GASNIER Thibaut La révolution industrielle Patrick Verley Folio 1997 Première partie : La révolution industrielle : histoire d’un problème 1) 2) 3) 4) L’expansion des marchés Les facteurs de la croissance industrielle Les formes d’organisation de la production et la question de la «transition» vers l’industrie moderne Voies nationales d’industrialisation Seconde partie : La révolution industrielle : acteurs et facteurs 1) 2) 3) 4) 5) 6) 7) 8) 9) Agriculture ancienne Agriculture et révolution industrielle Agronomie Allemagne (révolution industrielle en) Archéologie et architecture industrielle Artisanat urbain préindustriel Bairoch P. (modèle explicatif de) Banque et finance au XVIIIe siècle Banque et industrialisation au milieu du XIXe siècle 10) Bauwens, Liévin (1769 – 1827) 11) Belgique (révolution industrielle en) 12) Borsig, August (1804 – 1854) 13) Capital et révolution industrielle 14) Chemins de fer, capital et capitalistes 15) Chemins de fer, états, initiatives privées 16) Chemins de fer et croissance économique 17) Cockerill (La famille) 18) Commerce maritime au XVIIIe siècle 19) Crawshay (la famille) et la sidérurgie galloise 20) Creusot (le) et Eugène Schneider (1805 – 1875) 21) Crise économique de type ancien 22) Crises et fluctuations économiques et l’époque de la révolution industrielle 23) Démographie et révolution industrielle 24) Dufaud, Georges (1777 – 1852) et Fourchambault 25) Econométrie et industrialisation 26) Enclosures 27) Enseignement technique et grandes écoles 28) Entrepreneurs 29) Entreprise industrielle au milieu du XIXe siècle (formes juridiques de l’) 30) Entreprise industrielle et concentration vers le milieu du XIXe siècle (taille de l’) 31) Etat et industrialisation 32) Etat et industrialisation en Prusse 33) Etats-Unis (révolution industrielle aux) 34) Fer, fonte et acier 35) France et Grande-Bretagne I : l’industrialisation jusqu’à la révolution 36) France et Grande-Bretagne II : révolution, empire et industrialisation 37) France et Grande Bretagne III : L’industrialisation jusqu’à l’aire des chemins de fer (de 1815 à 1830-1840) 38) Gerschenkron (modèle d’ « economic backwardness » de) 39) Grande-Bretagne, “workshop and banker of the world” 40) Innovations dans le textile et la chimie 41) Invention et innovation 42) Krupp (Alfred) et la révolution industrielle dans la Ruhr 43) « Leading sectors » 44) « Lunar society of Birmingham » 45) Machine à vapeur 46) Machinisme et machines-outils 47) Manufacture 48) Martin, Emile (1794-1871) : Maître de forges et inventeur 49) Marx et la révolution industrielle 50) Modèles sociologiques de l’industrialisation 51) Modèles théoriques de la révolution industrielle 52) Niveaux et conditions de vie des classes populaires urbaines durant la révolution industrielle 53) Oberkampf, Christophe-Philippe (1738-1815) et la fabrique de Jouy 54) Paiements internationaux : un système bipolaire ? 55) Périphérie et industrialisation 56) Petits pays : Belgique, Pays-Bas et Suisse 57) Préindustrialisation et proto-industrialisation 58) Proto-industrialisation et révolution industrielle 59) Régions et désindustrialisation 60) Révolution agricole au XVIIIe siècle en France : un mythe ? 61) Révolution agricole en Angleterre : une réalité ? 62) Révolution des transports au XVIIIe siècle 63) Révolution des transports au XIXe siècle 64) Révolution industrielle et industrialisation 65) Rostow et les étapes de la croissance 66) Science et technologie 67) Suisse (révolution industrielle en 68) « Take-off » 69) Technologie, économie et révolution industrielle 70) Ternaux (Guillaume) et la modernisation de l’industrie lainière française 71) Transfert de la technologie 72) Wrigley E. A. (l’analyse de la révolution industrielle britannique de) 73) « Z-goods model » de transition entre proto-industrialisation et industrialisation BAUWENS, Liévin (1769-1827) Père tanneur, et à sa mort en 1789, reprit l’entreprise familiale belge avec son frère. Réussite repose sur ses talents d’inventeur et sur son attitude de collaboration avec les occupants français (fournisseur aux armées : cuir + draps). Vers 1800, de nombreuses activités : tannage, tissage et blanchiment du lin des cotonnades à la prison dont il était le directeur, filage mécanique du lin. Monta une filature de coton : fit venir d’Angleterre, en contrebande, un « assortiment » de machines, non sans difficultés. Reconstitua les éléments manquants. Après une période de troubles (« guerre des Paysans » contre l’occupation française), il monta la première filature mécanisée de Gand (Belgique) en 1801. Mais comme production insuffisante, 2° fabrique en 1803. Laissa la tannerie à ses frères et se concentra sur ses activités textiles : fabrication des machines (qu’il ne vendait pas pour garder secret fabrication), tissage à la prison et dans des structures rurales proto-industrielles, blanchiment, indiennerie. Mais ces activités restaient séparées. Blocus continental => hausse de la demande et de la spéculation. Mais pas bases saines => crise de crédit en 1810. Grâce relations avec administration française, prêt hypothécaire de 300 000 francs en 1811. Situation financière ne s’améliora pas, et 1814 : ses biens furent saisis par ses créanciers. Partit pour Paris en 1819 où il travailla au problème de la mécanisation de la filature de bourre de soie. BELGIQUE (révolution industrielle en) Deux faits majeurs : présence abondante de fer et de charbon, et instabilité de la définition territoriale jusqu’à la constitution de l’Etat belge en 1830. Fin XVIIIe, Pays-Bas autrichiens = un des centres les plus actifs de proto-industrialisation. (lin, travail métal et verre, emploi charbon). Investissement important => formation de sociétés capitalistes, dirigées principalement par les marchands de charbon. Annexion à la France + blocus continental => accès à un large marché + protégée de la concurrence anglaise = la première phase de la RI. Charbonnages stimulés (moins chers que français). Mais décollage grâce au secteur textile, qui a entraîné le développement des machines. Depuis 1770, indienneries concentrées à Gand. Gros profits par ouverture aux marchés français et rhénan. Première impulsion de Liévin Bauwens en se lançant dans la filature de coton. « Les capitaux de l’indiennerie irriguèrent la modernisation de la filature » p 174. Jusqu’au blocus, deux activités séparées, mais le blocus rompit les approvisionnements : elles devinrent complémentaires. Début du XIXe siècle, fondation de quelques grandes filatures, puis d’autres, plus petites entre 1806 et 1810. Crises de 1808 et 1810 assainissent le secteur. Reprise en 1812, lentement, sur des bases plus saines. « En quelques années, la révolution technique s’était affirmée dans l’industrie cotonnière gantoise. » p 175 Industrie lainière traditionnelle dans la région de Verviers. Arrivée de W. Cockerill (mécanicien anglais) déclencha modernisation de la filature à partir 1800. 1810 : la région était le premier centre continental de la laine cardée. Construction de machines textiles grâce à famille Cockerill installée à Lièges en 1807 et qui devait fournir en « mécaniques » tout le continent. Fin empire : cotonnades anglaises envahirent le marché => faillites nombreuses. Tarif protectionniste par Guillaume Ier. Marchés européens fermés par une barrière douanière, mais le marché hollandais était désormais ouvert => travaillent pour Indes orientales. Industries gantoises et verviétoise s’équipèrent en machines à vapeur + mécanisation du tissage jusqu’en 1825. Mais RI dans d’autres secteurs et régions (ex : sidérurgie). Cockerill passa à la construction de machines à vapeur et à la sidérurgie lourde, puis investissement dans charbonnages et mines de fer. Orban, 1821, usine à Grivégnée, Lamarche, 1829, à Ougrée. 1824 : Huart Chapel construisit le premier haut fourneau à coke dans la région de Charleroi. « Une caractéristique de l’industrie lourde belge apparaissait dès sa naissance : la forte intégration entre houillères et sidérurgie à l’intérieur de très grosses unités de production. » p 176. Indépendance Belgique + fermeture marchés hollandais et colonial = grave crise de reconversion. Vente limitée au marché intérieur à croissance lente. 1840 : 96% des cotonnades étaient consommées sur place. Malgré efforts gouvernement, le filage domestique allait s’effondrer. Dès 1830, textile plus leading sector (=>industrie lourde). Lainages eux continuent de s’exporter vers Zollverein et EU. Industrie lourde elle aussi crise de reconversion. Cockerill avaient déjà étendu leurs activités à la Prusse. Nécessité d’exporter => Belgique partie intégrante d’un ensemble industriel (Nord France, Luxembourg, Rhénanie-Westphalie). Charbon belge beaucoup exporté en France (1821 : ¾ des importations houillères françaises). 1830-1840 : RI a pu se consolider dans les charbonnages. Sidérurgie et construction mécanique : exportations dans le Zollverein avec la construction des chemins de fer. 1860, pays où densité ferroviaire est la plus forte. A partir des années 1830 : trois traits différencient industrialisation belge : - Intervention massive de l’Etat sur le plan financier pour aider au développement industriel. - Rôle intense et précoce des banques. Deux grands établissement pionniers : Société Général et la Banque de Belgique = politique de participation industrielle dès 1830-1835. - de 1830 à 1840, « la forme sociétaire anonyme s’imposa dans les charbonnages et la sidérurgie avec un mouvement de concentration financière et d’intégration entre les deux secteurs » p 178. BORSIG, August (1804-1854) Fils d’artisans. Berlin. Travailla treize ans dans la fabrique de machines d’Eggels (qui a construit en 1825 la première machine à vapeur allemande). Devint directeur technique. 1837 : fonda une petite usine de construction de machines (50 ouvriers) grâce surtout à emprunts à des amis (caractéristique entreprises fondées avant 1850). L’entreprise grossit rapidement, et 1841, sortit sa première locomotive. 1847 : 1100 ouvriers, 67 locomotives par an. Après crise de 1847-1848, intégration verticale (fonderie, mine de charbon + construction machines à vapeur pour bateaux). En 1854, il avait fournit 1885 des 2512 locomotives en circulation en Prusse. CAPITAL ET REVOLUTION INDUSTRIELLE Nécessité d’une accumulation primitive de capital => abondant fin XVIIIe et début XIXe. « La disponibilité du capital dépendait beaucoup de l’attitude des Etats qui pompent le marché lorsqu’ils empruntent, mais l’alimentent ensuite par le versement des intérêts. » p 181 Désendettement Etat après guerres napoléoniennes => accroissement du capital offert. Jusqu’à construction chemin de fer, capital excédentaire => donc bon marché (tx d’intérêt 34%). Encore fallait il que capital s’investisse dans l’industrie, directement ou indirectement. 3 sphères principales d’accumulation : rente foncière, profit commercial et proto-industriel, l’Etat. => transfert que de manière limitée et inégale dans indus naissante. Contribution agriculture faible. Grand commerce : source d’accumulation massive, mais capital souvent dilapidé dans des dépenses ostentatoires. « Le négoce non colonial fut plus ouvert aux besoins industriels » p182. => intégration vers l’amont des marchands-manufacturiers. => transition entre proto-industrialisation et industrialisation. Etat : dans un cadre mercantiliste, rôle d’entrepreneur (ex : Prusse, début XIXe, Seehandlung, sorte de société de holding, mise en veilleuse ensuite car libéralisme l’emportait). GB : aucun rôle de financement indus pour l’Etat. France : s’engagea dans de grandes entreprises (ex : le Creusot), surtout sous Ancien Régime. L’Etat bourgeois fut libéral. Etat rôle primordial par contre, tardivement, en Russie et au Japon. « Les débuts de l’industrialisation nécessitèrent peu de capitaux : le préfinancement fut rarement un problème» p 183. Pq faibles besoins en capital fixe ? Etroitesse des secteurs concernés par la RI et la faiblesse des capitaux de départ d’une entreprise nouvelle (peu d’ouvriers, bâtiments en réemploi). => pb non celui du démarrage, mais de la croissance de l’entreprise : pas difficultés car profits très élevés (20 à 30 % en moyenne). Ex : frères Walker => 1746 : 600 livres, 1780 : 122 000 livres. Les entreprises grossissent en général par autofinancement, et souvent surplus disponible pour aider création nouvelles entreprises. => pays germaniques, jusque vers 1840, profits réalisés supérieurs aux possibilités d’investissement industriels. « La RI put en effet économiser du capital : au lieu d’en consommer beaucoup plus, elle l’utilisa de manière plus productive » p 184. Complexité croissante des techniques et augmentation seuil minimal de rentabilité => niveau du capital de démarrage s’accrut. Avec la 2e RI, capitaux énormes pour ouvrir aciérie ou entreprise chimique. Lorsqu’une entreprise se fondait, nécessité de beaucoup de capital circulant, peu de capital fixe => structure commerciales et bancaires existantes permettaient d’accorder ce crédit à court terme. Pays germaniques où banques moins développées, par le Trockenwechsel. Mais banques aidaient aussi pour crédit à long terme. En GB, le système bancaire a pu faire financer indirectement l’industrie par le capital foncier. « En règle générale, l’industrie a financé l’industrie ». p187 CHEMINS DE FER, CAPITAL ET CAPITALISTES Investissement ferroviaire : fluctuations de caractère cyclique. GB : 1e maximum entre 1833 et 1837, terminé par une crise financière et éco. 2e, entre 1844 et 1847, maximum en 1847 (6.7% revenu national). Après 1850, stabilisation à moins de 2% revenu national, avec des cycles mineurs. France, idem, mais avec 10 ans décalage : 1e max en 1847, puis 1854 et 1857. Reprise en 1862, dernier ; fin 1870-1884. Mais en Allgne, France et GB, après 1880-84, investissement ferroviaire baissa nettement du fait de la dépression économique générale. Ces cycles d’investissement correspondent à ceux de la conjoncture générale. La phase initiale de construction dépendit beaucoup de l’état du marché financier, lui-même reflet des émissions des compagnies. Maxima quand cours élevés et donc tx d’intérêt bas. => a permis lancement de projets. Puis ac difficultés financières, baisse des dividendes des compagnies, baisse des cours, les titres se placent mal. => « la spéculation à la hausse avait engendré la crise financière. » => crise de 1847. Cycle de 1851-57 : émissions de valeurs ferroviaires, qui se placèrent mal à partir 1857 => intervention de l’Etat => plus d’emballement spéculatif, marché stabilisé. => une 2e phase des chemins de fer : exploitation des réseaux et profits limités. Cycle 1880 volontariste (Etat). L’investissement ferroviaire n’a jamais représenté plus du quart de l’investissement total. Mais rôle important dans marché du capital, car besoin de financement externe. => toutes les compagnies ont adopté la forme sociétaire anonyme pour drainer l’épargne. => hausse du volume des valeurs en circulation, accroissement des activités des bourses. (Au début surtout commerçants et industriels achetaient, puis gentry en GB). Sur le continent, marché financier plus étroit et plus dominé par la rente. => recours au capital étranger et intermédiaires bancaires. « En 1847 en France, sur un milliard de francs investi, 600 millions avaient été fournis par les anglais. »p 191. Au début surtout action, puis obligations pour toucher un public plus large, plus timoré. « Les chemins de fer avaient conduit à importer des capitaux anglais en France avant 1848 : dix ans après, la logique du profit conduisait les capitalistes français à mettre leur épargne à la disposition des chemins de fer étrangers » p192. => l’investissement ferroviaire avait donc trouvé facilement des sources nationales de financement. Mais quand la construction des réseaux se fit avant l’industrialisation, la financement suscitait une dépendance vis-à-vis du capital étranger. CHEMINS DE FER, ETATS, INITIATIVES PRIVEES Idéologie générale en fonction de deux thèmes qui pouvaient s’opposer : - le libéralisme => Etat pas à intervenir directement dans la vie économique (sauf réglementation et contrôle par peur des monopoles). Différentes motivations pour intervention : - tradition mercantiliste encore vivace (Belgique) - habitude d’une administration puissante (France) - carence du capital privé et désir d’éviter recours Cies étrangères (Belgique) - nécessité du chemin de fer comme préalable à l’unification politique (pays germaniques) - symbole de la modernisation et clé de l’industrialisation (Russie) Extrêmes pour intervention : Belgique (maximal) et GB (minimal). GB : construction réseaux initiative individuelle => lignes parallèles, mauvaise coordination, multiplication très petites Cies au capital faible (200 en 1850). Mais mouvement de concentration (North Western et North Eastern Cies), renforcé dans 1860s => 1885 neuf compagnies exploitent 2/3 du réseau. Loi de 1844 avait autorisé Etat à racheter concessions à venir (peur monopoles), mais n’en fit jamais usage. 1872 Parlement refusa toute idée de nationalisation et concentration souhaitable. Obligations imposées par Etat : autorisation pour tracé, + 3e classes (1 penny/mile) et normes de sécurité sévères (un des plus sûrs d’Europe). => besoin aucune subvention Etat jusque 1914. Belgique : Etatisme domina + nationalisme (pour éviter ingérence entreprises étrangères + insuffisance capital national). Ressources par des emprunts (français => Rothschild). But aussi pour politique industrielle : relie à France et Zollverein. Critiques par intérêts privés => 1842 lignes secondaires leur furent concédées. Puis Etat changea de politique : racheta lignes privées pour éviter fermeture lignes peu rentables. France : 1841 560 km lignes dispersées + Etat déjà fortement endetté dans travaux publics. 1842 plan Etoile-Legrand avec principe mixte de la demi-concession (compagnies fournissent matériel et exploitation) + nationalisation ultérieure prévue. => pb de financement desentreprises : travaux lents. Crise éco : l’Etat rachète Paris-Lyon. Après 1848 plus question nationalisation (connotation socialiste). A partir 1852, politique de désengagement de l’Etat + préférence aux grandes compagnies. 1857 plus que 11 compagnies, régime de concession pur et simple (longues : 99 ans) + autorisation d’obligations (se placèrent mal : intervention banque de France), mais pas subvention Etat. Crise : Etat s’engagea davantage : rôle de garant. Pour lignes secondaires, Etat dut intervenir (272 M subventions) notamment pour plan Freycinet. Dans pays germaniques, moitié chemins de fer à l’Etat qui ont été construites d’emblée par lui, sauf pour Prusse : faute de moyen, ne s’engagea pas, mais après crises de 1873, Bismarck => politique de rachat des entreprises prussiennes en difficulté (raisons militaires + utilisation tarifs préférentiels comme instrument de politique économique). CHEMINS DE FER ET CROISSANCE ECONOMIQUE Contribution chemins de fer toujours considéré comme importante et évidente => relance industrialisation en GB, + contribué voire suscité RI dans les autres pays. Travaux de R. Fogel (1964) et de A. Fishlow (1965), qui ont tenté de quantifier leur contribution à la croissance. Mesure de l’économie sociale (social saving) = dépenses supplémentaires qu’occasionnerait une situation imaginaire où les chemins de fer n’existeraient plus. => exploitations agricoles abandonnées (production plus compétitive cause coût de transport), sidérurgie produirait moins… (ex : social saving en % du PNB : GB=11% en 1890, US=8.9% en 1890, France=5.8% en 1872). Différence de taux en fonction de la répartition antérieure des trafics entre voie d’eau (moins cher que chemins de fer) et réseau routier (plus cher). Ccl : les chemins de fer n’ont que peu contribué à la croissance des US (10% =faible). Mais : subjectif. Leur approche suppose que le trafic aurait crû de la même manière s’il n’y avait eu les chemins de fer. Or demande de transport varie en fonction des coût qui ont diminué rapidement : chemin de fer a contribué à augmenter fortement les trafics. Un leading sector : pour chaque type de produit, importance de la demande ferroviaire (chemins de fer achetèrent 30% de la fonte britannique). France, US, Allemagne : après phase importation, production nationale : stimulant à l’adoption des technologies nouvelles + impulsion aux grands établissements sidérurgiques. => Fr et Allgne : grâce à protection. Pas protection en Italie ou en Espagne : pas eu de substitution à l’importation. Mais aussi surtout incapacité de la sidérurgie nationale à répondre à la demande. =>Transformèrent les marchés des capitaux, les systèmes bancaires et les flux internationaux de capitaux. + posèrent le pb de l’intervention de l’Etat dans l’économie. Pression continue sur l’innovation et poussèrent à la diffusion technologique. Grand nombre d’emplois créés : 250 000 en GB en 1875. Facilita mobilité, migrations interrégionales et urbanisation + unification du marché national. + une certaine spécialisation, mais aussi un rôle dans le processus de sousdéveloppement de certaines régions du Sud et de l’Est européen (Italie du Nord / Mezzogiorno). COCKERILL (La famille) William Cockerill, « mécanicien » anglais (savait fabriquer les nouvelles machines textiles). Passa sur le continent (Suède, pays germaniques). 1799 : Verviers, le centre lainier belge, où la firme Simonis et Biolley l’employa à équiper leur entreprise. 1805 : monta sa propre entreprise de construction de machines avec ses fils. 1807 : nouveaux ateliers à Lièges. 1810 : atelier et comptoir de vente à Paris et en Allemagne (Berlin, Brandebourg et Saxe). 1813 : se retira et laissa à ses fils, qui peu à peu intégration amont vers l’aval : filature et sidérurgie. Un des fils, John, se lança dans construction machine à vapeur. Acheta palais de Séraing : entreprise de construction mécanique, puis une fonderie en 1819 => fourneaux à coke, fabrique de fer… = énormes et rapides investissements, non par autofinancement, mais grâce à politique industrialiste du roi Guillaume I et par fonds de l’industrie nationale. En contrepartie, 1825 : moitié de l’entreprise de Seraing fut cédée à l’Etat. Racheta ensuite par annuités. Entreprise grossit progressivement : en 1840, c’était la plus grande du monde, à la pointe de la technologie, intégrant tout le processus productif. Mais fragile financièrement : demande ferroviaire fluctuante, + politique de Cockerill : utilisait toutes les ressources dégagées par le profit à acheter de nouvelles entreprises. Pb vis-à-vis de l’Etat : toute l’économie liégeoise dépendait de lui, et il refusait transformation en SA de peur de perdre le pouvoir dans l’entreprise. A sa mort, phase de stabilisation pour les établissements de Seraing. Les héritiers transformèrent l’entreprise en SA pour résoudre les problèmes de financement.