER et CAREX permettent de repérer les expositions
professionnelles aux cancérogènes en fonction des métiers. Une étude cas témoin ICARE est
actuellement en cours et vise à étudier le rôle de facteurs de risque professionnels dans la
survenue du cancer du poumon.
Afin de limiter la sous déclaration des cancers broncho-pulmonaires d’origine professionnelle,
les pneumologues et les médecins généralistes ont été sensibilisés à la recherche systématique
d’un facteur étiologique professionnel chez leur patient. Un outil de repérage des expositions
professionnelles par questionnaire dirigé a été élaboré par un groupe de travail de la société de
pneumologie de langue française et de la société française de médecine du travail. (
http://www.splf.org/s/IMG/pdf/questionnaire.pdf)).
En ce qui concerne l’exposition à l’amiante, la base de données EVALUTIL a pu être élaboré
à partir des données qualitatives et quantitative de l’exposition à l’amiante disponible dans la
littérature ainsi que des données sur le mésothéliome, maladies liées à l’amiante et la
biométrologie. Cette base de données rassemble des informations quantitatives et qualitatives
pouvant servir de repères pour l’évaluation de ces expositions.
5. Rôle du tabac
De nombreuses études ont essayé d’évaluer la part du tabagisme dans l’excès de cancers
pulmonaire.
Pour Saracci, certains agents cancérigènes sont associés à un modèle multiplicatif pour le
risque de cancer pulmonaire (amiante), intermédiaire entre additif et multiplicatif (arsenic,
radon), additif simple (nickel) ou inférieur à additif (chloroéthers).
6. Résultats d’une étude évaluant les expositions professionnelles et cancer
bronchopulmonaire.
Populations et méthodes : tous les cas incident de cancer bronchopulmonaire primitif
diagnostiqué en 1996 au CHI de Créteil ont été inclus dans l’étude. Un interrogatoire
professionnel standardisé reprenant le cursus professionnel et les expositions aux
cancérogènes a été réalisé par des médecins de la pathologie professionnelle.
Résultats : 207 personnes hospitalisées pour cancers bronchopulmonaires primitifs. 122 ont
bénéficié de l’entretien professionnel.
Hommes : 83,6%
Fumeurs ou ex-fumeurs : 95% tabagisme cumulé moyen 46 PA
Types histologiques : Carcinome épidermoïde : 33%
Adénocarcinome 25%
Carcinome à grande cellule 21%
Carcinomes à petites cellules 15%
Autres 6%
Expositions : 51% ont eu une exposition certaine ou probable à un agent
cancérigène
Amiante : 39% (secteur bâtiment : plombiers-chauffagistes)
Silice cristalline : 9%
HAP : 5%
Nombre de déclaration en maladie professionnelle : 25%
Bibliographie :
- E. Imbernon Estimation du nombre de cas de certains cancers attribuables à des facteurs
professionnels en France : Département santé travail. Institut de veille sanitaire
- Pairon JC, Brochard P. Cancers bronchopulmonaires professionnels. Encycl. Méd Chir
(Elsevier, Paris) Toxicologie-pathologie professionnelle, 16-540-H-30, 1996, 10p
- K. Legrand Cattan et Coll. Evaluation des expositions professionnelles et cancer
bronchopulmonaire. Rev Mal Respir, 2000, 17, 957-962
- Les cancers professionnels. JC Pairon, P Brochard, JP Le Bourgeois, P Ruffié
Résultats
de
l’enquête
SUMER
2003 :
www.travail.gouv.fr/publications/picts/titres/titre2290/integral/2004.12-52.1.pdf
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