Partie 2 :
Fonctions et Gestion des Banques
Chapitre 1 : Les banques
Section 1 : Les Fonctions des banques
1.1. La gestion du système de paiement
Dans sa phase la plus primitive, l’introduction de la monnaie a constitué une innovation
technique. En effet, elle a permis aux agents de réduire les coûts précédemment liés au troc de
biens comme par exemple, le coût de recherche d’agents prêts à échanger, le coût de stockage
en attendant l’échange ou encore en réduisant le nombre de termes d’échange (il ne faut plus
nécessairement une concordance des biens échangés). La monnaie est en fait un bien
communément accepté dans une économie et qui répond à trois critères : ce bien doit être non
périssable, divisible et suffisamment rare
1
. Le rôle de la monnaie est triple : elle sert de moyen
d’échange, d’étalon et de réserve de valeur. Dans ce denier rôle de la monnaie, on constate
l’innovation apportée par celle-ci. En effet, c’est l’introduction de la monnaie qui a permis
aux agents de stocker du pouvoir d’achat et donc de désynchroniser les échanges de biens et
services dans le temps. Cependant, la monnaie constitue un actif dominé puisqu’il est en effet
plus intéressant d’investir sur les marchés monétaire, obligataire ou boursier qui rapportent en
général un rendement supérieur à celui de la monnaie. Ce constat est d’autant plus vrai que
l’inflation atténue le pouvoir d’achat de périodes en périodes (dans la zone €, la BCE a pour
objectif de stabiliser l’inflation autour de 2% par an). Il existe cependant un cas où la
détention de monnaie peut être préférée à la détention d’autres actifs : c’est lorsqu’il y a
déflation.
Depuis la chute du système de l’étalon or (c’est-à-dire que la monnaie n’est plus garantie sur
les réserves d’or de la banque centrale), la monnaie ne renvoie plus un bien physique. Elle est
constituée de créances soit sur la banque centrale (monnaie fiduciaire), soit sur des banques
commerciales (monnaie scripturale). Celles-ci ont elles-mêmes comme contrepartie d’autres
créances sur les agents économiques. Les paiements se font par échanges physiques de
1
Pour plus de précisions, consulter le cours de Monsieur G. de Walque, « Théorie monétaire ».
monnaie fiduciaire ou par compensations de créances monétaires scripturales
2
. On le
constate donc ici, les banques ont entre autres, le rôle d’assurer la gestion du système de
paiement par la compensation des inscriptions monétaires.
1.2. Intermédiation et liquidité
En plus d’assurer le rôle de gestion du système de paiement, les banques ont comme autre
rôle d’assurer l’intermédiation des fonds entre agents en déficit et agents en surplus. Par
même, les intermédiaires financiers organisent la création de liquidités en mobilisant des
capitaux à court terme via les dépôts bancaires pour les prêter à long terme à des particuliers
ou entreprises.
1.3. Transformations
Les transformations produites par les établissements de crédit sont multiples :
- Transformation de taille : les banques collectent un ensemble de petits dépôts qu’elles
tentent de transformer en prêts plus importants.
- Transformation de maturités/de termes : les dépôts bancaires sont en général à court
terme, alors que les crédits octroyés par les banques sont de plus long terme.
- Transformation de qualité, de risque : puisque les prêts bancaires sont plus risqués que
les dépôts, un des rôles de la banque est aussi celui de tenter de diversifier le risque
auquel elle doit faire face. Il en est de même pour les transformations de taux variables
et taux fixes pratiquées par les banques.
Ces transformations impliquent bien évidemment un certain nombre de risques pour les
banques (voir section 2 sur les risques bancaires).
1.4. Production d’information et de surveillance
Le rôle d’une banque est également de réduire l’asymétrie d’information entre prêteur et
emprunteur. Ainsi, afin d’éviter tout risque de sélection adverse, la banque opère une
sélection (« screening ») des emprunteurs. Ensuite, en vue de prévenir le hasard moral de
ceux-ci, la banque assure un suivi monitoring ») des emprunteurs. L’intermédiaire financier
2
Cf. cours de Monsieur O. Lefebvre, « Marchés financiers nationaux et internationaux », chapitre 1 « Système
financier et système économique ».
peut aller jusqu’à créer des contrats discriminants, avec incitants (ex : prêts futurs
conditionnels au remboursement de l’emprunt) ou garanties (sur collatéral) afin de tenter de
réduire les conséquences que pourraient engendrer cette asymétrie d’information.
Chercher de l’information au sujet d’un emprunteur comporte bien évidemment un coût.
Ainsi, un des problèmes auxquels peut être confrontée la banque est celui du « free riding »,
c’est-à-dire qu’un intermédiaire financier concurrent peut sur base d’un crédit octroyé par la
première banque en juger que l’emprunteur est fiable : il sera donc prêt à octroyer à ce même
emprunteur un crédit dans le futur, et ce sans avoir subir un coût de recherche
d’information trop important. Cependant, il se peut également que l’intermédiaire financier
concurrent attire sans le savoir, un agent mauvais payeur que sa banque d’origine aura chassé
sans qu’il n’en sache quelque chose. Ce dernier pensant tomber sur une aubaine prêtera en fait
à un emprunteur douteux, augmentant donc son risque de non-rembousement : il s’agit de la
« malédiction du gagnant ». Afin d’éviter tout risque en matière d’information des
emprunteurs, il existe, à la banque nationale, à disposition des banquiers, des listes blanches et
noires qui reprennent respectivement l’ensemble des bons et mauvais payeurs.
N.B. : Pour évaluer les capacités de remboursement de grosses entreprises et d’emprunteurs
institutionnels (états), il existe également des agences de rating telles Standard & Poors ou
encore Moody’s.
1.5. Services non spécifiquement bancaires
En dehors de leurs quatre rôles traditionnels, les banques effectuent un ensemble de services
non spécifiquement bancaires. On peut en outre y compter la création d’information (non liée
à l’asymétrie d’information) comme par exemple l’analyse de conjonctures économiques.
Elles procèdent également à l’étude de plans d’affaires, organisent des formations (en
comptabilité par exemple). Elles se permettent aussi de pratiquer de l’intermédiation
professionnelle (entre agents institutionnels). De plus les banques effectuent du conseil en
placement, en trésorerie et en financement. Et enfin, les intermédiaires financiers se
diversifient de plus en plus en acquérant des parts de marché dans le monde des assurances.
Section 2 : Le modèle de fourniture de liquidité de Diamond et Dibvyg
Un des rôles de la banque est d’être fournisseur de liquidités. Or, cela peut poser problème car
fournir de la liquidité peut dans certains cas mener à une crise bancaire. Il faut donc pouvoir
assurer ce risque par l’assurance dépôt. Le travail de Douglas Diamond et Philip Dybvig
3
est
à l’origine de la construction d’un cadre d’analyse des ruées bancaires dites auto-réalisatrices.
Situation de référence sans banques :
Considérons un modèle à 3 périodes :
T=0
T=1
T=2
-1
0
R > 1 (R= 1 +r)
1
0
En T=0, les agents déposent leur argent en banque. Ensuite, ils peuvent choisir de retirer leur
dépôt soit en T=1 ou T=2. S’ils choissent de retirer en première période, ils recevront 1. S’ils
privilégient la seconde période, ils recevront un revenu certain R.
Or, en T=0, les déposants ne savent pas s’ils auront ou non un besoin urgent de fonds avant
T=2.
Considérons à présent qu’il y a deux types d’individus. Les agents de type 1 retireront l’argent
en T=1. Réciproquement, les agents de type 2 retireront en T=2.
Les agents de type 1 consomment
C1
1
=1 tandis que ceux de type 2 consomment
C2
2
= R.
Leur utilité U sont respectivement U(
C1
) et ρU(
C1
+
C2
)
Il y a en réalité, deux hypothèses d’information sur les types d’individus :
La proportion des deux types est connue en T=0. Dans ce cas, la banque sait combien
retireront en T=1, elle fixera donc r en connaissance de cause. Elle est donc en mesure
de détenir ce qu’il faut d’actifs liquides pour satisfaire les retraits en période 1. Elle
place alors le reste de ses ressources en actifs illiquides, destinés à satisfaire le retrait
des individus de type 2.
3
Diamond Douglas & Dybvig Philip (1983) « Bank runs, Deposit insurance and liquidity » Journal of Political
Economy, 91, 3, 401-419.
La proportion des deux types est inconnue en T=0. La banque ne sait donc pas
combien retireront, soit parce que les déposants ne le savent pas eux-mêmes, soit
parce qu’ils ne peuvent donner d’une manière certaine, cette information.
Introduction d’une banque :
Une moyen d’améliorer le bien-être des agents par rapport à la situation de base serait de
considérer que les agents qui choisissent de retirer en période en 1 reçoivent alors r1>1 et ceux
qui retirent en période 2 reçoivent r2>1 mais r2 est inférieur à R. Ainsi, les agents de type 2
reçoivent tout de même plus en période 2 que s’ils avaient choisi la période 1 pour leur retrait.
Il y a donc un avantage à laisser son argent plus longtemps. De plus, les agents de type 1
peuvent bénéficier d’un montant supérieur à ce qu’ils auraient reçu normalement (r1>1). Il y a
donc moyen de faire mieux que la situation initiale.
Si la banque connaît la proportion de chaque type, elle pourra déterminer r1 et r2. r1 sera
d’autant plus proche de 1 que la proportion de type 1 sera grande. Si celle-ci est faible, on
donnera en T=1 un intérêt relativement élevé.
On a donc un transfert de revenu de la période 2 vers la période 1.
U(C)
Utilité décroissante due à l’aversion au risque
1 r1 r2 R C
Graphique I.2.1
Risque d’illiquidité par panique:
1 / 20 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !