“Concepts de la biodiversité et aspects historiques”

Forêt Méditerranéenne Préparation F’11 Réunion du 10 février 2011 Groupe
« Concepts… » 1
Compte rendu de la réunion de préparation de
Foresterranée’11
Groupe de travail n°1 :
« Concepts de la biodiversité et aspects
historiques »
10 février 2011 INRA Montfavet (Avignon)
Présents :
ACOVITSIOTI-HAMEAU Ada (ASER du Centre Var), AFXANTIDIS Denise (Forêt Méditerranéenne),
AMANDIER Louis (Centre régional de la propriété forestière de Provence Alpes Côte d'Azur), ARNAUD
Marie-Thérèse (Chambre Régionale d'Agriculture PACA), ASPE Chantal (Université de Provence LPE),
BENOIT DE COIGNAC Guy (Forêt Méditerranéenne), BIROT Yves (EFIMED), BLASCO Lysiane (ASER du
Centre Var), BLONDEL Jacques (CEFE-CNRS), BONIN Gilles (Forêt Méditerranéenne, IMEP), BONNIER
Jean (Forêt Méditerranéenne), BREGLIANO Philippe (Forêt Méditerranéenne), CASTAN Alain (Office
national des forêts), CHASSANY Jean-Paul (Forêt Méditerranéenne, INRA), CLOUET PAGES Cécile
(UDVN 13), DASSONVILLE Luc (Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du
Logement), DIETTE Sébastien (SARL Alcina), FONDERFLICK Jocelyn (SupAgro Florac), GIVORS Alain
(PRO SILVA France), ILLY Georges (Forêt Méditerranéenne), JAMIN Louis (SARL Alcina), LANDAIS
Matis (Stagiaire), LOPEZ Lucie (stagiaire CRPF), LOVERO Marine (Parc Naturel Régional du Luberon),
LUIGI Nicolas (PRO SILVA France), MATHIEU Daniel (Association Tela Botanica), NINGRE Jean-Michel
(Forêt Méditerranéenne), PIRASTRU Jean-Michel (Parc naturel gional des Alpilles), REBOUL Daniel
(Office National des Forêts), VEYRAND Rémi (Association Internationale Forêts Méditerranéennes).
Excusés :
BARTHELEMY Carole (Université de Provence LPE), BRAENS Marion (Plan bleu), BUSSIERE Jérôme
(Parc Naturel Régional des Grands Causses), CHAMBONNET Frédérique (Centre régional de la proprié
forestière de Rhône-Alpes), FADY Bruno (INRA), GARRIGUE Germain (Syndicat des Propriétaires
Forestiers Sylviculteurs des Pyrénées-Orientales), GUERIN Gérard (Forêt diterranéenne), HALLARD
Françoise (Société du Canal de Provence), JAEGER Annabelle (Conseil régional Provence-Alpes-Côte
d'Azur), LAMANDE Nathalie (Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement),
LEPART Jacques (CEFE CNRS), MAILLET Albert (Centre régional de la propriété forestière de Provence
Alpes Côte d'Azur), MATHIEU Francis (Syndicat des Forestiers Privés du Gard), MULLER Annelise
(URVN), OLLIVIER Patrick, PASTOR Vincent (SDIS 13), PANAÏOTIS Christophe (Office de
l'Environnement de Corse), PEYRON Luc (GIP ECOFOR), RICCI Jean-Claude (IMPCF), SANSPEUR Cécile
(Charte Forestière de Territoire), THIVET Gaëlle (Plan Bleu pour l'environnement et le développement en
Méditerranée), VALLAURI Daniel (WWF), VILLETARD Matthieu (Parc National des Ecrins).
Animateur du groupe de travail : Jacques BLONDEL (CEFE CNRS)
Coanimatrice : Marine LOVERO (Stagiaire FIF)
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Rappel : Foresterranée est une manifestation organisée tous les trois ans par Forêt
Méditerranéenne, qui se base sur un travail de préparation assez long et une
mobilisation d'acteurs nombreux et variés. La méthode de préparation comprend des
réunions préparatoires par thème et des tournées sur le terrain. Le thème pour cette 11e
édition sera « Usages, biodiversité et forêt méditerranéenne »
Une première réunion de préparation a eu lieu en février 2010 et a identifié trois
entrées pour le colloque : définition des concepts, usages et gouvernance. Par ailleurs,
une réunion a eu lieu au Caylar (34), à la suite d’une visite de terrain sur le thème
« Elevage et biodiversité », organisée avec l’Association française de pastoralisme.
Le but de la réunion du 10 février est d’écrire le scénario du colloque et d’en réaliser le
« casting » (tout au moins un casting provisoire), pour le premier thème identifié,
consacré aux concepts de biodiversité et aux aspects historiques.
La matinée a été consacrée à des débats autour des concepts de la biodiversité, sur ce
qu'il convenait d'analyser lors du colloque, ou, au contraire, sur ce qu'il fallait laisser de
côté. Quatre thématiques se sont dégagées de ces discussions :
les fondamentaux de la biodiversité (diagnostic, génétique, indicateurs,
interaction, suivi) ;
l'économie de la biodiversité (instrumentalisation, financiarisation,
chiffrages, monétarisation) ;
les aspects historiques (systèmes passés, évolution du concept) ;
les choix de gestion (territoires, demandes sociales, philosophiques,
éthiques), en articulation avec le groupe « Usages ».
La réunion s'est également concentrée sur des points de vue pratiques (quel public
visé, quelles structures, quelle organisation ?), surtout en deuxième partie de journée.
Les fondamentaux : définition du concept de biodiversité
Constat est fait qu'il y a nécessité d'une mise au point sur le concept de biodiversité,
concept qui a évolué durant les deux dernières décennies, particulièrement en région
méditerranéenne.
Le terme biodiversité est polysémique, avec trois niveaux d'approche :
variété de la vie (approche biologique de type généraliste, surtout par le
monde associatif, souvent militant) ;
hiérarchie d'entités en systèmes, en évolution, en interaction, dynamiques
(approche scientifique) ;
construction sociale, économique, juridique : quels bénéfices pour
l'humanité, comment les gérer et les partager (approche sociologique) ?
La biodiversité est en réalité la diversité biologique utilisée, instrumentalisée par
l'homme, dans le sens il s'agit pour l’homme de puiser dans le système pour ses
propres bénéfices, ce qui est le cas en forêt. Il y a donc un important aspect sociétal et
économique (exploitation), qui ne se cantonne pas à la seule amélioration génétique,
particulièrement en zone méditerranéenne, les espaces naturels sont anthropisés,
jardinés, cultivés, socialisés depuis 8 000 à 10 000 ans.
La biodiversité peut de plus se définir à trois niveaux principaux (gène, espèce,
écosystèmes), complétés par des niveaux intermédiaires (individu, population) ou
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supérieurs (paysage). A toutes les échelles, les interactions sont primordiales, de même
que le contexte. On ne peut donc se focaliser sur une échelle (par exemple les espèces) ni
sur une fraction seulement de cette échelle (ne pas oublier, notamment, l’importance des
microorganismes, en particulier des mycorhizes en milieu forestier).
Parmi les points capitaux à prendre en compte dans les fondamentaux, il ne faut pas
oublier la distinction effectuée par le « Millemium ecosystem assessment » entre
fonctions des espaces naturels (comme la capture du carbone, la pollinisation, la
régulation des climats) et services rendus par ces mêmes espaces (produits par les
fonctions et utilisés par l'homme, par exemple économique, esthétique, culturel).
L’économie de la biodiversité
(financiarisation, chiffrages, monétarisation)
Malgré les réticences de certains membres de l’assemblée, le thème de l’économie est
apparu comme primordial, tant du point de vue du financement que de l’évaluation
chiffrée de la biodiversité.
En effet, la protection de la biodiversité mobilise et engage des fonds publics, ce qui
implique d’en estimer la valeur. C’est un des enjeux de la société actuelle, comme le
montre la rédaction du rapport Chevassus-au-Louis remis au premier ministre, car la
baisse des valeurs du bois a conduit à la hausse des autres usages des espaces forestiers,
usages non rémunérés. Il est donc fondamental d’évaluer la valeur des aménités non
marchandes, de se doter d’un outil d’évaluation ; or, aujourd’hui, l’outil le plus « simple »
et le plus utilisé reste l’argent. On peut noter l’initiative de l’association Forestour, dont
certains adhérents, propriétaires forestiers, font payer les services rendus par leur forêt
aux visiteurs (accueil, visites).
Il faut cependant rester attentif au manque de connaissances actuelles sur ce thème
(l’aborder risque donc de créer de la méconnaissance), au balbutiement des méthodes, à
la légitimité de la diversité des points de vue et des approches, ainsi qu’à l’isolement des
économistes dans leur laboratoire, perdant tout contact avec la réalité de terrain. Pour
beaucoup, il existe des risques de dérives de ce chiffrage, par le biais d’une vision
monétariste du monde, y compris de ce qui ne peut, par essence, être évalué
financièrement.
Toutes les questions sur l'économie de la biodiversi ouvrent une réflexion sur la
valeur accordée à la biodiversité. On pourrait par exemple s'adresser à des personnes qui
ont beaucoup travaillé la question, comme Jean-Michel Salles, pour obtenir son avis.
Les aspects historiques
La biodiversité est-elle vraiment un nouveau concept ? Quelles sont ses racines et
comment a-t-il évolué ? Ne peut-on pas le rattacher à d'autres, plus anciens imiter la
nature, hâter son œuvre ») ?
Force est de constater qu’il y a eu une très grande diversité et une évolution des
regards portés sur la biodiversité, suivies d’une transformation des modes de gestion
la forêt est un miroir de la société » a écrit Andrée Corvol, d'où une perception
changeante). On peut notamment souligner l’évolution du regard porté sur les « choses
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naturelles » et des termes pour les désigner : « nature », « ressources naturelles », puis
« diversité biologique », et enfin « biodiversité ». En écho à cette évolution, on observe le
passage en parallèle de la protection statique à la restauration puis à la définition de
nouvelles politiques publiques telles que La Trame Verte et Bleue, avec le risque de
jouer les « apprentis sorciers », sans un réel suivi ou une évaluation (notamment coût-
bénéfice). Sur le concept de trames, plusieurs organismes se penchent actuellement sur
des trames de vieux bois au sein des forêts (par exemple, le CRPF accueille actuellement
une stagiaire « naturalité » qui travaille sur la mise en perspective de gestion courante
avec de vieilles forêts pour comparaison, sur les concepts de trame verte et de trame de
vieux bois ; le WWF et le PNR Luberon travaillent également sur cette question).
Par ailleurs, on a pu observer une évolution du concept, avec d’un côté une
politisation, un transfert de la recherche vers la politique (extinction, banalisation des
espèces, des milieux) et, de l'autre, un déplacement de la connaissance vers la gestion
(très volontariste) avec Natura 2000 par exemple.
De plus, le focus s'est déplacé de la « biodiversité remarquable » vers la « biodiversité
ordinaire » ; cela pose un problème, car c'est un concept flou, sans priorisation (on ne
peut pas tout sauver, et d’ailleurs tout n'est pas en danger).
L’évolution des sociétés a conduit à des modifications profondes de certains systèmes
agro-sylvicoles, viables pour la plupart, et auxquels la recherche s’intéresse désormais
comme alternative aux systèmes actuels, notamment dans le cadre de l’article 8J de la
Convention sur la Diversité Biologique de la Conférence de Rio (étude et maintien des
pratiques traditionnelles d'utilisation des écosystèmes). Il pourra donc être opportun
d’aborder ce sujet, notamment via l’étude réalie par Ostrom (prix Nobel d'économie).
Les choix de gestion et la biodiversité
Les territoires et les dynamiques spatiales
Il a paru nécessaire de ne pas se cantonner au débat sur les milieux forestiers purs (et
donc de s’en tenir aux seuls forestiers), mais plutôt d’élargir le débat à tout le territoire
et tous les acteurs. Il est en effet plus juste de se pencher sur les territoires, notamment
de par le caractère changeant de leur vocation au fil du temps (forêt, milieu ouvert,
espace cultivé).
Cela permet en outre de dépasser le clivage traditionnel entre milieux ouverts et
milieux fermés. En effet, il y a une impression, parmi certains forestiers, que l’on
surprotège les milieux ouverts et que l’on considère les milieux boisés, fermés, comme
peu riches en biodiversité. En réalité, il semblerait que l’attention se focalise plus sur les
milieux ouverts car, dans certaines zones particulièrement dynamiques, on observe une
tendance à leur fermeture et donc à une transformation, souvent avec appauvrissement,
de la faune et de la flore qui sont inféodées à ces espaces.
Par ailleurs, l’approche territoriale permet de mieux prendre en compte le
développement, en cours et à venir, de la filière bois énergie (par exemple avec le projet
de la centrale électrique de Gardanne qui souhaite passer du charbon au bois), et de tous
ses acteurs. Ce projet, en redonnant un intérêt économique à la forêt méditerranéenne,
pose des questions notamment sur la gestion de la biodiversité ; cela concernera sans
doute davantage le groupe « Usages », mais il convenait de l’aborder. De manière plus
générale, l’évolution en cours des territoires est un aspect essentiel du débat.
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Toutefois, se focaliser uniquement sur les territoires risque de conduire à l’oubli des
dynamiques en jeu, élément essentiel de la compréhension, particulièrement en forêt
méditerranéenne, où l’homme est un moteur important des modifications du territoire.
La diversité génétique, moteur de l’évolution
Suite à la lecture de l’article proposé par Bruno Fady, le groupe s’est intéressé à la
question de la génétique, tant du point de vue de la diversité que de celui de
l’amélioration (ou de la pollution par sélection contraire).
Il semble primordial d’aborder cet aspect lors du colloque, la diversité génétique
pouvant être considérée comme un moteur de l’évolution. La diminution des échanges
génétiques (notamment par le confinement d’espèces, par exemple dans des milieux
ouverts non communicants) irait de pair avec une perte de résilience des écosystèmes,
notamment dans le cadre des changements climatiques en cours. Encore une fois, il ne
faut pas se focaliser uniquement sur l’échelle « espèces » de la biodiversité.
Un autre aspect de la variabilité génétique est celui de l’amélioration génétique,
notamment au travers de la sélection de graines de reboisement. L’exploration de la
variabilité naturelle entre populations peut également servir à des fins de recherche et
d’action (résistance au changement climatique par exemple). A priori, il n’y a eu que peu
d’amélioration génétique en forêt méditerranéenne, bien qu’elle ait toujours existé
(surtout sur les résineux, qui ne représentent qu’un tiers de la surface forestière
française). On peut toutefois noter quelques essais, comme l'exploration de la variabilité
génétique du pin sylvestre méridional.
Il ne faut cependant pas oublier qu’il y a eu plusieurs cas de « pollution » génétique,
notamment par la plantation de faînes orientales issues du hêtre oriental Fagus
orientalis, ou le nuage de pollen de chêne en suspension au dessus de l’Europe, pollutions
qui pourraient toutefois s’avérer intéressantes si elles augmentent la diversité en forêt et
donc la résilience des espèces.
Les aspects sociaux, philosophiques, éthiques
Trois points de vue sur les espaces naturels et la biodiversité ont été identifiés : celui
du scientifique (naturaliste ou sociologue), celui du citoyen et celui du politique ; il
faudra donc les prendre en compte tous les trois lors du colloque.
De plus, contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’âge d’or de la biodiversité
correspond à un pic d’utilisation du milieu naturel méditerranéen, entre le XIIIe et la fin
du XIXe siècle et, en particulier, les deux utilisations suivantes : construction des
cathédrales (et notamment fabrication des vitraux), production de fer. On peut
également citer, au XXe siècle, l’alimentation des véhicules en gazogène (issu du chêne
vert) pendant la seconde guerre mondiale.
Il y a un donc un lien étroit entre biodiversité et usage du milieu, et il convient de
s’intéresser à l’aspect social.
Par ailleurs, d’un point de vue sociétal, il semble y avoir une opposition entre
production et biodiversité ; or, ces deux aspects ne sont pas a priori incompatibles,
notamment en se préoccupant des vieilles forêts. Il convient donc d’éclaircir ce point lors
du colloque, notamment en lien avec le groupe « Usages » (avec l’exemple du Morvan et
de la biodiversité dans le Sapin de Douglas).
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